La bataille des Pyrénées de 1813 [2022]

La guerre d’indépendance espagnole est un événement qui débute le 2 mai 1808 dans le contexte des guerres napoléoniennes. Madrid se soulève contre l’armée française après la montée sur le trône du roi Joseph, frère de Napoléon Bonaparte. C’est un conflit qui va durer plusieurs années (1808-1814). Devant la montée en puissance des coalisés, le roi Joseph se voit obligé de fuir le trône en 1813. La coalition se crée lorsque les Portugais continuent de commercer avec les Britanniques malgré l’interdiction de la France, suite à la mise en place d’un blocus continental. Les Français en fuite, se font rattraper à Vitoria (le 21 juin) et doivent combattre. Ils sont défaits. Les troupes se replient donc vers les Pyrénées.

C’est dans ce contexte que s’inscrit la bataille des Pyrénées. Elle dure plusieurs jours : du 25 juillet jusqu’au 2 août 1813. Quelles sont les forces en présence ? Côté français, c’est le maréchal Jean-de-Dieu Soult qui est chargé par Napoléon de réorganiser les troupes après Vitoria. Arthur Wellesley est au commandement de la coalition.

Gravure coloriée de la bataille de la Nivelle (10 novembre 1813) parue dans le livre de William Heath et James Jenkins : « Martial achivements of Great Britain and her allies 1799-1815 ».

Le but des coalisés est de repousser les troupes françaises au-delà des Pyrénées. Le maréchal Soult arrive à Saint-Jean-Pied-de-Port, le 23 juillet et souhaite lancer l’offensive le lendemain. Le mauvais temps vient contrecarrer ses plans. Les routes sont impraticables, ce qui l’oblige à reculer l’attaque au 25. Le général Reille doit se poster sur les hauteurs du Lindux, simultanément, un corps d’armée se rend sur la montagne de Haussa. Ce corps est chargé d’allumer beaucoup de feux pour faire croire que le gros de l’armée française s’y trouve.

Il y a plusieurs phases dans la Bataille des Pyrénées :

Bataille de Maya :

Cette première bataille se déroule le 25 juillet 1813 au col de Maya. Elle oppose les troupes françaises composée de 21 000 hommes commandés par le général Jean Baptiste Drouet à la seconde division anglaise composée de 6 000 hommes commandés par William Stewart. Les Anglais résistent avec l’arrivée de la septième division Britannique en renfort. Malgré tout, cette bataille se solde par une retraite des troupes britanniques.

Bataille de Roncevaux :

Cette deuxième bataille importante se déroule le 25 juillet 1813. Elle oppose les troupes françaises commandées par les généraux Bertrand Clauzel et Honoré Charles Reille et leurs 40 000 hommes à la coalition anglo-portugaise dirigée par le général Galbraith Lowry Cole et ses 11 000 hommes. Les Anglais sont très rapidement submergés par les troupes françaises, Cole décide de se replier vers la ville de Pampelune assez vite.

Bataille de Sorauren :

Cette bataille a lieu du 28 juillet au 1er août 1813 à Sorauren, un petit village proche de Pampelune.30 000 soldats français sont opposés au 24000 Espagnols, Britanniques et Portugais sous l’ordre de Wellington. Le lendemain, les alliés arrivent en renfort obligeant Soult à battre en retraite. Durant cette bataille, les Français perdent 4 000 hommes contre 2 600 pour les alliés.

Carte des Pyrénées mentionnant les batailles principales de la bataille des Pyrénées,
Djmaschek, internaute cartographe des guerres napoléonienne, 2010.

L’organisation des troupes :

Du côté français, le commandant Jean-de-Dieu-Soult est à la tête de 79 000 hommes. Ces derniers sont répartis en trois centres de lieutenance qui sont les équivalents des corps d’armées. Chaque centre de lieutenance est composé de diverses divisions d’infanterie. Le corps d’armée de gauche était mené par Clausel, à l’intérieur on retrouve 3 divisions d’infanterie sous l’autorité de plusieurs généraux. La lieutenance du Centre est menée par le général Drouet d’Erlon. Elle comprend aussi 3 divisions d’infanterie sous les ordres de plusieurs généraux tout comme la lieutenance de droite, menée par Reille. Au total, Soult a à sa disposition près de 96 000 hommes mais “seulement” 63 000 ont pris part directement à l’offensive. Du côté des coalisés, le commandant est le duc de Wellington, il est à la tête de 62 000 hommes. Les Britanniques sont accompagnés de la division portugaise du major-général Francisco da Silveira ainsi que la division espagnole du major-général Pablo Morillo.

Reconstitution d’un soldat napoléonien photographié par Emmanuel Breteau lors du Bicentenaire à la prairie de la rencontre en Isère le 7/03/2015, w ww.breteau-photographe.com

La Bataille des Pyrénées a été très coûteuse humainement et matériellement :

Après un combat acharné à la bataille de Sorauren et après une semaine de combat, la baisse du moral des troupes est au plus bas. La perte en effectifs est considérable : 378 officiers tués et blessés, 13 000 soldats tués, sans compter les 1000 soldats fait prisonnier. Au vu de ce bilan, Soult opte pour une stratégie défensive. Son ultime but est de se retirer vers Toulouse en conservant au mieux l’effectif restant. Le repli est compliqué. Tout d’abord, l’état de santé est faible : fatigue, blessures, famine. Les conditions climatiques, avec beaucoup de pluie, de brouillard rendent encore plus compliqué le repli, surtout dans ces zones montagneuses. Ces conditions ralentissent également l’avancée des troupes de Wellington. En octobre 1813, les Français perdent la ligne de défense postée à la Bidassoa suite à une offensive de Wellington. La retraite s’étale ensuite jusqu’au mois de février, jusqu’à la bataille d’Orthez.

Plan de la bataille d’Orthez, 27 février 1814, 1813-1814 la campagne dans le midi de la France, Thierry Louchet, 2019.

La fin de la présence française en Espagne :

Cette bataille marque la fin définitive de la présence française en Espagne. En 1813, l’empire français est en déclin. Ne pouvant pas se battre sur deux fronts, au nord et en Espagne, Napoléon ne peut envoyer de renforts supplémentaires en Espagne. L’objectif du maréchal Soult est de conserver l’armée qui lui reste du mieux qu’il peut jusqu’à Toulouse. La fin de la campagne d’Espagne se solde par le commencement de la campagne de France.

Pour aller plus loin :

Clerc Charles, Campagne du Maréchal Soult dans les Pyrénées Occidentales, Vanves, Hachette Bnf, 2012, 480 p.

Collectif du bicentenaire de l’Époque Impériale, Les guerres de la péninsule vues par 4 témoins, Paris, Librairie historique Teissèdre,1998,  124 p.

Larronde Claude, Lamon Bertrand, La guerre d’Espagne est des Pyrénées, 1813-1814, Orthez, Éditions Gascogne, 2010, 295 p.

Etudiants concernés : Damien Mourgues et Solène Taurand – L1 : Lucas Oules, Romain Breban, Léo Baldit.