Notre personnage Sophia Klein est inspiré d’une personne qui a réellement existé, Adèle Kursweil, jeune Autrichienne d’origine juive, âgée de 17 ans lors de son internement au camp de Judes en 1942. Des malles appartenant à sa famille sont retrouvées en 1990. Elles sont dépouillées durant plus d’un mois par Pascal Caïla, alors étudiant en maîtrise d’histoire. Ces valises appartiennent à des familles juives et avaient été abandonnées au moment des arrestations en 1942 à Auvillar. Pascal Caïla a donc retracé la vie de la jeune Adèle à partir des malles de sa famille mais aussi grâce à de nombreux témoignages complémentaires. Il a mené une réflexion à partir de leurs documents, de leurs affaires, de leurs photographies ou encore des devoirs et des notes scolaires d’Adèle.
Sofia, notre personnage fictif, est donc née le 31 Janvier 1925 à Graz. Elle est une Autrichienne d’origine juive. Elle est fille unique et grandit dans un milieu social et culturel favorisé. Sa famille est cependant socialiste et son père est un militant actif du parti social-démocrate autrichien depuis 1914. Sophia est une élève studieuse qui est félicitée par ses professeurs depuis son plus jeune âge. Elle est passionnée par le dessin et se focalise sur ses études. C’est une élève volontaire et déterminée et intelligente.
Physiquement, elle a un visage anguleux et de beaux cheveux longs et noirs et elle est jolie et mince. Comme beaucoup d’adolescentes, elle a des lèvres boudeuses. Mais aussi un regard songeur et perdu, bien qu’elle soit plutôt douce et réservée.
Très vite en 1926, Sophia et sa mère quittent la religion juive pour le catholicisme, soit par conviction mais peut-être aussi pour échapper à l’antisémitisme. Pour cela, elles doivent produire un certificat de démission.
Tout bascule en 1933 avec l’accession d’Hitler au poste de chancelier en Allemagne. Le climat politique et social change radicalement en Allemagne. Hitler a l’intention d’annexer l’Autriche. Sophia subit les menaces des troupes allemandes dirigées par Hitler et sombre dans la peur. La famille est inquiète et se prépare peu à peu à des événements beaucoup plus brutaux. Elle craint pour sa vie et ne cesse de penser au pire. Sophia ressent de l’angoisse notamment lors de l’incendie du Reichstag le 28 Février 1933, elle essaye d’échapper aux menaces pour vivre un peu mieux.
En 1938, l’Autriche est annexée par l’Allemagne, c’est l’Anchluss.
Les croix gammées, les saluts hitlériens se répandent dans toute l’Autriche. La famille se retrouve sous la menace de discriminations nazies visant les juifs. Celles-ci sont de plus en plus nombreuses dans tout le pays. De nombreux magasins sont pillés, des juifs sont molestés et humiliés dans la rue. Le père de Sophia ne peut plus exercer sa fonction d’avocat car il reçoit une ordonnance du ministère de la Justice du Reich qui le lui interdit. De plus, les comptes en banque des parents de Sophia sont bloqués. Il devient donc urgent pour la famille Klein de quitter le pays.
Elle quitte l’Autriche pour rejoindre la France le 28 septembre 1938 par le train. Ils passent par Feldkirch et Zurich avant d’enfin rejoindre Paris où ils voulaient construire une autre vie.
Une fois installée à Paris au 55 rue de Compans dans le 19e arrondissement, le père prend des cours de français à l’Alliance française et s’inscrit à la Sorbonne pour faire des études en droit international. C’est probablement pour obtenir un diplôme français et pouvoir exercer à nouveau sa profession. La mère de Sophia passe, elle, un diplôme pour devenir esthéticienne. Quant à leur fille, Sophia, elle fait partie d’un groupe d’enfants exilés appartenant à des familles socialistes. Elle s’intègre assez bien mais reste en retrait à plusieurs moments. Elle participe le 30 avril 1939 à une cérémonie en l’honneur d’Otto Bauer (un homme politique socialiste autrichien mort en 1938 à Paris).
Mais la Seconde Guerre mondiale éclate en septembre 1939 en Pologne alors que le père de Sophia est arrêté et emmené au stade de Colombes (section 3, groupe 13) avec d’autres Autrichiens. Il est ensuite interné au camp d’étrangers de Meslay-du-Maine, en Mayenne (5e compagnie, 14e groupe) en tant que ressortissant autrichien. Il essaye de faire des activités et étudie l’anglais durant son internement pour occuper son temps. Il y reste quatre mois, jusqu’au 18 décembre 1939, date à laquelle il est assigné à résidence au 78 de la rue de Botzaris, Paris 19e. Pendant que son père est interné, Sophia entre à la Villa Helvetia à Montmorency où elle peut recevoir des lettres d’amis et ses parents et surtout de sa mère qui est seule à Paris et lui écrit quasiment tous les jours.
Alors que les troupes allemandes arrivent en France, la famille Klein cherche à quitter Paris pour le sud de la France. Paris et le nord de la France se retrouvent occupées par l’Allemagne le 14 juin 1939 suite aux accords passés. A la débâcle de mai-juin 1940, Paris est évacuée et oblige la famille Klein et d’autres familles juives à s’installer ailleurs.
Le juin 1940, la famille Klein obtient un sauf-conduit comme de nombreux Autrichiens qui lui permet d’aller à Montauban. Ils sont aidés par d’autres familles autrichiennes. La famille obtient un logement au 22 avenue Saint-Michel. Sophia est alors inscrite au lycée Michelet en classe de 4e. Elle lit énormément et dessine beaucoup. Elle écoute la radio, dessine son entourage et des scènes de la vie courante. Elle fait des croquis de vêtements de mode : robes de villes, de soirées, tenues de sport, tout ce qui lui vient à l’esprit. Dans cette école, c’est une élève discrète, déjà cultivée, qui souhaite apprendre. Elle est particulièrement bonne élève en langues et en dessin et ses résultats sont satisfaisants en lettres et en sciences. Sophia passe sans problème en 3e l’année suivante.
Les mesures antisémites s’accumulent en zone non occupée dans les années 1942. Les juifs étrangers sont de plus en plus brimés. Le père de Sofia continue ses démarches pour quitter la France avec sa famille pour rejoindre le Mexique. Il aide aussi d’autres familles autrichiennes à quitter le pays. Ne parvenant pas à rejoindre cette nouvelle destination, la famille est assignée à résidence surveillée à Auvillar en mai 1942. Sophia a l’autorisation de rester à Montauban pour poursuivre ses études avec l’autorisation du préfet du Tarn-et-Garonne. Elle est accueillie par une amie de la famille et elle y reste jusqu’à la fin de l’année scolaire. Elle rend fréquemment visite à ses parents pendant ce temps-là. Elle rejoint sa famille à Auvillar début juillet avec les compliments de la directrice du lycée pour sa bonne conduite et ses progrès. Le 26 août 1942, la famille est raflée à Auvillar, elle est envoyée au camp de Septfonds en Tarn-et-Garonne avec trois autres familles, les Roth, les Weinnelberg et les Wineviez par des gendarmes français.
Sophia ne reste pas longtemps dans le camp de Judes à Septfonds car la nuit du premier et du deuxième jour du mois de septembre, la famille Klein et les 211 internés du camp de Sepfonds sont emmenés à Caussade.
Ils prennent le convoi n°30 pour aller au camp de Drancy, ce convoi était composé de 1000 déportés. Le 9 septembre 1942 après une semaine d’internement la famille Klein quitte Drancy pour Auschwitz, ils sont exterminés dès leur arrivée au camp.
Étudiantes : Emilie Rouchy, Zena Djindani.