La mémoire d’Emmanuel de Las Cases dans le Tarn

Collection Jean de Bonnot Le mémorial de Saint Hélène par Emmanuel de Las Cases 1969.

Emmanuel-Auguste-Dieudonné, comte de Las Cases né le 21 juin 1766 dans le Tarn et décédé le 15 mai 1842 à Passy. Dans le contexte des guerres napoléoniennes, il soutient Napoléon I et lui reste fidèle après la défaite de Waterloo en 1815. Il est notamment reconnu pour avoir suivi l’Empereur lors de son exil à Sainte-Hélène et rédigé ses mémoires.
Après la mort de Las Cases, son département natal a fait perdurer sa mémoire à travers divers monuments comme des statues, des stèles ou encore des écoles à son nom.


I. Un personnage extérieur au département
A. Présentation

Emmanuel-Augustin-Dieudonné-Joseph, comte de Las Cases est un historien français. Il a suivi une école militaire à Vendôme par la suite il rentre dans la marine royale en 1782.


B. Vie politique

Napoléon dictant au comte Las Cases le récit de ses campagnes, par William Quiller en 1892, Grande-Bretagne.

Las Cases partageait les opinions royalistes de tout le corps de la marine refusant d’adhérer à la Révolution. Il essaye à plusieurs reprises avec des officiers de sauver Louis XVI. Mais il est contraint d’émigrer pendant l’été 1791. Durant plusieurs années il alterne entre émigré, soldat, professeur et en 1801 profitant des mesures de pacification prises par Bonaparte pour allier les émigrés au nouveau régime, il rentre en France. Il fut pris d’une admiration sans borne pour le premier consul et ensuite l’Empereur en qui il voyait le véritable restaurateur de l’ordre et de la grandeur de la France au point même de renier son soutien à la monarchie des Bourbons. Il offrit ses services à Napoléon qui le nomma Chambellan de l’empereur en 1808, durant les années suivantes il sera chargé de nombreux projets pour l’Empire jusqu’au dernier combat livré à Clichy avant la capitulation de l’empereur. Après la défaite de Waterloo, Las Cases supplia Napoléon de l’emmener et le 8 Juillet 1815, il dormait avec Napoléon à bord du bateau qui les amena sur l’île de Sainte-Hélène.

C. L’exil de Sainte Hélène

La période la plus marquante de sa vie restera sans aucun doute son passage sur l’île de
Sainte-Hélène durant l’exil de Napoléon Bonaparte en 1815. Las Cases fait partie des derniers fidèles de l’empereur qui embarquèrent à ses côtés dans le Northumberland, bateau anglais qui les transporta à Sainte-Hélène. Au-delà des qualités du comte, Napoléon lui accordait une grande confiance et appréciait réellement sa compagnie, il ne manqua pas de le lui faire savoir à de nombreuses reprises notamment lorsqu’il lui donna une de ses propres décorations ou encore lorsqu’il l’autorisa à amener son fils sur l’île. C’est également durant ce voyage que les deux hommes parlèrent pour la première fois de profiter de l’exil afin de rédiger les mémoires de l’empereur. Une fois arrivé sur l’île Las Cases fît cette fois office de secrétaire pour Napoléon qui lui faisait la dictée tous les jours. Le comte retranscrit alors les grands événements passés de la légende napoléonienne décrite et analysée par Napoléon lui-même. Il accumule donc au fil du temps bon nombre de renseignements sur la vie, la politique ou encore les batailles de Napoléon qui lui permettront plus tard de rédiger le Mémorial de Sainte-Hélène encore reconnu aujourd’hui comme l’une des sources les plus détaillées sur Napoléon. Cependant, Hudon Lowe le gouverneur en charge de garder napoléon, voit d’un mauvais œil ces écrits dans lesquels Napoléon ne manque pas de faire savoir les conditions de sa captivité qui sont selon lui indigne de son rang. Le gouverneur, voulant se débarrasser de Las Cases, lui tend donc un piège afin d’intercepter un courrier destiné à Lucien Bonaparte, le frère de Napoléon, et en profite donc pour l’arrêter. Il sera ensuite retenu prisonnier pendant 8 mois au Cap de Bonne-Espérance puis ramené en Europe toujours avec le statut de prisonnier.
Durant cette période il reçut tout de même une dernière lettre de l’empereur, qui fut très
touché par ce départ forcé, dans laquelle il résume le passage de Las Cases à Sainte-Hélène avec une phrase : « Votre conduite à Sainte-Hélène a été, ainsi que votre vie, sans reproche ».

II. La mémoire d’Emmanuel de Las Cases dans le Tarn
A. Une mémoire à l’initiative du département

Statue du comte Emmanuel de Las Cases par Jean Bonnassieux, 1865, Lavaur.

La mémoire d’Emmanuel de Las Cases est toujours présente dans le département, notamment à Lavaur où se trouve une statue du mémorialiste de Napoléon. Cette statue est à l’initiative du département et de la ville afin de sauvegarder la mémoire du comte. Cependant sa construction fut longtemps sujet à controverse en raison du lieu choisi pour porter le projet, deux députés s’entretiennent d’ailleurs avec Napoléon III pour lui en parler, suite à cela un accord est convenu ainsi qu’un choix préalable de sculpteurs parmi lesquels Jean Bonnassieux. La statue représente le comte de Las Cases debout en pleine réflexion. Dans sa main gauche il tient le Mémorial de Sainte-Hélène son œuvre. Dans sa main droite, on retrouve une lettre que l’empereur lui aurait adressée. Sur le socle on retrouve le texte qui y est inscrit, il s’agit de la dernière lettre que l’empereur lui aurait envoyée. Dans cette lettre l’empereur le remercie. Il s’agit en quelque sorte d’une lettre d’adieu. Sur le socle on retrouve aussi des représentations et une chronologie des éléments marquants de la vie du comte. On voit ainsi une volonté de perpétuer la mémoire de cet homme à travers la postérité de la statue dans la ville puisque désormais on peut connaître ce comte et les éléments marquants de sa vie. Cela s’inscrit dans une volonté de créer une mémoire collective, la population peut chercher à le connaître davantage, on a donc une histoire, une mémoire à l’échelle locale. De même, lors de l’inauguration de la statue en 1865 c’est tout un programme qui est proposé par le maire de la ville, autour de la mémoire du comte avec un banquet, un feu d’artifice ou encore une promenade. On peut lier ce programme mené par la ville autour du comte avec le contexte politique qui règne, lors de l’inauguration le régime politique qui prévaut en France est celui du Second Empire. En effet, une expédition pour récupérer les cendres de Napoléon 1er est organisé en 1840, 25 ans plus tôt, il peut donc paraître étonnant qu’une mémoire de l’Empire surgisse à ce moment là, or en 1865 le Second Empire cherche à s’ancrer, il s’agit d’un modèle politique assez récent. De plus, les fils du comte perpétuent le lien qui uni leur famille à l’Empire, tous deux hommes politiques qui accumulent des fonctions. Le second fils du comte Barthélémy de Las Cases est même nommé chambellan honoraire de l’empereur Napoléon III en 1859. Il est aussi le filleul de l’Impératrice Joséphine. Par ces nombreux éléments la famille De las Cases est très liée à l’Empire ce qui peut légitimer la construction de la statue afin d’appuyer sur le lien qui uni le département et l’Empire à travers cette famille. Cette statue représente donc une forme de propagande et de diffusion du modèle politique de l’Empire.


B. Utilisation dans les institutions

Stèle : Nostre de Las Cases, inaugurée le 30 septembre 1995, Blan.

L’origine d’Emmanuel de Las Cases dans le Tarn, se retrouve dans le paysage du département, surtout aux alentours de Lavaur et de Revel. D’autres institutions publiques participent aussi à conserver cette mémoire. En 1996 le lycée public de Lavaur revêt le nom du comte Emmanuel de Las Cases, suivi en 2013 par l’école primaire publique de Blan suite à une demande de Martine Languillon ancienne maire adressée au conseil municipal en 2004, c’est finalement son successeur Jean Claude de Bortoli qui réalise celle-ci. Mais, certaines zones plus proches du lieu de vie d’Emmanuel de Las Cases sont plus marquées par cette mémoire. Le 30 septembre 1995 est une journée consacrée au comte en raison d’un colloque tenu à Revel mais c’est aussi la date de l’inauguration d’un monument appelé le Nostre de Las Cases situé à Blan au pied de la Montagne Noire près de la maison d’enfance du comte. Celui-ci est à l’initiative du maire de Lescout et président de la délégation du Tarn des vieilles maisons françaises : Francis Carrade. On voit donc que dans la région la mémoire de ce comte est présente par les nombreuses actions qui y sont menées ce qui peut attirer des touristes et ainsi diffuser la mémoire du comte à une plus grande échelle.


C. Comment cette mémoire perdure dans le Tarn.

M. Ghestin dépose une gerbe au pied du monument,
au nom du Souvenir Napoléonien
À l’arrière-plan, Mme Lacombe, propriétaire de la maison natale d’Emmanuel de Las Cases.

Au cours des différentes années, la mémoire de Las Cases s’est développée dans le Tarn. Suite à l’inauguration du Nostre de las Cases, un colloque se tient le 30 septembre à Revel à l’initiative du Bernard Carayon, suivi d’une exposition à Sorèze de mai à septembre 1996, organisée par Yves Blaquière. En 2015, trois manifestations ont été organisées pour honorer «l’enfant du pays tarnais », une appellation que les sociétés tarnaises utilisent. Le 8 mars 2015 à Sorèze se tient une conférence du récit de Pierre-Emilie Renard, président d’une association d’histoire de Chambourcy (Yvelines) qui, en février 2014, avait visité l’île de Sainte-Hélène où il avait mis ses pas dans ceux du compagnon de Napoléon Ier. Dans sa conférence intitulée « Sainte-Hélène, sur les traces de Las Cases », il a mis en évidence quelques similitudes entre la vie de Napoléon Bonaparte et celle d’Emmanuel de Las Cases. Le 11 octobre à Blan, M. Bertrand de Viviès, président de la Société des Sciences Arts et Belles-Lettres du Tarn, a organisé leur sortie annuelle afin de rendre hommage à Las Cases. 10 jours plus tard, le 21 octobre à l’occasion du 150e anniversaire de l’inauguration de la statue, l’association Emmanuel de Las Cases avait programmé un colloque suivi d’un hommage en déposant une gerbe en hommage au Mémorialiste de l’Empereur. En 2016, pour le 250e anniversaire de la naissance de Las Cases, le 26 juin un comité d’organisation se met en place pour organiser cet événement, mais aussi le 200e anniversaire de sa présence à Sainte-Hélène avec son fils et le 20e anniversaire de l’érection du monument de Blan. C’est en 2017 que la mémoire de Las Cases a touché le plus de monde car une exposition au Musée Jean Jaurès de Castres voit le jour sur ce personnage, à la demande Jean-Pierre Gaubert, auteur de Las Cases, l’abeille de Napoléon.

Bibliographie :

DE LAS CASES, Emmanuel, Le mémorial de saint Hélène, Paris, Ed. Du Seuil, 1815, p.
353.
DE LAS CASES, Emmanuel, Las Cases: le mémorialiste de Napoléon, Paris, Ed. Fayard,
1959, p. 412.
LEROY, Gérard, « Emmanuel de Las Cases (1766-1842) », Revue du Tarn, 1995, pp. 489-
493.
BARON, Félix, « Inauguration de la statue de Las Cases », Revue du Tarn, 1995, n° 160, pp.
684-687.

L2 : Pagès Amélie, Vialade Emilie
L1 : Coste Mattéo