Situé au cœur du Parc naturel régional du Haut-Languedoc, le Sidobre est un petit massif granitique qui domine la plaine de Castres. Sa surface granitique avoisine les 120 km². Pour rappel, le granit est une roche dure, formée de différents cristaux de micas, de quartz et de feldspath. Aujourd’hui, considéré comme l’un des pôles d’activité économique les plus importants du Tarn, le Sidobre porte une identité forte avec ses paysages insolites liés au modelé granitique. Dès l’Antiquité, les hommes-sidobriens s’approprient le granit en l’utilisant pour bâtir leur abri ou dans des buts religieux. Mais ce n’est qu’à partir de 1403 qu’ils disposent du droit d’user des terrains sans verser de dîme ni d’impôt, suite à l’accord de Catherine de Vendôme. Ce n’est que dans la seconde moitié du siècle que ces derniers vont faire du granit leur richesse.
D’un Sidobre agricole à un Sidobre tailleur de pierre
Dans la première moitié du XIXe siècle, l’agriculture est l’activité principale dans le Sidobre. L’essor du travail de la pierre arrive à la fin du XIXe siècle où les paysans se spécialisent: il y a un passage d’agriculteur à artisan pour beaucoup de sidobriens. Ces artisans sont appelés peiraires. C’est à la suite des Guerres mondiales et des évolutions industrielles telles que l’arrivée de l’électricité et du transport dans le Sidobre que les artisans obtiennent un statut « d’artisan-industriel ». Les métiers du granit se diversifient et sont ensuite développés, grâce aux diverses évolutions technologiques, et dans le Sidobre grâce au Centre de Formation d’Apprentis.
Le granit du Sidobre est réputé dans le monde entier de par son prestige et sa qualité. Il constitue un réel essor économique. Il est principalement utilisé pour le domaine funéraire, les aménagements urbains, et dans les intérieurs des habitations. Le Sidobre est la plus grande carrière d’Europe. C’est plus de 200 entreprises et 2000 emplois qui mettent en valeur ce matériau. Dans l’ensemble, leur chiffre d’affaires s’élève à près de 100 000 000€ par an. Pourtant, le milieu connaît une dure concurrence avec l’arrivée de la Chine dans l’industrie minière, puis de l’Espagne et du Portugal qui se lancent sur le marché avec des prix cassés.
Le Sidobre est aussi un grand centre de transformation granitière. Les professions liées à la pierre offrent beaucoup de choix, de débouchés et de secteurs d’activité. Ce sont cependant les métiers de carrier et de granitier qui sont les plus présents. Au XVIIIe siècle, les ateliers faisant office de “chantiers » sont proches de la pierre exploitée, et ce jusqu’au début du XXe siècle. L’intérêt est d’être au plus proche de la zone d’extraction. Aujourd’hui, avec toutes les innovations techniques, les ateliers n’ont pas nécessairement besoin d’être proche des lieux d’extractions. En ce qui concerne les conditions de travail, autrefois difficiles, elles se sont nettement améliorées grâce à l’évolution de la réglementation et des techniques. La manutention des matériaux est à présent de plus en plus assurée par des appareils de levage et de nombreuses dispositions sont prises pour empêcher les accidents.
À ce jour, au cœur du Sidobre, on dénombre une vingtaine de carrières de granit, où les blocs de granit sont ensuite commercialisés auprès des chantiers, pour être retravaillés et façonnés. Près de 150 000 tonnes de granit sont extraites annuellement. À noter que l’ouverture des carrières est réglementée, celles-ci font partie des « installations classées pour la protection de l’environnement ». Pour l’exploitation, deux techniques sont utilisées: l’abattage à l’explosif par tir de mine, et la découpe aux fils et aux disques diamantés.
Le granit s’extrait désormais par sciage et perforation hydraulique, à l’aide de machines numériques. Ce développement des techniques s’inscrit dans une démarche environnementale et sociale volontaire. Les entreprises mettent tout en œuvre pour lutter contre la pollution et le gaspillage de l’eau. Apparues depuis peu, les machines à commande numérique présentent un énorme avantage : elles neutralisent la poussière. Depuis les années 1980, plusieurs granitiers ont opté pour l’utilisation d’un grand disque diamanté qui peut débiter des blocs sans interruption.
Le tourisme en Sidobre
Le Sidobre est un coin de passage qui attire de nombreux touristes chaque saison. C’est à partir du XIXème siècle que la présence de touristes à été constatée sans laisser de chiffres officiels. La plupart étaient des bourgeois provenant de villes voisines comme Castres venant se ressourcer. Aujourd’hui nous pouvons dire que les amateurs du Sidobre appartiennent généralement à deux catégories bien distinctes : d’un côté, ceux qui n’ont aucune attache avec le pays et qui le visitent sans trop d’idées ni d’images préconçues et de l’autre ceux qui s’y rattachent sentimentalement.
C’est à partir de 1945 que le Sidobre constitue un espace vert pour les villes industrielles voisines. C’est un flux touristique populaire et abondant. Cette poussée de l’excursionnisme est favorisée par l’amélioration du réseau routier régional, les piques-niques, le cyclotourisme ainsi que l’apparition des premières automobiles. Le tourisme reste important pour l’activité économique locale. De ce fait, la région s’est organisée afin de veiller au bon fonctionnement de ce dernier.
Ce site cache de nombreux secrets et légendes : la position et l’emplacement des rochers activent l’imagination de chacun. Les plus anciens partagent les légendes et histoires aux plus jeunes, ce qui assure la transmission. Chaque rocher remarquable prend le nom de sa position, ou de sa forme. Avec la géomorphologie , le géographe Paul Vidal de La Blache, s’intéresse à ces rocher et développe des explications à la forme et emplacement des rochers. En outre, on peut dire que tout le monde peut imaginer ses propres histoires et sa propre vision du paysage, en clair, imaginer son propre Sidobre.
Liste non exhaustive de rochers remarquable existant dans le Sidobre
L’image du granit a évolué et a su peu à peu s’inscrire dans une démarche de modernisation. Autrefois, le granit évoquait uniquement les monuments funéraires. La filière a su se renouveler en inventant de nouveaux usages au granit, comme celui de glaçons, rendant la pierre plus ludique. L’image de la pierre change, en alliant recherche, esthétique et souci environnemental. Dès à présent, elle fait preuve de responsabilité afin de contourner tout soucis lié à l’écologie. Ce granit est ce que l’on retrouve à perte de vue et constitue une richesse historique pour le territoire.
BIBLIOGRAPHIE:
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