Le terme de « societas » désigne une organisation productive gérée par des entrepreneurs romains. En territoire Rutène les societas étaient liées au domaine de l’extraction minière et plus précisément à l’extraction d’un minerai plombo-argentifère. Dans certains sites miniers rutènes l’extraction minière date de la fin de l’âge du fer, or c’est vraiment au Ier siècle avant J.-C. que les sites adoptent une production intensive, à grande échelle. Cette accélération de la production est liée à l’arrivée des romains dans la partie sud de la cité rutène. Comme indice de cette amplification, nous pouvons nous appuyer sur la céramique d’époque retrouvée sur les sites. En effet, les amphores vinaires campaniennes présentes sur ces mines et ateliers antiques se multiplient attestant d’une certaine intégration dans l’économie romaine.
C’est à partir du Ier siècle avant J.-C. que nous pouvons attester la présence de societas romaines en territoire rutène, le nom exact étant « Société des mines d’argent du pays rutène ». L’une de ces exploitations semble avoir été reconnue dans le site de Fang. Ce site abrite des ateliers argentifères de grande envergure, pouvant produire à grande échelle. Fang semble être l’illustration parfaite d’une intensification de la commercialisation et de l’exploitation romaine de minerais rutènes. La société des mines d’argent du pays rutène était l’acteur majeur de Transalpine dans son domaine. Une chose est sûre, le travail dans ce genre de mines était très éprouvant et non sans risque, certainement réservé à des personnes contraintes, donc des esclaves principalement. Le village de Lascours semble être le centre de l’activité minière de cette région sur laquelle les entrepreneurs romains devaient exercer une influence considérable dès le Ier siècle avant J.-C., mettant en retrait les élites locales rutènes. Il semblerait que la prospérité de ces societas ne se soit pas prolongée au-delà du IIe siècle de notre ère, puisque un basculement a lieu lors du Ier siècle après J.-C.