La guerre de Yougoslavie : Entre crimes de guerre et mémoire

La Poudrière des Balkans est une expression pour désigner les conflits qui ont frappé les Balkans aux XIXe et XXe siècles. Nous allons donc voir pourquoi lui doit-on ce surnom. La Yougoslavie, Etat du Sud de l’Europe, regroupe les pays des Balkans. Le pays prend forme en 1918 à la fin de la Première Guerre mondiale avec la chute de l’Empire Ottoman. Pendant le seconde guerre mondiale jusqu’en 1980, Tito dirige le pays et est un grand fédérateur des peuples balkaniques, puis sa mort vient embraser tout cela en même temps que le communisme s’effondre dans le reste de l’Europe. Puis la montée du nationalisme met le feu aux poudres, ce qui déclenche la guerre civile. 

Carte de la Yougoslavie en 1991

La guerre de Yougoslavie (1991-2001)

La mort de Tito en 1980 laisse une Yougoslavie en proie à la montée du nationalisme, en plus de la chute du communisme qui mène à la guerre civile. En 1989, Slobodan Milosevic est élu président de la Serbie, et son mandat est marqué par un fort nationalisme. Il défend la création d’une Grande Serbie. Avec la chute du mur de Berlin, plusieurs révolutions se succèdent en 1989 comme en Roumanie, en Bulgarie ou encore en Tchécoslovaquie. C’est en 1991 que la Slovénie ainsi que la Croatie déclarent leur indépendance vis-à-vis de la Yougoslavie en utilisant le droit de sécession garanti par la nouvelle Constitution de 1974. En riposte, Belgrade décide d’envoyer l’armée pour réprimer les volontés des pays. Ça mène à la guerre de Croatie entre 1991 et 1995. Au début, la guerre oppose des populations civiles : la police croate et les Serbes de Croatie qui veulent rester au sein de la Yougoslavie. L’armée Yougoslave prend une position pro-serbe et aide les milices serbes dans cette guerre qui aboutira à la désintégration du pays. 

La guerre de Bosnie

Tout d’abord, la Bosnie-Herzégovine est composée de trois peuples différents avec des religions différentes : les Bosniaques musulmans, les Croates catholiques et les Serbes orthodoxes. Dans le contexte de chute de la Yougoslavie, la Serbie et la Croatie ont vu une opportunité d’atteindre leur but: la Grande Croatie et la Grande Serbie. Les deux pays, même s’ils sont ennemis, voulaient partager la Bosnie à leur profit. Pendant cette guerre, la Bosnie a été opposée aux minorités serbes et croates de Bosnie. Les Bosniaques et les Croates de Bosnie déclarent son indépendance par référendum le 29 Février et le 1 Mars 1992, qui est boycotté par les Serbes de Bosnie. Suite à cela, ils organisent le siège de Sarajevo, le plus long de l’histoire contemporaine qui a duré pendant plus de 4 ans, entre le 5 Avril 1992 et le 29 Février 1996. Le siège était déjà préparé depuis la fin de l’année 1991 par les Serbes avec un afflux d’armes lourdes autour de la ville. Le 6 Avril 1992, la guerre est déclarée suite à la reconnaissance de l’indépendance de la Bosnie, notamment par la communauté Européenne. Cette date sert de prétexte pour déclencher la guerre. Dès le début, les forces serbes organisent un blocus de la capitale ainsi que des bombardements qui tuent massivement les civils. Lors de l’offensive, plusieurs villes de Bosnie à majorité musulmane sont occupées et plusieurs civils sont exécutés, comme la ville de Srebrenica. Les villages autour de Srebrenica sont bombardés et détruits par les Serbes, poussant les civils restant à se réfugier dans Srebrenica. La ville subit un siège et les conditions de vie sont catastrophiques, et les civils meurent de faim, et en Janvier 1993, la famine pousse les Bosniaques à piller des villages serbes pour survivre et pouvoir se défendre en volant de la nourriture et des armes, et des crimes sont commis. Le blocus de Srebrenica est condamné par l’ONU qui sanctionne économiquement la Serbie.

Parallèlement aux sièges effectués par les Serbes, un nettoyage ethnique mené par Slobodan Milosevic a lieu pour créer un territoire “purifié” pour la Grande Serbie, notamment Srebrenica. Le territoire contrôlé par les Serbes comptait 551 000 Bosniaques en 1991 contre 28 000 en 1995, et le nombre de croate est passé de 209 000 à 11 000.

Répartition ethnique en Bosnie en 1991

On peut également ajouter que la purification ethnique est marquée par des déplacements forcés et internement dans des camps de concentration dans des conditions de vie inhumaine, des massacres, des viols systématiques, la destruction d’édifices culturels et religieux.

Répartition ethnique en Bosnie en 1997

Toujours en 1993, Srebrenica est défini comme zone protégée par l’ONU. Le commandant des forces Bosniaques, Naser Oric passe à l’offensive sur des villages serbes qui se situent aux alentours de Srebrenica, et des massacres abominables sont commis.

En Juillet 1995, les forces serbes entrent dans la ville sous le commandement de Ratko Mladic. Des soldats néerlandais de l’ONU demandent de l’aide aérienne qui n’arrivera pas. Les responsables bosniaques savent que Srebrenica va tomber aux mains des Serbes et les quelques hommes valides s’exfiltrent de la ville mais sont rapidement encerclés par les forces armées Serbes. Après que les forces Serbes aient pénétré dans Srebrenica, les hommes encore présents dans la ville sont emmenés vers des centres de détention et certains sont exécutés. Le 13 Juillet 1995 a lieu le premier massacre, avec un groupe important de prisonniers exécutés dans le village voisin de Kravica. Le 14 Juillet, tous les prisonniers se trouvent à Bratunac pour être déportés dans le nord du pays où sont commises des exécutions de masse, et des fosses communes sont creusées pour les cadavres. La fin des massacres à lieu le 17 Juillet et les fosses communes sont refermées.

L’inefficacité de l’ONU pousse l’OTAN à intervenir en ciblant des milices Serbes de Bosnie en Août 1995. Avec ces bombardements, la Bosnie regagne du terrain face aux Serbes. La guerre prend fin avec les accords de Dayton, signés par Izetbegovic (Bosnie), Milosevic (Serbie) et Tudjman (Croatie) le 14 Décembre 1995. Le bilan de la guerre est d’environ 100 000 morts, dont plus de la moitié sont des victimes civiles et environ 2 000 000 de réfugiés. Cette guerre verra la création du TPIY, et incarcérera tous les dirigeants, majoritairement serbes qui ont commis des atrocités. Srebrenica, de par son massacre à caractère raciste contre les Bosniaques, est considéré comme le pire massacre en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et Ratko Mladic est arrêté en 2011 pour avoir dirigé le massacre. Le TPIY prononce 90 condamnations pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide. 

La guerre du Kosovo

En 1998 est lancée la guerre du Kosovo par les forces armées de Yougoslavie contre l’armée de libération du Kosovo. Cette dernière est également issue de rapports conflictuels entre les nationalités serbes composés majoritairement de chrétiens orthodoxes et albanaises composées d’une grande partie de musulmans sunnites.

Répartition ethnique au Kosovo après la guerre

Ces deux nationalités sont les deux ethnies majoritaires du Kosovo. La Serbie cherche cependant à récupérer le territoire du Kosovo, l’armée de libération du Kosovo ou l’UÇK va effectuer de nombreux sabotages et s’en prendre aux instances kosovares comme les postes de police pour lutter contre les discriminations des serbes du Kosovo exercé à l’encontre des albanais. Le conflit va également prendre une dimension religieuse avec la destruction de plusieurs mosquées par l’armée serbe et de plusieurs églises par l’UÇK. L’intervention de l’OTAN se fait sans l’approbation du conseil de sécurité de l’ONU et effectue des bombardements sur une grande partie du territoire de la Yougoslavie. Cette intervention est justifiée par le déplacement de plus de 80% de la communauté albanaise du Kosovo vers l’Albanie, la Bosnie ou vers l’intérieur du pays. L’OTAN pense qu’un nettoyage ethnique est en cours de préparation avec l’aide de faux documents écrits par le ministère de la défense allemand pour justifier ces bombardements. Les critiques se font d’autant plus sévères envers cette intervention militaire que l’on reproche aux nations de l’OTAN d’avoir rejeté toutes solutions diplomatiques et aux médias occidentaux d’avoir repris et adapté ce discours sans autres formes d’objectivité journalistique.  De ce fait, cette opération reste controversée au sein de la communauté internationale car cette dernière démontre l’utilisation d’une propagande et la propagation de fausses informations pour justifier des opérations militaires au sein des nations membres de l’OTAN. De plus, les débats sur la question de l’autonomie du Kosovo sont conflictuels, les États comme la Russie ou la Chine ayant comme alliée la Serbie considère l’indépendance du territoire comme illégale. La guerre s’arrête avec les accords de Kumanovo en 1999. La communauté serbe présente au nord du territoire connaît ainsi de forts déplacements de populations. L’armée serbe et l’armée yougoslave laissent ainsi place à une présence internationale sur le territoire du Kosovo et l’UÇK est dissoute peu après, ses membres rejoignant les rangs de la police du Kosovo ou de l’armée albanaise pour participer au conflit ethnique en Macédoine.  On décompte également 200 000 serbes et tziganes contraints de quitter le Kosovo en 1999. Les instances serbes comme l’armée ou la police sont également invitées à partir du territoire.

Cependant, la communauté serbe présente après la guerre demande toujours que le nord du Kosovo soit rattaché à la Serbie. De plus ces derniers sont juridiquement dépendants de Belgrade et non de Pristina notamment pour des questions économiques où leurs assurances et leurs banques sont souvent basés dans la capitale serbe. Le bilan humain est estimé à 13 535 morts parmi lesquels l’on décompte pas moins de 11 609 civils.

L’héritage de la guerre de Yougoslavie 

Avec la fin des guerres civiles, Slobodan Milosevic et d’autres sont arrêtés pour crimes de guerre notamment le massacre de Srebrenica en 1995. Milosevic est jugé coupable de génocide et de crime de guerre devant le TPIY de La Haye, mais il meurt le 11 mars 2006, peu avant son procès. Milosevic est enterré dans sa ville natale, Pozarevac le 18 mars 2006 où 50 000 partisans et politiciens sont présents. Ratko Mladic, le commandant qui a ordonné aux troupes serbes de rentrer dans la ville bosniaque est arrêté en 2011, après plus de 15 ans de cavale. Surnommé le “Boucher des Balkans”, il est poursuivi par le TPIY pour génocide et crime contre l’humanité. Son procès s’ouvre en 2011, et en 2017 il est condamné à perpétuité pour les massacres qu’il a orchestrés pendant la guerre de Yougoslavie.  Il est donc important de se remémorer les événements de la guerre pour éviter que de tels massacres se reproduisent à l’avenir, se réconcilier est aussi important pour avancer et se reconstruire.

Finalement, la guerre de Yougoslavie a connu plusieurs conflits qui ont été sanglants et sont marqués par des atrocités commises dans plusieurs camps, comme le massacre de Srebrenica par les Serbes, mais aussi dans le camp Bosniaque, par l’intermédiaire de Naser Oric qui a lui-même participé à la destruction de villages serbes ainsi qu’au meurtre de civils en 1993. Il est condamné par le TPIY en 2006, mais est finalement acquitté en 2008 après une décision en cours d’appel du fait de son jeune âge (âgé d’une vingtaine d’années) lors des crimes perpétrés.  

En 2008, le Kosovo devient indépendant après quasiment 10 ans de statut indéterminé. Le Kosovo reste un terrain sensible, avec des menaces de la Serbie sur le territoire kosovar, car elle le considère comme une partie de son territoire. Ces dernières années, plusieurs affrontements ont eu lieu entre serbes et kosovars à des fins territoriales, ethniques et nationalistes. Ces facteurs ravivent les tensions du passé qui sont encrées dans les mémoires et peuvent aboutir à un conflit ouvert entre les deux pays.

Sources :

Etudiants :

  • BLANC Brice L2
  • STAINTON Rudy L2
  • CALMELS Jean L1
  • LUQUET-PEREZ Mael L1
  • OROMBEL Alexis L1