« Apostar unas autre lenga èst un pauc coma venir quelqu’un d’autre »
(Apprendre une autre langue est un peu comme devenir quelqu’un d’autre).
La langue Occitane appartient au patrimoine immatériel de notre région, langue de nos ancêtres, elle fut et demeure encore aujourd’hui un symbole de fraternité et d’appartenance au territoire Occitan. L’occitan est un facteur de cohésion sociale à l’échelle de notre région mais pas à l’échelle du pays. En effet pour unifier la France il faut que toute la population maîtrise la langue nationale et l’utilise dans la vie de tous les jours. Cette idée émerge sous la IIIe République lorsque le célèbre Jules Ferry est ministre de l’Instruction Publique en 1879. Jules Ferry interdit donc de parler patois à l’école pour que les enfants des nouvelles générations maîtrisent parfaitement le Français.
Application des lois Jules Ferry
C’est dans les lois pour la laïcité de l’école que la IIIe République intègre la fin du patois dans les écoles et donc l’obligation de parler uniquement français à l’école. En 1881 les lois Ferry laïcise l’école en plus de la rendre gratuite et obligatoire, les patois ne sont pas épargnés avec l’article 14 : « Le français sera seul en usage dans l’école ».
Les hussards noirs
Les instituteurs étaient surnommés les hussards noirs, ce surnom provient des uniformes qui étaient sombres des cavaliers hussards hongrois. Les hussards noirs étaient formés dans des écoles normales. Il y avait toutes sortes de catégories sociales, cela pouvait être des fils d’ouvriers, de fonctionnaires, des fils de paysans… mais ils forment une nouvelle catégorie sociale parmi les fonctionnaires. Ils étaient aussi importants dans les villages que le maire ou encore le curé.
Le Signal
Certains professeurs essayaient donc de prendre en compte les difficultés rencontrées par les enfants ; ce qui n’est pas le cas de tous. En effet un grand nombre d’instituteurs utilisaient le Signal. Des enseignants partisans du tout répressif et assez durs dans leur politique pédagogique, ont instauré des formes de punition, comme le bonnet d’âne dont nos grands-parents se rappellent encore. De plus, certains maîtres ou maîtresses d’école frappaient les doigts des enfants, la violence physique pouvait être aussi présente. On comprend avec le signal, que l’application de cette loi a impliqué une méthode officielle ainsi qu’une officieuse.
L’effacement du patois au profit du français, quel intérêt ?
La France de la IIIe République doit être unifiée linguistiquement pour créer une identité française passant par la langue. Ce besoin d’unification des Français émerge après la perte de la guerre contre la Prusse en 1870. La France s’incline devant l’Empire Allemand qui est victorieux grâce à la coalition des différents États et Royaumes parlant une langue commune, l’allemand. La IIIe République prend donc conscience que pour devenir un État fort il faut que tous les citoyens maîtrisent une seule et même langue, le français. Le « remplacement » de l’occitan par le français dans les écoles est une façon d’unifier le pays.
La résistance s’organise
Face à cette loi menaçant l’usage de l’occitan, une opposition émerge. Deux figures connues dans le monde de la langue Occitane s’opposent à cette loi. Le frère Savinien, ecclésiastique, défend l’enseignement de l’occitan et Frédéric Mistral, qui est un spécialiste de la langue Occitane, fonde le mouvement des félibres. Le Félibrige est une association qui tente de sauvegarder la langue et la culture des pays de la langue d’oc grâce à leurs écrits engagés.
Les patois, un fléau pour l’enseignement ?
L’occitan est considéré par les professeurs comme un fléau pour l’enseignement du français car le français n’est pas leur langue maternelle. Beaucoup de parents ne parlent pas le français et le catéchisme ainsi que la messe se font en patois. Tout cela ralentit la progression de l’apprentissage du français.
Inégalités face au français
Il faut avoir bien à l’esprit que ce fut un apprentissage long, causé en partie par les inégalités dont étaient victimes les enfants surtout des milieux ruraux. En effet dans la population rurale, le français n’est très peu voire jamais parlé à la maison. Ces inégalités face à l’apprentissage entre enfants de bourgeoisie entendant le français chez eux et les enfants des familles rurales, donne lieu par la suite à des inégalités dans la vie active. Pour pallier ces inégalités, des instituteurs développent de nouvelles méthodes.
Le Francitan
Certains professeurs de la région occitane refusent le rejet complet de l’occitan. Ces professeurs utilisent une forme d’hybridation linguistique appelée le Francitan, ce langage est un mélange entre le français et l’occitan. L’utilisation du Francitan par les professeurs à l’école permet de nouvelles méthodes d’apprentissage de la langue française. Véritable pied-de-nez à l’idée d’apprendre en ignorant complètement les patois. C’est une représentation concrète de l’opposition occitane face aux lois de Jules Ferry.
Ce qui en reste ?
Aujourd’hui, l’occitan a été délaissé dans les écoles. Cependant cette langue a marqué nos populations du Midi et la culture Occitane reste très ancrée. On compte environ 6 millions d’habitants qui comprennent l’occitan et 3 millions qui le parlent. Des écoles occitanes voient le jour, appelés Calandretas.
Pour aller plus loin :
L1 : REPAUX Inès ; SENEGAS Morgane
L2 : BERTRAND Louis