La Persécution de Dioclétien, est la plus grande persécution à l’encontre des chrétiens au sein de l’Empire romain, elle a débuté en 303 et a pris fin en 311 sous l’empereur Galère. Une persécution est une succession de mesures violentes et arbitraires prises à l’égard d’une communauté ethnique ou religieuse. Dans le cas de celle de Dioclétien, elle était dirigée contre les chrétiens avec une succession d’édit qui limite de plus en plus les droits des communautés chrétiennes, allant jusqu’à condamné de mort la pratique du christianisme. Les édits sont des lois émises dans l’Empire romain par des magistrats ou l’empereur lui-même. Dioclétien va promulguer quatre édit de 303 à 304 dans un contexte politique complexe, ces édits seront abolie par son successeur Galère dès 311 par l’édit de Sardique. La Persécution de Dioclétien est la persécution chrétienne la plus importante que l’Empire ait connu sur le plan politique et de par son ampleur. Cette persécution est aussi notable au vu du nombre de martyrs chrétien qu’elle va produire.
Enjeux politiques
Suite à un demi-siècle de guerre civile, la stabilité de l’Empire est un enjeu crucial pour le nouvel empereur Dioclétien. Dioclétien va donc chercher à construire une forme d’unité au sein de l’Empire. La première grande réglementation mise en place par le nouvel empereur est la mise en place de la tétrarchie. La tétrarchie consiste en la division de l’Empire en deux grandes régions, elle-même divisée en deux. Chaque grande région va être gouvernée par un auguste, la moitié de celle-ci gouvernée par un césar (successeur désigné de l’un des co-empereur). La tétrarchie va jouer un rôle primordial dans le déroulement de la persécution dioclétienne puisque les différentes idées vont donc être appliquées avec des interprétations différentes. Le césar Galère va notamment être très actif dans la persécution avec la destruction de nombreux édifices religions, destruction responsable du peu de source chrétienne des premiers siècles, alors que le césar chlore va très peu appliquer les édits.
La persécution, mise en place par Dioclétien, sous l’impulsion probable de Galère, va permettre à l’Empire de chercher une stabilité et une unité interne face à un adversaire religieux qui s’oppose à la société romaine. Cependant, presque paradoxalement, cette même persécution marque un tournant entre les relations païen-chrétienne avec une acceptance du christianisme de plus en plus importante jusqu’à son instauration comme religion d’État. C’est un renversement des rapports de forces, entre épuisement des autorités romaines et renforcement de la croyance chrétienne, les empereurs vont suite à cette persécution vouloir construire la stabilité à travers le christianisme.
Enjeux religieux
A la suite de la période de trouble du IIIe siècle, l’idéologie impériale évolue. Jusque dans les années 230-235 ap. J.-C., un empereur pouvait être divinisé après sa mort sur décision du Sénat. Cependant, durant et après les guerres civiles cela change et on tend vers une divinisation des empereurs de leur vivant. Avant le IIIe siècle, un empereur étant divinisé se voyait attribuer des temples et un clergé dans certaines villes. Après, il tient le rôle d’intermédiaire entre les hommes et les dieux et devient le seul à pouvoir assurer la survie de l’Empire. Alors pourquoi ce changement ? Les empereurs du IIIe siècle ont pour problème que le culte impérial n’unit plus les habitant de l’empire en une seule communauté, les gens n’ont plus confiance en la divinisation de la personne impériale et ils se tournent vers d’autres cultes, notamment des cultes issuent de l’Orient comme le christianisme.
Durant tout le IIIe siècle le christianisme prend une place importante en Afrique et en Orient. Mais il a le problème de refuser tout compromis avec le cérémoniel du culte impérial et des autres cultes plus généralement. Pendant le IIIe siècle, les empereurs sont divisés sur l’attitude à avoir avec les chrétiens. Par exemple, en 257 Valérien déclenche une persécution générale qui dure 3 ans. Mais après sa mort, son propre fils l’empereur Gallien met un terme aux édits de son père concernant la persécution des chrétiens et ouvre une période de 40 ans appelée « Petite paix de l’ Église ». Cette tolérance prend fin en 303 avec les actions de Dioclétien.
L’exemple de Saint Sébastien
La persécution de Dioclétien a été la cause de la mort de nombreux chrétien en martyr. Un martyr est une personne qui est morte pour avoir refusé d’abandonner sa foi. Cette persécution a été l’une des plus riches en la production de martyrs qui sont ensuite devenus des saints vénérés par l’Église d’occident pour leur vie de dévotion. Saint Caprais, Sainte Foy ou encore Saint Sébastien sont des exemples encore connus aujourd’hui. Ces martyrs vont, dans les siècles qui suivent la persécution, devenir des moyens de fidéliser les croyants au christianisme, créant un pont entre la religion polytéiste et monotéiste en réincarnant les divinités locales en saints. Sainte Foy en est un exemple, puisque la statuette de son reliquaire a été défini comme ayant des influences antiques. Conçu vers le IX siècle, une date antérieure pour certains morceaux est possible, la statuette est composée d’une base qui rappelle le buste des statues qui vénérait les empereurs romains. L’influence antique est donc présente dans l’utilisation de ces martyrs comme le démontre Jean Taralon.
Un exemple plus parlant peut être tiré de la comparaison entre Apollon et Saint Sébastien. Dans cette exemple l’on peut retrouver de nombreuses similitudes dans le rôle du Saint et du dieu grécoromain et dans leur représentation.
Bien que l’utilisation de ces saints comme moyen de transition est antérieure à la persécution, elle commence bien par celle-ci. C’est en s’appuyant sur cette souffrance commune de la chrétienté et l’émergence de figures importantes lors de cette persécution que la croyance chrétienne a pu se renforcer et remplacer un société polythéiste.