La Cathédrale Sainte-Cécile d’Albi et son impact sur l’imaginaire collectif

La cathédrale à la tombée de la nuit,
Mairie Albi

“Albi, La cité de porphyre, d’une couleur orientale et ses monuments qui s’empourprent au soir, à l’heure ou la puissante cathédrale fait amitié avec le soleil couchant”. 

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Cette magnifique citation de l’écrivain et homme politique Jean Jaurès illustre parfaitement la place centrale de la cathédrale dans la ville d’Albi. 

En effet, La cathédrale Sainte-Cécile d’Albi est non seulement la plus grande cathédrale de brique du monde mais aussi une construction monumentale dans le paysage albigeois. 

Résumé historique : 

Décidée en 1277 par Bernard de Castanet, elle a permis de faire d’Albi une ville de premier plan. Considéré comme un inquisiteur, il a été évêque d’Albi de 1276 jusqu’à ce qu’il soit destitué en 1308 par le pape Clément V suite à des suspicions d’homicides par empoisonnement. Le style architectural de la cathédrale se démarque de ce qui se fait à l’époque et témoigne de la volonté de l’évêque d’affirmer sa puissance et son indépendance vis-à-vis des bourgeois, des hérétiques et du Roi. La présence de la cathédrale crée une dynamique autour de la place Sainte-Cécile et en fait un pôle d’échange entre monde urbain et rural. Le chantier avance rapidement et en un siècle, le plus gros est édifié et c’est en 1480 qu’elle est consacrée. Depuis, en guise de cadeau, ou à la suite de simples initiatives des différents évêques, des peintures sont ajoutées, et aujourd’hui ces 18 500 m² de fresques et décorations en font la plus grande cathédrale peinte en Europe. Elle abrite aussi l’un “ des plus grands orgues d’Europe. Donc, on estime aujourd’hui qu’elle est constituée de 25 000 briques.

Aussi, la brique, matériau moins cher que la pierre, permet une construction rapide et ancre une profonde signification puisque dans le catharisme, considéré comme de l’hérésie par les catholiques, le Christ n’était pas doté d’un corps mais seulement d’un esprit, donc ce rouge clair rappelle la couleur de la chair. La cathédrale devait également servir de moyen de dissuasion contre les cathares en démontrant la force et la richesse de l’Église. La construction massive et imposante était destinée à inspirer le respect.

La cathédrale Sainte-Cécile a aussi été conçue pour pouvoir être utilisée comme un lieu de refuge en cas d’attaque. Ses murs massifs et ses fortifications pouvaient servir de rempart. Son architecture a été façonné pour montrer un signe d’opposition aux cathares : Les vitraux et les sculptures de la cathédrale Sainte-Cécile transmettent des messages religieux orthodoxes en opposition aux croyances cathares. La Cathédrale Sainte-Cécile est une forteresse de la foi catholique et un joyau de la culture et du savoir-faire languedociens.

L’objectif de ce bâtiment imposant était donc de montrer la puissance de la religion catholique pour définitivement affirmer la suprématie catholique dans la région et cloître le chapitre des dissidences religieuses. Les éléments gothiques traditionnels, tels que les voûtes élevées, les arcs-boutants et les gargouilles, étaient utilisés pour affirmer la grandeur de l’Église catholique.

Dans l’architecture extérieure, on retrouve des murs de forteresse, le clocher mais aussi les voûtes qui représentent bien l’aspect d’une cathédrale gothique.

La vie quotidienne autour de la Cathédrale :

Siège épiscopal, Albi est partagée entre le pouvoir de l’évêque et celui des vicomtes qui rendent hommage au comte de Toulouse. Dans cette France féodale du XIIIème siècle, les vassaux s’émancipent de l’autorité royale. Albi devient alors, comme presque toutes les villes du Midi, une communauté quasi indépendante. 

En effet, le Languedoc est principalement régie par deux maisons : celle des Trencavel, et celle de Toulouse, toutes deux vassales du Roi de France. Durant la croisade albigeoise, leur rivalité n’a pu être mise de côté ; le comte Raymond VI de Toulouse se lance dans la croisade, tandis que Raimond-Roger de Trencavel se prépare à la stopper. Le conflit n’est soutenu que mollement par la maison de Toulouse, et le Pape s’en rend compte. C’est pourquoi en 1233, il institua l’Inquisition, chargée de combattre l’hérésie. De plus, les albigeois n’hésitent pas à dénoncer leurs voisins, ou amis, soupçonnés d’hérésie, contre une récompense. 

Fatigués par ces changements constants, par l’insécurité, et les combats causant beaucoup de pertes, les albigeois, ainsi que la plupart des languedociens, montrent leur mécontentement. La révolte gronde, et augmente les tensions entre les deux maisons. Celles-ci se disputent l’hégémonie de la région. Pour annihiler tout risque de désordre, le comté de Toulouse et le vicomte d’Albi sont remplacés par trois sénéchaussées de Toulouse, permettant au Roi de France de racheter la région. 

La place de la cathédrale qui se développe particulièrement durant le XIVe siècle est importante. L’abondance de mention de la place dans archives municipales illustre son rôle essentiel. Lieu de rassemblement social, elle permet aux Albigeois d’échanger. Quelque part, c’est ici que l’opinion publique se forge.

La cathédrale a eu un impact économique puisqu’elle représente un lieu de rassemblement pour des évènements tels que le marché ou encore la foire. Tout ceci contribue au dynamisme de l’ économie. 

De plus, la Cathédrale étant un lieu de pèlerinage, nombre de fidèles s’y rejoignent et participent au rayonnement de l’évêché d’Albi. De plus, ces pèlerins contribuent à l’économie locale en dépensant de l’argent dans de la nourriture ou pour se loger.

La construction de la Cathédrale a amélioré la vie des habitants puisque le développement de certains métiers comme l’artisanat ou les commerçants a enrichit la ville. Quant au tourisme , c’est par l’art religieux que la création d’œuvres ou encore de sculptures qu’Albi peut profiter d’une grande renommée.

     L’Église catholique est omnipotente tout au long du Moyen-Age. La vie des hommes et des femmes est en effet marquée par les sept sacrements que sont le baptême, la première communion, la confirmation, la confession, l’eucharistie, le mariage et l’extrême-onction. Chaque enfant est baptisé, et donc converti au catholicisme, pour lui assurer une place au paradis. Les dogmes sont importants : l’école est entièrement dirigée par les clercs, et les élèves y puisent un certain réconfort. En effet, l’Eglise leur promet une éternité de joie et de merveilles au Paradis. Les albigeois gardent donc espoir dans cette promesse de grandeur post mortem. Ils se réfugient dans leur foi pour oublier le malheur de leur vie quotidienne. 

Désespérés, les paysans voient, en la construction de la cathédrale Sainte Cécile, un salut, destiné à les aider en ces temps incertains. A partir de la seconde moitié du XII° siècle, et une fois le catharisme éradiqué de la région, leur vie est donc marquée par les cloches de sa cathédrale : ils se lèvent, vont au travail, mangent, et se couchent à leurs sons. 

Albi, cité épiscopale, est tout au long du Moyen Âge une ville fortifiée entourée de murailles.

L’architecture intérieure :

Si l’extérieur très austère de la cathédrale est une volonté assumée, le contraste avec l’éclat des décorations intérieures l’est tout autant. La Cathédrale accueille La fresque du jugement dernier, mêlant sublime et divin, et comporte de riches décors des voûtes. L’œuvre peinte du Jugement Dernier est celle que l’on voit le plus en entrant dans la cathédrale. Réalisée à la fin du XVe siècle sous l’évêché de louis d’Amboise, cette œuvre représente le jugement dernier comme raconté dans la bible dans l’apocalypse de Jean. Popularisées au XVe siècle, les représentations du jugement dernier s’insèrent dans une ère de traumatismes et d’angoisses sotériologiques face à la mort. A Albi, les épisodes de peste et de famine liée à des crises frumentaires reviennent sporadiquement depuis la grande peste de 1348 et sont très mortifères. Les maladies, souvent foudroyantes, oblitèrent le culte rendu aux mourants, notamment celui de l’extrême-onction. Le jugement dernier est conçu pour renforcer la foi et l’institution ecclésiastique. 

La Fresque du Jugement dernier, Wikipédia

Il y’a un contraste assez fort entre le Jugement dernier et les voûtes. A l’angoisse on fait succéder l’espoir.

Les voûtes figurent le Ciel, L’Eglise triomphante. On voit à l’abside, la session glorieuse du Christ à la fin des temps. Autour de lui se trouvent les symboles des évangélistes, la Vierge, et les apôtres. Pour évoquer subtilement le corps mystique de l’Eglise, les peintres ont utilisé des couleurs simples telles que l’or et l’azur. Ils ont écarté une représentation naturaliste du Paradis. Les végétations qui s’incorporent dans toutes les décorations sont plus abstraites que réelles. La répétition des motifs et des couleurs dominantes traduisent l’infini céleste. 

Photographie des voûtes dans la cathédrale d’Albi.

Finalement, la Cathédrale d’Albi reste un monument architectural et d’histoire d’exception qui accueille des millions de visiteurs chaque année au sein de la cité épiscopale d’Albi, cette dernière étant classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Montségur et les Cathares [2024]

Vue panoramique du château de Montségur, Citadelles du vertige, www.vincentphotographie.

Le Château de Montségur est un château édifié entre le XIIIe siècle et le XIVe siècle dans le département de l’Ariège en Occitanie. Avec ses 60 000 visites annuelles, le château de Montségur ne cesse d’attiser les curiosités grâce à son fameux castrum datant du XIIIe siècle et son occupation cathare mythique. Le mot castrum est l’équivalent de castel en occitan qui désigne alors le château. Cette notion est la définition d’un château comprenant également les fortifications et le village qu’il abrite. Montségur fait alors l’objet de nombreux mythes. Toutefois, nous étudierons ici le château de Montségur à l’image des sources archéologiques afin de retranscrire la période du catharisme dans une hégémonie religieuse catholique, de son organisation à sa chute. L’étude de l’histoire de Montségur, qui a débuté au XVIIe siècle, tout en présentant de nombreuses zones d’ombres, révèle la présence de nombreux cathares. À Montségur, Albi et Toulouse ce mouvement hérétique pouvait être qualifié de mouvement populaire, car ils ne représentaient jamais plus de 20% de la population. Le terme “Cathare” apparaît, provenant de l’Allemand “Ketter” désignant le chat. Le chat étant considéré comme un animal maudit au Moyen-âge, cela représentait ce de fait l’hérésie. Toutefois, le castrum de Montségur n’abrite pas que des cathares, on y trouve d’autres chrétiens. Selon Michel Roquebert, dans son ouvrage Montségur, les cendres de la liberté, Montségur était une société de 300 à 500 habitants ayant les caractères clivants d’une société médiévale typique avec des nobles, roturiers, laïques et religieux et même une garnison. Cette société était dominée par la noblesse réparti en deux clans: les Mirepoix de Péreille et les Bérenger de Lavelanet. Le clan des Mirepoix-Péreille se composait d’environ 200 personnes parmi lesquelles se trouvaient des dames, chevaliers, servant, écuyer,… et la communauté religieuse. Ainsi, la société de Montségur était une petite cour féodale soigneusement organisée. 

Reconstitution en 3D du castrum de Montségur aux environs du XIII siècle, http://www.montsegur.fr/montsegur-et-le-catharisme/

I- Les fouilles archéologiques : 

Concernant le domaine social et économique de cette société du castrum, les fouilles archéologiques de 1967 à 1976  ont permis d’étoffer les connaissances sur le mode de vie cathare. Nous apprenons donc que malgré leur mode de vie assez sommaire, les habitants de ce castrum possédaient tout de même du mobilier très courant pour la société d’aujourd’hui, ils ont donc retrouvé des clés avec des coffres et des éléments qui permettent de reconstituer des serrures. Accompagné de cela, les historiens ont aussi retrouvé une table, des tabourets ou des bancs. Ces éléments témoignent donc d’un sentiment de besoin de sécurité ou du moins d’une notion de propriété privée pour leurs habitats ou pour le peu de biens qu’ils possédaient. En ce qui concerne les mobiliers plus petits tels que les contenants d’aliments, les archéologues ont retrouvé à chaque campagne entre 70 et 100 kg de tessons de poterie et de céramique brune et grise. Cette poterie, selon les historiens, se rapporte à plusieurs contenant tels que des pots à feu pour contenir des aliments, témoignant de l’existence de contenant. Parmi les contenants nous avons aussi des vases à liquides qui sont peu variés et peu nombreux mais avec lesquels on a quand même pu identifier des types bien précis comme des cruches, un pichet, un pichet à bec et une dourne. Ainsi, ces poteries vernissées et peintes, retrouvées en grande quantité, sont tout d’abord le signe d’occupation du pog mais aussi de la présence d’une population nombreuse. 

En ce qui concerne le domaine social plus à proprement parler, les fouilles archéologiques réalisées à Montségur attestent de la présence de jeux et de fête dans le castrum. C’est ainsi que des dés à jouer, pions, jetons ont été retrouvés. Des osselets plus attribués à une utilisation enfantine ont notamment été retrouvés ainsi que des jeux de tables tels que les échecs avec une pièce, le jeu de la dame ou encore le jeu de l’oie qui était très prisé à cette époque là. Sur le plan des festivités, seul un instrument de musique retrouvé, appelé une Guimbarde, peut témoigner de l’existence de musique dans le castrum

Un autre domaine très important de la vie sur le pog et du mode de vie des habitants du castrum est l’économie. Pour l’étudier, il faut tout d’abord comprendre que l’agriculture céréalière n’était pas l’activité prioritairement utilisée. Effectivement, les champs était trop incliné et le climat bien trop compliqué pour réussir une production régulière et suffisante pour se nourrir et tirer des revenus. Le peu de culture qu’ils réalisaient étaient donc de la polyculture méeditéranéen sur les versants ensoleillés et de la cueillette confirmée par les archéologues grâce à la trouvaille de graines carbonisées sous ce qui semble être une habitation. N’étant pas les seuls présents sur le territoire de Montségur, accompagnés de chevalier, des laïcs à fonction militaire appelés des Faidits, certaines exploitations animales étaient présentes. Ces exploitations étaient peu nombreuses et avaient pour fonction l’alimentation de ces derniers. En effet, l’hérésie cathare adoptait comme principe religieux le végétarisme. Le végétarisme cathare était la représentation d’un corps sain, les produits d’origine animale représentaient des produits issus de la reproduction. Le célibat chez les cathares étant un principe fort, ils ne pouvaient alors pas consommer ces aliments.

Ainsi, comme la production est assez compliquée sur le pog, les importations avaient une place majeure comme attestés par les 44 pièces de monnaies féodales retrouvées. Parmi les objets retrouvés venant d’importation on peut ainsi compter des accessoires pour les vêtements tels que des boucles ou ferrets, des verreries, céramique ou encore de l’orfèvrerie. Pour les activités artisanales dans le castrum, autre que la poterie et l’industrie, les archéologues ont permis de déterminer 5 autres activités qui sont le textile avec 42 pièces, la confection de vêtement avec 153 pièces, les métaux et la sidérurgie avec 8703 pièces, le travail du bois et le travail des minéraux avec 49 pièces.

II- Le siège : 

 Montségur (Ariège), profil Est du pech de Montségur
© Michel Sabatier, 2018

Le siège de Montségur, ce dernier a définitivement été mis en place au début du mois de juin 1243 mais il ne s’est rien passé de notable pendant plusieurs mois, les deux adversaires se sont seulement observés, les croisés cherchaient les points faibles de la défense et les cathares veillés à ce que les croisés ne s’approchent pas trop près des défenses du Castrum. C’est à partir du mois de décembre 1243 que les combats se sont amplifiés et que le siège a pris une autre tourture en faveur des croisés, avec l’escalade du Roc de la Tour. Quelques croisés qui connaissaient le site ont escaladé la partie à pic de la montagne de Montségur et ont pris par surprise la garnison qui se trouvait en haut, qu’ils ont massacrée. Le gros de l’armée est ensuite parvenu à grimper après l’aménagement d’un accès facile. En progressant le long de la crête, les hommes ont pu aborder le castrum par l’est, créant une brèche irréparable dans les défenses cathares. 

Photo d’un boulet en pierre trouvé sur le pog de Montségur datant du siège de Montségur en 1243-1244, https://dahu-ariegeois.fr/histoire-chateau-montsegur/

L’archéologie témoigne de cette attaque. En effet, une grande quantité de fers de traits,de carreaux de pointes d’arbalètes et une cinquantaine de boulets de pierres ont été découverts sur la crête, entre le château et le Roc de la Tour. Il s’agit de boulets en pierres taillés sur place avec le calcaire gris de la montagne de Montségur qui ont un diamètre allant de 25 à 45 centimètres et un poids allant de 25 à 80 kilos. Les plus gros de ces projectiles nécessitaient de grandes machines à contrepoids comme des catapultes et des trébuchets. Nous savons que Bertrand de la Vacalerie, un ingénieur en machine de guerre, a beaucoup contribué à la construction de ces machines à partir de son arrivée à Montségur début janvier 1244. Au total, ce sont plus de 950 projectiles qui ont été découverts sur le site, dont certains sont aujourd’hui exposés au musée du village de Montségur.

La chronologie est ensuite assez incertaine jusqu’à la mi-février mais l’on sait qu’après cette date, les assaillants sont arrivés au pied des défenses renforcées du castrum et que ce dernier à commencé à crouler sous les boulets de pierre, désorganisant donc toute la défense. Les assaillants ont attaqué la barbacane située à l’est, aux abords immédiats du castrum, qui est un ouvrage défensif avancé. Une sépulture découverte en 1964 dans l’Aven du Trébuchet témoigne des combats de cette période. Effectivement, celle-ci contenait deux squelettes, celui d’un homme et d’une femme, chacun accompagné d’une pointe de flèche. Étant donné l’emplacement de l’Aven du Trébuchet, ils ont nécessairement été tués avant que les assaillants n’atteignent les abords de la barbacane. C’est après cette attaque que Pierre-Roger de Mirepoix, le seigneur de Montségur, craignant une nouvelle attaque qui serait fatale pour les cathares, a négocié la reddition avec le sénéchal de Carcassonne. 

III- Le bûcher : 

Stèle commémorative du bûcher de Montségur, hérodote.net

Après une trêve d’une semaine accordée au parfait et aux parfait le 16 mars 1244 les cathares ont dû se rendent aux croisés. Le choix se posait pour les cathares maintenant assiégés. La première option était que les cathares abandonnent leur foi envers leur religion et se convertissent à la religion chrétienne qui à l’époque est la seule religion autorisée sur le territoire français. La seconde pour les cathares était le bûcher. En choisissant cela ils n’auront pas la vie sauve mais comme il est inscrit dans leur religion, ils iront rejoindre leur dieu bon dans les cieux. Malgré ses deux options les croisés préféraient que les cathares se convertissent au catholicisme car leur but dans cette croisade albigeoise était de répandre la foi chrétienne comme unique religion possible. Mais à l’époque, la foi avait une place importante, ce qui a amené 224 personnes à choisir le bûcher. Le bûcher de Montségur était constitué d’un enclos avec des pieux de bois et les croisés avaient disposé tout autour des échelles pour y pousser les cathares de force. Mais les cathares préférant le bûcher à la reconversion chrétienne sont donc montés en direction du bûcher tout en chantant des chansons cathares, ils se sont jetés d’eux même dans les flammes du brasier. Pendant la trêve d’une semaine obtenue par Pierre Roger de Mirepoix, ils ont prié et se sont préparés à mourir et à rejoindre leur dieu bon. Les croisés ont vécu ces actes comme un échec à leur objectif premier qui était de convertir le plus de parfait et de parfaite vers la foi chrétienne. 

Le siège de Montségur a en quelque sorte marqué la fin du catharisme même si cette religion a été exercée dans le plus grand secret pendant encore 143 ans. Ces derniers cathares ont été traqués et le dernier retrouvé puis envoyé au bûcher connu est Guillaume Pelleverse. Montségur a donc été le siège principal de la religion cathare, lieu où se passaient les décisions mais aussi où le castrum servait de refuge pour les cathares qui voulaient fuir la croisade albigeoise et être avec leur communauté 

Les sources archéologiques fournissent un témoignage précieux de l’époque cathare, dévoilant leur mode de vie comme leur croyance ou encore leur organisation sociale. Mais ce qu’on a pu constater lors nos recherches et que peu de sources juridiques sont retrouvées ou mise à votre disposition, seulement des sources narratives comme la chanson cathare ou d’autres textes de légende sont présents, mais les plus connues et les plus mise en évidence sont les vestiges architecturaux comme le château de Montségur ou des objets religieux et de la vie quotidienne. Les vestiges de l’époque cathare témoignent de cette vie et religion clandestine que les croyants ont dû mener dans une période où l’unification de la religion chrétienne était impérative en France, on peut y voir tout ce qu’il mettaient en œuvre pour leur foi et en opposition, comment les croisés ont tout mis en œuvre pour provoquer la chute d’un peuple et exterminer une religion. 

Auteurs: Durand Juliette, Massol Noèmie, Mesbah Anna et Barbat Maelys

Le Saut du Tarn

Au XIXème siècle tout le territoire français est concerné par la révolution industrielle, véritable chamboulement historique qui fait passer le monde agraire et agricole dans un monde commercial et industriel. Les principaux foyers de cette révolution sont en Angleterre, en Allemagne et en France. Pour le cas de la France, elle touche tout le territoire. C’est aussi le cas dans le bassin tarnais et plus précisément la petite ville de Saint-Juéry avec le développement de la sidéro-métallurgie. Cet essor se concentre sur le site Saut du Tarn. L’usine a été primordiale dans le développement de la ville de Saint-Juéry jusqu’à sa fermeture en 1983. Aujourd’hui le site du Saut du Tarn a été converti en un musée perpétuant la mémoire de l’usine.

Le Saut du Tarn, source: le musée du Saut du Tarn

1793 – 1832: De l’installation révolutionnaire à la première usine

En 1823, Saint-Juéry était une bourgade essentiellement rurale. Sur 100 habitants, 76 étaient agriculteurs. Au Saut de Sabo, la force hydraulique a permis d’aborder plus tôt la Révolution industrielle. Le calme des campagnes fait place au bruit des machines. L’impact de l’usine dans le développement du village est primordial, par exemple dans l’obtention du télégraphe et du chemin de fer ou encore dans la construction d’habitations. Progressivement, des cafés et des commerces s’établissent tout autour de l’usine. En 1853, sur 100 habitants, on trouve 45 ouvriers et 41 cultivateurs. En l’espace de 30 ans, Saint-Juéry est devenue majoritairement industrielle.

La découverte en 1787 d’une mine de fer dans les cantons d’Alban et Villefranche, additionnée au besoin d’alimenter l’armée des Pyrénées en 1793 en boulets, ont incité l’implantation de forges à Saint-Juéry. Conjointement, les industriels Garrigou et Massenet, propriétaires de l’usine du Bazacle à Toulouse voient leurs activités augmenter de manière exponentielle. Pour continuer de croître ils doivent trouver un site pour développer une nouvelle usine. La rive gauche du Tarn au niveau du défilé de Caramentran à Saint-Juéry apparaît comme le lieu idéal pour implanter leur nouvelle usine. En effet, il combine la chute d’eau du Saut de Sabo qui leur octroie une force hydraulique importante et la proximité du charbon de terre de Carmaux. Fort de l’ordonnance royale accordée le 25 mai 1828, les industriels installent leur nouvelle usine à Saint-Juéry.

Le destin du Saut du Tarn est très lié à celui de différents acteurs locaux. L’installation de l’usine par Garrigou et Massenet à Saint-Juéry est conditionnée par la proximité du charbon de terre de Carmaux, des gisements métallifères d’Alban et du Fraysse et du charbon de bois de la forêt de Grésigne. Les frais d’approvisionnement en sont ainsi diminués. 

1832 – 1914: développement des infrastructures et du village

La famille Talabot va marquer l’usine du Saut du Tarn dès son arrivée en 1831. C’est une grande famille, et trois frères vont s’impliquer dans l’usine. D’abord Léon Talabot va développer l’activité et ses infrastructures avec de nouveaux fours, mais aussi les trains de laminoirs. Malgré ce développement, l’usine reste en retrait par rapport à ses concurrentes. A la mort de Léon, son frère Jules lui succède. Pendant deux décennies il va lourdement investir dans des technologies dernier cri. L’usine connaît alors une réorganisation et la production se diversifie. Les effectifs doublent, passant à 350 ouvriers et l’usine permet l’arrivée du chemin de fer. Le dernier frère, Paulin, contribue notamment à l’installation de la gare de Saint-Juéry, ce qui facilite les  transports de marchandises pour l’usine. Grâce aux Talabot, l’usine entre dans une nouvelle dimension en devenant un site important de la sidéro-métallurgie française.

Des difficultés entraînent le rachat du Saut du Tarn par une société dirigée par Paulin Talabot en 1873. L’usine emploie alors 420 ouvriers. En 1876, l’expérimenté Adolphe Espinasse est nommé à la direction de la Société nouvelle du Saut du Tarn. Il étudie pendant 4 ans en profondeur l’usine avant d’initier des travaux de modernisation.

En 1878, les produits du Saut du Tarn sont remarqués par le jury de l’exposition universelle et obtiennent une médaille d’or. Espinasse relocalise la conception de la matière première sur le site pour assurer l’indépendance de l’usine. Cela passe par la construction du haut-fourneau en 1882.  A l’échelle locale, l’usine rachète à cette période le pont d’Arthès. Jusqu’à sa mort en 1903 Adolphe Espinasse atteint plusieurs objectifs: l’usine est devenue productrice de matières premières, dégage suffisamment de bénéfices pour investir, et occupe l’une des premières places dans le secteur de la fabrication de limes. L’usine emploie alors plus de 1 000 ouvriers.

Le haut-fourneau, source le musée du Saut du Tarn

Les premières révoltes des canuts, fabricants de soie dans la région de Lyon, ont fait naître dans la conscience ouvrière le sentiment d’une réelle communauté d’intérêts. C’est le point de départ d’une ère de revendications ouvrières, accentuée par la détresse physique et morale de ces derniers, dans cette période de capitalisme naissant. En 1885, l’instabilité politique que connaît la France, aggravée par le début de la crise sociale, ralentit la politique de grands travaux, et ne permet pas à la sidérurgie française de lutter contre la concurrence étrangère. Un premier mouvement social au sein du Saut du Tarn a lieu en 1885, dans l’atelier des limes. La grève dura plusieurs mois grâce au soutien de tout le village. Le directeur en sort gagnant mais cet événement est marqué par la création du premier syndicat du Saut du Tarn en 1892.

1914-1983: l’apogée puis le déclin de l’usine.

Pendant la Première Guerre Mondiale, les productions traditionnelles se trouvent ralenties. Le Saut du Tarn participe à l’effort de guerre et doit s’adapter à la fabrication d’obus en acier et en fonte. En 1914, l’usine compte 1 800 ouvriers alors qu’en 1915, 3 000 ouvriers envahissent les ateliers, en 1916, la production d’obus atteint 24 000 pièces par mois. En 1917, 3 455 ouvriers travaillent au Saut du Tarn, parmi eux des étrangers suppléent les français partis au front.  L’usine connaît son apogée en termes d’effectif dans le cadre de l’effort de guerre. Cependant, dès 1918, le nombre d’ouvriers diminue drastiquement.

Dans les années 1890 l’usine subit une série de modernisation liée à l’apport de moteurs hydrauliques et de turbines. Ces dernières transforment l’énergie mécanique liée à la force du Tarn en énergie électrique. Dès 1898, l’usine produit sa propre électricité grâce à sa première centrale hydroélectrique, ce qui lui permet de s’agrandir rapidement. Pour continuer de se développer économiquement, il devient obligatoire d’augmenter la capacité de production d’électricité. Ainsi l’usine se dote de 5 centrales hydroélectriques en une vingtaine d’années. Les centrales permettent même au Saut du Tarn de vendre de l’électricité à EDF, car leur production dépassait leurs besoins.

Centrale hydroélectrique d’Ambialet, source : Tarn Tourisme

Après l’apogée de l’usine pendant la Première Guerre Mondiale, a lieu un lent déclin de 70 ans. Il est marqué par la baisse du nombre d’ouvriers. L’usine est, comme le monde entier, touchée par le Krach boursier de 1929 et par des inondations en 1930. C’est la fin de l’expansion du site. Le déclin se poursuit avec en 1934, une diminution de 1500 ouvriers. Elle conserve cependant en 1935, sa place de plus grande productrice de limes d’Europe avec 7 millions de produits. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’usine est en pause et les savoir-faire sont réquisitionnés par les nazis. Des mutations amènent à l’effacement petit à petit des productions traditionnelles. Grâce aux aides de l’Etat, l’usine survit jusqu’en 1983, date de sa fermeture définitive.

L’usine du Saut du Tarn aura été déterminante pour le développement de villages entiers, Arthès et Saint-Juéry pour ne citer qu’eux. Elle a mis en relation de nombreux acteurs locaux, en passant par Toulouse, Albi, Saint-Juéry, Carmaux, Ambialet, jusqu’à prendre une importance nationale. Malgré tout, sa croissance constante jusqu’au lendemain de la grande guerre est stoppée net par la crise de 1929. Par consequent, elle a été dépendante du soutien de l’Etat jusqu’à sa fin en 1983. Mais cette fin apparaît comme le début d’une nouvelle histoire, en effet des anciens employés de l’usine ont transformé un bâtiment de cette dernière en musée à sa gloire, et font ainsi perdurer l’histoire du site et des hommes qui l’ont façonné.

Bibliographie :

https://blogs.univ-jfc.fr/vphn/?page_id=13188

L’abbaye Saint-Pierre de Moissac

Source : Dominique Viet, Office de Tourisme Tarn-et-Garonne.

L’abbaye Saint-Pierre se situe à Moissac dans le Tarn-et-Garonne. À la fin du VIIIe siècle, des moines bénédictins se sont installés dans le Quercy où l’abbaye fut construite. Ce monastère bénédictin abrita au cours du Moyen-Âge une des plus grandes communautés religieuses du monde occidental chrétien. Durant cette même période, l’abbaye connut un important rayonnement culturel, politique et économique. Son apogée se fit au XIIe siècle. Le monument est placé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

L’histoire de l’abbaye

Les études d’Ernest Rupin  ou encore celles d’Adrien Lagrèze Fossat, situent l’origine de l’abbaye Saint-Pierre au VIIe siècle au temps de l’évêque de Cahors Saint Didier. En 814, Louis le Pieux accorde à l’abbaye un privilège : l’immunité (droit par lequel les clercs et les religieux étaient dispensés de certaines obligations jugées incompatibles avec leur état, comme le service militaire). Tout d’abord, il faut savoir que l’endroit n’est pas désert lorsque le nouvel établissement religieux est édifié car il y avait la présence d’un hypocauste gallo romain. A la suite de la disparition de l’empire carolingien, les prérogatives de l’autorité royale sur le monastère reviennent au comte de Toulouse qui assure  la protection de l’abbaye. Cependant, lorsque le comte de Toulouse Guillaume III a besoin d’argent, il décide de vendre sa charge d’abbé à Gausbert de Gourdon en 1037. Durant l’abbatiat de Gausbert de Gourdon aucuns travaux ne sont réalisés. Ainsi, l’abbaye est presque en ruine. La reconstruction de l’église est entreprise au milieu du XIIe siècle durant le long abbatiat d’Ansquitil (1085-1115) qui correspond à l’apogée de la puissance et du rayonnement de l’abbaye.

                Source : Photo et plan de l’abbaye Saint-Pierre de Jean-François Peiré, La ville de Moissac Tarn et Garonne.

Le rattachement à Cluny

Selon la chronique d’Aymeric de Peyrac, Moissac entre dans l’ordre de Cluny en 1047. Cependant, des historiens comme Jules Marion prétendent que Moissac n’a reçu Cluny qu’en 1052-1053. Comment à été réalisée la remise de Moissac à Cluny ? Plusieurs conditions étaient nécessaires : après la mort de l’abbé Etienne, en 1045, Odilon désigne un nouveau titulaire, l’abbé Durand de Bredons qui commence à restaurer la vie monastique. Le comte de Toulouse et l’abbé séculier donnent leur consentement. Puis il y a une approbation apostolique : elle paraît en 1058 lorsque Etienne IX confirme l’ensemble des biens de Cluny en incluant Moissac. En  1466, l’abbaye obtient la séparation avec l’ordre de Cluny.

Source : Reconstitution de la façade de l’abbaye de Cluny III, OpenEdition Journals. 

L’environnement architectural de l’abbaye

Le cloître de l’abbaye est perçu comme l’un des plus grands projets architecturaux, en particulier grâce aux nombres de chapiteaux et de piliers. De plus, les archéologues et historiens ont pu découvrir que ce sont des sculpteurs et des architectes occitans qui ont conçu le cloître puisque ce sont les mêmes qui sont intervenus auparavant sur le chantier de la basilique Saint-Sernin de Toulouse.

Les chapiteaux 

Les chapiteaux représentent notamment des scènes bibliques, des vies de saints ou encore des sujets contemporains du XIIe siècle comme les Croisés devant Jérusalem notamment. Ces représentations sont d’aspect diverses puisque l’on retrouve parfois des motifs dits « islamisants ». De même, l’ordonnancement des chapiteaux reste un mystère pour les historiens tant il ne respecte aucune logique qu’elle soit narrative ou chronologique. En outre, les chercheurs ont remarqué que certaines scènes, notamment celle du sacrifice d’Isaac, ne respectent pas le récit biblique et qu’elles présentent donc des variantes.

Les piliers

Les piliers du cloître sont tous faits de marbre et majoritairement cylindriques. Mais aux angles ainsi qu’au milieu des ailes est et ouest se trouvent des piliers de formes carrées. Les piliers angulaires représentent sur deux faces chacune une représentation d’apôtres. Cependant, seulement huit apôtres sont représentés et non douze. Là encore, il s’agit d’un mystère pour les chercheurs qui n’arrivent pas à déterminer pourquoi les architectes en ont privilégié certains plus que d’autres. Les piliers angulaires, en revanche, figurent la représentation de deux religieux : Ansquitil (fondateur de l’abbaye) et saint Durand (premier abbé clunisien). 

Source : Photo des piliers prise par Tarn et Garonne Tourisme. 

Le portail 

Le portail est surtout renommé pour son tympan. En effet, il est le plus important témoignage de l’art roman à Moissac. D’une part, son aspect permet d’affirmer la puissance de l’abbaye et d’autre part, le tympan présente un thème répandu au XIIe siècle. En l’occurrence, une représentation d’un Christ glorieux revenant après l’Apocalypse bénissant la foule. Cette scène s’accompagne également de diverses autres représentations bibliques et notamment une de l’enfance du Christ. 

Source : Photo personnelle, prise par Sarah D.

Le rayonnement économique

Les abbayes fonctionnent grâce à une économie de consommation. Elle est divisée en deux besoins : alimentaire (victus) et d’équipement (vesticus), qui se complètent. Le premier consiste à créer ses propres denrées alimentaires via le maraîchage et la viticulture. Ce dernier point diffère selon la lecture des règles de l’ordre de Saint Benoît. Les repas étant ensuite codifiés (rationnement des repas), les surplus sont vendus. Cela permet d’alimenter le second point de l’économie : l’équipement. En vendant ce qui n’est pas consommé, ça leur permet d’acheter des biens meubles ou immeubles pour enrichir les abbayes. Comme à Moissac, ils peuvent aussi acheter des terres pour implanter d’autres églises afin d’élargir leur rayonnement, leur domination. Également, l’abbaye de Moissac possède ses propres terres agricoles à ce miment-là. Le vin qu’ils en tiraient servait à leur consommation, à la messe (lors de la liturgie) mais permettait aussi d’être vendu.

La rayonnement culturel 

Le second rayonnement de l’abbaye est culturel. Placé au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, ce titre lui permet un rayonnement à travers le monde. Ce ne sont plus seulement des pèlerins qui viennent mais également des touristes. Désormais, les personnes viennent visiter le lieu comme ils iraient visiter Notre-Dame-de-Lourdes ou n’importe quel lieu saint important. Également, cela vient influencer les programmes d’Histoire de l’Art américains. En effet, les étudiants travaillent sur les gravures du tympan. Les représentations religieuses, en parfait état, permettent de s’y appuyer dessus afin d’étudier les relations entre l’Église et les habitants de Moissac. En dernier point, nous pouvons citer le film “Le nom de la Rose”, réalisé par Jean-Jacques Annaud où le tympan apparaît. Le fait que cette scène existe a suscité un surcroît de tourisme à Moissac. Mondialement connu, son rayonnement en est renforcé.

Source : Image tirée du film « Le Nom de la Rose », Jean-Jacques ANNAUD, 1986.

Biliographie pour aller plus loin : https://blogs.univ-jfc.fr/vphn/?page_id=11695in

L’exploitation du granit dans le Sidobre du XIXe siècle à nos jours

Situé au cœur du Parc naturel régional du Haut-Languedoc, le Sidobre est un petit massif granitique qui domine la plaine de Castres. Sa surface granitique avoisine les 120 km². Pour rappel, le granit est une roche dure, formée de différents cristaux de micas, de quartz et de feldspath. Aujourd’hui, considéré comme l’un des pôles d’activité économique les plus importants du Tarn, le Sidobre porte une identité forte avec ses paysages insolites liés au modelé granitique. Dès l’Antiquité, les hommes-sidobriens s’approprient le granit en l’utilisant pour bâtir leur abri ou dans des buts religieux. Mais ce n’est qu’à partir de 1403 qu’ils disposent du droit d’user des terrains sans verser de dîme ni d’impôt, suite à l’accord de Catherine de Vendôme. Ce n’est que dans la seconde moitié du siècle que ces derniers vont faire du granit leur richesse. 

D’un Sidobre agricole à un Sidobre tailleur de pierre

Dans la première moitié du XIXe siècle, l’agriculture est l’activité principale dans le Sidobre. L’essor du travail de la pierre arrive à la fin du XIXe siècle où les paysans se spécialisent: il y a un passage d’agriculteur à artisan pour beaucoup de sidobriens. Ces artisans sont appelés peiraires. C’est à la suite des Guerres mondiales et des évolutions industrielles telles que l’arrivée de l’électricité et du transport dans le Sidobre que les artisans obtiennent un statut « d’artisan-industriel ». Les métiers du granit se diversifient et sont ensuite développés, grâce aux diverses évolutions technologiques, et dans le Sidobre grâce au Centre de Formation d’Apprentis.

Le granit du Sidobre est réputé dans le monde entier de par son prestige et sa qualité. Il constitue un réel essor économique. Il est principalement utilisé pour le domaine funéraire, les aménagements urbains, et dans les intérieurs des habitations. Le Sidobre est la plus grande carrière d’Europe. C’est plus de 200 entreprises et 2000 emplois qui mettent en valeur ce matériau. Dans l’ensemble, leur chiffre d’affaires s’élève à près de 100 000 000€ par an. Pourtant, le milieu connaît une dure concurrence avec l’arrivée de la Chine dans l’industrie minière, puis de l’Espagne et du Portugal qui se lancent sur le marché avec des prix cassés. 

Le Sidobre est aussi un grand centre de transformation granitière. Les professions liées à la pierre offrent beaucoup de choix, de débouchés et de secteurs d’activité. Ce sont cependant les métiers de carrier et de granitier qui sont les plus présents. Au XVIIIe siècle, les ateliers faisant office de “chantiers » sont proches de la pierre exploitée, et ce jusqu’au début du XXe siècle. L’intérêt est d’être au plus proche de la zone d’extraction. Aujourd’hui, avec toutes les innovations techniques, les ateliers n’ont pas nécessairement besoin d’être proche des lieux d’extractions. En ce qui concerne les conditions de travail, autrefois difficiles, elles se sont nettement améliorées grâce à l’évolution de la réglementation et des techniques. La manutention des matériaux est à présent  de plus en plus assurée par des appareils de levage et de nombreuses dispositions sont prises pour empêcher les accidents. 

À ce jour, au cœur du Sidobre, on dénombre une vingtaine de carrières de granit, où les blocs de granit sont ensuite commercialisés auprès des chantiers, pour être retravaillés et façonnés. Près de 150 000 tonnes de granit sont extraites annuellement. À noter que l’ouverture des carrières est réglementée, celles-ci font partie des « installations classées pour la protection de l’environnement ». Pour l’exploitation, deux techniques sont utilisées: l’abattage à l’explosif par tir de mine, et la découpe aux fils et aux disques diamantés.

Le granit s’extrait désormais par sciage et perforation hydraulique, à l’aide de machines numériques. Ce développement des techniques s’inscrit dans une démarche environnementale et sociale volontaire. Les entreprises mettent tout en œuvre pour lutter contre la pollution et le gaspillage de l’eau. Apparues depuis peu, les machines à commande numérique présentent un énorme avantage : elles neutralisent la poussière. Depuis les années 1980, plusieurs granitiers ont opté pour l’utilisation d’un grand disque diamanté qui peut débiter des blocs sans interruption.

Le tourisme en Sidobre

Panneau visible à l’entrée du Sentier des Merveilles, dans le Sidobre.

Le Sidobre est un coin de passage qui attire de nombreux touristes chaque saison. C’est à partir du XIXème siècle que la présence  de touristes à été constatée sans laisser de chiffres officiels. La plupart étaient des bourgeois provenant de villes voisines comme Castres venant se ressourcer. Aujourd’hui nous pouvons dire que les amateurs du Sidobre appartiennent généralement à deux catégories bien distinctes : d’un côté, ceux qui n’ont aucune attache avec le pays et qui le visitent sans trop d’idées ni d’images préconçues et de l’autre ceux qui s’y rattachent sentimentalement. 

C’est à partir de 1945 que  le Sidobre constitue un espace vert pour les villes industrielles voisines. C’est un flux touristique populaire et abondant. Cette poussée de l’excursionnisme est favorisée par l’amélioration du réseau routier régional, les piques-niques, le cyclotourisme ainsi que l’apparition des premières automobiles. Le tourisme reste important pour l’activité économique locale. De ce fait, la région s’est organisée afin de veiller au bon fonctionnement de ce dernier. 

Plan disponible sur un panneau l’entrée du Sentier des Merveilles.

Ce site cache de nombreux secrets et légendes : la position et l’emplacement des rochers activent l’imagination de chacun. Les plus anciens partagent les légendes et histoires aux plus jeunes, ce qui assure la transmission. Chaque rocher remarquable prend le nom de sa position, ou de sa forme. Avec la géomorphologie , le géographe Paul Vidal de La Blache, s’intéresse à ces rocher et développe des explications à la forme et emplacement des rochers. En outre, on peut dire que tout le monde peut imaginer ses propres histoires et sa propre vision du paysage, en clair, imaginer son propre Sidobre. 

Liste non exhaustive de rochers remarquable existant dans le Sidobre

L’image du granit a évolué et a su peu à peu s’inscrire dans une démarche de modernisation. Autrefois, le granit évoquait uniquement les monuments funéraires. La filière a su se renouveler en inventant de nouveaux usages au granit, comme celui de glaçons, rendant la pierre plus ludique. L’image de la pierre change, en alliant recherche, esthétique et souci environnemental. Dès à présent, elle fait preuve de responsabilité afin de contourner tout soucis lié à l’écologie. Ce granit est ce que l’on retrouve à perte de vue et constitue une richesse historique pour le territoire.

BIBLIOGRAPHIE:

  • ACUANA-SORRIAUX, Gilberte, Le Métamorphisme de contact du granite du Sidobre (Tarn), 1981, 194 p. 
  • AMALVI, LE POTTIER, PECH, (dir.) Histoire du Tarn, Toulouse, Éditions Privat, 2018, 1018 p.
  • BERTRAND, Claude, BERTRAND, Georges, RAYNAUD Jean, “Le Sidobre (Tarn). Esquisse d’une monographie”, Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, 1978, t. 49, pp. 259-314
  • COHOU Michel (dir.),  Atlas du Tarn, Edition Cartographie et décision, Albi, 1999
  • DENIS, André, En Sidobre: terre de légende, édition Albi, 1975, 119 p.
  • DENIS, André,  COLRAT, André, Le Sidobre : Guide touristique, édition l’Association “ Les amis du Sidobre”, 1951,  305 p.
  • DURAND, Olivier, Castres et le Sud-Tarnais: hier, aujourd’hui, édition Martelle, Amiens, 1990
  • NAUZIERES, Raymond, Le Sidobre, près de Castres, Castres, 1905, 74 p.

La mosquée-cathédrale de Cordoue

Histoire de la mosquée-cathédrale :

La péninsule ibérique est une région d’Europe qui se situe à la frontière entre les influences chrétiennes et musulmanes, son histoire est profondément marquée par cette dualité. De la conquête musulmane en 711 à la prise de Grenade par les Rois catholiques en 1492, la péninsule ibérique fut sous domination musulmane. Cette domination se retrouve encore dans l’architecture de certains édifices monumentaux tels que l’Alhambra de Grenade . Emblématique de cette dualité entre Islam et Chrétienté la mosquée-cathédrale est une synthése de l’art musulman et chrétien dans la péninsule ibérique.

Vue aérienne de la mosquée-cathédrale de Cordoue, Wikipédia.

La Mosquée-Cathédrale de Cordoue, également connue sous le nom de la Mezquita de Córdoba, est un monument emblématique de l’histoire de l’Espagne.
Ce monument incarne par sa diversité architecturale les différentes influences et cultures qui se sont succédé dans la péninsule ibérique, ce qui en fait un monument majeur du patrimoine andalou. Située dans le cœur historique de la ville de Cordoue, la mosquée-cathédrale est un lieu de culte majeur pour les musulmans et les chrétiens. A l’origine temple romain dédié à Janus, dieu des commencements, celui-ci se voit doté d’un sanctuaire dédié à la Vierge. Les Wisigoths ayant pris la ville en 572 édifièrent en ces lieux un sanctuaire dédié à St Vincent de Saragosse sous le nom de Saint-Vincent Martyr. C’est toujours sous la domination des Wisigoths qu’elle prend de l’importance et acquiert le titre de basilique.

En 711 les Maures traversent le détroit de Gibraltar et conquièrent rapidement la majorité de la péninsule, ils sont musulmans et souhaitent installer durablement leur religion. La conversion de l’espace urbain se fait progressivement, en 714 un accord est conclu entre les musulmans et les Wisigoths qui se voient dépossédée de la moitié des églises de l’intérieur de Cordoue notamment Saint-Vincent Martyr. L’émir (celui qui donne les ordres) de Cordoue Abd al-Rahman Ier ordonne en 787 la destruction de l’édifice pour le remplacer par une mosquée en utilisant les ruines comme matériau.

Carte des conquêtes musulmanes en péninsule ibérique, L’Histoire.

Les successeurs d’Abd-al-Rahman Ier poursuivent l’entreprise de construction et d’agrandissement de la mosquée : Hicham Ier (788-796) réalise des galeries destinées aux femmes, Abd al-Rhaman II (822-852) puis Al-Hakam II (961-976) font agrandir les travées, enfin Al Mansour (978-1002) fait pratiquement doubler la superficie de l’édifice en ajoutant huit nouvelle travées ce qui en fait l’une des plus grandes mosquées du monde avec une capacité de plus de 40 000 personnes.


En 1146, Alphonse VII de Castille dans son projet de conquête et d’accroissement territorial prend Cordoue et consacre la mosquée en cathédrale. Cependant cette “parenthèse” chrétienne ne dure qu’un mois et le pouvoir musulman la reconvertit en mosquée.
Quatre-vingt dix ans plus tard, le morcèlement du pouvoir musulman l’affaiblisse et permette au roi Ferdinand III de Castille de prendre en 1236 Cordoue. A partir de cette date, la ville est définitivement retournée dans le giron catholique. Ferdinand III de fait à nouveau consacrer la mosqué qui redevient une cathédrale, il procède aussi à des réaménagements de l’édifices pour l’adapter à la liturgie chrétienne : fermeture de l’ouverture entre la cours et l’ancienne salle de prière, édification de chapelles le long de la travée de al-Mansur…
La Mosquée-Cathédrale de Cordoue est alors un exemple unique d’architecture religieuse mixte, où les éléments de l’architecture islamique et chrétienne coexistent en harmonie.
Au XVIe siècle, il est décidé de doter la cathédrale d’une chapelle majeure plus importante. Les travaux durèrent jusqu’en 1607 et nécessitent de grands investissements pour abriter au centre de la cathédrale le maître autel et la cathèdre de l’évêque.

La Mosquée-Cathédrale de Cordoue est un site touristique populaire, attirant des visiteurs du monde entier. En 1984, elle a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO pour son importance culturelle et architecturale. Les visiteurs peuvent admirer l’architecture unique de la mosquée-cathédrale, ainsi que les trésors artistiques qu’elle abrite, tels que les fresques, les peintures et les sculptures.

Description artistique : 

Intérieur de la mosquée-cathédrale de Cordoue, Pixabay.

Sa structure imposante est un mélange de styles architecturaux romains, wisigoths et islamiques, qui ont été combinés et remodelés au fil des siècles. À l’extérieur, la mosquée-cathédrale de Cordoue présente une façade imposante, caractérisée par des arcs, des colonnes et des décorations en mosaïque. Le dôme central de la cathédrale est surmonté d’une flèche. Lorsque le visiteur entre dans la mosquée-cathédrale, il est immédiatement frappé par l’immense forêt de colonnes qui soutient les arcs en ogive, les voûtes et les coupoles qui s’étendent sur l’ensemble de l’édifice. Les colonnes sont disposées en doubles rangées, créant ainsi une impression de profondeur.

Chaque colonne est unique, avec son propre motif décoratif et son histoire. Les murs sont ornés de carreaux de faïence colorés, d’arcs festonnés, de motifs géométriques et de calligraphies arabesques. Les chapelles latérales ajoutées à l’intérieur de l’édifice ont été construites dans un style baroque et rococo, offrant un contraste frappant avec l’architecture islamique d’origine. La lumière pénètre à travers des fenêtres en forme d’étoile. La mosquée-cathédrale de Cordoue est donc un joyau artistique et architectural qui témoigne de la richesse et de la diversité de l’histoire et de la culture andalouse.

Colonnes intérieures de la mosquée-cathédrale de Cordoue, Wikipédia.
Dome de la mosquée-cathédrale de Cordoue, Pixabay.

Sa structure imposante est un mélange de styles architecturaux romains, wisigoths et islamiques, qui ont été combinés et remodelés au fil des siècles. À l’extérieur, la mosquée-cathédrale de Cordoue présente une façade imposante, caractérisée par des arcs, des colonnes et des décorations en mosaïque. Le dôme central de la cathédrale est surmonté d’une flèche. Lorsque le visiteur entre dans la mosquée-cathédrale, il est immédiatement frappé par l’immense forêt de colonnes qui soutient les arcs en ogive, les voûtes et les coupoles qui s’étendent sur l’ensemble de l’édifice. Les colonnes sont disposées en doubles rangées, créant ainsi une impression de profondeur.

Chaque colonne est unique, avec son propre motif décoratif et son histoire. Les murs sont ornés de carreaux de faïence colorés, d’arcs festonnés, de motifs géométriques et de calligraphies arabesques. Les chapelles latérales ajoutées à l’intérieur de l’édifice ont été construites dans un style baroque et rococo, offrant un contraste frappant avec l’architecture islamique d’origine. La lumière pénètre à travers des fenêtres en forme d’étoile. La mosquée-cathédrale de Cordoue est donc un joyau artistique et architectural qui témoigne de la richesse et de la diversité de l’histoire et de la culture andalouse.

Mihrab orné de mosaïque de la mosquée-cathédrale de Cordoue, Wikipédia.

Bibliographie :

  • Sourdel D., L’islam médiéval Religion et civilisation, Paris, Presses Universitaires de France, “Quatrige”, 2005.
  • Sénac P., Al-Andalus. Une histoire politique VIIIe-XIe s., Paris, Armand Colin, “Mnémosya”, 2020.
  • Duby G., Art et société au Moyen Âge, Paris, Point, “Histoire”, 1997.
  • Barrucand M., L’Architecture maure en Andalousie, Cologne, Taschen, 1992.
  • Roux J.-P., Dictionnaire des arts de l’islam, Paris, Fayard, 2007.

La Prison de Castres

Introduction :

La Seconde Guerre mondiale est un conflit majeur de l’histoire contemporaine, il a eu un impact considérable sur le monde entier. La France déclare la guerre le 3 septembre 1939 à l’Allemagne et commence la drôle de guerre jusqu’au 10 mai 1940, le début de la campagne de France est l’écrasement du pays par l’armée allemande.

Après la défaite de la France face à l’Allemagne, un armistice a été signé le 22 juin. Cela a entraîné le partage de la France en deux zones : une zone occupée par les forces allemandes et une zone libre, qui a été placée sous le contrôle de l’État français, jusqu’en novembre 1942 avec l’invasion de la zone libre par le Reich. Le département du Tarn faisait partie de la zone libre.

Le Tarn, qui comptait environ 300 000 habitants à l’époque, s’est vu déchiré entre les groupes collaborationnistes, résistants et une majorité dans la population qui s’accommode de la situation.

La prison et les prisonniers:

Intérieur de la Prsion de Castres, 1944.

L’exemple concret de la prise de pouvoir du Maréchal Pétain mais aussi de la collaboration avec l’Axe est la Prison de Castres, aussi appelée Baraque 21. En effet, construite en 1812 pour faire prisonniers les déserteurs de la grande armée de Napoléon Ier, elle sera récupérée vers 1941 par le régime de Vichy pour y mettre des prisonniers politiques et des résistants. La Baraque 21 étant une dépendance du camp de Saint-Sulpice, cette prison est gardée secrète. On y retrouve enfermé un grand nombre de résistants, espions alliés et prisonniers politiques.

La prison de Castres est connue pour être une prison avec des conditions horribles. Les prisonniers sont parqués dans des cellules d’isolements minuscules, ils ne se parlent pas et se voient rarement. Les conditions de vie sont précaires, en effet, il fait extrêmement froid l’hiver et chaud l’été. Ils mangent peu, ont de la torréaline, une sorte de café, et une tranche de pain le matin. Le midi, une soupe bien claire et une tranche de pain et, le soir, la même soupe et une pomme ou une noix. Une fois par semaine, les détenus ont droit à de la viande achetée dans la boucherie du quartier. La bouchère témoignera que le directeur du centre pénitencier lui a acheté de la viande chevaline périmée. L’idée derrière cette malnutrition est d’empêcher toute résistance des détenus par la faim, mais aussi pour économiser l’argent reçu par l’État pour nourrir les prisonniers mis de côté et détournés par le directeur pour acheter de la nourriture et la revendre ou la garder pour lui. Les prisonniers sont tous à l’isolement pendant la journée mais ont le droit chacun à 30 minutes de sortie, soit dans la cour pour faire de l’exercice, soit pour faire leur toilette.

Le directeur du centre, M. Andrier, est un ancien directeur de bagne, mis en retraite mais rappelé pour la Baraque 21, cela explique peut-être pourquoi il gère d’une main de fer la prison. Il va institutionnaliser la violence dans la prison, il va lui-même frapper des détenus qui lui répondent, et ira jusqu’à casser le pied d’un espion anglais. Les autres gardiens de la prison feront de même et passeront à tabac certains prisonniers pour leur détruire le moral ou juste par cruauté.

Les prisonniers sont en grande majorité des étrangers installés en France pour fuir le nazisme ou le fascisme et seront le plus souvent attrapés par la milice ou la police de l’État. Pour prendre un exemple, on retrouve le prisonnier Werner Schwarze : né en 1907, il rejoint dans les années 20 le parti communiste Allemand. L’arrivée du NSDAP au pouvoir en 1933 et l’interdiction des partis politiques communistes va le faire fuir en Tchécoslovaquie. Comme beaucoup de prisonniers, il va rejoindre les brigades internationales lors de la guerre civile d’Espagne. Après la fin de la guerre civile, il part s’installer en Belgique puis en France pour fuir l’avancée des Allemands. Étant communiste et ayant rejoint les brigades internationales, il sera vu comme un danger par le régime de Vichy qui va l’enfermer dans la prison de Castres. C’est un exemple parmi tant d’autres, la prison ayant accueilli plus de 240 prisonniers durant sa période d’activité. Les conditions horribles de détention et l’emprisonnement de certains résistants britanniques feront que le président Franklin Delano Roosevelt, le Pape Pie XII, et une grande partie des parlementaires de la Chambre Basse du Royaume-Uni recevront une pétition faite par l’International Brigade Association pour faire extrader certains prisonniers. En effet, les pays étrangers sont choqués des conditions de détention et des transferts de prisonniers de la prison de Castres aux mains des Allemands ce qui leur promet la mort.

La prison de Castres sera également utile pour les nouveaux occupants de la France. En effet, on sait que les institutions du Reich dans le midi toulousain ont des contacts avec le préfet du Tarn et la prison de Castres. Elles demanderont l’internement de certains résistants ou prisonniers politiques de leurs pays en zone libre avant qu’ils n’occupent le Tarn. Puis, pendant l’occupation, ils demanderont la prise en charge d’un des prisonniers de la Baraque 21, Pilz Richard, le 4 janvier 1943, et aussi transférer des espions anglais dans la prison de Castres comme Blanche Charlet du Special Operation Executive (SOE). Après l’évasion de la prison survenue le 16 septembre 1943, le SS Rudolf Bilifinger, chef de la sûreté de Toulouse et de son département, va donner la liste des personnes, vivant à Castres, ayant aidé à l’évasion au préfet du Tarn.

Les évasions de la prison de Castres :

Comme on vient de voir, il y a eu une évasion le 16 septembre 1943 dans la prison de Castres. Celle-ci précède deux autres évasions et trois tentatives ratées. La plupart des évasions de cette prison seront aidées par la résistance civile de Castres, non affiliée à des mouvements résistants ou des maquis tarnais. De plus, beaucoup seront aidés par certains gardiens de la prison corrompus par les prisonniers. Il faut comprendre que malgré certains gardiens violents, la plupart sont des jeunes hommes qui cherchent du travail ou cherchent à éviter le STO. La plupart des gardiens ne sont donc pas des pétainistes convaincus et encore moins des collaborateurs.

Le 11 février 1943, cinq français, deux belges, un canadien et un américain, aidés par le garde Edmond Robert s’évadent. Le garde fait partie, comme trois des cinq français évadés, du réseau de résistance Pat O’Leary. Le 16 Juin 1943, plusieurs prisonniers s’évaderont dont Gérard Brault, résistant français, encore une fois aidé par un gardien qui va rejoindre l’Angleterre avec lui. Lors de l’évasion du 16 septembre 1943, 36 détenus s’échappent de la prison, aidés par une habitante de Castres et une résistante de Toulouse. Dans cette évasion on retrouve Ernst Buschmann, prisonnier communiste allemand, Guido Nonveiller, prisonnier politique socialiste croate, Heinz Priess, prisonnier politique allemand, Ljubo Ilić, prisonnier politique communiste yougoslave, ou encore Blanche Charlet, une espionne britannique. On peut voir qu’un grand nombre de prisonniers ont une origine allemande, la réussite de l’évasion va sauver leur vie, en effet, la prison va petit à petit transférer les prisonniers d’origine allemande à la Gestapo, comme Siegfried Rädel remis aux allemands par la prison en août 1942 et exécuté en 1943.

Prison de Castres — Wikipédia
Plaque commémorative de l’ancienne prison de Castres.

L1: Blanc Brice, Facque Laurine, Gelis Olga, Teysseyre Lucie,

L2: Oulmiere Quentin, Delon- -Mothes Robin.