Les panneaux du club des scientifiques

Les instituts techniques et le virage vers la science appliquée

Historiquement, les facultés sont divisées en deux catégories, celles tournées vers des professions précises (droit, médecine, théologie) et celles plus généralistes (sciences, lettres). Cette partition se retrouve dans les effectifs, importants en droit et en médecine, souvent faibles en lettres et en sciences. Caractéristique forte du XIXe siècle, cette situation change radicalement à partir du début du XXe siècle quand l’université prend le virage des sciences appliquées.

LE VIRAGE VERS LES SCIENCES APPLIQUÉES

Les différentes phases de la Révolution industrielle font en effet émerger de nouveaux besoins en diplômés. Or, en France, les écoles d’ingénieurs forment d’abord des fonctionnaires d’État et rares sont celles qui répondent aux besoins de l’industrie. L’État républicain, conscient de ces besoins, desserre l’étau réglementaire et budgétaire des facultés et rend possible les innovations pédagogiques et institutionnelles : l’École de chimie de Lyon est fondée en 1883 et les Facultés des sciences de Nancy (1887), de Bordeaux (1891), de Marseille (1891), de Lille (1894) ou de Grenoble (1901) créent écoles ou instituts techniques. En 1897, les universités peuvent délivrer leurs propres diplômes, et donc des diplômes d’ingénieurs. À Toulouse, on assiste à la mise en place de cours ou de stations directement connectés à leurs applications pratiques : cours de chimie agricole de Paul Sabatier (1888), d’Adolphe Prunet sur la botanique appliquée à l’agriculture (1889) ou de Charles Camichel sur l’électricité industrielle (1902). Ces évolutions stratégiques sont d’autant plus urgentes qu’en sciences et en lettres, la question des effectifs reste cruciale. Elles intéressent aussi la ville, jusqu’alors exclue du développement économique en raison de sa  position géographique. Certains universitaires et hommes politiques considèrent en effet que c’est par le développement industriel que Toulouse pourrait connaître un essor économique. Mais cela nécessite un projet d’industrialisation soutenu, un système scientifique local de recherche et d’enseignement résolument placé sous la bannière des sciences appliquées et en interaction avec le milieu économique régional.

Partie en retard, l’université toulousaine se rattrape avec vigueur. La Faculté des sciences crée ainsi trois instituts techniques entre 1906 et 1909. Celle de droit fonde, avant 1914, une école pratique de droit qui devient un institut technique. Elle est aussi à l’origine de la fondation de l’École de commerce. La Faculté de médecine ouvre un institut d’hydrologie et de climatologie en 1913.

VERS PLUS D’INDÉPENDANCE

Si les instituts existent au niveau national depuis 1880, c’est le décret de 1920 qui fixe leur organisation et différencie deux types d’instituts. Le premier est l’institut de faculté, géré par cette dernière. Le second est l’institut d’université qui dispose d’un budget indépendant et dont l’enjeu sous-jacent est celui de l’indépendance vis-à-vis des facultés. À la Faculté des sciences de Toulouse, seul l’Institut de chimie reste dans le giron de la faculté, les autres n’auront de cesse de vouloir s’en séparer.

LE MOUVEMENT S’AMPLIFIE

Pendant l’entre-deux-guerres, le mouvement vers la science appliquée (au sens large) s’amplifie. La Faculté des lettres ouvre en 1920 un institut normal d’études françaises, celle de médecine un institut de puériculture (1924) et d’éducation physique (1929), celle de sciences un institut de mécanique des fluides (1930).

Caroline Barrera & François Charru

Technical institutes and the shift towards applied sciences

Historically, the faculties have been divided into two categories: those focused on specific professions (law, medicine, theology) and those that are more general (sciences, literature). This division is reflected in the number of students, which is high in law and medicine and often low in the humanities and sciences. While this was characteristic of the 19th century, this situation changed radically from the beginning of the 20th century. The Industrial Revolution revealed new requirements in terms of graduates. In Toulouse, Paul Sabatier set up courses in agricultural  chemistry  in  1888,  Adolphe  Prunet  in     botany applied to agriculture in 1889, and Charles Camichel in industrial electricity. The Faculty of Science then founded three technical institutes between 1906 and 1909. Prior to 1914, the School of Law founded a practical law school. The Faculty of Medicine opened an Institute of Hydrology and Climatology in 1913. In 1920, the Faculty of Arts opened an Institut Normal d’Études Françaises, the Faculty of Medicine an Institute of Childcare in 1924 and of Physical Education in 1929, and the Faculty of Science an Institute of Fluid Mechanics in 1930.



Les étudiants et les étudiantes de l’université de Toulouse

En huit siècles, l’Université de Toulouse a formé plusieurs centaines de milliers d’étudiants anonymes ou célèbres comme Pierre de Fermat, Jacques Cujas ou Vincent Auriol.

UNE UNIVERSITÉ PARMI LES PREMIÈRES DE FRANCE PAR SES EFFECTIFS

Entre 1329 et 1470, la ville compte au moins 1000, parfois près de 2000 étudiants par an. De 1679 à 1788, les effectifs oscillent entre 500 et 1000. Avant 1870, ils ne sont encore que quelques centaines, surtout concentrés en droit et en médecine.

Entre les années 1870 et 1914, la transformation de l’école de médecine en faculté (1891), la création des instituts techniques et la rénovation de l’enseignement supérieur, l’institution des bourses (1877), la construction des « palais universitaires », attirent de nouveaux venus. En 1914 les facultés rassemblent 3516 étudiants. Cette dynamique est stoppée par la guerre (750 étudiants en 1916) mais reprend dès 1918 et en 1931, ils sont 4357. Avec l’afflux des réfugiés pendant la Deuxième Guerre mondiale, ils sont encore plus nombreux : 8000 en 1942.

À partir de 1955, les effectifs explosent : 7844 étudiants en 1955, plus  de  28000  en  1967,  75000  en  1987.  En  2022,  ils sont

107000, dont 10 % d’internationaux.

UNE TRADITION D’ACCUEIL DES ÉTUDIANTS ÉTRANGERS

Au XIVe siècle, le recrutement est avant tout local et régional. Les étudiants étrangers sont rares, à l’exception de quelques étudiants ibériques. Cette présence perdure à l’époque moderne puisque plus d’un millier d’Ibériques sont diplômés entre 1561 et 1793, rejoints par les catholiques Irlandais interdits d’université par les Anglais.

Au XIXe siècle, les « étudiants d’ailleurs » sont encore peu nombreux mais les facultés restent fidèles à leur tradition d’accueil en donnant refuge aux étudiants polonais qui fuient la

répression russe. Cet accueil se structure en 1893 avec la création du Comité de patronage des étudiants étrangers et coloniaux (1893) et celle des diplômes d’université (1897) qui s’adaptent à la clientèle étrangère. Les effectifs grimpent sensiblement à partir de 1909 (130 étudiants), notamment dans les instituts techniques de la Faculté des sciences. L’étudiant étranger est alors, d’abord, un sujet du tsar de Russie. Après 1918, les origines se diversifient : étudiants-soldats américains (1919), Polonais, Roumains, Bulgares, Espagnols, Égyptiens, Chinois, Persans, etc. s’assoient dans les amphithéâtres, avant que la crise des années 1930 ne rende leur séjour plus difficile. De 339 étudiants en 1933, ils ne sont plus que 130 en 1939. Mais, dès la guerre finie, facultés et écoles reçoivent à nouveau leurs étudiants d’ailleurs. Ils comptent pour 11 % des effectifs en 1955.

UN MONDE RESTÉ LONGTEMPS EXCLUSIVEMENT MASCULIN

Pendant très longtemps, l’université est restée un monde exclusivement masculin. Les premières étudiantes apparaissent dans les années 1880-1890, d’abord en lettres et en médecine et pharmacie. En 1909, elles forment entre 0.2 et 4 % des effectifs en droit, médecine, pharmacie, sciences et 21.2 % en lettres. Si leur proportion n’a depuis cessé de grandir, la question de la répartition sexuée selon les filières reste posée au début du XXIe siècle.

DES STRUCTURES D’ACCUEIL

La question du logement étudiant s’est posée dès le Moyen Âge. Du XIVe au XVIIIe siècle, des collèges assurent le gite et le couvert pour quelques étudiants. Il faut attendre ensuite les premières décennies du XXe siècle pour voir se créer les premières structures collectives, qui annoncent l’ouverture du premier restau U (1948) et de la première cité U (1967).

Caroline Barrera & Marielle Mouranche

Students at the University of Toulouse

Over the course of eight centuries, the University of Toulouse has trained several hundred thousand students, from the anonymous to the famous, such as Pierre de Fermat, Jacques Cujas and Vincent Auriol. Initially overseas students were rare, with the exception of Iberian students, who were joined in the 17th century by Irish Catholics. In the 19th century, the faculties provided a refuge for Polish students fleeing Russian repression. After 1918, the origins of the students diversified: American student soldiers (1919), Poles, Romanians, Bulgarians, Spaniards, Egyptians, Chinese, Persians, etc. sat in the lecture theatres, before the crisis of the 1930s made it more difficult for them to stay. As soon as the war was over, faculties and schools once again opened their doors to the world.

For a very long time, university was an exclusively male environment. The first female students arrived in the 1880s and 1890s, initially in literature, medicine and pharmacy. In 1909, they accounted for between 0.2% and 4% of students in law, medicine, pharmacy and science, and 21.2% in arts. While the proportion of female students has risen steadily since then, the question of gender distribution across the various courses of study remains valid at the beginning of the 21st century.



Les instituts de la faculté de médecine

À la fin du XIXe siècle de nouveaux instituts sont fondés dans le cadre de la Faculté de Médecine. Ils sont dotés d’une certaine autonomie et souvent créés sur des initiatives individuelles.

L’INSTITUT D’HYDROLOGIE ET DE CLIMATOLOGIE

L’enseignement de l’hydrologie est confié au docteur Félix Garrigou (1835-1920) qui a déjà créé en 1895 « l’École hydrologique des Pyrénées », ouverte pendant l’été et s’inscrivant dans la suite logique des cours donnés à la faculté. Par la suite, Félix Garrigou a l’idée de fonder un véritable institut d’hydrologie et est encouragé en cela par les vœux du Conseil de la faculté le 16 janvier 1908. L’incendie de la bibliothèque des Facultés de Sciences et de Médecine va malheureusement en retarder l’ouverture, que la guerre vient ensuite contrecarrer alors que toutes les approbations sont obtenues dès juillet 1913. Ce n’est qu’au début de l’année scolaire 1919 – 1920 que le Professeur Garrigou, grâce à la persévérance du Professeur Lafforgue, a la joie d’assister, avant de mourir, au couronnement de son œuvre d’enseignement.

L’INSTITUT DE PUÉRICULTURE

La création d’une clinique infantile est le point de départ d’une série d’œuvres protectrices de l’enfance basées sur l’union de la science et de la philanthropie : dispensaire pour les enfants malades, service des diarrhées d’été, consultations de nourrissons, organisation de la première Goutte de lait et Colonie scolaire. Fondée en 1913, ces débuts brillants sont rapidement arrêtés par la guerre, pour ressurgir après. L’institut comprend un centre d’instruction et un pavillon de physiothérapie visant la mécanothérapie et les bains de soleil pour l’enfant déformé, affaibli, convalescent ou victime des taudis.

L’INSTITUT RÉGIONAL D’ÉDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE TOULOUSE

Cet institut toulousain voit le jour grâce à Louis-Camille Soula (1888-1963) qui, en 1929, contribue à jouer un rôle essentiel dans l’éducation des futurs professeurs d’éducation physique et sportive. C’est une personnalité exceptionnelle, qui se révèle d’abord en accédant à la chaire de physiologie en 1935 qu’il occupe jusqu’à 1962. Grand résistant et engagé politiquement, après avoir de peu échappé à la déportation, il est emprisonné pendant quatre mois par la Gestapo. Mais c’est surtout un esprit lumineux, très proche des artistes, savant exégète de l’œuvre de Mallarmé, ami de Picasso, accueillant de nombreux médecins et personnalités espagnoles. Grand médecin et physiologiste reconnu, il est un enseignant remarquable avec son Précis de physiologie et ses multiples travaux de recherches.

LE CENTRE ANTICANCÉREUX DE TOULOUSE

Désigné à l’origine sous le nom de Centre régional de lutte contre le cancer (C.R.A.C), le centre anticancéreux est un des premiers en province, créé par l’arrêté ministériel du 4 juin 1923. C’est la Faculté de Médecine, et non l’hôpital, qui est chargée de sa mise en œuvre et de l’installation de son Conseil d’administration dont le président est Théodore Marie, professeur de physique biologique et médicale. Ce centre est à l’origine destiné à venir en aide aux indigents inscrits sur les listes de l’assistance médicale gratuite. Son accès est assez rapidement élargi à toute la population et son implantation localisée à La Grave, en plein centre- ville pour en favoriser l’accès. Sa construction commence en août 1923, il est inauguré par le ministre de l’Hygiène en mars 1924 et à la fin de l’année il est entièrement équipé. Il devient ensuite le C.R.A.C. ; puis l’Institut Claudius Regaud et enfin l’Institut universitaire du cancer.

Jacques Frexinos

The institutes of the faculty of medecine

At the end of the 19th century, various institutes were founded, with a degree of autonomy and often based on individual initiatives. Félix Garrigou (1835-1920) founded a full-fledged hydrology institute, encouraged by the Faculty Council on 16 January 1908. Unfortunately, however, the fire in the library of the Faculties of Science and Medicine and the war delayed the opening until the beginning of the 1919-1920 academic year. The creation of a children’s clinic was the starting point for a series of initiatives to help protect children. Founded in 1913, the institute includes a training centre and a physiotherapy facility. The  Institut  régional  d’éducation  physique  et  sportive  de Toulouse (Toulouse Regional Institute for Physical Education and Sport) was founded by Louis-Camille Soula (1888-1963), a physiologist who, in 1929, played a key role in the education of future physical education and sports teachers. The Centre Régional de Lutte contre le Cancer (Regional Centre into Cancer Research), located in the centre of Toulouse, was one of the first in the French provinces, created by ministerial decree on 4 June 1923. At the outset, it was intended to help those in need on the free medical assistance lists. It then became the C.R.A.C., then the Claudius Regaud Institute and finally the Institut Universitaire du Cancer.



Les instituts de la faculté de droit

À Toulouse, la Faculté de droit reste un monument, et pendant longtemps a été un monument de la notabilité, avant comme après la Révolution.

Les fils de famille – et non les filles, admises seulement dans le tardif XIXe siècle – s’y nourrissent du miel de l’Alma Mater.

On s’y prépare à revêtir la tenue des hommes du droit, notaires, magistrats, avocats, avoués, greffiers, et pourquoi pas jeune professeur en attendant l’agrégation aux vieux maîtres… Jeux de manche, épitoge ajustée, postures.

La faculté, jusqu’au début du XXe siècle, est un petit univers fermé, quelques centaines d’étudiants, quelques poignées d’enseignants. Jusqu’à la veille de la guerre de 1914, le programme des cours dispensés par ces derniers est affiché sur la porte de leur demeure en ville, éminent signe de distinction académique.

Pourtant se font jour des besoins nouveaux, plus en accord avec les impératifs d’un droit, d’une société et d’une économie en mutation. Les instituts sont la réponse donnée par la faculté.

L’un des acteurs essentiels de ce mouvement est Maurice Houques-Fourcade (1861-1937). Privatiste, il structure, en 1898, une École pratique de droit où l’on trouve du commerce (future École de commerce de Toulouse en 1902), du notariat (future École de notariat en 1902), puis en 1905, l’Institut technique du droit, une fois l’École de commerce volant de ses propres ailes. L’institut, organiquement très proche de la faculté, sera en définitive réuni à elle en 1924.

L’époque de l’après-guerre de 1914 est aussi celle où la faculté va commencer à faire essaimer des instituts, chacun d’eux répondant à un objectif particulier.

En décembre 1923, l’Institut de criminologie et de sciences pénales est créé. Son objectif est décrit dans l’article 2 des

statuts : « Organiser un enseignement approprié, une préparation technique et professionnelle pour toutes les personnes qui se destinent à l’œuvre de la répression, magistrats, avocats, officiers de police judiciaire, fonctionnaires de l’administration pénitentiaire, etc… ». On note que le politiquement correct n’est pas encore d’actualité, la prévention n’est pas évoquée… Quelques semaines plus tard, en 1924, est intronisé Institut de droit comparé des pays latins.

En 1944, à la fin de la Seconde guerre mondiale, le professeur Gabriel Marty (1905-1973), futur doyen de la Faculté de droit entre 1957 et 1971, et premier président de la nouvelle Université des sciences sociales, suscite la création de l’Institut des techniques et études Comptables – ITEC. L’Institut est dédié aux horizons de la comptabilité, dont le développement est justement pressenti.

En 1948, à l’image de « Sciences Po » Paris, l’Institut d’études politiques de Toulouse – IEP est mis en place, tout comme à Bordeaux, Grenoble et Lyon.

L’Institut de préparation aux affaires – IPA, émerge en 1955, sous le regard distant de la Faculté de droit et la gouverne de Pierre Vigreux (1906-1995).

Enfin et au début du décanat de Gabriel Marty, en juillet 1959, naît l’Institut d’études judiciaires, tout spécialement en charge de « la formation des auditeurs de justice et futurs magistrats » (la future École nationale de la magistrature est alors tout juste créée).

Un partenariat avec la ville de Toulouse voulu par le doyen Marty, permet de créer en 1965, un Institut des études juridiques de l’urbanisme et de la construction – IEJUC. En 2022, il devient Institut des études juridiques, de l’urbanisme, de la construction et de l’environnement.

Philippe Delvit (2023)

The institutes of the faculty of law

In Toulouse, the Faculty of Law was a monument to the nobility for a long time. Until the early 20th century, it was a small, closed world with just a few hundred students. In 1898, Maurice Houques-Fourcade (1861-1937), a private law specialist, set up a École Pratique de Droit (practical law school), which included business studies (later to become the École de Commerce de Toulouse in 1902), notarial studies (later to become the École de Notariat in 1902) and, in 1905, the Institut Technique du Droit (technical law institute). After 1914, the Faculty founded a large number of Institutes and in December 1923, the Institut de criminologie et de sciences pénales was created. In 1944, Professor Gabriel Marty (1905-1973), Dean of the Faculty    of Law between 1957 and 1971 and first President of the new Université des Sciences Sociales, encouraged the creation of the Institut des Techniques et Etudes Comptables, dedicated to accounting. In 1948, the Institut d’Etudes Politiques de Toulouse was founded. The Institut de Préparation aux Affaires was created in 1955, and in July 1959, the Institut d’Etudes Judiciaires was created specifically to « train judicial auditors and future magistrates ». In 1965, the Institut des Etudes Juridiques de l’Urbanisme et de la Construction was founded. In 2022, it became the Institut des Etudes Juridiques, de l’Urbanisme, de la Construction et de l’Environnement.



Les instituts de la faculté des sciences

Dans le contexte de l’essor des sciences appliquées, trois instituts sont créés entre 1906 et 1909 à la Faculté des sciences, dans les domaines de l’électrotechnique, de la chimie et de l’agriculture. Trois personnages y jouent un rôle déterminant : Paul Sabatier, professeur de chimie et doyen de la faculté, Charles Camichel, professeur de physique, et Albert Bedouce, maire de Toulouse. Ces trois instituts seront transformés, entre 1948 et 1953, en écoles nationales supérieures d’ingénieur. En 1970, alors que l’Université de Toulouse se fractionne en trois universités distinctes, les trois écoles et l’Institut du génie chimique (IGC), quitteront la faculté des sciences, pour se constituer en Institut national polytechnique de Toulouse (INPT)- décret du 14 octobre 1969.

L’INSTITUT   ÉLECTROTECHNIQUE

L’électricité industrielle est introduite à la faculté en 1901 avec un cours public dispensé par Charles Camichel. Le succès de ce cours incite la municipalité à proposer à l’université la création d’un institut électrotechnique. L’institut, créé en 1907, délivre des diplômes d’ingénieur et de conducteur des travaux (technicien). Son succès est considérable : il compte 600 inscrits en 1913 (dont plus de la moitié d’étrangers) soit la moitié des effectifs de la faculté. Compte tenu de l’importance que prend alors l’hydroélectricité pyrénéenne, l’institut se dote en 1913 d’un laboratoire d’hydraulique et s’ouvre à la mécanique appliquée. Il reçoit d’importantes subventions, notamment du ministère des Travaux publics, et s’établit dans de nouveaux bâtiments le long du Canal du Midi (sur le site actuel de l’ENSEEIHT). Au côté d’études techniques, Charles Camichel engage des recherches plus fondamentales en mécanique des fluides. Le ministère de l’Air lui associe, en 1930, un institut de mécanique des fluides (IMFT), doté d’une grande soufflerie pour l’aérodynamique. En 1948, l’IET est transformé en École nationale supérieure d’ingénieurs (ENSEHT, devenue ENSEEIHT en 1969).

LES INSTITUTS DE CHIMIE ET DU GÉNIE CHIMIQUE

En 1906, la Faculté des Sciences de Toulouse crée l’Institut de chimie de Toulouse (ICT), sous l’impulsion de Paul Sabatier qui va offrir ensuite une partie de la somme reçue pour son prix Nobel de Chimie, pour la construction du bâtiment. Mais dès l’achèvement  des  travaux,  les  nouveaux  locaux  sont utilisés comme hôpital militaire, jusqu’en 1918. C’est le 8 mai 1920, que l’institut est enfin inauguré au 17 rue Sainte Catherine. La rentrée en 1920 a lieu dans le bâtiment H où 5 laboratoires accueillent 314 étudiants dont 71 étrangers. L’ICT devient l’École nationale supérieure de chimie de Toulouse (ENSCT) en 1953, qui quitte les locaux de la rue Ste Catherine pour s’installer sur le campus de Rangueil en 1965. En parallèle, en 1949, Joseph Cathala crée l’Institut du génie chimique (IGC) de l’Université de Toulouse. Installé initialement dans le quartier des sciences de Toulouse, il déménage en 1957, sur l’ile du Ramier. L’institut devient l’École nationale supérieure des ingénieurs de génie chimique (ENSIGC) en 1970. En 2001, l’ENSCT et l’ENSIGC fusionnent pour donner naissance à l’École nationale supérieure des ingénieurs en arts chimiques et technologiques (INP-ENSIACET). L’explosion de l’usine AZF, le 21 septembre, détruit les locaux établis sur l’Ile du Ramier et l’ENSIGC déménage sur le campus de Rangueil. En 2009, l’INP-ENSIACET quitte les locaux de Rangueil pour emménager dans le bâtiment actuel à Toulouse/Labège.

L’INSTITUT  AGRICOLE

La chimie agricole est introduite dès 1888 à la Faculté des sciences par Paul Sabatier, dans le cadre d’un cours public. Charles Fabre ouvre l’année suivante un cours de chimie agricole et industrielle, puis crée une station agronomique annexée à la faculté. En 1894, Alphonse Prunet crée une station d’essais de semences et de pathologie végétale, et obtient une nouvelle chaire de botanique agricole ; ses recherches portent notamment sur les maladies de la vigne. Une station d’hydrobiologie et de pisciculture ouvre en 1901. Ces initiatives concourent à la création en 1909 d’un institut agricole, installé dans les bâtiments de la faculté sur les allées Jules-Guesde, qui rassemble progressivement en son sein ces différentes stations ainsi qu’une station de machinisme agricole créée en 1912. L’institut est financé par le ministère de l’Agriculture, la Ville, le Département, et par diverses sociétés agricoles et horticoles. Il acquiert dans les années 1920 les domaines agricoles de Monlon (40 hectares) et de Thibaut (60 hectares). Il devient l’Ecole nationale supérieur agronomique de Toulouse (ENSAT) en 1948 et se réinstalle alors dans de nouveaux locaux au 145 avenue de Muret.

François Charru & Armand Lattes

The institutes of the faculty of science

Between 1906 and 1909, three institutes in the fields of electrical engineering, chemistry and agriculture were set up at the Faculty of Science as part of the boom in applied sciences. Three people played a decisive role in achieving this: Paul Sabatier, professor of chemistry and dean of the faculty, Charles Camichel, professor of physics, and Albert Bedouce, mayor of Toulouse. Between 1948 and 1953, these three institutes were transformed into national engineering schools. In 1970, at the time when the Université de Toulouse was splitting into three separate universities, the three schools and the Institute of Chemical Engineering left the Faculty of Science to form the Institut national polytechnique de Toulouse (Toulouse National Polytechnic Institute), or INPT.



Les instituts de la faculté des lettres

Les instituts de la Faculté des lettres de Toulouse s’inscrivent dans la dynamique de modernisation de l’enseignement supérieur et de la recherche engagée par la IIIe République. Pour autant, tous ne relèvent pas des mêmes logiques.

LES INSTITUTS ET LA DIPLOMATIE CULTURELLE

Le premier institut créé est celui de Madrid en 1909, avec la Faculté des lettres de Bordeaux. Il constitue une étape dans l’implantation des études ibériques à la faculté depuis qu’Ernest Mérimée (1846-1924) a obtenu la chaire de langue et littérature espagnoles en 1886. En 1913, les nouveaux locaux de l’Institut sont inaugurés, à Madrid, en présence du président de la République, preuve de la place de l’institution dans la diplomatie culturelle française, particulièrement engagée contre l’influence allemande. L’institut y accueille, en effet, des cours et diverses activités culturelles et permet aux conférenciers français de rayonner dans toute la péninsule. De Madrid, des antennes prospèrent à Lisbonne (1920) – qui se structure ensuite en institut – puis à Barcelone (1921). Pour les chercheurs toulousains, ces deux instituts constituent aussi un point d’ancrage pour leurs travaux, à l’instar des écoles françaises d’Athènes ou de Rome.

Dans la même logique de rayonnement international de la France, un autre institut est fondé en 1920, dédié à la formation des professeurs de français langue étrangère. Il fait suite à l’accueil de plus de 1 200 d’étudiants-soldats américains au printemps 1919. En attente de démobilisation, ils étaient venus suivre les cours de l’Université de Toulouse et il avait fallu organiser pour eux, massivement, des cours de français. Cette expérience hors-norme se poursuit par la création de l’Institut normal d’études françaises, alors pionnier en France.

LES INSTITUTS PLURIDISCIPLINAIRES

À Toulouse même, le premier institut de la faculté est celui des études méridionales (1914), ancêtre du laboratoire Framespa. Il s’inscrit dans le mouvement visant à donner aux universités des spécificités disciplinaires. Il s’inspire des instituts techniques et surtout des séminaires allemands que Joseph Anglade (1868- 1930), son initiateur, avait pu observer lors d’un voyage en 1898. Son approche est pluridisciplinaire, associant cours et recherches en histoire, en histoire du droit, en histoire de l’art, en archéologie, en philologie ou en langue et littératures méridionales. Avec l’arrivée de Daniel Faucher (1882-1970) en 1926, se développe aussi un Institut de géographie qui accompagne la naissance de la géographie moderne à Toulouse. Après la Deuxième Guerre mondiale, la formule des instituts reste valable. Les Facultés de droit et des lettres s’associent pour créer l’Institut d’études politiques (1948). En 1949, la Faculté des lettres voit aussi la naissance d’un Institut d’art préhistorique, dirigé par Louis-René Nougier (1912-1995) et en 1959 d’un Institut de psychologie où s’implique particulièrement Philippe Malrieu (1912-2005). Contrairement à 1923, où un premier projet avait échoué, la perception de la discipline dans la vie sociale a beaucoup évolué. Son utilité en matière de rééducation, d’orientation professionnelle ou de rationalisation des méthodes de travail est désormais établie. L’institut s’occupe de recherche et d’enseignement appliqué aux carrières accessibles aux psychologues. La même année, est fondé un institut d’études hispaniques, hispano-américaines et luso-brésiliennes, installé cette fois à Toulouse, avec une orientation affirmée vers l’Amérique latine. Il est dirigé par Paul Mérimée (1905-1975).

Caroline Barrera

The institutes of the faculty of arts

The institutes of the Faculty of Arts in Toulouse were part of the Third Republic’s drive to modernise higher education and research. The Madrid institute was the first to be established in 1909, in conjunction with the Bordeaux Faculty of Arts. It represented a milestone in the establishment of Iberian studies at the faculty since Ernest Mérimée (1846-1924) had been awarded the chair of Spanish language and literature in 1886. Another institute was founded in 1920, dedicated to training teachers of French as a foreign language. This experience continued with the creation of the Institut normal d’études françaises, a pioneer in  France.  In  Toulouse,  the  faculty’s  first  institute  was the Southern Studies Institute in 1914. It combined courses and research in history, legal history, art history, archaeology, philology and southern languages and literature. With the arrival of Daniel Faucher in 1926, a geography institute was also set up. In 1948, the faculties of law and literature joined forces to create the Institute of Political Studies. In 1949, an institute of prehistoric art was created, and in 1959 an institute of psychology. In the same year, an Institute of Hispanic, Hispano- American and Luso-Brazilian Studies was founded in Toulouse, with a strong focus on Latin America.



L’Observatoire de Toulous et le Pic du Midi

L’histoire d’un établissement scientifique est avant tout marquée par une œuvre scientifique. Pour l’Observatoire de Toulouse, c’est sa collection de dix mille clichés de la carte du ciel. Quant au Pic du Midi, c’est l’observation du soleil et des planètes, et, plus récemment, la spectro-polarimétrie d’étoiles. Toutefois, cette histoire serait incomplète sans la dimension humaine,  les

« dames de la carte du ciel » qui mesurèrent des milliers de clichés, les scientifiques et le personnel du Pic du Midi qui vivaient dans de rudes conditions à près de trois mille mètres d’altitude.

L’OBSERVATOIRE DE TOULOUSE À JOLIMONT

L’Observatoire de Jolimont, fondé en 1838, est d’abord municipal et consacré aux observations météorologique. Ce n’est qu’en 1872 qu’il devient un Observatoire national. Les observations astronomiques et leur analyse sont réalisées sous la direction de Benjamin Baillaud, qui lance son établissement dans le projet international de la carte du ciel. Le bilan de ce travail de plusieurs décennies : trois catalogues d’observations méridiennes de plusieurs milliers d’étoiles chacun et plus de dix mille clichés photographiques, dont plusieurs milliers furent mesurés pour produire trois catalogues astrophotographiques qui totalisent plus de 210 000 étoiles.

La recherche en astrophysique se développe après 1945 sous la direction de Roger Bouigues avec l’étude des étoiles carbonées et la mesure des orbites d’étoiles doubles. Les astronomes quittent Jolimont pour le campus de l’Université Paul Sabatier en 1981.

L’OBSERVATOIRE DU PIC DU MIDI

Fondé par des Pyrénéistes, cet Observatoire est d’abord une station météorologique. Son accès très difficile et l’inconfort de

la vie quotidienne n’encouragent pas les scientifiques à y faire des campagnes d’observations. Entre 1892 et 1914, le personnel réalise des mesures de routine en astronomie et physique du globe qui permettent au directeur, Émile Marchand, de faire des travaux sur le climat régional, les tremblements de terre, l’électricité atmosphérique.

Dans les années trente, Bernard Lyot y observe pour la première fois la couronne solaire en dehors des éclipses avec un instrument de son invention. Pendant la guerre, le directeur, Jules Baillaud, favorise la construction d’une infrastructure et de télescopes, ainsi que, curieusement, la culture de la pomme de terre. L’astronomie prend véritablement son essor après-guerre, sous l’impulsion de Jean Rösch, qui tire profit de la haute résolution accessible dans ce site privilégié pour réaliser des observations très fine de la surface du soleil, tandis que l’observation quotidienne de la couronne solaire sert à prédire les perturbations des télécommunications dues à l’activité du soleil, et que les astronomes devancent les sondes spatiales pour déterminer les dimensions des planètes. Les rayons cosmiques y sont observés par des équipes internationales avant l’avènement des grands accélérateurs de particules.

Après la mise en service de grands télescopes dans des sites à très haute altitude, le Pic du Midi se convertit en une station d’observation de l’atmosphère terrestre, tandis que le télescope Bernard Lyot (de 2m de diamètre) se consacre à l’observation des champs magnétiques autour des étoiles par spectro- polarimétrie. L’ouverture au public du tiers de l’Observatoire permet à ce site exceptionnel de mieux se faire connaître et de contribuer à la diffusion des connaissances.

Emmanuel Davoust

Toulouse Observatory and the Pic du Midi

The reputation of a scientific establishment is largely based on the work that takes place there. For the Toulouse Observatory, it is the collection of ten thousand images of the Carte du Ciel, or Sky Map. As for the Pic du Midi, it is the observation of the sun and planets, and more recently star spectro-polarimetry. The Observatory et Jolimont, founded in 1838, was initially a municipal observatory devoted to meteorological observations. It was not until 1872 that it became a national observatory. The astronomers moved from Jolimont to the campus of Université Paul Sabatier 1981. Founded by lovers of the Pyrénées, the Pic du Midi Observatory was originally a meteorological station. Between 1892 and 1914, the staff carried out routine measurements in astronomy and geophysics, enabling them to work on regional climate, earthquakes and atmospheric electricity. In the 1930s, Bernard Lyot observed the sun’s corona for the first time outside eclipses, using an instrument he had invented. Astronomy really took off after the war, under the impetus of Jean Rösch. Opening a third of the Observatory to the public helped promote this exceptional site and contributed to the dissemination of knowledge.



Fragments de science – Partager l’héritage de l’Université de Toulouse III – Paul Sabatier à travers l’exposition d’objets remarquables

L’ exposition « Fragments de science » se déroule tout au long de l’année.

Il s’agit de présenter dans des vitrines situées à la BU Sciences de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier, à la BU centrale de l’Université Toulouse Jean -Jaurès, dans le hall patrimonial du Quai des savoirs et à la Cité internationale Université de Toulouse, des objets issus des collections de physique, de paléontologie, de minéralogie et des herbiers, différents chaque trimestre.

Ces objets des collections font partie du patrimoine de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier. C’est l’occasion de   les montrer, de les faire découvrir et de faire comprendre parfois le cheminement scientifique de nos anciens chercheurs.

Ce patrimoine, cette richesse, sont la plupart du temps oubliés dans les armoires ou dans le recoin sombre d’un laboratoire. Nous sommes là pour les préserver, les conserver, les valoriser, et quelque part, leur offrir une seconde vie avec l’expertise de spécialistes de chaque discipline. Au fur et à mesure de leur passage dans les vitrines, tous les éléments de ces collections universitaires exposés  restent visibles sur le site internet dédié : www.fragmentsdescience.com

Fragments of scienceSharing the heritage of the Université de Toulouse through an exhibition of remarkable objects

The « Fragments de science » exhibition runs throughout the year. The aim is to present objects from the physics, palaeontology, mineralogy and herbarium collections, changing each quarter, in display cases located at the Science University Library at Université Toulouse III – Paul Sabatier, at the Université Toulouse Jean -Jaurès Central University Library, in the heritage hall of the Quai des savoirs and at the Cité Internationale Université de Toulouse.

These objects from the collections are part of the heritage of the Université Toulouse  III  –  Paul  Sabatier.  It’s  an  opportunity to display them, to let people find out about them and sometimes to help them understand the scientific paths taken by our former researchers.

This heritage, this wealth, mostly lies forgotten in cupboards or in the dark corner of a laboratory. We are here to preserve it, conserve it, promote it and, in a way, give them a second life with the expertise of specialists in each discipline. As they are displayed in turn in the cases, all the items in these university collections can be viewed on the dedicated website: www.fragmentsdescience.com