Lexicographie

Géographie :

Louisiane (États-Unis) : état du sud-est des États-Unis bordant le golfe du Mexique. La capitale est Bâton-Rouge et la plus grande ville est La Nouvelle Orléans. La Louisiane est indépendante depuis 30 avril 1812.

Louisiane (Nouvelle-France) : territoire de la Nouvelle-France s’étendant de l’actuel sud-est des États-Unis au nord-ouest du pays. Nommée en l’honneur du roi Louis XIV, la Louisiane française est par la suite vendue le 30 avril 1803 aux américains par Napoléon Ier.

Maine : état de l’extrême nord-est des États-Unis, frontalier du Québec.

Mississippi (état) : état du sud-est des États-Unis ayant appartenu à la Nouvelle-France.

Mississippi (fleuve) : fleuve américain s’écoulant du nord du pays, au Minnesota, au sud-est, se jetant dans le golfe du Mexique après La Nouvelle-Orléans.

Port de la Balise : fort français situé sur le delta du Mississippi, il permettait de transférer des marchandises depuis ou vers le vieux port de La Nouvelle-Orléans. Ainsi, les grands navires marchands circulant en mer pouvaient y déposer leurs cargaisons pour que par la suite, d’autres navires plus petits, et plus adaptés à la navigation fluviale, puissent les acheminer vers la ville.

Port historique : premier port établis par les colons français. Il se trouvait aux abords directs du Vieux-Carré mais il ne permettait de naviguer que sur le fleuve Mississippi et non sur la mer des Caraïbes (dont le delta se situe largement en aval).

Nouvelle-France (1534-1763) : colonie française d’Amérique du Nord fondée en 1534 lorsque Jacques Cartier, explorateur et colon français, découvre le Canada. La colonie est dissoute en 1763 lors du traité de Paris, marquant la fin de la guerre de Sept Ans.

Pays des Illinois : aussi appelé Haute-Louisiane, subdivision administrative et politique de la Louisiane durant l’existence de la Nouvelle-France.

Vieux Carré : quartier historique de La Nouvelle-Orléans, fondé dès 1718. Le quartier est toujours remarquable aujourd’hui notamment par son architecture.

Personnages et faits historiques :

Adrien de Pauger (≈1682-1726) : ingénieur et architecte français qui désigna les plans du Vieux Carré de La Nouvelle-Orléans.

Guerre civile (1747-1750) : période de troubles économiques et sociaux au sein de la communauté des Chactas entre la faction pro-française et celle pro-britannique. Elle va causer la mort de plus d’une centaine habitants de la tribu.

Guerre de Sept Ans (1756-1763) : premier grand conflit international opposant les différentes grandes puissances européennes.

John Law (1671-1729) : banquier et économiste franco-écossais. Il a notamment créé le système de Law (1715-1720) ayant pour objectif de liquider la dette laissée par Louis XIV, mais il a aussi jouer un rôle important dans l’histoire de la Compagnie des Indes.

Louis Pierre Le Blond de la Tour (1673-1723) : ingénieur français ayant joué un rôle important dans l’aménagement de La Nouvelle-Orléans.

Phillipe d’Orléans (1674-1723) : régent du royaume de France (1715-1723) durant la minorité de Louis XV.

Pierre Le Moyne d’Iberville (1661-1706) : navigateur, militaire, commerçant et explorateur français. Il a notamment participé à l’établissement de La Nouvelle-Orléans.

Société :

Chactas : peuple amérindien issu du sud des États-Unis (Alabama, Mississippi et Louisiane).

Compagnie des Indes (orientales) : compagnie coloniale française fondée par Jean-Baptiste Colbert, premier ministre d’État sous Louis XIV. L’objectif était de perpétuer la dynamique du commerce français, notamment par le biais de la traite atlantique.

Créole : désigne ici une communauté métissée résultant du mélange des cultures européennes, africaines et amérindiennes.

Traite atlantique : désigne le système commercial reliant l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. Des esclaves noirs venant d’Afrique sont amenés en Amérique afin d’être échangés contre différentes denrées coloniales (sucre, café, cacao…) qui sont elles ramenées sur le continent européen.

Définitions :

Bataille d’Abbeville : bataille de la Seconde Guerre mondiale qui oppose les forces franco-britanniques aux forces allemandes du 27 mai au 4 juin 1940. Les troupes alliées ne parviendront pas à percer la défense allemande. 

Bataille de l’Ailette : bataille qui se déroula du 17 au 23 août 1918, sur le canal de l’Ailette, elle eut lieu pendant la contre-offensive des Alliés (France, Royaume-Uni, Etats-Unis) au printemps 1918. La victoire française força les troupes allemandes à laisser derrière elles beaucoup de matériel et les obligeant à abandonner certains territoires conquis depuis 1914.

Bataille de Rozelieures : Aussi appelée la bataille de la trouée de charmes, elle se déroule du 24 au 26 août 1914 entre Metz et Nancy en Lorraine, elle aboutit à une victoire française.

Bataille de Verdun : bataille qui se déroula entre février et décembre 1916 à Verdun, l’objectif de l’armée allemande était de percer le front et de “saigner à blanc l’armée française”. L’armée française résiste et la ligne de front reste la même à la fin de la bataille, celle-ci a fait plus de 300 000 morts.

Blum Léon (1972-1950) : Homme politique français, il est président du Conseil de juin 1936 à juin 1937 puis président du Gouvernement Provisoire de la République française de décembre 1946 à janvier 1947. Il mène une politique socialiste.

Portrait de Léon Blum par l’agence de presse Meurisse en 1927 ; source : Bnf Gallica.

Cavalerie blindée : unité équipée de véhicules blindés tels que des chars ou des automitrailleuses

Division : regroupement de régiments composé de 10 000 à 15 000 soldats

Général Franco (1892 – 1975) : A la tête du mouvement nationaliste durant la Guerre d’Espagne, il devient chef d’Etat et mène une politique dictatoriale jusqu’à sa mort en 1975. 

Portrait du Général Francisco Franco ; source : Biblioteca Virtual de Defensa.

Génie militaire : d’après le site Universalis, le génie militaire désigne l’art de la construction des ouvrages militaires, mais également la technique de maintien de l’infrastructure de communication.

Infanterie : corps d’armée spécialisé dans le combat et qui a pour mission de conquérir et d’occuper le territoire.

Jaurès Jean (1859-1914) : Homme politique français né en 1859 à Tarbes, il devient à partir de 1902 député du Tarn et président du parti socialiste français, en 1904 il fonde le journal L’Humanité. En 1914, dans un contexte de tensions il milite en faveur de la paix mais se fait assassiner en juillet de la même année par un nationaliste, en 1924 sa dépouille est transposée au Panthéon.

Photographie de Jean Jaurès, Félix Tournachon dit “Nadar”, 1904, Musée d’histoire vivante 

Jeu des alliances : expression utilisée pour désigner les causes du déclenchement de la première guerre mondiale, à la veille de la première guerre mondiale. Deux alliances furent formées : la triple entente (France, Royaume-Uni, Russie) et la triple alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie), si l’un des ces pays est attaqué, ses alliés s’engagent à le défendre.  

Verrerie Ouvrière : société française fondée en 1896 qui axe son développement sur la confection et la vente de bouteilles en verre.

Les mines d’Albi : société minière tarnaise fondée en 1890. L’entreprise exploite des puits miniers dans la région albigeoise, comme à Saint-Sernin-lès-Mailhoc.

Ligne de défense : position utilisée pour fixer l’armée ennemie et empêcher sa progression

Régiment d’infanterie (RI) : Un régiment, dans l’armée française, désigne un groupement de 1500 à 3000 soldats composé de bataillons, le tout étant dirigé par un colonel ou lieutenant-colonel, il est rattaché à un corps d’armée et à une division qui ensemble forme une armée.

Régiment d’infanterie alpine (RIA) : régiment affecté à la surveillance et à l’entretien des infrastructures en montagne

Xénophobie : sentiment se traduisant par la haine de l’étranger

Le 15e régiment d’infanterie

« Sans peur et sans reproche » ceci était la devise du 15e régiment d’infanterie, un régiment de l’armée de terre française créé en 1559. Le 15e RI loge dans différentes casernes au cours des siècles pour réaliser ses missions, mais à partir de 1907 et jusqu’à sa dissolution, il loge dans la ville d’Albi en France pour être à proximité de sa division (32e DI) en garnison à Toulouse, et celui-ci y laisse fortement sa marque en entraînant les albigeois dans les deux guerres mondiales. Ce qui nous amène à nous demander :
Quel rôle le 15e RI a-t-il eu dans la société, de son encasernement à Albi en 1907 jusqu’à sa dissolution en 1940 ?

I- De l’encasernement à l’armistice de 1918

  1. Albi et le 15e RI, un régiment dans la ville 

A partir de 1907, le 15ème régiment d’infanterie s’installe dans la ville d’Albi, dans la caserne Lapérouse. Désormais, le régiment loge au centre de la ville, ce qui est assez inhabituel et change la vie des albigeois, car le service militaire étant obligatoire à l’époque, les appelés albigeois sont engagés dans le 15e RI qui remplace le 117e RI. Le service militaire dure deux ans, puis à partir de 1913, trois ans pour préparer à une éventuelle guerre avec l’Allemagne. Le régiment logeait dans la caserne et exécutait ses entraînements dans la commune de Le séquestre au sud d’Albi. Les habitants s’habituent à la présence du régiment, des parades militaires sont organisées lors de chaque déplacement et sont très prisées par le public. Seulement, ce quotidien se voit être bouleversé le 31 juillet 1914, car Jean Jaurès (1859-1914), député du Tarn se fait assassiner provoquant une grande émotion, mais celle-ci ne dure pas et s’ensuit d’un élan patriotique lorsque la guerre est déclarée contre l’Allemagne le 3 août suite à l’explosion des tensions franco-allemandes et le jeu des alliances. Les soldats sont acclamés par la population lors de leur départ pour le front.  Les Albigeois soutiennent avec joie la mobilisation générale et la déclaration de guerre contre l’Allemagne, l’excitation est telle que la cabane d’un allemand qui vendait des bonbons est pillée et brûlée. Le 7 août, le 15e régiment prend le train pour la Lorraine.  

  1. Au front de 1914 à 1918

Une fois la mobilisation lancée, le 15e RI s’illustre au combat et vit les atrocités de la première guerre mondiale. Le 9 août, le régiment arrive dans les Vosges, durant toute l’année 1914 le 15e RI combat en Lorraine et participe à différentes batailles sur ce lieu, tels que Rozelieures. A partir de 1915, le régiment change plusieurs fois de front suite aux souhaits de l’état major de mener de grandes offensives. En janvier, le 15e séjourne à Poperinge en Belgique, en février il arrive dans le département de la Somme. De mars à novembre, le régiment est en Champagne et participe à ses offensives, le 25 septembre ils investissent le mont Têtu et font 150 prisonniers. En 1916 le 15e RI participe à la bataille de Verdun. Le régiment a perdu beaucoup d’hommes, pour renforcer son régiment, ce dernier recrute alors 15 000 volontaires venus de tout le Tarn. Lors de la bataille, il s’illustre en participant à la reprise des forts de Vaux et de Douaumont. En 1917, ils ressortent victorieux lors de l’offensive de Mort-homme dans la Meuse, enfin, en 1918, ils s’illustrent une dernière fois lors de la bataille de l’Ailette en libérant plusieurs villages. Leur progression s’arrête le 11 novembre 1918 avec la signature de l’armistice, au total, 636 albigeois qui sont morts durant la première guerre mondiale. Après cela, le 15e RI se voit attribuer de nouvelles missions.

II. Entre Deux Guerres et Seconde Guerre mondiale

  1. Déploiements dans l’entre-deux-guerres 

A la fin de la Première Guerre mondiale, les régiments impliqués retournent dans leur caserne. Or, le déclenchement de la Guerre d’Espagne en juillet 1936 opposant les républicains et les nationalistes, menés par le Général Franco , marque un tournant. En effet, les républicains étant petit à petit battus, ceux-ci se dirigent vers la France. Ainsi, le gouvernement de Léon Blum, devant faire face à des vagues d’exilés, met d’abord en place une politique d’accueil. Or, la montée progressive de la xénophobie, les mécontentements des populations françaises aux frontières et les conséquences économiques mettent fin à ces politiques. Ainsi, le gouvernement français de Blum change de politique et décide de faire barrage aux exilés espagnols pour ne pas qu’ils entrent dans le territoire. Cela va être la mission principale du 15e régiment d’infanterie durant l’entre-deux-guerres : les hommes sont envoyés à la frontière franco-espagnole pour empêcher le passage des exilés républicains. Cette situation marque un contraste avec leur déploiement en 1914 qui était à des fins patriotiques, pour protéger le territoire. Cependant, l’enclenchement de la Seconde Guerre mondiale met fin à cette mission de blocage à la frontière des exilés républicains puisque le 15e régiment d’infanterie va être mobilisé à l’effort de guerre, notamment lors de la bataille de France.

  1. Bataille de France et dissolution du régiment

En septembre 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate, l’Allemagne envahit la Pologne et en retour la France et l’Angleterre déclarent la guerre aux Allemands. Le 15eme régiment d’infanterie est alors transformé en régiment d’infanterie alpine et devient ainsi spécialisé dans la défense d’infrastructure en montagne et va stationner un temps près de la frontière suisse dans les Alpes en cas où l’Allemagne tenterait de passer par la Suisse, voire d’une possible entrée en guerre de l’Italie contre la France. Il est ensuite redéployé en Lorraine et va participer à la bataille d’Abbeville en juin 1940 pour tenter de rétablir une ligne de défense et de sécuriser les ports encore libres qui permettent le déploiement des troupes anglaises, alors allié des français et combattant avec eux sur le front. Le régiment intervient en renfort au groupe du centre lors du dernier jour de la bataille, le 4 juin. Si le régiment parvient à prendre ses objectifs initiaux, parvenant à établir une tête de pont près de Moyenneville rapidement avec l’aide des chars alliés, il va finalement être stoppé à la suite de l’embuscade subie par la cavalerie blindée alliée par l’artillerie ennemie qui ne peut plus le soutenir. Le régiment va alors tomber sous le feu de l’artillerie allemande et va devoir se replier, laissant derrière plus de 250 hommes hors d’état de combattre dont son commandant. La bataille se termine par une victoire allemande qui parvient à empêcher l’établissement de la ligne de défense. Le régiment va devoir se replier sur Saint-Valéry-en-Caux et sera ensuite capturé par l’armée allemande. Il est ensuite dissous après près de 400 ans de services et des participations aux plus grandes batailles de l’Histoire de France.

III. Influence économique et héritage contemporain

  1. Développement de l’économie albigeoise

La Première Guerre mondiale a fortement touché Albi, et ce surtout d’un point de vue économique et social, car il n’y pas eu de batailles sur le sol albigeois. On pourrait croire qu’il n’y a eu que des effets négatifs, cependant on remarque du positif suite au conflit. L’arrivée d’immigrés belges, polonais et italiens suite à la guerre a permis aux entreprises de la région de trouver de la main d’œuvre. Mais ce n’est pas tout, la présence du 15ème régiment d’infanterie, regroupant plusieurs centaines de soldats, dans la ville a aussi multiplié la demande pour les commerçants, et ce notamment pour les produits de première nécessité ainsi que du divertissement avec par exemple les différents bars. Les métiers ouvriers furent donc très sollicités, de par la demande créée par la guerre (avec des armes et des munitions par exemple). L’industrie se développant grâce à la guerre, c’est toute la région d’Albi qui connaît un regain. Les mines d’Albi et la Verrerie Ouvrière furent parmi les entreprises les plus prolifiques de la région. Le Génie militaire nécessitait aussi l’aide de l’industrie albigeoise. Toute cette demande engendra une forte création d’emploi. Après des événements comme la crise de 1929 ou l’essor du capitalisme, c’est toute l’économie d’Albi qui va être impactée par la Seconde Guerre mondiale, et notamment avec la présence d’un régiment dans la ville de 1907 à 1940, qui va impulser cette évolution.

  1. Après la dissolution, l’héritage

En juin 1940 a lieu la bataille d’Abbeville, qui voit la fin du 15e régiment d’infanterie après la défaite française. Après le conflit, les habitants d’Albi ressentent un sentiment de fierté vis -à -vis des combattants du 15e, né avec la dévotion du régiment pour son pays. Les albigeois ressentent l’obligation de rendre hommage aux soldats qui se sont battus pour eux. On constate donc certains changements, notamment à partir des années 1990-2000, comme l’ajout d’une rue au nom du régiment à l’Est de la ville. Mais cet hommage ne se limite pas à une simple ruelle. Ce respect pour les soldats du 15e régiment d’infanterie va pousser la ville à installer une stèle à l’ancienne caserne du régiment, transformée en faculté.

Photo personnelle réalisée par Nino Fievez à la faculté Champollion d’Albi

De multiples actions sont menées pour honorer le régiment et conserver sa mémoire, comme par exemple des associations. Celle des Diables Bruns est un exemple. En effet, cette association basée en Occitanie met en place de nombreuses reconstitutions, comme des camps ou des tranchées d’époque. Ils prennent aussi part à des commémorations sur la demande de certains maires. L’héritage du régiment est transmis aux jeunes générations via la culture, comme avec des cérémonies commémoratives, des reconstitutions ou même des expositions d’objets d’époque. Ces reconstitutions ont pour objectif de montrer au grand public la vie qui était celle du régiment, durant son existence sur la période 1907-1940.

Photo réalisée par l’association des Diables Bruns, représentant le 15ème régiment d’infanterie

Conclusion :

En conclusion, le 15e RI de son encasernement à Albi en 1907 jusqu’à sa dissolution en 1940 s’est grandement illustré durant les évènements de son époque, il restait un élément majeur de la vie des albigeois au début du XXe siècle notamment celle des appelés. Celui-ci entraîne les Albigeois en 1914 et en 1940 dans les deux guerres mondiales à se battre et s’illustre sur le champ de bataille à de nombreuses reprises. Durant l’entre-deux guerres, il participe à l’internement des réfugiés espagnols et appliquant ainsi la politique du gouvernement Léon Blum de 1936 à 1939. Son aventure prit fin lors de la Seconde Guerre mondiale où après une ultime défaite, il se rendit le 12 juin 1940 et fut dissous, mettant un terme à l’histoire du 15e régiment d’infanterie.

Étudiants : 

Fievez Nino – Joannes Kevin – Laporte Yannis – Peyre Célia