Introduction :
La cathédrale Sainte-Cécile d’Albi est le siège de l’archidiocèse du Tarn(un diocèse dont l’ordinaire a le titre d’archevêque. La résidence de ce dernier est appelée archevêché). Construite de 1282 à 1480 elle est la plus grande cathédrale de briques du monde. Joyaux de l’architecture gothique elle fait partie de la cité épiscopale d’Albi, classée patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2010 (https://whc.unesco.org/fr/list/1337/).
Sa puissance s’affirme à travers un style typique du Midi languedocien, le gothique méridional. Son style unique est renforcé par sa décoration intérieure. Son architecture surprend par le contraste entre l’extérieur de l’édifice, austère et d’allure militaire, et son intérieur riche en fresques murales colorées mais aussi en sculptures. Il s’agit aujourd’hui d’une des cathédrales les plus visitées de France.
Nous pouvons nous demander dans quelle contexte la cathédrale d’Albi a été construite ?
Contexte socio-économique :
Tout d’abord, pour comprendre dans quel contexte la cathédrale d’Albi a été construite, il est important d’évoquer la situation économique, judiciaire religieuse d’Albi au Moyen-Âge. À cette époque, Albi était une ville fortifiée. Au début du XI ème siècle, si on compare à la situation actuelle, la partie de la ville qui se situe au Nord du Tarn n’existait pas. Le pont vieux a été construit de 1035 à 1042 et Albi en tire de nombreux avantages.
Le pont vieux :
Albi devient grâce à ce pont un lieu très important de la circulation monétaire dans le Languedoc.En effet, elle se trouve alors sur d’importantes routes commerciales comme celle qui relie la Mer Méditerranée à l’Océan Atlantique, ce qui permet d’attirer de nombreux voyageurs.
Au XII ème siècle, un faubourg va se développer de l’autre côté de l’édifice, cette partie de la ville sera alors appelée le « Bout du Pont ». Même si l’activité principale y est l’agriculture, de nombreuses personnes ont des métiers reliés à l’artisanat, par exemple des maçons, des forgerons… Ces activités artisanales permettent de développer l’activité économique générale de la ville. Le « Bout du Pont » a donc tenu une place importante à Albi au Moyen-Âge.
Les places de la ville :
Les places dans Albi font elles aussi partie des principaux éléments économiques, c’est sur ces dernières que des grands marchés sont organisés. Les produits vendus sont nombreux et variés, du tissu de soie, du sel, de l’huile d’olive, des poissons de mer, des épices,des légumes… Aux abords des places,d’autres commerces sont présents comme des coutelleries ou des cordonniers. Sur une place proche de l’actuelle cathédrale se trouvait la maison de la pile. La pile est l’unité de mesures des grains ou des liquides du marché. On pouvait y évaluer les quantités de grains récoltés par des agriculteurs.
La justice :
L’activité de la ville d’Albi est aussi marquée par la présence de fortes institutions judiciaires. Il existe deux cours de justices qui sont commandées par l’évêque. Il y a l’officialité qui concerne tous les crimes du domaine religieux et, la temporalité qui concerne les autres crimes. À cette époque, il y avait la présomption de culpabilité c’est-à-dire qu’avant que le verdict ne soit prononcé , l’accusé était considéré comme coupable. Les sanctions envers les accusés étaient souvent très sévères. Ils pouvaient être pendus, mutilés, marqués au fer rouge ou condamnés à la prison à perpétuité.
Religion:
Il existait jusqu’au XIII ème siècle, une autre cathédrale Sainte Cécile qui était en pierre et qui mesurait 57 mètres de long. C’était alors un des principaux lieux de culte. Au XII ème et au XII ème siècle, la religion cathare se développe fortement dans la région albigeoise. Les cathares sont des chrétiens hérétiques c’est-à-dire qu’ils s’opposent sur de nombreux points au dogme de l’Église. Ils dénoncent notamment une trop grande puissance et richesse de l’Église. Entre eux, les cathares s’appellent les Bons Hommes.
C’est pour lutter contre le développement du catharisme que l’évêque Bernard de Castanet fait construire une nouvelle cathédrale Sainte Cécile à Albi. Elle se situe à proximité de l’ancienne. La première pierre de la nouvelle cathédrale est posée le 15 août 1282. L’édifice est très imposant et illustre la puissance catholique. Le chantier de cette cathédrale se déroule très lentement car la construction du palais de la Berbie (https://www.mairie-albi.fr/fr/le-palais-de-la-berbie) s’effectuait en parallèle. Une fois terminée, la cathédrale mesure 113 mètres de long, 35 mètres de large et 78 mètres de hauteur. Elle est construite en briques rouges typiques de la région.
Contexte artistique :
L’architecture gothique :
Son histoire :
Ce style est né en France au XII ème siècle dans les régions de l’Île-de-France et de la Haute-Picardie. Il s’est ensuite étendu dans toute l’Europe occidentale pendant la seconde moitié du Moyen-âge. Il était précédé par l’architecture romane qui était le style dominant dans la première moitié du Moyen-âge. La principale hypothèse pour expliquer ces lieux de naissance franciliens et picards serait la présence de monuments paléochrétiens à cette époque ; forme d’art produite entre l’an 200 et 500, comportant des cathédrales à murs fins, charpentées et percées de nombreuses baies. Ces régions sont donc déjà préparées aux choix techniques et esthétiques du gothique. Le style évolue dans le temps, au gothique dit « primitif » (xiie siècle) succèdent en France le gothique « classique » (1190-1230 environ), puis le gothique « rayonnant » (v.1230 – v.1350) et enfin le gothique « flamboyant » (xve siècle / xvie siècle). La cathédrale Sainte Cécile d’Albi appartient au style gothique languedocien que nous pouvons rattacher par ses dates de constructions au style rayonnant.
Principales caractéristiques esthétiques :
Le style gothique en architecture a pour objectif de réussir à faire des bâtiments toujours plus grands grâce aux voûtes en arc d’ogive qui permettent d’atteindre de plus grandes hauteurs. Les murs sont très fins permettant une plus grande entrée de lumière que dans les structures romanes, entraînant une multiplication des jeux de lumières et de couleurs . De grands vitraux et rosaces font leurs apparition dans les cathédrales. L’une des caractéristiques principales de ce style est également la recherche de détail de plus en plus précis. De nombreuses statues très détaillées font leur apparition ainsi que des dentelles de pierre dans les tympans des églises et cathédrales ou dans le cas de Sainte Cécile d’Albi sur le porche mais aussi à l’intérieur de la cathédrale. Ces sculptures sont appelées ainsi car elles sont de très fines, taillées dans la pierre et très détaillées ce qui donne une impression de dentelle. L’élément qui rend le gothique remarquable est également la présence des arc-boutant qui permettent d’atteindre de plus grandes hauteurs car ceux-ci soutiennent les murs qui sont éloignés et fins ne permettant donc pas de soutenir toute la structure.
Les Fresques murales :
Définition :
Abordons maintenant les fresques (style de peinture murale) qui ornent les murs de la cathédrale et de nombreuses structures gothiques. . Le mot fresque vient de l’italien : « affresco » qui signifie « dans le frais ». Il existe différents styles de fresques selon leur époque comme celles de l’époque médiévale. Généralement les fresques représentent une histoire passée devenue importante ou transmettent un message religieux . Elles sont souvent réalisées dans les églises et cathédrales. La fresque est peinte sur un enduit frais qui va permettre aux pigments de tenir sur le mur : les couleurs dureront plus longtemps. Un enduit est une préparation d’une pâte fluide ou non qu’on applique sur une surface, ça peut être un mortier. Pour les peintres c’est un travail très délicat et assez long car on doit laisser poser l’enduit avant de remettre une couche de peinture par dessus.
Les fresques de Sainte Cécile d’Albi :
Dans la cathédrale d’Albi on trouve des fresques surtout de la Renaissance (1400 à 1600) il y en a plus que partout ailleurs en France, avec près de 20 000 mètres carrés de murs décorés. Presque toutes les surfaces de la cathédrale ont été décorées. Celles-ci sont très bien conservées. Sur les murs intérieurs différentes couleurs sont utilisées. Le bleu domine, comme à la Sainte Chapelle à Paris et la majorité des églises françaises de cette époque. Les fresques de la voûte font 97 mètres de long et 28 mètres de large il s’agit de peintures de la renaissance italienne.
Le jugement dernier de la cathédrale d’Albi :
Le jugement dernier est une fresque peinte dans la cathédrale qui se trouve sous l’orgue, épousant les deux colonnes le soutenant, il représente le sort réservé aux élus et aux damnés. C’est la représentation la plus importante de France (300m²).
La partie centrale, où le Christ apparaissait en gloire, a été détruite à la fin du XVII ème siècle. Le haut de la fresques représente le paradis que chaque chrétien espère atteindre, le bas l’Enfer que chacun souhaite éviter. La partie médiane représente l’attente face au jugement dernier. Les élus sont accueillis par les anges lors de leur résurrection et invités à rejoindre les apôtres et les saints. Les damnés quant à eux, sont envoyés en enfer, un monde de désolation.
Le jugement dernier de la cathédrale Sainte Cécile d’Albi est le premier à mettre en scène les sept péchés capitaux, tous sont représentés par un supplice. Le jugement dernier a était peint sous ordre de Louis 1 er d’Amboise.
Les peintres de la cathédrales :
Plusieurs peintres ont été nécessaires pour peindre la cathédrale, mais nous ne connaissons qu’un seul nom celui de Giovanni Francesco Donnela, originaire de Capri en Italie. Nous pouvons voir son nom inscrit sur les fresques de la cathédrale dans la chapelle 7. Les peintres ont utilisé les techniques de peinture de la renaissance italienne qui commence en Italie au XIV -ème siècle. L’art de la Renaissance représente surtout des rois ou des portraits mais aussi des figures catholiques du nouveau testament.
Bibliographie :
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- Xavier Barrel, L’art médiéval ,Que sais je
- Yves Esquieu , Quartier Cathédral, Paris, Rempart, 1994, 127 pages
- Alain du Bassac-Eric Berchmans- véronique Béné- Gabrielle du Montcel, Fresques au moyen âge
- Christian Heck (dir.), Histoire de l’Art. Moyen Âge : Chrétienté et Islam, Paris,2 Flammarion, 2011
- Claudine Lautier, Histoire mondiale de l’architecture N° 2 – Architecture gothique ,
ERREUR PERIMES Casterman, 1990 - Damien Carraz,L’architecture médiévale en Occident , que sais je
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- Gérard Monnier, Histoire de l’architecture, Que sais-je, 2021
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- Jean Louis Biget, Cathédrale d’Albi, la forteresse de la foi
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- Jean-Louis Biget , Michel Escourbiac ,Sainte-Cécile d’Albi peintures, Éditions Odyssée,2005
- jean-Louis biget, Sainte-Cécile d’Albi : 500e anniversaire des peintures de la voûte, Odyssee, 2009
- Jean-Louis Biget, Sainte Cécile d’Albi et le décor peint à la première Renaissance ,Midi Pyrénées / Portet Sur Garonne, 2015
- Marcel Bécamel, A la découverte de la cathédrale d’’Albi
- Michel Balard ,Michel Rouche , Jean-Philippe Genet , Le Moyen Âge en Occident, Paris, Hachette Supérieur, 2008
- Olivier Mignon, Architecture des cathédrales gothique, Ouest France,2015