Introduction :
La Seconde Guerre mondiale est un conflit majeur de l’histoire contemporaine, il a eu un impact considérable sur le monde entier. La France déclare la guerre le 3 septembre 1939 à l’Allemagne et commence la drôle de guerre jusqu’au 10 mai 1940, le début de la campagne de France est l’écrasement du pays par l’armée allemande.
Après la défaite de la France face à l’Allemagne, un armistice a été signé le 22 juin. Cela a entraîné le partage de la France en deux zones : une zone occupée par les forces allemandes et une zone libre, qui a été placée sous le contrôle de l’État français, jusqu’en novembre 1942 avec l’invasion de la zone libre par le Reich. Le département du Tarn faisait partie de la zone libre.
Le Tarn, qui comptait environ 300 000 habitants à l’époque, s’est vu déchiré entre les groupes collaborationnistes, résistants et une majorité dans la population qui s’accommode de la situation.
La prison et les prisonniers:
L’exemple concret de la prise de pouvoir du Maréchal Pétain mais aussi de la collaboration avec l’Axe est la Prison de Castres, aussi appelée Baraque 21. En effet, construite en 1812 pour faire prisonniers les déserteurs de la grande armée de Napoléon Ier, elle sera récupérée vers 1941 par le régime de Vichy pour y mettre des prisonniers politiques et des résistants. La Baraque 21 étant une dépendance du camp de Saint-Sulpice, cette prison est gardée secrète. On y retrouve enfermé un grand nombre de résistants, espions alliés et prisonniers politiques.
La prison de Castres est connue pour être une prison avec des conditions horribles. Les prisonniers sont parqués dans des cellules d’isolements minuscules, ils ne se parlent pas et se voient rarement. Les conditions de vie sont précaires, en effet, il fait extrêmement froid l’hiver et chaud l’été. Ils mangent peu, ont de la torréaline, une sorte de café, et une tranche de pain le matin. Le midi, une soupe bien claire et une tranche de pain et, le soir, la même soupe et une pomme ou une noix. Une fois par semaine, les détenus ont droit à de la viande achetée dans la boucherie du quartier. La bouchère témoignera que le directeur du centre pénitencier lui a acheté de la viande chevaline périmée. L’idée derrière cette malnutrition est d’empêcher toute résistance des détenus par la faim, mais aussi pour économiser l’argent reçu par l’État pour nourrir les prisonniers mis de côté et détournés par le directeur pour acheter de la nourriture et la revendre ou la garder pour lui. Les prisonniers sont tous à l’isolement pendant la journée mais ont le droit chacun à 30 minutes de sortie, soit dans la cour pour faire de l’exercice, soit pour faire leur toilette.
Le directeur du centre, M. Andrier, est un ancien directeur de bagne, mis en retraite mais rappelé pour la Baraque 21, cela explique peut-être pourquoi il gère d’une main de fer la prison. Il va institutionnaliser la violence dans la prison, il va lui-même frapper des détenus qui lui répondent, et ira jusqu’à casser le pied d’un espion anglais. Les autres gardiens de la prison feront de même et passeront à tabac certains prisonniers pour leur détruire le moral ou juste par cruauté.
Les prisonniers sont en grande majorité des étrangers installés en France pour fuir le nazisme ou le fascisme et seront le plus souvent attrapés par la milice ou la police de l’État. Pour prendre un exemple, on retrouve le prisonnier Werner Schwarze : né en 1907, il rejoint dans les années 20 le parti communiste Allemand. L’arrivée du NSDAP au pouvoir en 1933 et l’interdiction des partis politiques communistes va le faire fuir en Tchécoslovaquie. Comme beaucoup de prisonniers, il va rejoindre les brigades internationales lors de la guerre civile d’Espagne. Après la fin de la guerre civile, il part s’installer en Belgique puis en France pour fuir l’avancée des Allemands. Étant communiste et ayant rejoint les brigades internationales, il sera vu comme un danger par le régime de Vichy qui va l’enfermer dans la prison de Castres. C’est un exemple parmi tant d’autres, la prison ayant accueilli plus de 240 prisonniers durant sa période d’activité. Les conditions horribles de détention et l’emprisonnement de certains résistants britanniques feront que le président Franklin Delano Roosevelt, le Pape Pie XII, et une grande partie des parlementaires de la Chambre Basse du Royaume-Uni recevront une pétition faite par l’International Brigade Association pour faire extrader certains prisonniers. En effet, les pays étrangers sont choqués des conditions de détention et des transferts de prisonniers de la prison de Castres aux mains des Allemands ce qui leur promet la mort.
La prison de Castres sera également utile pour les nouveaux occupants de la France. En effet, on sait que les institutions du Reich dans le midi toulousain ont des contacts avec le préfet du Tarn et la prison de Castres. Elles demanderont l’internement de certains résistants ou prisonniers politiques de leurs pays en zone libre avant qu’ils n’occupent le Tarn. Puis, pendant l’occupation, ils demanderont la prise en charge d’un des prisonniers de la Baraque 21, Pilz Richard, le 4 janvier 1943, et aussi transférer des espions anglais dans la prison de Castres comme Blanche Charlet du Special Operation Executive (SOE). Après l’évasion de la prison survenue le 16 septembre 1943, le SS Rudolf Bilifinger, chef de la sûreté de Toulouse et de son département, va donner la liste des personnes, vivant à Castres, ayant aidé à l’évasion au préfet du Tarn.
Les évasions de la prison de Castres :
Comme on vient de voir, il y a eu une évasion le 16 septembre 1943 dans la prison de Castres. Celle-ci précède deux autres évasions et trois tentatives ratées. La plupart des évasions de cette prison seront aidées par la résistance civile de Castres, non affiliée à des mouvements résistants ou des maquis tarnais. De plus, beaucoup seront aidés par certains gardiens de la prison corrompus par les prisonniers. Il faut comprendre que malgré certains gardiens violents, la plupart sont des jeunes hommes qui cherchent du travail ou cherchent à éviter le STO. La plupart des gardiens ne sont donc pas des pétainistes convaincus et encore moins des collaborateurs.
Le 11 février 1943, cinq français, deux belges, un canadien et un américain, aidés par le garde Edmond Robert s’évadent. Le garde fait partie, comme trois des cinq français évadés, du réseau de résistance Pat O’Leary. Le 16 Juin 1943, plusieurs prisonniers s’évaderont dont Gérard Brault, résistant français, encore une fois aidé par un gardien qui va rejoindre l’Angleterre avec lui. Lors de l’évasion du 16 septembre 1943, 36 détenus s’échappent de la prison, aidés par une habitante de Castres et une résistante de Toulouse. Dans cette évasion on retrouve Ernst Buschmann, prisonnier communiste allemand, Guido Nonveiller, prisonnier politique socialiste croate, Heinz Priess, prisonnier politique allemand, Ljubo Ilić, prisonnier politique communiste yougoslave, ou encore Blanche Charlet, une espionne britannique. On peut voir qu’un grand nombre de prisonniers ont une origine allemande, la réussite de l’évasion va sauver leur vie, en effet, la prison va petit à petit transférer les prisonniers d’origine allemande à la Gestapo, comme Siegfried Rädel remis aux allemands par la prison en août 1942 et exécuté en 1943.
L1: Blanc Brice, Facque Laurine, Gelis Olga, Teysseyre Lucie,
L2: Oulmiere Quentin, Delon- -Mothes Robin.