Les Goulags, un instrument politique

Photographie d’un camp de travail où des déportés s’emploient

«Notre univers n’est-il pas une cellule de condamné à mort ?» C’est la question que se pose Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne, auteur l’Archipel du Goulag” parue en 1973. Ce questionnement fait référence à son expérience personnelle au sein des goulags. En effet, en 1945, il est condamné à passer 8 ans en détention dans un camp de travail pénitentiaire après avoir critiqué Staline. 

Encore aujourd’hui, le terme de “goulag” représente pour la plupart des gens le règne de Staline en URSS et la terreur qui en est issue. C’est une expression russe qui signifie « Direction principale des camps ». 

Les Goulags va rapidement évoluer en un instrument de terreur, visant à éliminer toute menace au régime Stalinien. Ces goulags sont omniprésents sur tout le territoire de l’URSS, de Moscou à l’ouest jusqu’à Vladivostok à l’extrême est. 

Les goulags sont présents en URSS de leur création jusqu’à la fin du régime mais qu’en est-il de leur évolution et de leur utilité politique ?

Carte des différents Goulags présents sur le territoire Soviétique entre 1923 et 1969

I. 1930-1941 : L’avènement d’un instrument politique et économique

Revenons tout d’abord au commencement, l’arrivée au pouvoir de Staline ne fût pas simple et de nombreuses luttes politiques ont défini le début de sa prise de pouvoir. C’est alors dans la continuité des luttes contre le pouvoir en place que les goulags apparaissent en URSS en 1930 sous sa direction. Leur objectif est simple, assurer la domination du régime de Staline et fonder la terreur en URSS afin de permettre une meilleure direction et gestion du peuple, mais aussi des opposants qui usent d’une propagande massive contre Staline. 

Mais si les goulags n’étaient que de simples prisons, leur importance historique  aurait été nulle. 

Prisonniers des goulags travaillant sur le chantier du “Belomorkanal”

Le fait est que les goulags ont bel et bien une particularité importante en plus d’être des prisons : ce sont des camps de travail. Ces camps ont ainsi permis de réaliser, et ce avec un faible coût, des projets d’ampleur parfois phénoménale tel que le Canal de la mer Blanche, reliant la mer Blanche et la mer Baltique en 1931. Pas besoin de préciser que de nombreux prisonniers ont perdu la vie lors de ce projet.


Cet exemple permet de mettre en lumière la deuxième fonction des goulags : l’industrie. En effet, si la répression politique apparaît comme la seule raison de l’existence des goulags, l’aspect économique n’en reste pas moins une raison majeure. 

Afin de mieux comprendre, il nous faut apporter une petite précision. En effet, le modèle économique de l’URSS reposent sur ce que l’on appelle l’économie planifiée, et comme son nom l’indique elle se repose sur le fait de prévoir à l’avance des objectifs de production à atteindre dans les domaines clés. Cette économie planifiée se base sur des plans de 5 ans, soit des plans quinquennaux. Afin de stimuler une croissance de la production, ce modèle économique force à produire plus, qu’importe la demande. Ainsi, les goulags furent une solution toute trouvée afin de pallier les manques de production notamment la production minière et ce qu’elle entraîne comme la production d’acier qui va d’ailleurs connaître une grande augmentation durant cette période.

II. 1941-1945: L’apogée des Goulags

C’est durant la période de la guerre (1941-1945) que l’importance des goulags s’est mise en exergue. Assurément, la lourde conscription et les déportations ont, de fait, réduits la main-d’œuvre disponible. 

Entre 1941 et 1945, dans un contexte de guerre mondiale, le nombre de prisonniers soviétiques dans la région de l’Oural a augmenté de 27,1 % à cause de projets toujours plus importants. Les détenus des camps ont construit des usines métallurgique et carbochimique, une entreprise de matériaux réfractaires, plusieurs mines, un tankodrome et des voies à l’usine de tanks. Ils ont aussi extrait du minerai, du gravier, du sable. Leur utilisation durant la guerre était primordiale afin de conserver la puissance de l’URSS sur le plan militaire mais aussi économique pour Staline. Mais ces prisonniers étaient soumis à de nombreuses difficultés quant à leur survie.

Détenus travaillant sur la voie morte à la fin des années 1940 dans le froid

Détenus travaillant sur la voie morte à la fin des années 1940 dans le froid

Dans les goulags, c’est durant la guerre que la mortalité a été la plus élevée. En effet, par manque de sommeil et à cause de l’uniformité de la nourriture à base de farine et de gruau et la saleté, la prolifération des poux et la diffusion de la phtiriase y était très importante.Plus de la moitier des détenus souffraient de maladies. Par manque de moyens médicaux et de personnels soignants, un très grand nombre d’entre eux ont péri dans ces camps.

III. Un impact sans précédent

Les goulags ont eu un impact sans précédent sur les populations. Comme dit précédemment, des millions de personnes ont perdu la vie durant la période encadrant les goulags. Mauvais traitement, surpopulation à l’intérieur des camps, famines et maladies et conditions de vie ont été des facteurs déterminant dans la mort des prisonniers. De plus, de nombreux abus physiques et psychologiques ont eu lieu à l’intérieur des camps. Ces conditions ont laissé des cicatrices psychologiques profondes chez les détenus, qui ont souvent souffert de dépression, d’anxiété, de stress post-traumatique et d’autres troubles mentaux. Certains prisonniers ont même développé un syndrome spécifique appelé « syndrome du camp de concentration », caractérisé par des cauchemars, des flashbacks et une anxiété chronique.

Les familles des prisonniers ont également été touchées. Elles étaient souvent stigmatisées et marginalisées par la société, vivant dans la peur constante de la répression politique et de la déportation. Les enfants des détenus grandissaient souvent sans leurs parents, ce qui pouvait avoir des effets durables sur leur développement émotionnel et psychologique.

Photographie d’enfant coupés de leurs parents déportés.

C’est aussi durant cette période que la propagande idéologique a battu son plein. En effet, ce conditionnement idéologique visait à rééduquer les prisonniers soviétiques aux principes du communisme, notamment les jeunes qui représentaient un enjeu puissant de maintien de cette doctrine avec le Komsomol ( Organisation de la jeunesse communiste du Parti communiste de l’Union soviétique ).

Pour conclure, les goulags ou camps de travail pénitentiaire en URSS sous le régime stalinien ont été un instrument de répression politique, de contrôle social et d’exploitation économique. À défaut d’être une simple institution pénale, le goulag instaure la terreur, brisant les libertés individuelles de ceux qui sont incarcérés en affectant profondément la société soviétique. Les goulags ont atteint leur apogée sous le régime Stalinien, étant utilisés comme un moyen de pression face aux opposants de toute forme qu’ils soient. Les conséquences humaines sont nombreuses et témoignent de la cruauté dévastatrice de cette période. 

Après l’ère Stalinienne le processus de déstalinisation initié par Nikita Khrouchtchev lors du XXème Congrès du Parti Communiste, a entraîné une baisse significative du nombre de prisonniers, notamment les prisonniers politiques. Il faudra toutefois attendre les politiques de la perestroïka et de la glasnost de Mikhaïl Gorbatchev dans les années 1980 afin qu’une libération plus poussée entraîne la libération d’un plus grand nombre de prisonniers politiques. 

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