Empúries, une cité antique au croisement des peuples de la Méditerranée

Image aérienne de la ville grecque d’Empúries et de la Paléopolis, actuel Sant Martí d’Empúries

Empúries est une cité antique, qui se situe en Espagne, et plus précisément en Catalogne. Situé sur les côtes de la Méditerranée, son essor est dû au commerce. Il s’agit de plus d’un des seuls sites archéologiques de la Péninsule ibérique dit comme pluriculturel. En effet, on trouve au même endroit des vestiges de populations distinctes comme celle des indigènes, des grecs et des romains, avec des créations locales dérivées de ces populations, mais aussi provenant de toute la Méditerranée liée à l’activité commerciale de la cité. D’ailleurs, son nom Emporion, pour les Grecs, désigne étymologiquement les comptoirs de commerce grec fondés sur des territoires étrangers.

De nos jours, le site archéologique se visite. On y retrouve d’ailleurs un musée qui répertorie différents objets trouvés grâce aux fouilles. 

: « Les fouilles d’Empúries commencent en 1908 et ne sont toujours pas achevées. Seulement 25% de la surface du site a été découverte ! »

 Comment la cité d’Empúries a-t-elle évolué dans le temps ?

Tout d’abord, l’arrivé des grecs …

La cité grecque a été fondée par des colons grecs de la ville de Phocée, qui après avoir érigé Massalia (aujourd’hui Marseille) en -600 avant notre ère, ont ensuite construit un comptoir de commerce en Péninsule Ibérique. La date de fondation de la ville reste incertaine, mais on suppose que cela se déroule à la fin du VIe siècle avant notre ère.

La cité grecque a été fondée par des colons grecs de la ville de Phocée, qui après avoir érigé Massalia (aujourd’hui Marseille) en -600 avant notre ère, ont ensuite construit un comptoir de commerce en Péninsule Ibérique. La date de fondation de la ville reste incertaine, mais on suppose que cela se déroule à la fin du VIe siècle avant notre ère.

Les grecs fondent dans un premier temps un noyau urbain, ainsi qu’un port sur un ancien habitat indigène. Ce premier noyau urbain est appelé la Paléopolis, et a aujourd’hui complètement disparu, car plusieurs habitations se sont installées sur le site rendant les fouilles impossibles.
Ils créent ensuite un siècle plus tard un deuxième noyau urbain plus concret, appelé la Néopolis (ce qui signifie nouvelle cité). Cet agrandissement est dû à l’augmentation de la population au moment de l’agrandissement des centres coloniaux phocéens, mais également à l’essor du commerce entre les principales cités méditerranéennes qui se déroule pendant la dernière partie du VIe siècle avant notre ère. Cette nouvelle cité a pu être conservée. On y retrouve des bâtiments emblématiques des cités grecs, comme un temple attribué au dieu de la médecine Asclépios ainsi qu’une place centrale (l’agora). 

: « Le visiteur peut profiter de la partie grecque du site archéologique :
– Des temples, dont un est dédié à Asclépios, dieu de la médecine, dont on aperçoit la statue sur les vestiges.
– Des restes d’habitations ou de commerce avec des mosaïques. 
– Des vestiges d’infrastructures, telles que des citernes et des systèmes de filtration de l’eau.
– Des lieux publics comme l’agora. »

… suivit de celle des romains quatre siècles plus tard…

Les romains ont comme projet d’envahir et de conquérir la Péninsule Ibérique. Ils viennent pour la première fois à Empúries en 218 av J-C, ils arrivent principalement à cause de la seconde guerre punique qui oppose Rome à Carthage. Au début, les romains ne fondent pas de colonies et se servent des fondations déjà existantes sur le territoire. Cependant en 195 av J-C les Romains viennent à Empúries une seconde fois, et installent un camp militaire pour lutter contre les révoltes indigènes.

Inscription romaine en bronze dédiée à un personnage illustre de la ville. Musée d’Archéologie de Catalogne, Empúries.
Inscription romaine en bronze dédiée à un personnage illustre de la ville. Musée d’Archéologie de Catalogne, Empúries.

Dès 195 av J-C, une cohabitation est créée entre les différentes cultures présentes à Empúries. Les romains au cours du IIe siècle av J-C commencent à construire une ville basée sur un plan rectiligne romains que l’on appelle un cadastre et qui permet de découper la ville en parcelles égales. Il est occupé par des bâtiments indigènes qui possèdent des techniques romaines. Mais au Ier siècle, ces bâtiments disparaissent pour être remplacés par des villae (le maisons typiquement romaines). C’est au cours de cette période, entre le IIe et le 1er siècle, que les populations indigènes qui vivent sur place ont été romanisées. Et c’est ainsi que la culture romaine va prendre le pas sur l’indigène qui elle va tendre à disparaître. 
De cette ville romaine, les fouilles archéologiques ont à ce jour découvert un forum, des thermes et  des maisons romaines.

: « Le visiteur peut également profiter des vestiges de la ville romaine:
– Les restes de villas et des mosaïques presque intactes pour certaines.
– Les vestiges des thermes, de la muraille. 
– Le forum, dont une partie est reconstituée. »

… ce qui crée une cohabitation entre ces peuples

Exemple de différents objets provenant du commerce méditerranéen. (photo personnelle)

La cité d’Empúries présente la caractéristique d’être une cité multiculturelle, car elle témoigne d’un brassage de population, qui rend ce site unique sur toute la péninsule ibérique. Elle nous offre une vision de la cohabitation entre trois populations différentes, à savoir des indigènes, des grecs et des romains.
Pour ce qui est des indigènes, le site ne possède que très peu de vestiges, alors qu’en revanche pour les grecs et les romains, ils sont beaucoup plus présents, ce qui nous permet de témoigner de ce mélange, mais aussi de voir que ces deux cités n’ont pas toujours étaient unies, et que leur rassemblement c’est effectué que bien plus tard.
On peut retrouver des traces de ce rassemblement au niveau politique, avec l’abandon progressif de l’agora grecque vers un forum romain commun, mais aussi à travers la muraille qui les entourent, et qui autrefois servait à les délimiter.
Une trace importante et certainement la plus représentative de cette cohabitation se produit sous le règne de l’empereur Auguste (1er siècle avant J.C. – début 1er siècle après J.C.), ou la cité prend le nom unique de « Municipium Emporiae ». La monnaie à même été adaptée dès la création de cette union « Municipium romain », pour être la même pour tous, et faciliter les échanges sur le port.

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Reconstitution de la statut de Sarapis, exposé devant son temple. (Photo personnelle).

Un autre élément très présent sur ce port et qui témoigne le plus de cette présence de différentes cultures reste la religion. On retrouve pour les grecs, plusieurs sanctuaires avec des salles de cultes accompagnés de kernoi , ainsi qu’un temple qui se trouve dans la Neapolis, près de la porte d’entrée de la cité, et qui était destiné à Asclépios . On retrouve d’ailleurs une statue à son effigie, qui le représente avec ses attributs à savoir la barbe, son manteau et les restes d’un serpent.
Pour ce qui est des romains, on peut voir des autels d’offrandes situées dans des restes de maisons romaines, ou encore des mosaïques, dont celle du sacrifice d’Iphigénie qui représente une scène de la mythologie grecque, ce qui montre l’importance de l’hellénisation chez les aristocrate romains.
Une dernière caractéristique propre à ce site, est qu’il possède un temple égyptien découvert au début du XXe s, près de celui de Sarapis , dédié à des divinités gréco-égyptiennes ( ou autrement dit divinités isiaque ,qui appartiennent à Isis). Ce temple aurait été construit sur l’initiative d’un riche marchand égyptien nommé « Noumas », que nous connaissons grâce à une inscription bilingue que l’on retrouve sur le site, écrite en grec et en latin, ce qui encore une fois démontré la cohabitation entre les grecs et les romains qui ne partageaient pas la même langue. 

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La ville connaît son apogée entre le Ier siècle et le IIeme siècle de notre ère avant  de décliner. On peut expliquer ce déclin par l’arrivée de nouvelles puissances commerciales aux alentours d’Empúries comme Tarragone et Barcelone. 
La ville d’Empúries est ainsi un exemple de cohabitation entre différentes civilisations de l’Antiquité. La ville permet de mettre en lumière les connexions entre les peuples autour de la Méditerranée et l’importance du commerce dans l’essor des villes côtières.

: « On retrouve des tombes wisigoths sur le site, un des seuls vestiges qu’il reste de leur passage. »

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Lien vers la bibliographie :
http://blogs.univ-jfc.fr/vphn/2023/04/13/bibliographie-empuries/

Lajoinie Lina, Nonorgues Sarah, Terral Emilie, Salvat Elisa, Leblanc Eurydice