Montségur et les Cathares [2024]

Vue panoramique du château de Montségur, Citadelles du vertige, www.vincentphotographie.

Le Château de Montségur est un château édifié entre le XIIIe siècle et le XIVe siècle dans le département de l’Ariège en Occitanie. Avec ses 60 000 visites annuelles, le château de Montségur ne cesse d’attiser les curiosités grâce à son fameux castrum datant du XIIIe siècle et son occupation cathare mythique. Le mot castrum est l’équivalent de castel en occitan qui désigne alors le château. Cette notion est la définition d’un château comprenant également les fortifications et le village qu’il abrite. Montségur fait alors l’objet de nombreux mythes. Toutefois, nous étudierons ici le château de Montségur à l’image des sources archéologiques afin de retranscrire la période du catharisme dans une hégémonie religieuse catholique, de son organisation à sa chute. L’étude de l’histoire de Montségur, qui a débuté au XVIIe siècle, tout en présentant de nombreuses zones d’ombres, révèle la présence de nombreux cathares. À Montségur, Albi et Toulouse ce mouvement hérétique pouvait être qualifié de mouvement populaire, car ils ne représentaient jamais plus de 20% de la population. Le terme “Cathare” apparaît, provenant de l’Allemand “Ketter” désignant le chat. Le chat étant considéré comme un animal maudit au Moyen-âge, cela représentait ce de fait l’hérésie. Toutefois, le castrum de Montségur n’abrite pas que des cathares, on y trouve d’autres chrétiens. Selon Michel Roquebert, dans son ouvrage Montségur, les cendres de la liberté, Montségur était une société de 300 à 500 habitants ayant les caractères clivants d’une société médiévale typique avec des nobles, roturiers, laïques et religieux et même une garnison. Cette société était dominée par la noblesse réparti en deux clans: les Mirepoix de Péreille et les Bérenger de Lavelanet. Le clan des Mirepoix-Péreille se composait d’environ 200 personnes parmi lesquelles se trouvaient des dames, chevaliers, servant, écuyer,… et la communauté religieuse. Ainsi, la société de Montségur était une petite cour féodale soigneusement organisée. 

Reconstitution en 3D du castrum de Montségur aux environs du XIII siècle, http://www.montsegur.fr/montsegur-et-le-catharisme/

I- Les fouilles archéologiques : 

Concernant le domaine social et économique de cette société du castrum, les fouilles archéologiques de 1967 à 1976  ont permis d’étoffer les connaissances sur le mode de vie cathare. Nous apprenons donc que malgré leur mode de vie assez sommaire, les habitants de ce castrum possédaient tout de même du mobilier très courant pour la société d’aujourd’hui, ils ont donc retrouvé des clés avec des coffres et des éléments qui permettent de reconstituer des serrures. Accompagné de cela, les historiens ont aussi retrouvé une table, des tabourets ou des bancs. Ces éléments témoignent donc d’un sentiment de besoin de sécurité ou du moins d’une notion de propriété privée pour leurs habitats ou pour le peu de biens qu’ils possédaient. En ce qui concerne les mobiliers plus petits tels que les contenants d’aliments, les archéologues ont retrouvé à chaque campagne entre 70 et 100 kg de tessons de poterie et de céramique brune et grise. Cette poterie, selon les historiens, se rapporte à plusieurs contenant tels que des pots à feu pour contenir des aliments, témoignant de l’existence de contenant. Parmi les contenants nous avons aussi des vases à liquides qui sont peu variés et peu nombreux mais avec lesquels on a quand même pu identifier des types bien précis comme des cruches, un pichet, un pichet à bec et une dourne. Ainsi, ces poteries vernissées et peintes, retrouvées en grande quantité, sont tout d’abord le signe d’occupation du pog mais aussi de la présence d’une population nombreuse. 

En ce qui concerne le domaine social plus à proprement parler, les fouilles archéologiques réalisées à Montségur attestent de la présence de jeux et de fête dans le castrum. C’est ainsi que des dés à jouer, pions, jetons ont été retrouvés. Des osselets plus attribués à une utilisation enfantine ont notamment été retrouvés ainsi que des jeux de tables tels que les échecs avec une pièce, le jeu de la dame ou encore le jeu de l’oie qui était très prisé à cette époque là. Sur le plan des festivités, seul un instrument de musique retrouvé, appelé une Guimbarde, peut témoigner de l’existence de musique dans le castrum

Un autre domaine très important de la vie sur le pog et du mode de vie des habitants du castrum est l’économie. Pour l’étudier, il faut tout d’abord comprendre que l’agriculture céréalière n’était pas l’activité prioritairement utilisée. Effectivement, les champs était trop incliné et le climat bien trop compliqué pour réussir une production régulière et suffisante pour se nourrir et tirer des revenus. Le peu de culture qu’ils réalisaient étaient donc de la polyculture méeditéranéen sur les versants ensoleillés et de la cueillette confirmée par les archéologues grâce à la trouvaille de graines carbonisées sous ce qui semble être une habitation. N’étant pas les seuls présents sur le territoire de Montségur, accompagnés de chevalier, des laïcs à fonction militaire appelés des Faidits, certaines exploitations animales étaient présentes. Ces exploitations étaient peu nombreuses et avaient pour fonction l’alimentation de ces derniers. En effet, l’hérésie cathare adoptait comme principe religieux le végétarisme. Le végétarisme cathare était la représentation d’un corps sain, les produits d’origine animale représentaient des produits issus de la reproduction. Le célibat chez les cathares étant un principe fort, ils ne pouvaient alors pas consommer ces aliments.

Ainsi, comme la production est assez compliquée sur le pog, les importations avaient une place majeure comme attestés par les 44 pièces de monnaies féodales retrouvées. Parmi les objets retrouvés venant d’importation on peut ainsi compter des accessoires pour les vêtements tels que des boucles ou ferrets, des verreries, céramique ou encore de l’orfèvrerie. Pour les activités artisanales dans le castrum, autre que la poterie et l’industrie, les archéologues ont permis de déterminer 5 autres activités qui sont le textile avec 42 pièces, la confection de vêtement avec 153 pièces, les métaux et la sidérurgie avec 8703 pièces, le travail du bois et le travail des minéraux avec 49 pièces.

II- Le siège : 

 Montségur (Ariège), profil Est du pech de Montségur
© Michel Sabatier, 2018

Le siège de Montségur, ce dernier a définitivement été mis en place au début du mois de juin 1243 mais il ne s’est rien passé de notable pendant plusieurs mois, les deux adversaires se sont seulement observés, les croisés cherchaient les points faibles de la défense et les cathares veillés à ce que les croisés ne s’approchent pas trop près des défenses du Castrum. C’est à partir du mois de décembre 1243 que les combats se sont amplifiés et que le siège a pris une autre tourture en faveur des croisés, avec l’escalade du Roc de la Tour. Quelques croisés qui connaissaient le site ont escaladé la partie à pic de la montagne de Montségur et ont pris par surprise la garnison qui se trouvait en haut, qu’ils ont massacrée. Le gros de l’armée est ensuite parvenu à grimper après l’aménagement d’un accès facile. En progressant le long de la crête, les hommes ont pu aborder le castrum par l’est, créant une brèche irréparable dans les défenses cathares. 

Photo d’un boulet en pierre trouvé sur le pog de Montségur datant du siège de Montségur en 1243-1244, https://dahu-ariegeois.fr/histoire-chateau-montsegur/

L’archéologie témoigne de cette attaque. En effet, une grande quantité de fers de traits,de carreaux de pointes d’arbalètes et une cinquantaine de boulets de pierres ont été découverts sur la crête, entre le château et le Roc de la Tour. Il s’agit de boulets en pierres taillés sur place avec le calcaire gris de la montagne de Montségur qui ont un diamètre allant de 25 à 45 centimètres et un poids allant de 25 à 80 kilos. Les plus gros de ces projectiles nécessitaient de grandes machines à contrepoids comme des catapultes et des trébuchets. Nous savons que Bertrand de la Vacalerie, un ingénieur en machine de guerre, a beaucoup contribué à la construction de ces machines à partir de son arrivée à Montségur début janvier 1244. Au total, ce sont plus de 950 projectiles qui ont été découverts sur le site, dont certains sont aujourd’hui exposés au musée du village de Montségur.

La chronologie est ensuite assez incertaine jusqu’à la mi-février mais l’on sait qu’après cette date, les assaillants sont arrivés au pied des défenses renforcées du castrum et que ce dernier à commencé à crouler sous les boulets de pierre, désorganisant donc toute la défense. Les assaillants ont attaqué la barbacane située à l’est, aux abords immédiats du castrum, qui est un ouvrage défensif avancé. Une sépulture découverte en 1964 dans l’Aven du Trébuchet témoigne des combats de cette période. Effectivement, celle-ci contenait deux squelettes, celui d’un homme et d’une femme, chacun accompagné d’une pointe de flèche. Étant donné l’emplacement de l’Aven du Trébuchet, ils ont nécessairement été tués avant que les assaillants n’atteignent les abords de la barbacane. C’est après cette attaque que Pierre-Roger de Mirepoix, le seigneur de Montségur, craignant une nouvelle attaque qui serait fatale pour les cathares, a négocié la reddition avec le sénéchal de Carcassonne. 

III- Le bûcher : 

Stèle commémorative du bûcher de Montségur, hérodote.net

Après une trêve d’une semaine accordée au parfait et aux parfait le 16 mars 1244 les cathares ont dû se rendent aux croisés. Le choix se posait pour les cathares maintenant assiégés. La première option était que les cathares abandonnent leur foi envers leur religion et se convertissent à la religion chrétienne qui à l’époque est la seule religion autorisée sur le territoire français. La seconde pour les cathares était le bûcher. En choisissant cela ils n’auront pas la vie sauve mais comme il est inscrit dans leur religion, ils iront rejoindre leur dieu bon dans les cieux. Malgré ses deux options les croisés préféraient que les cathares se convertissent au catholicisme car leur but dans cette croisade albigeoise était de répandre la foi chrétienne comme unique religion possible. Mais à l’époque, la foi avait une place importante, ce qui a amené 224 personnes à choisir le bûcher. Le bûcher de Montségur était constitué d’un enclos avec des pieux de bois et les croisés avaient disposé tout autour des échelles pour y pousser les cathares de force. Mais les cathares préférant le bûcher à la reconversion chrétienne sont donc montés en direction du bûcher tout en chantant des chansons cathares, ils se sont jetés d’eux même dans les flammes du brasier. Pendant la trêve d’une semaine obtenue par Pierre Roger de Mirepoix, ils ont prié et se sont préparés à mourir et à rejoindre leur dieu bon. Les croisés ont vécu ces actes comme un échec à leur objectif premier qui était de convertir le plus de parfait et de parfaite vers la foi chrétienne. 

Le siège de Montségur a en quelque sorte marqué la fin du catharisme même si cette religion a été exercée dans le plus grand secret pendant encore 143 ans. Ces derniers cathares ont été traqués et le dernier retrouvé puis envoyé au bûcher connu est Guillaume Pelleverse. Montségur a donc été le siège principal de la religion cathare, lieu où se passaient les décisions mais aussi où le castrum servait de refuge pour les cathares qui voulaient fuir la croisade albigeoise et être avec leur communauté 

Les sources archéologiques fournissent un témoignage précieux de l’époque cathare, dévoilant leur mode de vie comme leur croyance ou encore leur organisation sociale. Mais ce qu’on a pu constater lors nos recherches et que peu de sources juridiques sont retrouvées ou mise à votre disposition, seulement des sources narratives comme la chanson cathare ou d’autres textes de légende sont présents, mais les plus connues et les plus mise en évidence sont les vestiges architecturaux comme le château de Montségur ou des objets religieux et de la vie quotidienne. Les vestiges de l’époque cathare témoignent de cette vie et religion clandestine que les croyants ont dû mener dans une période où l’unification de la religion chrétienne était impérative en France, on peut y voir tout ce qu’il mettaient en œuvre pour leur foi et en opposition, comment les croisés ont tout mis en œuvre pour provoquer la chute d’un peuple et exterminer une religion. 

Auteurs: Durand Juliette, Massol Noèmie, Mesbah Anna et Barbat Maelys