Bibliographie « La vicomté de Lautrec »

Ouvrage généraux :

Histoire générale du Languedoc :

Amalvy Christian, Jean Le Pottier, Remy Pech,. Histoire du Tarn,. 2018, Edition Privat.

Roquebert, M., L’épopée Cathare 1198 – 1212 : l’invasion, Paris, 1970

Wolff,. Philippe,. Histoire du Languedoc, Toulouse, 1967

Ouvrage sur le système politique de la France médiévale :

Biget, J-L, Boucheron, P,. La France médiévale : Ve-XIIIe siècle,. Hachette, 1999

Biget, J-L, Boucheron, P,. La France médiévale : XIIIe-XVe siècle,. Hachette, 2000

Fouquin, G,. Seigneurie et féodalité au Moyen-Âge, Paris, 1970

Ouvrage spécialisé :

Institution politique du Languedoc :

Berthe Maurice « les Elites des bourgs castraux dans le midi Toulousain au XIII et XIVe siècle, dans La maison du Moyen Age dans le midi de la France, Société Archéologique du Midi de la France, Toulouse, 1970

Débax Hélène, La Féodalité languedocienne. Serment, hommage et fief dans le Languedoc des Trencavels, Toulouse, PUM, 2003 p 407

Dognon, P, Les institutions politiques et administratives du pays du Languedoc du XIIIe siècle aux guerres de religions, Toulouse, 1974 V

Lewis, A-R,. La féodalité dans le Toulousain et la France méridionale, (850-1050),  dans : Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 76 p. 247-259. 1968.

Le Lautrecois ;

Barrière-Flavy C. Testament de Beatrix, vicomtesse de Lautrec – 1343. dans: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 4, N°14, 1892. p. 198-235.

Débax Hélène. Les serments de Lautrec : redatation et reconsidérations. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 109, N°219-220, 1997. p. 467-480.

GAU, Roger,. Petite histoire de la vicomté de Lautrec; De sa création à sa disparition,.

Grellière. M La vicomté de Lautrec en 1338, Mémoire de Maîtrise, Université Paris IV, 1971

Jolibois, E,.  Vicomte de Lautrec (Xe-XVIIIe) , R.T, n°7, 1888

Montagne, S,. . Les fortifications villageoises du Lautrecois XIVe-XVIIe, GERAHL

Montagne, Samuel,. Villes et villages du Lautrécois du XVIIe siècle, Bulletin de la société des arts et belles lettres, n°LXVIII, 2014, p. 44-58

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Zalmen Ben-Nathan Philippe. Une généalogie inédite des vicomtes de Lautrec du XIIIe au XVe siècle. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 114, N°239, 2002. Les bibliothèques publiques d’Aix-en-Provence au XVIIIe siècle. pp. 369-379.

La vicomté de Lautrec [2022]

Au Moyen-Âge, de profonds changements politiques, culturels ou religieux ont lieu dans le Languedoc. Une cité du nom de Lautrec s’affirme et se retrouve au premier plan dans la géopolitique du Midi. La vicomté de Lautrec de par sa position stratégique dans la région mais aussi de par des stratégies matrimoniales ou religieuses, occupe une place importante dans la diplomatie languedocienne. A la tête de la vicomté, la famille des de Lautrec parvient à s’imposer au milieu de deux familles puissantes, les Raimondins de Toulouse et les Trencavel de Carcassonne. La vicomté pendant plus de quatre siècles, de sa création en 989 jusqu’à son rattachement au domaine royal en 1338, se retrouve au cœur des changements qui ont lieu dans le Languedoc de la période féodale. 

Il est possible de se demander si la famille vicomtale des de Lautrec arrive à s’ancrer dans un territoire leur  permettant d’émerger comme puissance politique régionale dans le contexte féodal particulier du Languedoc.


L’origine de la famille des De Lautrec 

A l’origine, la vicomté de Lautrec était administrée par une viguerie carolingienne, c’est-à-dire une juridiction administrative exercée par un représentant local du pouvoir royal. Ces représentants du pouvoir royal étaient appelés des missi dominici. Au cours du Xème siècle un système féodal se met en place progressivement dans le territoire. En effet, le pouvoir se recentre autour de familles.

La famille des Lautrec s’installe dans la vicomté dans la première moitié du Xème siècle lorsque Bernard Ier devient missi dominici du territoire. Il est vicaire et avoué du comte de Toulouse à partir de 918. A sa mort, il partage ses états entre ses deux fils : Aton I et Sicard I. Aton Ier est la souche de la famille Trencavel ; il obtient la partie septentrionale, ce qui va former la vicomté d’Albi. Son frère, Sicard Ier, obtient la partie méridionale qui fût désignée comme vicomté de Lautrec. C’est donc à partir de Sicard Ier que la vicomté est administrée par la famille de Lautrec


L’influence des de Lautrec dans la géopolitique du Languedoc (1080-1209)

La famille des de Lautrec parvient à se lier avec de puissantes familles voisines à la manière du mariage entre Sicard V et Adélaïde Trencavel ou le supposé mariage d’un membre de la famille de Lautrec, à Alix, l’une des filles du comte de Toulouse. Ainsi, la vicomté de Lautrec prend largement en puissance au cours du XII siècle. 

Elle prend de l’importance sur deux plans bien distincts: son rôle dans la géopolitique du Languedoc et son importance sur le pouvoir spirituel. Elle a désormais un poids important dans la géopolitique régionale. En effet, elle contracte des alliances avec de puissants nobles (Trencavel, Raimondins), a la capacité d’intervenir dans des conflits armés et même d’en être les médiateurs. En effet, Sicard IV affronte les Trencavel dès 1141, pourtant la vicomté tente d’apaiser la situation entre les Raimondins et les Trencavel seulement trois ans plus tard. Autre élément marquant de la puissance des vicomtes au XII siècle, les de Lautrec joue un rôle important dans la convention d’Albi de 1191, pour établir une paix entre les seigneurs albigeois  dans une atmosphère de fortes tensions. 

Sur le plan religieux, la vicomté développe une grande influence. En effet, les vicomtes construisent des abbayes à la manière de celle de Vielmur, à la tête desquelles, ils placent des membres de leur famille. Mais le pouvoir spirituel de la vicomté ne s’étend pas seulement à un niveau local, mais aussi régional avec le placement de certains fils de vicomte, au poste d’évêque, tel Frotard II, évêque d’Albi de 1062 à 1083. Signe de leur pouvoir spirituel, leur invitation au concile de Lombers en 1165 pour tenter de mettre fin à l’hérésie qui se développe dans le Languedoc: le catharisme. 

L’institution ecclésiastique est alors primordiale pour la famille, elle utilise ces investitures pour accroître son influence. En effet, les postes religieux  possédés par les De Lautrec ont également un aspect politique qui permet à la vicomté de consolider leur  pouvoir et leur  influence dans la région.


La croisade contre les cathares (1209-1229) 

La croisade Albigeoise (1209-1229) marque un véritable tournant dans la géopolitique du Languedoc. L’hérésie cathare qui s’est développée dans le Languedoc est fortement condamnée par la papauté qui lance alors la croisade albigeoise. Une guerre éclate entre les seigneurs septentrionaux qui combattent cette hérésie et certains des grands seigneurs languedociens  qui prennent les armes pour défendre leur territoire et les populations cathares. 

La vicomté de Lautrec adopte une politique différente durant cette croisade. En effet les deux frères, Sicard VI et Bertrand Ier, alors à la tête de la vicomté, ne défendent pas le même camp. Sicard VI, épouse Agnès Mauvoisin, parente de Bouchard Marly, un  lieutenant de Simon de Montfort (chef de file des croisés). Il soutient dans un premier temps la croisade. Bertrand Ier lui se rallie aux côtés des grands seigneurs languedociens considérant la croisade comme une agression à ses prérogatives seigneuriales. Ainsi les vicomtes de Lautrec jouent un rôle politique différencié se trouvant  dans les deux camps rivaux lors de la croisade. 

Après les victoires du comte de Toulouse sur l’armée croisée (1224), Sicard VI décide de changer de camp et soutient lui aussi les seigneurs languedociens. Il continue de les soutenir même lorsque le roi Louis VIII prend part à la croisade en 1226. Le traité de Meaux en 1229 marque la fin de la croisade, les seigneurs du Languedoc sont défaits. Sicard VI grâce à ses relations avec les croisés parvient à garder ses terres, alors que son frère Bertrand Ier a dû attendre 1235, pour pouvoir retrouver sa part de la vicomté. Ainsi le redimensionnement politique du Languedoc après la croisade albigeoise a peu d’effet sur la vicomté de Lautrec. Ainsi la souplesse politique des vicomtes permet à la maison de ne pas être dépossédée, comparée à d’autres maisons comme les Trencavel ou les de Minerve, qui suite à la croisade perdent la totalité de leur fief. Néanmoins progressivement la vicomté est entourée de seigneurs étrangers comme les de Monfort de Castres. 


Un territoire imposant perdant de son influence (1280-1338)

Suite à la croisade albigeoise qui redimensionne et entraîne une profonde mutation politique du Languedoc, les vicomtes Lautrécois arrivent tout de même à se maintenir dans le jeu politique. En effet, les vicomtes réussissent grâce à des politiques matrimoniales à agrandir leur territoire et leur privilège dans la région. Le territoire atteint son apogée  en 1306 avec le mariage de Béatrix II de Lautrec au vicomte de Lomagne, Bertrand de Got. La vicomté Lautrécoise a  alors sous son contrôle  tout le territoire entre les rives sud du Tarn, du Thoré, de l’Agout, de la Montagne Noire jusqu’à Puylaurens et à la limite du Lauragais du Nord. 

Regroupement territorial des principautés du Sud-Ouest et du Languedoc aquitains en 1306 – source: Zalmen Ben-Nathan Philippe, La vicomté de Lautrec au Moyen âge: seigneurs, bourgeois et paysans en Albigeois, GERALH, 2011

Mais, 1306 marque une rupture dans l’accroissement de l’influence lautrécoise. L’immixtion royale affaiblit le pouvoir vicomtal. La multiplicité de vicomte par le régime de  codétention de la vicomté entraîne une baisse de la cohésion vicomtale, ce qui permet au  roi de France Philippe le Bel, d’acheter la moitié de la vicomté de Lautrec. Le pouvoir royal s’intéresse alors au positionnement de  la vicomté de Lautrec,  pour son placement stratégique dans le dispositif  défensif  du Carcassonnais. Ainsi, la maison des De Lautrec et le roi de France codétiennent la vicomté jusqu’en 1338, où la part des vicomtes se trouve être spoliée par le roi  au profit du comte de Foix.


Conclusion

Durant quatre siècles, la vicomté lautrécoise fût au centre des développements économiques, religieux et politiques du Languedoc. Venant d’une famille ancienne languedocienne, elle émerge dans le contexte de  la  mutation féodale  du Xe siècle. La famille s’ancre ainsi dans un territoire au centre de nombreuses entités politiques, profitant ainsi des nombreux leviers géopolitiques que leur placement géographique offre. Les  Lautrec utilisent ainsi de nombreuses stratégies pour accroître leur influence et leur richesse avec des alliances matrimoniales, des prises d’investiture religieuse, des alliances politiques et des arbitrages dans différents conflits importants du Languedoc. Malgré la croisade albigeoise du XIIIe siècle, la famille arrive à se maintenir à la tête de la vicomté et parvient même à accroître leur influence et leur territoire dans la sphère régionale.  La vicomté connaît durant la première moitié du XIVe un profond affaiblissement dans son fonctionnement structurel qui permet  l’immixtion de la royauté et l’assimilation des prérogatives vicomtales, mettant progressivement fin à l’indépendance de ces vicomtes en 1338.

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L2: Bigorre Marie – Fourès Mathis

L1: Nonorgues Sarah – Oulmière Quentin- Lajoinie Lina – Delon Mothes Robin – Salvan Marc