Le rôle des Jeux Olympiques dans la cohésion des cités grecques et la construction de l’identité citoyenne en Grèce Antique

Les Jeux Olympiques, tels que nous les connaissons, sont bien plus qu’une simple compétition sportive. Ils incarnent des valeurs universelles de paix, d’excellence et de fraternité.

Les Jeux Olympiques trouve leur racine dans la Grèce Antique, il avait une signification bien plus large que de nos jours, favorisant ainsi l’unité grecque et l’émergence d’une identité collective. Ils furent fondés en 776 avant JC afin de réunir les cités-États indépendantes appelées « poleis ». Ces cités méditerranéennes, (on note notamment Athènes, Sparte ou encore Corinthe), partageaient une vrai culture commune malgré une certaine autonomie qui n’empêchaient pas les rivalités et les conflits armés fréquents. 

Les jeux olympiques s’organisaient tous les quatre ans à Olympie, dans le sanctuaire sacré dédié à Zeus. Ils comprenaient diverses épreuves telles que la course, la lutte, le pugilat ou encore le lancer de javelot. Outre ces épreuves sportives, ces Jeux rassemblaient des cités souvent en guerre autour de valeurs et traditions communes.

Une trêve sacrée nommée « ekecheiria » a était instaurée pour apporté une sorte de paix temporaire. A cette époque le citoyen est un habitant libre mais aussi un soldat, un homme éduqué et un acteur engagé dans la vie de sa cité. Les Jeux Olympiques reflètent cet idéal et valorisent des qualités comme l’excellence physique, la discipline et la vertu.

Dans cet article, nous soulignerons le rôle central d’Olympie dans l’unité religieuse et culturelle des cités grecques ainsi que l’importance des valeurs fondamentales partagées par les Grecs à travers les Jeux Olympiques contribuant à forger l’identité grecque.

Olympie: un lieu sacré au cœur de l’unité grecque 

Le sanctuaire d’Olympie au coeur de l’unité grecque 

Le sanctuaire d’Olympie est situé dans la vallée de l’Alphée en Péloponnèse, fait partie des quatre grands sanctuaires panhelléniques. On y retrouve le « temple de Zeus », qui abritait une statue colossale de Zeus ,considéré comme une des Sept merveilles du monde antique. Ce sanctuaire dédié à Zeus ,vu comme le Dieu des dieux dans la mythologie grecque, attirait des pèlerins de tout le monde grec venant lui rendre hommage ou bien assister aux jeux.

Représentation du temple de Zeus

Ce culte était considéré comme un des rares rites religieux réunissant toutes les cités grecques.

En effet, il est important de noter que les Grecs étaient polygame, c’est à dire qu’ils croyaient en une multitude de dieux et déesses. Les plus important étaient appelés les « 12 olympiens » (Zeus, Athéna, Apollon, Héra, Artémis et Poséidon…) et représentaient des forces naturelles et humaines majeures puisque leur culte était pratiqué dans tout le monde grec. Ainsi bien que chaque cité-état avait son propre culte et ses propres pratiques religieuses, la religion olympienne permettait de se rassembler.

Trêve Olympique: symbole de paix entre cités rivales

Les Jeux olympiques n’étaient alors pas seulement considérés comme un évènement sportif mais bien un réel moyen de renforcer les liens entre les différentes cités.

Les Grecs se retrouvaient donc en terrain dit « neutre » où les conflits militaires étaient suspendus pendant les jeux. Ceci étant possible grâce à l’instauration d’une trêve dite olympique nommée « Ekecheiria ». Il s’agissait d’une période de paix où l’on stoppait les conflits généralement à partir de la semaine précédant les jeux jusqu’à la suivante.

Selon Pausanias, on suppose qu’elle aurait été instaurée lors des premiers jeux historiques en 776 avant JC. Elle était ainsi prononcée par des spondophores annonçant le début des jeux afin de stopper les conflits. Elle concerne l’ensemble des agônes (fêtes sportives grecques) et pas seulement les Jeux olympiques.

Durant ce temps, Olympie est alors inviolable, aucune armée ne peut pénétrer assurant ainsi un sentiment de sécurité pour les spectateurs, les organisateurs, les sportifs… L’institution de cette trêve symbolise alors une certaine forme de solidarité panhellénique; ils se considéraient comme un ensemble de peuples partageant une même culture, même langue et même croyance religieuse. Ceci renforce ainsi le sentiment d’appartenance à une communauté plus large, en dépit des rivalités.

Olympie, “miroir” de la diversité grecque
Reconstitution d’Olympie, centré sur le sanctuaire sacré

Olympie est bien plus qu’un simple lieu de rassemblement. Elle apparait comme véritable reflet de la diversité des cités grecques.

Elle s’exprime tout d’abord par la participation d’un grand nombre de polis qui envoient leurs athlètes représentant à la fois la singularité des cités et leurs valeurs partagées. Les Jeux Olympiques offrent une rare occasion de voir réunies les cités souvent rivales. Les spectateurs des Jeux se retrouvent ainsi dans une ambiance unificatrice où le sentiment d’appartenance à une civilisation commune surpasse les tensions locales.

Olympie révèle également l’étendue géographique de la culture grecque puisque les cités participantes représentent la quasi totalité des régions du monde grec : la Grèce continentale, les îles de la mer Égée, l’Asie Mineure ou encore les colonies grecques d’Italie du Sud et de Sicile.

Cette large participation montre la capacité des Jeux à unir une communauté dispersée. Olympie fonctionne comme un miroir de la complexité du monde grec : c’est un espace où les cités-États affirment leur singularité tout en célébrant leur unité culturelle. Les Jeux rassemblent cette diversité sous le même idéal ceux qui contribue à renforcer le sentiment d’appartenance à une même civilisation, au-delà des divisions politiques et des rivalités locales.

Les JO, reflets des valeurs partagés par les cités grecques

La notion “agon” comme reflet des idéaux grecs

La notion agon, du grec “l’assemblée” ou “le concours” en particulier sportif, décrit principalement la compétition. Au cœur des Jeux Olympiques elle reflète les valeurs fondamentales de la culture grecque et représente bien plus qu’une simple rivalité sportive: elle incarne une philosophie de vie basée sur l’effort, le dépassement de soi et le respect des adversaires. 

Les athlètes s’affrontent avec courage et détermination  pour remporter une couronne d’olivier mais aussi pour honorer leur cité et leurs dieux.  L’esprit de compétition est la valeur la plus représentative de l’agon, elle est essentielle pour les Grecs et symbolise la quête d’excellence dans tous les domaines. Cette quête rapproche les cités qui  partagent toutes cet idéal de perfection et de maîtrise. On note aussi le concept d’arétè qui est une valeur forte. Traduit par « vertu » ou « excellence”, l’arétè représente l’idéal grec d’un homme accompli sur le plan physique et moral. Les athlètes qui concourent à incarner cet idéal ont le devoir d’être forts, habiles mais aussi disciplinés, respectueux et maîtres d’eux-mêmes.

Les valeurs Olympiques

Les Jeux mettent en lumière les valeurs olympiques à travers l’image du guerrier citoyen. Dans la Grèce antique, les citoyens étaient des soldats destinés à défendre leurs cités.

On les appellent les « hoplites », c’est-à-dire qu’ils sont lourdement armés et doivent acheter leurs équipements (bouclier rond ou ovale, casque, cuirasse, cnémides, épée et lance). Ils représentent ainsi l’image parfaite et typique du soldat grec. Ce sont des citoyens libres, des fermiers ou des artisans qui ont les moyens de se payer eux-mêmes leurs équipements, mais ils ne sont pas soldats professionnels.

Représentation des athlètes grecs se préparant avant les jeux

Pour devenir athlète dans le monde grec, il fallait s’entraîner dans le gymnase ou dans la palestre, c’est-à-dire dans des espaces dédiés à la pratique sportive. L’aspect physique et esthétique était primordial tout autant que le mental car chez les grecs, le corps et l’esprit étaient liés:

« mens sana in corpore sano »« Un esprit sain dans un corps sain« 

L’athlète représentait donc l’idéal d’un homme parfait, harmonieux et équilibré sur le plan physique et intellectuel. Léonidas de Rhodes, un des coureurs les plus célèbres de l’Antiquité qui a remporté douze couronnes olympiques, est un parfait exemple d’un athlète porteur de valeurs olympiques.

Une culture commune face aux étrangers 

Les JO sont également le reflet des valeurs partagées par les cités grecques à travers la culture commune qu’elle met en place entre les grecs et face aux “étrangers”.

Pour participer aux JO, il fallait être un citoyen libre d’origine grecque. Ainsi, les femmes, les étrangers et les esclaves en étaient exclus. De même, toutes les cités qui participaient étaient des cités grecques. Il n’y avait donc pas de “barbares”. Ceux qui étaient appelés ainsi étaient en fait les gaulois, les phéniciens, les thraces ou encore les égyptiens.

Cette exclusion renforce l’idée d’une frontière nette avec le monde barbare pour rassembler les grecs. Les JO unissent les grecs à travers des valeurs propres à ces jeux : le respect, l’excellence et l’amitié pour favoriser la fraternité entre les citoyens. Ces valeurs sont essentielles et montrent la nécessité de dépasser les querelles politiques, économiques ou de société, au moins le temps des Jeux, pour se réunir malgré les différences qui opposent les cités en apparence.

Les JO vecteurs de la construction de l’identité citoyenne 

Construction d’une identité autour du citoyen-athlète 

Le citoyen athlète représenter le modèle d’Aréte qui combinait plusieurs qualités: force physique, discipline morale et engagement civique. Il était ainsi perçu comme un modèle d’excellence à suivre.

Ces lieux où les athlètes suivait leur formation représenter la disciplines physiques , l’enseignement moral : ce qu’on appelle la paideia.

La guerre elle servait de vrai exercice préliminaire à l’entraînement et inversement, l’entraînement comme un exercice préliminaire à la guerre. Ces athlètes devaient, en plus d’être un exemple dans les disciplines sportives et civiques, l’être dans la religion. Ils s’engageaient notamment auprès des Dieux à respecter les lois misent en place et les décisions des juges olympiques en plus de diverses cérémonies pratiquées avant les Jeux (comme les sacrifices d’animaux).

Ils étaient vus comme modèle local car ils étaient dévoués à leur cité parce qu’il se battait pour cette dernière, ainsi en cas de victoire, des honneurs étaient rendus à l’athlète.

Les honneurs rendus aux vainqueurs 

En cas de victoire, on remettait au vainqueur, la récompense officielle des Jeux: la couronne d’olivier appelée « kotinos » symbolisant gloire, vertu et faveur divine.

Il arrivait aussi que des statues honorifiques soient érigées à Olympie ou dans la cité. Pour la course de chars, une discipline majeure, le nom du vainqueur était gravé à Olympie même. Parfois, des poètes écrivaient des odes pour immortaliser le ou les exploits des champions et ainsi les inscrire dans la mémoire collective. 

Représentation de l’épreuve de la course sur une amphore

Enfin, ils étaient vus comme modèle local car ils étaient dévoués à leur cité parce qu’il se battait pour cette dernière, ainsi en cas de victoire, des honneurs étaient rendus à l’athlète. La victoire aux Jeux Olympiques pouvait servir de tremplin pour accéder à un rang plus élevé dans la société, même pour les citoyens issus de classes modestes. Les champions pouvaient également se voir accorder des privilèges comme par exemples des récompenses matérielles (de l’argent ou des terres) voire l’exemption fiscale.

De fait, les champions pouvaient jouir de nombreuses récompenses. La seule systématique étant la couronne d’olivier provenant du temple de Zeus, mais ils pouvaient également connaître une ascension sociale grâce à leur victoire et inscrire leur nom et exploits dans la mémoire collective pour atteindre une forme d’immortalité.

Les conséquences d’une victoires sur l’identité des cités

Une victoire aux Jeux Olympiques représentait également un immense honneur pour la cité d’origine du champion ou pour celle qu’il avait choisi de représenter. Cela permettait à la cité d’affirmer sa puissance physique comme morale au travers d’un representant: l’athlète.

La victoire était perçue comme une manifestation de la faveur des dieux, conférant à la cité un statut privilégié parmi ses rivales. L’exploit de l’athlète permettait aussi d’affirmer une certaine unité inter-cités renforcée par les cérémonies au retour de l’athlète dans sa ville. Ces festivités mêlaient religion et exaltation civique et participaient ainsi à la construction d’une identité collective autour de la victoire. Une victoire olympique offrait donc à la cité un prestige inégalé affirmant sa position au sein du monde grec et augmentant son influence.

Pour immortaliser cette gloire, les cités frappaient des pièces de monnaie à l’effigie du vainqueur, associant ainsi directement le nom de la cité à ces succès. De telles victoires constituaient une forme de propagande efficace, renforçant l’image de la cité et lui permettant d’élargir son influence au niveau régional. La victoire renforçaient aussi l’identité culturelle de la cité, associée à des valeurs de supériorité morale, physique et spirituelle. Les récits et les célébrations autour des triomphes participaient à forger une légende, assurant à la cité une place de choix dans l’imaginaire collectif grec.

BILAN

Les Jeux Olympiques antiques ont joué un rôle central dans la construction d’une identité commune entre les cités grecques permettant de renforcer leur cohésion.

Cet espace sacré rassemblait des cités-États issues de toutes les régions du monde grec sous un même idéal spirituel, renforçant les liens entre des cités souvent divisées. Par ailleurs, les Jeux Olympiques incarnaient les valeurs fondamentales partagées par tous les Grecs comme l’Agon et l’Arétè.

Les athlètes, incarnaient un idéal du citoyen-soldat, alliant force physique, discipline et honneur avec la formule “mens sana in corpore sano’’ soulignait l’importance d’une harmonie entre le corps et l’esprit.

Les Jeux Olympiques dépassaient les querelles politiques et contribuent à la cohésion des cités en leur offrant une occasion unique de se retrouver dans un cadre pacifique et symbolique. Chaque victoire, chaque rencontre, chaque rite renforçait le sentiment d’appartenance à une culture commune tout en affirmant les spécificités de chaque polis.