L’amour courtois ou fin’ Amor en occitan est une expression médiévale pour désigner la relation de courtoisie entretenue par deux partenaires, tournée vers l’érotisme. Apparu dans la région Occitane au XIIe siècle, le mouvement s’essouffle à la fin XIIIe siècle. Guillaume IX d’Aquitaine (1071-1127), dit Guillaume le troubadour est l’un des précurseurs de ce nouveau lyrisme. Ce courant s’inscrit dans les cours seigneuriales, il vient libérer la parole de la séduction et en fait dans une certaine mesure la promotion. Ce furent les troubadours qui inventèrent la fin’amor. Ces derniers étaient issus de la haute noblesse, plus souvent d’une noblesse plus basse voire d’un roturier enrichit. Cet amour courtois fut un phénomène culturel plutôt que social.
Dans la pratique, un amant cherche à conquérir une femme, la dame, qui était socialement au-dessus de lui. C’est une relation sentimentale et surtout érotique. Le lyrisme courtois du Midi est adultère. En effet, il y avait de nombreuses images dans les textes en rapport avec l’érotisme, avec des lieux subjectifs ou des endroits intimes qui laisse forcément place à des arrières pensées. Autre fait important : le seigneur est le mari de la dame, l’amant doit donc s’en méfier tout autant que d’autres concurrents.
Ce nouveau genre littéraire s’est développé dans les cours des seigneurs occitans, les textes sont alors écrits en langue d’oc. Ainsi, nous pouvons les retrouver de Toulouse à Bordeaux, tout en passant par le nord de l’Italie. Ces textes sont destinés à être chantés et joués grâce à la poésie. Les troubadours sont des poètes, et sont accompagnés d’une vielle lors de leurs prestations. Il existe des femmes troubadours, mais nous savons que celles-ci écrivaient sous des pseudos ou anonymement. Un troubadour racontait dans ses chants des histoires d’amour vécues, idéalisées ou alors leur amour pour la dame devant laquelle il joue (malgré la présence du seigneur à ses côtés). Les écrits peuvent être beaux dans la manière dont ils sont rédigés tout comme ils peuvent être crus et bouffons.
Il faut noter que ça a inspiré les cours seigneuriales du Nord aussi. En effet, nous pouvons trouver l’équivalent des troubadours dans le nord qui sont les trouvères. Ces derniers ne sont pas forcément des seigneurs, mais plutôt des ménestrels formés par l’école de ménestrandie. On peut les surnommer les « jongleurs » aussi.
Il existe une dérive à ce style : la pastourelle. Il s’agit de chants plus osés, explicites, où l’avis de la femme est laissé de côté. L’issu de ce chant est le viol.
La poésie des troubadours a ainsi inspiré le genre littéraire de la chevalerie. En effet, dans les romans de chevalerie, la notion d’amour est très présente. Le chevalier est un homme noble dans ses valeurs, sa tenue et ses idéaux, il se doit alors de prouver sa bravoure et son niveau afin d’atteindre le cœur de la dame, qui est bien au-dessus de lui socialement. Il n’était pas rare qu’un chevalier tente de conquérir le cœur d’une dame déjà en couple avec un seigneur puissant. Souvenez-vous de Lancelot follement amoureux de Guenièvre, femme du roi Arthur, qui partira à la recherche du Graal, pensant pouvoir conquérir le cœur de sa belle en revenant avec. Les ouvrages les plus fameux viennent de Chrétien de Troyes, comme Lancelot du lac, ou bien Le chevalier de la charrette.
Pour terminer, nous proposons une citation de Jean Markale : « Le rituel de l’amour courtois est nécessairement douloureux. La joie de l’amant naît dans sa souffrance ».
Pour aller plus loin : notre bibliographie ou cette conférence sur l’amour courtois.