Qui suis-je ? (militaire français) [2022]

Pour que la lecture de cet article soit plus ludique, nous avons décidé de le présenter sous la forme d’un “qui suis-je”. Allez-vous réussir à reconnaître notre personnage ? 

Crédit : Estelle Rous

Ma carrière, une ascension dans l’armée

J’ai connu une ascension militaire sans même aller sur le terrain. J’ai commencé mes études militaires en rentrant à l’École Polytechnique en 1870 et je suis affecté au 24 ème régiment d’artillerie de Tarbes. À la sortie de Polytechnique, j’ai choisi de rentrer à l’École d’Application de Fontainebleau spécialisée dans l’artillerie. Ensuite, je suis nommé professeur à l’École de guerre ce qui me permet de gravir les échelons. Mon ascension fut toutefois entravée par l’affaire des fiches (voir pour aller plus loin) en 1904. La fin définitive de celle-ci me mettant hors de cause, j’obtiens en 1913 le grade de général de corps armée. À partir de cette date, je ne vais pas cesser d’être décoré de médaille surtout après ma participation à la Première Guerre mondiale.

 « Pressé fortement sur ma droite, mon centre cède, impossible de me mouvoir, situation excellente, j’attaque. »

L’un des éléments qui m’a rendu célèbre est ma doctrine, bien spécifique. En effet je suis un adepte du culte de l’offensive : vous vous demandez ce que cela signifie? Cela consiste à utiliser une grande force militaire pour lancer un puissant assaut pour déborder et casser la défense ennemie. Selon cette doctrine, le premier à lancer l’assaut est vainqueur. Durant la bataille de la Marne (5-12 septembre 1914)  j’utilise cette stratégie pour contrer le plan Schlieffen (voir pour aller plus loin). Ma fameuse citation que vous avez pu lire plus haut provient de cette bataille. Malgré nos lourdes pertes ( ~220 000 morts)  la victoire a permis de stopper l’offensive allemande vers Paris.

L’affaire des fiches :
L’affaire des fiches est un scandale politique auquel j’ai assisté pendant mon ascension militaire en 1904. Ce scandale concerne un fichage qui a débuté suite à l’affaire Dreyfus, et qui a pris tous les hauts gradés religieux pour cibles. En effet, au sein de l’armée française un fichage religieux a été établi. Il a pour objectif de saboter et de briser la carrière et le moral des soldats religieux français. Ce fichage a été justifié par un atteinte à la troisième République. Il a donc fallu que j’attende l’intervention du ministre de la Guerre Alexandre Millerand en 1913, pour que ce fichage religieux soit aboli. J’ai ainsi pu accéder à un haut grade de l’armée française, celui de général de corps d’armée..

Mes principaux échecs :

Mon haut rang dans la hiérarchie militaire me permet de diriger une armée. De ce fait, on me connait pour avoir mené de grandes batailles pour mon pays pendant la première guerre mondiale. Cependant, parmi toutes les batailles dans lesquelles je me suis engagé, certaines ont conduit à de lourdes pertes. En effet, entre le 9 mai et le 25 juin 1915, j’ai mené les troupes alliées dans l’Artois vers une victoire qui nous a coûté cher. Lors de cette bataille, on compte deux fois plus de pertes alliées que du côté des allemands. Une autre bataille de la Grande Guerre a coûté la vie à de très nombreux hommes : pendant la Bataille de la Somme (voir pour aller plus loin) qui s’est déroulée entre le 1 juillet et le 18 novembre 1917, j’ai moi-même dirigé les soldats anglais et français. Par une succession d’offensives, mes troupes sont parvenues à gagner quelques kilomètres dans les lignes adverses. Cependant, lors de cette bataille 400 000 anglais et 200 000 français ont perdu la vie.

Bataille de Somme :
Belligérants : France + Angleterre contre Empire allemand
Lieux : Somme (Picardie, France)
Forces en présences : plus de 4 millions d’engagés durant la bataille
Pertes (comprenant blessés, morts et disparus) :
France : 203 000
Angleterre : 420 000
Empire Allemand : entre 400 000 et 600 000
Bilan : environ 1 million de morts
Issue de la bataille : indécise, pas de réel vainqueur malgré une avancée de quelques kilomètres des alliés (bien inférieur aux attentes)

Je deviens généralissime :

Le 7 novembre 1917, après la défaite de Caporetto, est formé un conseil supérieur de la guerre interallié. Je suis alors nommé pour représenter l’armée française. Pour résister à l’offensive allemande  du 21 mars 1918, les alliés se réunissent à Doullens le 26 mars et me nomment à la tête de toutes les armées alliés : je deviens généralissime. Pour éviter une querelle d’égo entre les commandants des armées alliées, je suis élevé à la dignité de maréchal de France. Je joue aussi un rôle important lors de la rédaction de l’armistice. En effet je suis le principal représentant de la France et le 11 novembre 1918 l’armistice est signée dans mon wagon à Rethondes.

Plan Schlieffen:
Le plan Schlieffen est un plan militaire allemand théorisé par, comme son nom l’indique, Alfred Von Schlieffen en 1905. Il consiste à faire passer les armées allemandes par la Belgique pour contourner les armées françaises plus au Sud et ainsi prendre Paris. Ce plan est mis en application en 1914. La réussite de ce plan est basé sur la vitesse pour ne pas laisser le temps aux armées françaises de se réorganiser. Les armées allemandes perdent du temps à cause de la résistance belge mais celui-ci avance et fait reculer les armées françaises. L’avancé est inexorable et le plan quasi victorieux mais les armées allemandes sont stoppées lors de la bataille de la Marne entre le 5 et le 12 septembre 1914. Le plan Schlieffen a donc failli fonctionner lors de la première guerre mondiale et a eu de fortes répercussions sur la tactique employée par l’armée française lors de la seconde guerre mondiale (les armées se sont avancées en Belgique) qui entraîne la défaite française.

Crédit : Maël Fages

Je suis une figure du roman national :

Je suis souvent comparé à Napoléon Ier ou encore à Clausewitz pour mes aptitudes à manier les troupes et pour mes stratégies militaires (culte de l’offensive). Cette image romancée de la réalité et de mes compétences, m’élevant ainsi au rang de héros de la nation, est à l’origine de ma forte présence dans la nomination des espaces du domaine public. Mon nom est par exemple utilisé pour nommer de nombreuses rues, places et boulevards, ainsi que des établissements scolaires, comme un lycée dans l’Aveyron, à Rodez et mon visage a servi à faire des pièces. De plus, ma maison d’enfance à Tarbes est devenue un musée.  Ma sépulture se trouve auprès d’autres “Grands” de la nation à la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides, dans la chapelle Saint-Ambroise.

Un modèle des changements des pensées historiques :

Je suis un exemple parfait pour montrer comment évolue l’historiographie , ces nouveaux courants de pensée historiques et la manière de faire de l’histoire. En effet, dès la première guerre mondiale remportée, on m’érige en héros national ayant sauvé la France. Dans les années 1960 – 1970, les historiens  et historiennes n’analysent plus seulement ma carrière et ma vie, mais aussi tout le système politique et diplomatique m’ayant permis d’avoir une meilleure carrière, pour expliquer en profondeur cette période de la première guerre mondiale et aussi déconstruire mon image mythique. Enfin, l’historiographie actuelle réévalue mon rôle pour laisser plus de place à mes hommes, sans qui, c’est vrai, je n’aurais jamais pu gagner de batailles et la guerre. Cette évolution de la manière dont on m’étudie est un exemple de l’évolution de l’historiographie. Celle-ci s’est d’abord portée sur les grands chefs comme moi puis à lentement évolué vers les masses et les simples soldats ou femmes à l’arrière, primordiaux pour l’effort de guerre et la victoire. 

Comme vous vous en doutez sûrement, je suis Ferdinand Foch. Figure  du roman national et de l’histoire de France. L’historiographie actuelle vise à déconstruire ces “grands personnages » à la faveur des masses.

Bibliographie

Étudiants L2 : Pouget Corentin et Rous Estelle.

Étudiants L1 : Delval Joackim, Fages Maël, Hernandez Théo, Palet Romain et Rumeau Thomas.