Les exilés républicains espagnols dans le Sud-Ouest (1936-1975) [2017]

Drapeau républicain espagnol (1931-1939)

La guerre civile espagnole a provoqué l’exil de 500 000 républicains vers la France. Leur installation préférentielle se trouve dans le Sud-Ouest à cause de l’avantage géographique. Cet exil peut être vu sous l’angle politique. La poursuite de la lutte antifranquiste dans le Sud-Ouest de la France de 1936 à 1975 comprend une véritable implantation des partis politiques et des syndicats tout en incluant les médias et la famille.

Libérer la France était primordial pour pouvoir faire chuter Franco. Les exilés se sont illustrés dans la Résistance. Les guerrilleros se sont organisés dans l’UNE (Union Nationale Espagnole) dès 1941. Dans le but de reconquérir l’Espagne, ils ont réalisé l’opération Reconquista depuis le Val d’Aran en octobre 1944, en vain. Les blessés ont été soignés à l’hôpital Varsovia, fondé en parallèle à Toulouse. Le personnel, étant communiste, a été arrêté en septembre 1950 lors de l’opération Boléro-Paprika. En face de l’UNE communiste, s’est instauré la JLE (Junta de Libération Espagnole).

Par la proximité géographique, Toulouse a été choisie pour accueillir massivement les républicains et leurs organisations. Le PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) s’est réorganisé depuis Toulouse après un congrès en septembre 1944. Les locaux se trouvaient rue du Taur. Le PCE (Parti Communiste Espagnol) a oscillé entre interdiction et autorisation. Sa position affermie par leur participation dans la Libération s’est effondrée durant la Guerre Froide. Ils se sont organisés comme une microsociété se rencontrant à la Bourse du Travail le dimanche. La CNT (Confédération Nationale du Travail), syndicat anarcho-libertaire, a été tolérée par les autorités françaises. Cette organisation avait adopté une attitude active contre le franquisme comme dans des manifestations. Par exemple, celle le long du canal du Midi à Toulouse pour la défense de Julián Grimau, exécuté par le régime franquiste. Une scission en 1945 a été définitive en 1965.

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Photo de Rodolfo Llopis dans un congrès socialiste à Amsterdam, Harry Pot, 1963

Azaña a résidé à Montauban sous assignation à résidence. À la fin, il est logé à l’Hôtel du Midi par le gouvernement mexicain. Un projet de rapt a été fomenté. Mais le coma d’Azaña, le 31 octobre et son décès le 3 novembre l’ont empêché. Llopis, assigné à Albi mais avec plus de libertés grâce à son mariage avec une française, Georgette Boyé. Il a été secrétaire général du PSOE et de l’UGT. Dans les années 70, il est tombé en disgrâce.

La presse a pour but d’informer les exilés et de les rassembler. Censurée pendant la Seconde Guerre mondiale, puis tolérée. Les capitales se trouvent à Toulouse et Perpignan. Les journaux vivent précairement et sont vendus place Wilson à Toulouse. Il y a de nombreux titres dont CNT, Mundo Obrero, El Socialista.  La presse communiste a été prohibée dès 1950. La loi de 1961 a interdit les autres titres espagnols à cause de l’OAS (Organisation Armée Secrète) implanté à Madrid. Les expériences radiophoniques étaient majoritairement libertaires. La CNT a récupéré une radio à Font Romeu pour émettre vers la Catalogne. La faible portée des ondes  les a poussés à en faire une plus puissante dans la colonie d’Aymare. A Perpignan se trouvait la Radio República Española du gouvernement exilé sous Alvaro de Albornoz.

Les femmes exilées ont organisé la Retirada après la défaite républicaine vers la France. Elles se

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Photo de Sara Berenguer, auteur inconnu, 1939

sont ensuite impliquées dans la résistance en tant que guerrilleras. Dans la France libérée, elles ont repris leur militantisme politique. Leurs organisations féminines n’étaient toutefois pas solides. A Toulouse, se trouvait notamment le Secrétariat Féminin du PSOE. Leur rôle était considérable mais peu occupées des postes de responsable. A Toulouse, Federica Montseny a été responsable de la presse et propagande de la CNT. Dans l’Hérault, Sara Berenguer était secrétaire de la CNT du Languedoc. Elle éditait également le journal de Mujeres Libres.

Une sensibilisation précoce des jeunes a lieu grâce à la mère. Les partis et les syndicats portaient un fort intérêt pour la jeunesse afin de préparer des républicains actifs pour perpétuer la lutte antifranquiste. La FIJL (Fédération Ibérique des Jeunesses Libertaires) permettait aux jeunes libertaires de se former, se regrouper. L’immobilisme de l’ensemble des structures exilées a été dénoncé par la nouvelle génération dans les années 1960. Toutefois, certains se vouaient à ce combat et se formaient dans les cours d’été comme à Carmaux avec l’école de l’UGT (Union  Générale du Travail), où Carmen Bloise Garcia est passée.

En définitive, l’exil politique de ces républicains espagnols a suivi plusieurs dynamiques. Dès leur arrivée, leur activité a été intense avec l’espoir de faire chuter le régime franquiste. Or, dès les années 1960, le mouvement politique exilé commence à s’essouffler. Cet exil n’est pas seulement politique, il est de plusieurs ordres. Un d’entre eux qui conserve encore aujourd’hui des traces dans la région toulousaine est la facette culturelle. La rue du Taur à Toulouse en est un exemple avec l’Ateneo, fondé par Manuel Llaster. Dans cette structure, la culture espagnole a continué de vivre. Encore aujourd’hui, des événements espagnols s’y déroulent, comme le festival Cinespaña.

Pour aller plus loin :

Etudiants :

CAMPAGNE Andréa (L2) / CHASTANG Dylan (L1) / GALLIOT Julien (L1)