La pratique de l’obside consistait à prendre en otage des fils de grandes familles, dans le but de maintenir une mainmise constante sur un peuple avec lequel était conclu un traité, protectorat par exemple, entre deux factions. Cette pratique est commune à de nombreux peuples durant la période antique, elle fait partie d’une certaine tradition autant pour les gaulois que pour les romains. Les cas de Tatinos et Attalus méritent d’être abordés car tous deux ont été concernés par l’obside. Lors du Ier siècle avant J.-C. les Romains se sont assurés le contrôle de certains peuples gaulois dont les Rutènes. Les noms de Tatinos et Attalus retrouvés soit via des inscriptions, soit grâce à des pièces de monnaies à leurs effigies, semblent être identifiés comme les fils de chefs notables Gaulois de la région rutène.
En ce qui concerne Attalus nous savons que son nom complet était « Manutius Attalus ». Cet indice est précieux car nous pouvons faire le lien avec un grand personnage romain nommé Manutius Plancus, grand ami de César et créateur de Lugdunum. Attalus a donc été affilié à la famille de ce notable romain lors de son obside. Le jeune rutène développe alors une culture et des codes de conduite romains car il est intégré et éduqué de la même manière que le propre fils de Manutius Plancus, à la seule condition qu’il n’y ait pas de grands basculements diplomatiques entre les deux peuples. Après avoir éduqué les otages, Rome remettait à chaque peuple gaulois les fils de notables qui devenaient de réels outils politiques romains. On retrouve par exemple le nom de Tatinos sur des pièces de monnaies du Ier siècle avant J.-C. en pays rutène, montrant le poids politique de ces figures. Ils jouaient une fois revenus dans leur région d’origine un rôle primordial dans l’administration et la politique du territoire. Les otages étaient à la fois une manière de s’assurer du soutien des peuples mais aussi plus tard un relai politique romain facilitant l’intégration des territoires à Rome.