La commune de Lavaur, aujourd’hui située dans la région Occitanie et dans le département du Tarn , domine la basse vallée de l’Agout. C’est une ville quasi-millénaire qui fut mentionnée pour la première fois en 1035 avec le castro de vauro (château du ravin).
Au XIIIe siècle, la ville était déjà fortifiée et devenait de plus en plus importante dans la région notamment dans la lutte contre le catharisme. Elle devint enfin siège épiscopal au début du XIVe siècle.
Blason de la ville et du canton de Lavaur
Source de l’image : https://armorialdefrance.fr/page_blason.php?ville=12344
La Cathédrale Saint-Alain, du nom d’un saint catholique qui aurait œuvré pour la diffusion des monastères et abbayes dans la seconde moitié du VIIe siècle dans le Rouergue, est bâtie au milieu du XIIIème siècle et devait contenir l’entière population de Lavaur : ce choix est expliqué par une forte politique de rechristianisation, suite à la croisade des albigeois au début . En effet, la ville de Lavaur fut assiégée par les chevaliers croisés de Simon de Montfort en 1211.
Photographie : Camille Latcher
Construite principalement grâce aux fonds de l’Inquisition, l’institution chrétienne qui se développe à partir du XIIIe siècle pour sanctionner les “hérésies” et notamment les cathares, la cathédrale Saint-Alain a été façonnée dans un style gothique méridional reconnaissable par sa construction en briques, l’utilisation de contreforts à la place d’arcs boutants ainsi que la présence de cinq travées.
La cathédrale est ainsi à la fois le principal symbole religieux de Lavaur mais elle participe aussi à la représentation de la puissance des évêques, marquant le paysage urbain d’une ville capitale de son diocèse.
Le 26 septembre 1317, le pape Jean XXII officialise par bulle papale la création du diocèse de Lavaur, afin de démanteler celui de Toulouse. Par la création de l’évêché, l’église nouvelle de Saint-Alain devient officiellement une cathédrale.
Source de l’image : Archives départementales du Tarn
Le 22 février 1318, une seconde bulle papale de Jean XXII, fixe les nouvelles frontières de l’évêché : il s’agit d’un vaste territoire qui concentre au total 88 paroisses, et qui est entouré par les diocèses de Toulouse, Castres, Narbonne, Carcassonne et Saint-Papoul. Le diocèse de Lavaur devient ainsi le troisième plus grand, et plus important, diocèse du pays Albigeois, après celui de Castres et bien sûr d’Albi, à la tête duquel règne un évêque.
La cathédrale Saint-Alain est représentative de la puissance des évêques locaux. Ceux-ci sont majoritairement issus du chapitre cathédral, c’est-à-dire des chanoines qui organisent la vie matérielle et spirituelle de l’église. Les évêques sont souvent des lettrés et des juristes. Seigneurs de la ville, ils gèrent également les revenus du diocèse, dont une partie des fonds sert à l’embellissement constant de la cathédrale, s’occupent des infrastructures routières et fluviales, qui représentent une part importante du budget et des emprunts de l’évêché et jouent parfois un rôle de diplomate dans la région.
Plusieurs évêques ont contribué au rayonnement de la cathédrale Saint-Alain. Leurs travaux leur donne le mérite d’être appelés “évêques bâtisseurs” dont voici les plus illustres :
- Roger d’Armagnac (premier évêque de Lavaur, de 1317 à 1338), a fait faire de nombreux travaux d’agrandissements côté est de la cathédrale : il y construit une abside (image ci-contre) dans laquelle se trouve une clé de voûte (pierre placée dans l’axe de symétrie d’une porte) avec un agneau qui représente le Christ sacrifié, ainsi que la tête d’un évêque avec une mitre qui symbolise leur importance.
Photographie : Camille Latcher
– Jean Vigier (évêque de Lavaur de 1469 à 1497), fait construire le deuxième palais épiscopal (demeure de l’évêque), dont l’ensemble est détruit à la Révolution. Il a fait abattre le mur occidental de la cathédrale du côté ouest, il créé ainsi une cinquième travée, ce qui simplifie le plan de la cathédrale.
- Pierre de Rousergue (évêque de Lavaur de 1500 à 1514), fait fermer le porche côté ouest et y fait installer une rosace (image à gauche). Il y construit également un mur séparant la nef (couloir menant à l’autel) au vestibule.
Photographie : Camille Latcher
C’est au-dessus de la porte qui sépare ces deux parties que se trouve le collège apostolique (où se trouvent tous les apôtres) et la représentation de Saint-Michel, protecteur des églises. Il fait aussi fermer le porche côté nord par la chapelle Saint-Christophe (image à droite) où il est inhumé en 1514.
Photographie : Camille Latcher
- Simon de Beausoleil (évêque de Lavaur de 1514 à 1521), place des vitraux dans l’abside, déplace le maître-autel et décore le chœur de tapisserie qui représente la vie de Saint-Alain. De plus, il commande un orgue en bois polychrome, signe de l’épanouissement des courants artistiques de la Renaissance dans le Midi. En 1521, il creuse dans l’abside son futur-tombeau et le décore de son gisant (image ci-contre).
Photographie : Camille Latcher
-Jean-Antoine de Castellane (évêque de Lavaur de 1770 à 1802), fait détruire les stalles (sièges en bois réservés au clergé), et fait construire une table de communion en fer forgé. Il termine la construction du Pont Saint-Roch (reliant le diocèse de Lavaur à celui de Castres sur la rivière de l’Agout, qui devient en 1791 le plus long pont à arche unique au monde).
En plus de sept cent ans d’existence, la cathédrale Saint-Alain connut de multiples transformations au fil des siècles, passant d’une simple église au début du XIVe siècle à une cathédrale de plus en plus majestueuse et embellie grâce notamment aux évêques-bâtisseurs.
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