La ville de Montauban fut créée en 1144 par le comte de Toulouse et l’abbaye de Montauriol. Située sur un point stratégique permettant le contrôle du commerce fluvial du Tarn, Montauban se développe rapidement grâce à l’artisanat et le commerce du textile, elle se convertit par ailleurs au calvinisme dès 1530.
Durant les guerres de religion de 1562 à 1598, la ville prend le parti des protestants aussi appelés « huguenots », elle fait alors partie des trois capitales de l’union protestante du midi, avec La Rochelle et Nîmes.
Au XVIIe siècle, après l’édit de Nantes, la ville reste fortement peuplée de protestants et demeure sous leur contrôle. Elle devient la cible du pouvoir royal lors de la révolte du duc de Rohan (1621-1629). Après plusieurs sièges, la ville dite imprenable ouvre finalement ses portes après la chute de La Rochelle, prise par le cardinal de Richelieu. Une fois soumise à l’autorité royale, la ville connaît des modifications urbaines importantes sous l’influence du clergé catholique. En 1685, la révocation de l’édit de Nantes conforte le pouvoir du clergé catholique et son monopole à Montauban.
La construction d’un symbole catholique et royal.
Après la conquête, le roi et son clergé cherchent à imposer leur pouvoir sur l’ancienne ville protestante. Ce mouvement est à l’origine de nombreux édifices ecclésiastiques tels que le collège jésuite ou encore de nouvelles églises.
Dans ce contexte d’affirmation du pouvoir, l’évêque en charge, monseigneur de Nesmond, fait raser des quartiers protestants afin de bâtir une nouvelle cathédrale. La construction est déléguée à l’architecte royal François d’Orbay puis à ses successeurs Jules Hardouin Mansart et Robert de Cotte, afin de créer un monument à la hauteur du prestige du roi Louis XIV. Le choix de ces architectes par le roi relève de sa volonté d’affirmer son pouvoir, marquant ainsi une rupture avec la traditionnelle fondation d’une cathédrale. Habituellement, l’Église prélevait des taxes sur ses paroissiens pour financer une partie des constructions quand l’autre était prise en charge par les fonds ecclésiastiques. Or, dans le cas de la cathédrale Notre-dame de l’Assomption, l’imposition est prise en charge par la royauté, avec le retour des administrations locales telles que la généralité en 1635 ou encore la sénéchaussée. Ainsi, le vote des lois du Conseil d’État autorise la levée d’impôts pour financer les travaux. Les changements de plan de la cathédrale et d’architectes entraînent un accroissement du coût, nécessitant un budget toujours plus élevé et donc de nouveaux impôts ou dons tels que celui de monseigneur de Haussonville. Ainsi, le budget initial de 144 000 livres atteint au terme des travaux en 1739 la somme de 715 000 livres.
Pour la construction, la pierre blanche fut privilégiée en opposition aux briques rouges utilisées dans la région. Ce contraste marque la domination versaillaise sur la cité montalbanaise. La cathédrale est bâtie dans le style classique, diffusant la propagande royale principalement sous le règne du roi soleil. Cette esthétique, à l’antique, a pour but de magnifier la figure royale et l’Église.
La façade se caractérise par une sobriété (pas de relief), le regard est d’abord attiré par les quatre statues reposant sur l’entablement maintenu par une colonnade d’ordre dorique. La porte centrale, dite charretière par sa taille et sa largeur, est encadrée par cette même colonnade. Adjacentes à celle-ci, les portes d’entrée dites piétonnes sont celles d’usage. Deux niches vides se trouvant à l’extrémité de la façade auraient dû accueillir deux docteurs de l’Église. Sur le second niveau, se trouve le vitrail surplombé par un fronton arborant les armoiries du roi de France et de Navarre. Les statues de l’Espérance et la Religion se posent sur elles, montrant ainsi la continuité entre l’Église et le roi. De part et d’autre du fronton, se dressent deux campaniles.
Les statuaires des quatre évangélistes modélisent la pensée catholique dans une logique didactique imposant la vision papale aux protestants qui renoncent au culte des saints. À l’intérieur de la cathédrale, deux autres statues sont exposées face aux deux portes piétonnes représentant deux docteurs de l’Église, saint Ambroise et saint Augustin. Le plan de la cathédrale suit la forme d’une croix grecque et non-latine, ce qui marque la césure entre la nef et le chœur.
L’intérieur est aussi voué à la gloire des saints par le biais de nombreuses chapelles richement décorées. Ainsi, les trésors exposés dans la cathédrale suivent la logique globale de l’édifice. Un des trésors les plus représentatifs est le tableau d’Ingres de 1824, le vœu de Louis XIII.
La cathédrale Notre-dame de l’Assomption de Montauban a pour but de ranimer la foi catholique dans un ancien centre protestant, de ce fait, son nom n’est pas anodin. À partir de 1787, la cathédrale perd de son sens avec le rétablissement du protestantisme et donc la perte du monopole du clergé catholique. De plus, la chute de la monarchie en 1792 marque une nouvelle perte d’influence de l’édifice accompagnée du retour du pouvoir municipal de la ville.
L2 : Grégory DA CRUZ, Anthony BAUD
L1 : Chloé ESPAGNET, Mathis BONHOMME