Benoît XII et la papauté d’Avignon [2022]

Qui est Benoît XII ?

Photographie du gisant de Benoît XII, Cathédrale de Notre-Dame-des-Doms, Avignon

Benoît XII est avant tout Jacques Fournier. Né vers 1285 et mort en 1342, il est originaire de la ville de Saverdun et a grandi au sein d’une modeste famille. Il est notamment influencé par son oncle, Arnaud Novel, un moine cistercien. Jacques Fournier devient abbé de Sainte-Marie de Fontfroide puis évêque de Pamiers. Sa réputation d’homme rigoureux attire les faveurs du pape ; ainsi, Jean XXII le nomme cardinal. En raison de sa qualité de membre de l’ordre des cisterciens, il est surnommé le « cardinal blanc », notamment en référence à l’habit blanc porté au sein de l’organisation religieuse. Il est élu 197e pape par le Collège des cardinaux en 1334. Le nom de Benoît XII est choisi en hommage à Benoît de Nursie, patron de l’ordre cistercien.

Pourquoi à Avignon ?

Photographie du Palais des Papes, Avignon – Crédits : Avignon Tourisme

La papauté romaine s’installe à Avignon à partir de 1309 avec Clément V. En outre, six papes résident à Avignon entre 1309 et 1378. Benoît XII est le troisième pape d’Avignon. Une rivalité s’installe entre la papauté romaine et Philippe le Bel, roi de France, au sujet de la crise des Templiers. Il s’agit donc au départ d’une solution temporaire pour rapprocher la papauté de la royauté française. Benoît XII a exercé une influence significative dans la région occitane par ses volontés de réformes religieuses, mais aussi quand il n’est encore que l’évêque Jacques Fournier, à travers l’inquisition qu’il organise partout dans la région occitane afin de se débarrasser des vestiges de la foi cathare, alors encore très présente.

Influence locale, de « Jacques Fournier » à « Benoît XII (1334-1342) »

Enluminure inquisitoire représentant deux templiers subissant le châtiment du feu – Chroniques de France ou de Saint-Denis, XII – XVe siècles

En tant qu’évêque, soit avant son mandat pontifical, Jacques Fournier passe le plus clair de son temps à chasser la foi cathare, alors considérée comme une hérésie et ayant subi une croisade à son encontre un siècle plus tôt. Il participe à l’inquisition cathare dans la région occitane, ce qui lui vaut le surnom « d’inquisiteur ». Il est en général plutôt indulgent et tend à pardonner les cathares pour leurs « péchés hérétiques ». Étant originaire de la région, il connait la langue d’oc, ce qui le rapproche des fidèles locaux qui ont plus tendance à avouer leur profession cathare à une personnalité ecclésiastique à la culture locale.

Lorsque Jacques Fournier devient le pape d’Avignon en 1334, il choisit de se faire appeler Benoît, le douzième du nom. Benoît XII a une réelle ambition de réformer la papauté selon les préceptes de l’ordre cistercien. Il impose notamment une instruction des abbés plus stricte en matière de théologie. Dans sa bulle pontificale, publiée en juillet 1335 et dénommée Fulgens sicut stella matutina, soit « Brillant comme l’étoile du matin, » il expose son envie de se rapprocher de la mendicité, de la modestie et surtout de donner un rôle plus important aux clercs sur le rapport entre eux et leurs fidèles.

Influence de la papauté d’Avignon en Europe

Enluminure sur la bataille de Crécy (26 août 1346) opposant Français et Anglais pendant la guerre de Cent Ans – Chroniques de Jean Froissart

Benoit XII joue également un rôle significatif dans le début de la Guerre de cent ans, un des conflits les plus célèbres du Moyen Âge opposant les royaumes de France et d’Angleterre. Dans une volonté de préserver la paix entre les deux royaumes chrétiens, Benoît XII envoie plusieurs légats pontificaux aux rois. Ces derniers parviennent à obtenir un accord pour une trêve fragile qui devient effective en début d’année 1338 et qui est relativement respectée par les deux parties jusqu’à la mort de Benoît XII en 1342.

La papauté d’Avignon, sous Benoît XII, démontre aussi son aura dans le domaine judiciaire, notamment dans le cadre du conflit entre le royaume de Pologne et l’ordre teutonique, éternels rivaux géopolitiques. Lors du procès pontifical de Varsovie en 1339, Benoît XII parvient à mettre suffisamment de pression à l’ordre religieux pour que ces derniers réparent leurs exactions commises en terres polonaises, sous peine d’excommunication. Cet événement reflète l’influence que pouvait exercer la papauté d’Avignon sous Benoît XII, et ce, même à l’autre bout du monde chrétien.

Badoc Benoît, Boulanger Lily, Esteves Carlos, Garcia Alexandre.

Bibliographie

I. Un rayonnement affirmé dans le comtat Venaissin

  • Ouvrages généraux
    • MOLLAT Guillaume, 1965, Les Papes d’Avignon (1305-1378), Paris : Edition de Letouzey et Ané, 623 pages.
    • TANASE Thomas, 2019, Histoire de la papauté en Occident, Paris, Edition de Gallimard, 587 pages.
    • PALADILHE Dominique, 2008, Les papes en Avignon, Paris : Edition de Perrin, 349 pages.
    • CHAVE Isabelle, 2018, Avignon et Comtat Venaissin : empreinte et influence de la papauté : XIXe – XVIIIe siècle, Paris, Edition de la Société française d’archéologie, 336 pages.
  • Ouvrages spécialisés
    • COLOMBE Gabriel, 1939, Le palais des papes d’Avignon, Paris, Edition de Henri Laurens, 120 pages.
    • TROTTMANN Christian, 1995, La vision béatifique : des disputes scolastiques à sa définition par Benoît XII, Rome, Edition de l’Ecole française de Rome, 899 pages.
    • BONIFACE Xavier & BETHOUART Bruno, 2012, Les chrétiens, la guerre et la paix : de la paix de Dieu à l’esprit d’Assise, Rennes : Edition des Presses universitaires de Rennes, 372 pages.

II. Une influence qui s’étend à la région occitane…

  • Ouvrages généraux
    • TANASE Thomas, 2019, Histoire de la papauté en Occident, Paris, Edition de Gallimard, 587 pages.
    • VAN DE MEER Frédéric, 1965, Atlas de l’ordre cistercien, Paris : Bruxelles, Edition de Sequoia, 308 pages.
    • PALADILHE Dominique, 2008, Les papes en Avignon, Paris : Edition de Perrin, 349 pages.
    • BONIFACE Xavier & BETHOUART Bruno, 2012, Les chrétiens, la guerre et la paix de la paix de Dieu à l’esprit d’Assise, Rennes : Edition des Presses universitaires de Rennes, 372 pages.
    • MOLLAT Guillaume, 1965, Les Papes d’Avignon (1305-1378), Paris : Edition de Letouzey et Ané, 623 pages.
  • Ouvrages spécialisés
    • DUVERNOY Jean & LE ROY LADURIE Emmanuel, 2004, Le registre d’inquisition de Jacques Fournier (évêque de Pamiers), 1318-1325, Paris, Edition de Claude Tchou, 1346 pages.
    • BUENO Irene, 2015, Defining heresy: inquisition, theology, and papal policy in the time of Jacques Fournier, Leiden, Boston (Massachusetts), Edition de Brill, 371 pages.
  • Articles
    • LAURENDEAU Danielle, 2010, « Le village et l’inquisiteur : Faire parler et savoir taire au tribunal d’Inquisition de Pamiers (1320-1325) », Histoire & sociétés rurales, Volume 34, pages 13 à 52.
    • PIRON Sylvain, 2008, « Un avis retrouvé de Jacques Fournier », Médiévales, Volume 54, pages 113 à 134.

III. …voire dans toute l’Europe chrétienne

  • Ouvrages généraux
    • TANASE Thomas, 2019, Histoire de la papauté en Occident, Paris, Edition de Gallimard, 587 pages.
    • LEMAS Nicolas, 2017, La Guerre de Cent Ans, Malakoff, Edition d’Armand Colin, 231 pages.
    • PALADILHE Dominique, 2008, Les papes en Avignon, Paris : Edition de Perrin, 349 pages.
    • BONIFACE Xavier & BETHOUART Bruno, 2012, Les chrétiens, la guerre et la paix de la paix de Dieu à l’esprit d’Assise, Rennes : Edition des Presses universitaires de Rennes, 372 pages.
    • MOLLAT Guillaume, 1965, Les Papes d’Avignon (1305-1378), Paris : Edition de Letouzey et Ané, 623 pages.
    • GALLAND Bruno, 1998, Les Papes d’Avignon et la maison de Savoie : 1309-1409, Edition de Rome : Ecole française de Rome, 512 pages.
  • Ouvrages spécialisés
    • GUILLEMAIN Bernard, 1966, La cour pontificale d’Avignon : 1309-1376, étude d’une société, Paris, Edition de Boccard, 809 pages.
    • MAHN Jean-Berthold, 1949, Le pape Benoît XII et les cisterciens, Paris, Edition de H. Campion, 150 pages.
  • Article
    • GOUGUENHEIM Sylvain, 2008, « Le procès pontifical de 1339 contre l’Ordre Teutonique », Revue historique, Volume 647, pages 567 à 603.