L’Abbaye école de Sorèze après les réformes du père Lacordaire [2024]
L’arrivée du Père Lacordaire en 1854 apporte un souffle nouveau au sein de l’école. Il apportera des nouveautés au niveau scolaire et social grâce à ses réformes: remettre en ordre les emplois du temps, l’accentuation de nombreuses matières telles que les arts, les sciences et le retour de langue mortes afin d’en apprendre plus sur l’histoire qu’il nous est appris mais surtout la religion reste primordiale.
Le Père Lacordaire a instauré la mise en place d’un nouveau programme qui apporte des modifications conséquentes aux emplois du temps des élèves de l’Abbaye-École. S’il souhaite apporter de la modernité au sein de l’établissement, il y parvient en priorisant certains des cours. Il crée un ordre de priorité entre chacune des matières. Il donne un nombre d’heures plus ou moins conséquent à chacune des disciplines : par respect pour la tradition, la religion reste au centre de l’éducation inculquée aux élèves de l’Abbaye-École, suivie par la littérature, des sciences, des arts (qui selon le Père Lacordaire permettraient aux jeunes hommes d’acquérir une éducation complète) et des arts du corps. Cependant, même si certains enseignements traditionnels restent dans l’éducation des élèves, d’autres comme le latin et le grec ne sont plus des enseignements exclusifs. Une autre organisation de l’apprentissage s’inscrit de manière générale dans l’éducation. En effet, l’utilisation de manuels scolaires pour ordonner et structurer l’apprentissage des élèves apparaît comme essentielle. Une organisation se crée avec le fil conducteur qu’imposent les manuels. Divisés en trois parties qui correspondent plus ou moins aux trois trimestres de l’année scolaire, les manuels utilisés à cette époque se distinguent des méthodes actuelles (avec un apprentissage continuel de la maternelle au secondaire) puisqu’on parle d’apprentissage ascendant. Par exemple, pour un manuel sur l’apprentissage de la lecture, la première partie est le déchiffrage, la deuxième la lecture courante et la troisième la lecture expressive. C’est une méthode d’apprentissage qui permet d’aller du simple au plus complexe pour respecter l’évolution du niveau des élèves.
Manuel d’exercice Chambre de dortoir type Centre de gymnastique visible dans le cour arrière Carte de France visible dans la salle de classe
Des réformes s’observent au niveau de l’organisation des journées des élèves. En effet, l’apparition d’un nouveau programme avec les changements de priorité des enseignements, les emplois du temps des élèves sont totalement modifiés par des nouveaux horaires. La vie des étudiants était rythmée de 5h30 à leurs réveils puis ils enchaînent la journée d’étude 8h15 avec les matières dites classiques comme du français, de l’écriture et de l’algèbre, puis l’après midi : fortification paysagère, dessin, géométrie et de l’anglais avant de la terminer par une prière et l’extinction des feux. Les activités sportives avaient aussi leurs places dans l’école toutes sortes d’activités en extérieur ou non comme de la natation , de l’équitation. Ils avaient en plus de cela des espaces dédiés à des activités extérieures comme du jardinage avec des potagers ou des activités plus ludiques à différents endroits du parc.
De même, que le corps enseignant évolue à partir du Père Lacordaire : les seuls critères requis pour devenir enseignant à l’Abbaye-École est d’être cultivé et motivé : les laïcs sont aussi admis. À titre plus individuel, les élèves internes ont finalement à la mise en place de réunions entre eux, à des dons de responsabilité, de récompenses et parfois de punitions.
Ce qui entraîne d’ailleurs la mise en place de nouvelles structures au sein de l’école. En effet, l’ensemble des élèves est reparti en 10 classes, constituant quatre sections au total (en fonction de leur âge) qui ont leur propre cour, leur propre dortoir, réfectoire, et leurs deux préfets de discipline et domestique. Si la répartition des élèves est nouvelle, le système de notation aussi : les élèves obtiennent des notes hebdomadaires qui permettent au corps enseignant de faire un classement mensuel et par la suite une distribution des prix pour les meilleurs élèves.
Enfin, que ce soit dans le privé ou bien dans le public, les écoles utilisaient des représentations de leur cours de récréation sur des cartes postales pour attirer de nouvelles recrues. C’est le cas des écoles privées qui utilisaient ces dernières comme véritable moyen de communication dans le but de se valoriser et de recueillir de nouvelles inscriptions. Cependant, les écoles publiques mettaient en avant la discipline lors des représentations. Plusieurs éléments contribuent à créer cette cohésion comme par exemple La Sorézienne, l’hymne de l’abbaye.
“Sorèze est une école ou la religion, les lettres, les sciences et les arts se partagent les heures d’un jeune homme. Afin de jeter lui les fondements d’une vie d’homme.”
— Père Lacordaire
Hymne de la Sorézienne Poteau de la cour des rouges sur lequel les élèves gravaient leur nom
Le père Lacordaire
Jean-Baptiste-Henri Lacordaire, en religion le père Henri-Dominique Lacordaire, né le 12 mai 1802 à Recey-sur-Ource (Côte-d’Or) et mort le 21 novembre 1861 à Sorèze (Tarn), est un religieux, prédicateur, journaliste et homme politique français. Restaurateur en France de l’ordre des Prêcheurs(dominicains), il est considéré aujourd’hui comme l’un des précurseurs du catholicisme libéral. En 1854, il devient le directeur de l’établissement de l’école de Sorèze. Il réforme l’éducation au sein de l’abbaye-école dès son arrivée. Jean baptiste Henri Lacordaire, était d’abord destiné à une carrière dans la législature. Ce n’est qu’en 1824, alors qu’il a 22 ans qu’il rencontre la religion et devient prêtre. Il se retrouve religieusement dans l’ordre dominicain et remet l’Ordre des Frères Prêcheurs dans la vie ecclésiastique française. S’ajoute à cela ses études qui lui ont permise de devenir un très bon orateur, ce qui ajouté à sa place dans la vie ecclésiastique, lui permet de pouvoir communiquer avec des penseurs, des hommes et des femmes de pouvoir et d’influencer afin de promouvoir son école et de penser à sa grande perception religieuse.
statue exposée à l’entrée de l’hôtel buste visible dans la salle des Illustres
L’abbaye école de Sorèze
L’abbaye de Sorèze est une ancienne abbaye bénédictine du XVIIIème siècle située à Sorèze, dans le département du Tarn. Elle est devenue un lieu d’enseignement novateur : collège, puis école royale militaire sous Louis XVI – ce fut l’objet d’un article des années précédentes – et repris comme collège par les dominicains sous la direction de Henri Lacordaire en 1854 et ferme ses portes en 1991. Depuis 2015, elle abrite le musée Dom Robert et de la tapisserie du XXe siècle, le musée de l’abbaye-école ainsi qu’un hôtel.
L’abbaye école de Sorèze tient une place importante dans la vie du village. Elle forme une majeure partie du patrimoine sorézien. Désormais ouverte au public elle permet de nous replonger dans l’histoire de cette abbaye avec les traces des nombreux élèves qui sont passés entre ses mûrs. Lors de la visite on constate le prestige de cette école avec les nombreux éléments rappelant l’histoire et la réputation de cette école à travers des portraits de différente personnes qui ont étudié ici mais aussi la discipline qui était exigée dans l’école : les chambres très petites avec seulement le stricte nécessaire (un lit, une chaise qui avait plusieurs fonctions et une armoire), les reconstitutions des salles de classes avec des exercices affichés permettent de se rendre compte de l’exigence qui était demandée dans l’établissement.
Pour terminer nous pouvons évoquer une particularité de l’Abbaye on y retrouve une des trois seules statues au monde de Louis XVI qui a encore sa tête.
Vue aérienne de l’abbaye école Clocher visible depuis la cours des rouges Statue de Louis XVI
Les sources
- Bibliographie :
Caroline, BARRERA, La cour de récréation : actes du colloque abbaye-école de Sorèze, Toulouse : Université Toulouse Jean Jaurès : Sorèze : Syndicat mixte Abbaye école de Sorèze : Portet-sur-Garonne : Éditions midi-pyrénéennes, 2016
Anarchasis COMBES, Histoire de l’école de Sorèze, Toulouse: L. Jougla, 1847
Samuel GREGG, Henri-Dominique Lacordaire, OP: A Dominican Faces Modernity, Edition Acton Insitute, 2019
Sylvie MOUYSSET et Danièle TOSATO-RIGO (dir.), Mémoires d’enfance : actes du colloque, Abbaye-école de Sorèze, [19-20 octobre 2019], Portet-sur-Garonne, Éditions midi-pyrénéennes, 2021
Marie-Odile MUNIER, Une abbaye Bénédictine et une école, Presses du Centre Universitaires Champollion, 2012
Marie-Odile MUNIER, Sorèze, au pied de la Montagne noire : une abbaye, une école, Laval, Siloe͏̈, 1999
Marie-Odile MUNIER (dir.), Sorèze, l’intelligence et la mémoire d’un lieu : [colloque tenu les 26 et 27 octobre à l’Abbaye-Ecole de Sorèze] organisé par le Centre toulousain d’histoire du droit et des idées politiques Centre albigeois d’histoire du droit et des institutions, Toulouse, Presses de l’Université des sciences sociales de Toulouse, 2001
Serge VAUCELLE, « La plus grande utilité publique. Renouveau pédagogique et éducation du corps au Collège de Sorèze (1759-1854) », CAHIERS DE FRAMESPA, 2018
- Sitographie :
> Généralité sur l’éducation à l’Abbaye-école de Sorèze sous Lacordaire :
La congrégation enseignante, Le Père Lacordaire, Le Père Captier, Écoles et collèges, Paris, Cerf, 1983, in : Mémoire dominicaine, N°3, automne 1993
L’insolite histoire de l’abbaye-école de Sorèze
> Le Père Lacordaire et l’Abbaye-école de Sorèze :
Madame de Vivens, Lacordaire, l’Ecole de Sorèze et les protestants