Quelle a été l’évolution de la monnaie française en Languedoc entre les VIIIe et XVIe siècles?

Le terme “monnaie” vient du latin monere qui signifie “avertir”. En effet, les monnaies peuvent avertir leurs détenteurs de plusieurs choses notamment leur valeur mais aussi parfois du roi qui est au pouvoir quand son portrait se trouve au droit de la pièce par exemple, en effet la pièce de monnaie peut accueillir une iconographie : donc une image qui va circuler et véhiculer des symboles.

Source: http://www.cartesfrance.fr/histoire/cartes-royaume-francs/carte-royaume-Francs-481-814.html
Source: http://www.cartesfrance.fr/histoire/cartes-royaume-francs/carte-royaume-Francs-481-814.html

Les monnaies ont connu des évolutions sur trois axes principaux. Elles ont évolué sur le plan politique,  leur rôle économique a évolué, et enfin leur rôle social a évolué.


Évolution du rôle politique des monnaies

Au VIIIe siècle, les monnaies étaient frappées par les seigneurs féodaux de chaque province selon leur volonté. Mais le droit de frappe n’était pas exclusif. Les différentes monnaies, royale ou féodale, sont nombreuses et peuvent avoir une valeur très différente, cette valeur diffère en fonction du type de matériaux de la pièce et de son poids et n’est par conséquent pas du tout fiduciaire.

Mais, petit à petit, ces monnaies ont laissé place à une monnaie royale, qui, nous allons le voir, a changé le cours de l’utilisation de celles-ci. Néanmoins, ces monnaies n’ont pas totalement disparu et ont continué de circuler entre l’an mil et le règne de Philippe le Bel en 1285.

Le premier souverain à figurer sur sa monnaie est le roi de France. En août 1290, Philippe le Bel se fait représenter en majesté sur le petit royal. Ce type de représentation est tout à fait caractéristique de l’esprit qui anime le roi et son entourage en cette fin du XIIIe siècle. Dans ces conditions, la représentation du roi en majesté sur ses monnaies d’or s’explique très facilement. L’image du souverain est associée au métal le plus noble et à la plus forte valeur en cours. Ces premiers choix iconographiques ne sont pas surprenants, puisque le type sigillaire en majesté est repris et appliqué à l’or.

Le petit royal d’or présente des images facilement accessibles pour la population comme la couronne à hauts fleurons, le trône de Dagobert, le sceptre, la fleur de lis et le manteau. Cependant les multiples émissions en temps de crise obligent à différencier la représentation, et donc à rajouter des ­symboles, car il faut permettre aux populations et aux changeurs de séparer des monnaies de poids, de cours et quelquefois d’alliages différents. Au départ très sobre, la représentation se charge peu à peu. Au départ, le roi occupe seul l’espace laissé libre. Mais les mutations monétaires obligent le pouvoir à introduire des éléments supplémentaires.


Evolution du rôle économique des monnaies 

Au VIIIème siècle de notre ère, l’empereur Charlemagne instaure le denier d’argent sur tout son territoire. Au milieu du XIIe siècle, les pouvoirs religieux et militaires finissent par perdre le contrôle des échanges commerciaux, laissant la main à une nouvelle classe de marchands et de financiers. 

Le XIIIème siècle représente l’apogée de l’essor économique et social au Moyen Âge suite à l’accroissement de la circulation de la monnaie, au développement de l’artisanat et surtout du commerce. 

On observe une complexification du système monétaire lorsque le roi Louis IX impose la frappe et la circulation monétaire par une série de d’ordonnances dont les plus importantes sont les suivantes :

  • En 1262, la monnaie royale est valable dans tout le royaume
  • En 1265, la contrefaçon de cette monnaie royale est interdite (particulièrement dans les régions du sud de la France comme le Languedoc) 

Ces deux ordonnances expriment la volonté d’imposer la monnaie du roi et de diminuer les différentes pièces en circulation.


Les Ateliers

Source : https://www.numismatique-en-maconnais.fr/monnayage/

Les ateliers monétaires ont une place importante dans la société médiévale et notamment autour des échanges économiques puisqu’ils sont à l’origine des nombreuses monnaies qui circulent dans les différents domaines qui constituent la France féodale. Les ateliers sont les seuls endroits pouvant « battre monnaie » c’est-à-dire à la fabriquer, émettent plusieurs sortes de monnaies. Tout d’abord il y a une distinction à faire entre celles qui se rattachent aux domaines du roi et celles qui se rattachent aux domaines de ses vassaux, en suite toutes les monnaies ne se valent pas, certaines ont plus de valeur. Pour « battre » la monnaie les attisant des ateliers frappent une pièce entre deux cylindres pour donner les inscriptions sur les deux faces de la pièce, cette technique évolue vers le XVIe siècle avec l’apparition des balanciers qui permettent de frapper la monnaie à un rythme plus régulier.

Source : https://www.numismatique-en-maconnais.fr/monnayage/

Les ateliers se trouvent surtout dans les grandes villes, Carcassonne et Castelnaudary sont les principaux ateliers monétaires du Languedoc au Moyen-âge du comté de Toulouse. Les ateliers servent aussi le Roi ou ses vassaux dans l’affirmation de leurs pouvoirs, en effet la monnaie sert d’outils de souveraineté à la fois pour le Roi et ses vassaux, les ateliers prennent donc un intérêt politique puisqu’ils sont les seuls lieux autorisés à faire les monnaies. On peut prendre pour illustrer cet aspect politique l’exemple de l’écu de Louis IX ( 1214-1270) qui apparaît vers 1263, c’est une monnaie frappée par les ateliers royaux en or, elle à donc une valeur financière plus importante que les autres monnaies car sa valeur symbolique est plus forte car c’est le roi mais aussi car elle est portée par une valeur réelle car contenant plus de métal précieux. Cela permet à Louis IX de réduire l’influence des autres monnaies qui n’appartiennent pas au Roi sur le royaume.


La religion et les monnaies

CEN-TVLLO COME. Croix cantonnée d’un besant aux 1er et 2e. Centulle III (vicomte de Béarn ; 984-1004)

Le Moyen Âge est marqué par la place importante de la religion dans la société, et le domaine économique ainsi que celui des échanges ne fait pas exception.

La religion dominante en France durant la période médiévale est la religion catholique. L’influence religieuse prend une grande importance dans les échanges économiques, la religion dicte la bonne conduite à avoir concernant sa richesse personnelle, les transaction ou bien encore par exemple dans le cas des prêts avec intérêts où la morale religieuse se positionne contre toute pratique trop abusive des prêts à intérêts. En effet, pour l’Eglise, un prêteur ne devait pas recevoir une somme supérieure à celle qu’il avait prêté. L’importance de la religion dans l’économie au Moyen-Age peut également se voir sur les pièces de monnaies, celle-ci arborent sur leur face des symboles rappelant la puissance du souverain local mais également celle de l’Église. Ainsi jusqu’au XVIe siècle toutes les pièces de monnaie en France arborent une croix symbole catholique mais également d’autres éléments comme une église par exemple. 


Vers un élitisme de certaines monnaies 

En 1262, la réforme monétaire de Louis IX unifie les différents monnayages du Royaume . Après l’unification monétaire , le franc à cheval est le premier franc français, émis pour financer la rançon du roi Jean II le Bon (1350-1364), prisonnier des Anglais. Cette monnaie est créée le 5 décembre 1360, et mise en circulation en février 1361 jusqu’en 1364. Bien que le nom « franc » signifie « libre », il est plus probable que le nom de la monnaie vienne tout simplement de l’inscription Francorum Rex gravée sur la pièce. Pour donner une  valeur aux monnaies, il était d’usage de se référer à une monnaie ancienne d’un poids de métal fixe que l’on appelle monnaie de compte. Ainsi, le franc fut émis à la valeur d’une livre tournois, et le mot franc devint vite synonyme de livre. Le franc à cheval est la première monnaie royale française représentant le souverain en chevalier chargeant comme pour aller au combat. C’est aussi la première monnaie à porter le nom « franc » qui deviendra celui de l’unité monétaire française.

Étudiantes L2 : Kheloufi Farah et Kaouari Sahra

Étudiants L1 : Galy Elsa, Colozzi Paul et Andreoli Alexandre