Les Hypogées d’Arles et Fontvieille [2020]

Entrée de l’hypogée du Castelet

Un hypogée est une construction souterraine utilisée comme une tombe collective. Les monuments d’Arles et Fontvieille se situent à la frontière des deux communes. Ces constructions datent du néolithique qui est la dernière période de la préhistoire et la première de la sédentarisation de l’Homme. Dans la région d’Arles, cela se situe vers 3500 av. J.-C. On passe d’une société nomade de chasseurs-cueilleurs à une société sédentaire d’agriculteurs et de pasteurs. Les hypogées de Fontvieille sont au nombre de quatre, celui de Cordes, de Bounias, de la Source et du Castelet. Celui de Cordes fut découvert et décrit pour la première fois par Anibert en 1779 et les trois autres ont été trouvés au XIXe siècle. Plus d’études furent menées au XXe siècle, notamment par Jean Guilaine, qui a publié en 2015 Les hypogées protohistoriques de la méditerranée. Arles et Fontvieille.

 

Construction et Architecture

Plan de l’hypogée de Cordes

Les hypogées d’Arles sont placés sur deux collines distinctes à environ 1 kilomètre l’une de l’autre. D’après des historiens des XVIIIet XIXsiècles, ces lieux étaient entourés de marécages. Parmi les quatre hypogées, celui qui ressort le plus est le monument de Cordes. Il mesure 58 mètres de long et est composé d’un escalier, de deux narthex, d’un vestibule et d’une galerie de plus de 25 mètres de long. Les trois autres hypogées sont construits sur le même plan architectural mais avec une longueur totale moins importante d’environ 20 mètres. On peut aussi noter une certaine utilisation du relief naturel. Cependant, le nom d’hypogée pour ces monuments peut être remis en question en raison de certaines particularités de la construction. Un des hypogées est recouvert d’un tumulus et les quatre furent construits à ciel ouvert et des dalles mégalithiques furent rajoutées par dessus.

 

« Ces hypogées sont une magnifique leçon d’architecture pour le néolithique » Jean Guilaine.

Le trésor des hypogées

Au néolithique on peut différencier les tombes appelées « fosses communes » et les monuments qu’on érigeait et qui servaient  à inhumer les morts de manière cérémonielle. Les hypogées sont dans ce deuxième groupe. Celui de Cordes ne servait cependant que pour des cérémonies « cultuelles » alors que les trois autres avaient des fonctions funéraires. Il y avait probablement des critères pour y accéder que nous ne connaissons pas aujourd’hui. Cependant il est sûr qu’il n’y avait pas que des guerriers. Les fouilles ont permis de retrouver une grande quantité d’objets datant de toutes les époques d’occupation. On a retrouvé des restes importants de céramiques, des poinçons, des os, et de nombreux éléments de parures. Des objets plus rares ont été retrouvés comme une perle et une petite plaque en or. Ces hypogées avaient aussi une volonté d’être vus notamment grâce à un menhir de sept mètres de haut à côté de celui de Cordes.

Dessin de la plaque et de la perle en or de l’hypogée du Castelet, par Paul Cazalis de Fondouce, 1878

 

Des monuments témoins d’une époque

Exemple de lame de poignard en silex lacustre oligocene de Forcalquier
trouve dans la grotte du Trou de Vives a Narbonne

Ces hypogées nous permettent également d’en savoir plus sur la société de l’époque. Tout d’abord,  les hypogées sont intégralement faits en pierre, même les dalles mégalithiques rajoutées par dessus tandis que les villages de l’époque sont principalement en bois et en torchis. Des hypothèses tentent d’expliquer cela soit par le fait que la pierre était difficile à transporter jusqu’au village, ou bien que les hypogées, en pierre, avaient une volonté de résister au temps. De plus, au vu des dimensions de l’hypogée de Cordes et des trouvailles qu’on a faites, on peut estimer que les civilisations autour de ces monuments se sont croisées. On a notamment retrouvé des lames en cuivre probablement amenées d’Italie. Finalement, les hypogées nous apportent quelques éléments sur la hiérarchisation des sociétés du néolithique. Ces tombeaux, de par leur localisation, n’étaient pas accessible à tous ; le lieu de construction n’est probablement pas anodin. Il n’y avait cependant pas uniquement des guerriers inhumés mais aussi des femmes et des enfants. On a retrouvé certains équipements « exotiques » qui montrent les privilèges qu’avaient les morts de ces hypogées.

 

Pour aller plus loin :

 

Étudiants : ABAD Aëlia (L1), CUVILLIEZ Benjamin (L2).