La course à l’espace, élément de propagande du modèle soviétique de 1947 à 1975

À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) et les États-Unis d’Amérique ressortent comme les deux grands vainqueurs de la guerre. Cependant, dès 1947, les Américains tentent de limiter l’expansion du Bloc soviétique. C’en suit des rivalités géopolitiques entre les deux blocs afin d’imposer leur propre modèle (le capitalisme pour les Américains et le communisme pour les Soviétiques). Hormis la course aux armements nucléaires, toutes ces rivalités se déroulent par des conflits indirects, c’est-à-dire que les deux superpuissances ne s’affrontent jamais directement, mais par le biais de campagnes de propagande, d’espionnage, par des guerres par procuration, des rivalités sportives aux Jeux olympiques et par la course à l’espace.

Une avance technologique au service de la propagande

Dès les débuts de la Guerre froide, les États-Unis et l’URSS ont cherché à se distinguer dans le domaine scientifique et technologique. Les Soviétiques ont été les premiers à inaugurer cette course en 1947, lorsque la bureaucratie centrale du gouvernement a créé l’institut de recherche sur les fusées. Cette initiative a marqué le début de la quête soviétique pour dominer l’espace.

Page de couverture du journal soviétique «La Pravda» , après le lancement du premier satellite artificiel Spoutnik 1, le 6 octobre 1957 Source : La Pravda

La propagande est utilisée par les dirigeants soviétiques pour présenter l’URSS comme la nation la plus avancée technologiquement et scientifiquement. Cette approche vise à prouver la supériorité du système communiste par rapport au mode de vie capitaliste américain. L’URSS ouvre la course à l’espace le 4 octobre 1957 avec le lancement du satellite Spoutnik 1, le premier objet artificiel à être placé en orbite terrestre. Cette avancée technologique a été présentée comme une réalisation révolutionnaire dans les médias soviétiques, démontrant la supériorité de la science et de l’ingénierie soviétiques. Factuellement, cela demande une concentration de connaissance des principes scientifiques tels que la physique, l’astronomie, la mécanique des fluides.

La propagande portée par l’URSS soutient que leur conquête de l’espace est le résultat de l’organisation centralisée et efficace du gouvernement communiste, afin de renforcer le patriotisme. Cette vision est transmise dès le plus jeune âge. En effet, le régime soviétique cherche à mobiliser et à former une nouvelle génération de cosmonautes et de scientifiques. Ainsi, le gouvernement soviétique met en place des programmes d’éducation visant à encourager les jeunes à explorer les sciences et les mathématiques. Cette approche de la propagande scolaire et de la formation de la jeunesse est très efficace, et elle a créé une culture dans laquelle les jeunes Soviétiques sont encouragés à poursuivre des carrières scientifiques et technologiques pour contribuer au développement de l’industrie et de la recherche spatiale. De plus, le système éducatif est réorganisé pour inclure des programmes spécifiques axés sur les sciences spatiales. De nouvelles écoles sont créées appelées « écoles de l’espace » qui ont pour but de former la prochaine génération de cosmonautes et d’ingénieurs spatiaux. On voit donc que la propagande passe aussi par l’éducation de la jeunesse.

Le soft power : démontrer la supériorité du modèle au travers de différents supports

Le 12 avril 1961, Youri Gagarine devient l’un des cosmonautes les plus célèbres de l’histoire après avoir été le premier être humain à faire un voyage dans l’espace. Il remplit son devoir « d’instrument de propagande soviétique » en accomplissant une orbite complète autour de la Terre en 108 minutes. À son retour, il est accueilli par des célébrations massives et il est érigé en héros national, symbolisant ainsi le succès du programme spatial habité de l’Union soviétique.

La propagande autour de Youri Gagarine a par la suite atteint une ampleur sans précédent, le présentant comme le leader incontesté de la course à l’espace et le modèle même de loyauté et de volonté vis-à-vis de sa nation. L’Union soviétique fait de son personnage un messager de paix et un véritable symbole de l’exploration spatiale au niveau mondial. Les États-Unis se retrouvent alors écrasés, sous pression, de cette grande victoire soviétique, ce qui contribue à l’engagement des Américains dans une course effrénée à l’espace, annoncée par le président Kennedy lors de son célèbre discours en 1962 « We choose to go to the moon ». Le succès de Gagarine est aussi un élément de démonstration de supériorité technologique de l’URSS. Ce qui alimente la propagande et le soft power, qui, rappelons-le, est la capacité d’un État à influencer les relations internationales en sa faveur. Bien que l’URSS fasse preuve de démonstration de force, la propagande de l’État porte principalement un discours de paix en lien avec la conquête spatiale, tout en mettant en avant son intérêt dans une quête de la connaissance.

 Affiche officielle de la  Planète des tempêtes
Source : Allociné 

Les supports de propagande, éléments importants de soft power, tels que le cinéma, jouent un rôle majeur. Des films comme La planète des tempêtes (1962) illustrent le potentiel de l’espace comme alternative au mode de vie soviétique, utilisant l’animation pour représenter de manière réaliste l’espace. Mais après que les célèbres astronautes américains Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins aient posé pied sur la lune, les représentations évoluent vers une vision critique des autres planètes, les décrivant comme des répliques bourgeoises. Les dessins animés, tels que Vol pour la lune (1953), participent également à la stratégie de soft power, cherchant à inculquer le communisme tout en diabolisant l’ennemi et en mettant en valeur un modèle unique. Ces efforts démontrent comment la propagande, à travers divers supports, était intrinsèquement liée à la rivalité idéologique et à la quête de puissance internationale.

Le rôle de la femme en évolution, prémices du féminisme

« Hourra à l’héroïne soviétique, fille de la grande nation ! » affiche de propagande réalisé par  Y. Solovyev, 1963.

La propagande de l’URSS pendant la Guerre froide a eu un impact social significatif, en particulier sur le rôle des femmes, présentant une image d’égalité et d’avancements sociaux. Cet impact est illustré par l’envoi de Valentina Terechkova dans l’espace à bord du vaisseau Voskov 6 en 1963, faisant d’elle la première femme cosmonaute. Son voyage de trois jours en orbite a eu un retentissement international et a été utilisé comme symbole de la libération des femmes dans le bloc soviétique. À son retour, une cérémonie grandiose sur la place Rouge la consacre héros de l’Union soviétique et lui octroie l’ordre de Lénine.

Malgré cette image positive à l’étranger, la propagande soviétique présentant les droits des femmes et l’égalité des sexes comme des valeurs communistes universelles cachait des inégalités persistantes au sein de l’URSS. Pendant la Guerre froide, les organisations internationales, dont l’ONU, ont été utilisées par les superpuissances pour promouvoir leur image. L’URSS, notamment à travers l’UNESCO, a mis en avant les Droits des femmes et le développement sous une rhétorique typiquement soviétique, cherchant à façonner une image positive à l’international. Cependant, cette façade masquait les réalités des inégalités persistantes à l’intérieur du pays.

Des opposants au sein du programme spatial et scientifique

Entre 1945 et 1990, malgré la glorification soviétique des succès spatiaux, des individus s’opposaient à cette propagande. Ainsi, Anatoli Brounov, scientifique soviétique spécialisé dans l’astronautique, a été arrêté en 1977 pour avoir critiqué la gestion insatisfaisante du programme spatial soviétique. Après sa libération, en 1988, il émigre aux États-Unis. Andreï Amalrik, écrivain dissident, analyse de manière critique le système soviétique, soulignant dans son essai Will the Soviet Union Survive Until 1984 ? l’utilisation des succès spatiaux pour dissimuler les lacunes internes. En 1970, Amalrik fut arrêté pour « anti-soviétisme » après des prédictions provocatrices sur les problèmes économiques à venir.

Andrei Sakharov lors d’une interview à la conférence de l’Académie des sciences de l’URSS le 1er mars 1989

Andrei Sakharov, physicien nucléaire et défenseur des droits de l’homme soviétique, joua un rôle clé dans le développement de la bombe à hydrogène. Mais sa désapprobation croissante envers le régime soviétique, notamment sur les droits de l’homme, le conduit à s’engager éthiquement. En 1968, il eut un succès partiel avec le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires auquel il s’oppose. Critiquant ainsi les autorités en 1979, Sakharov perdit ses privilèges, il fut déchu de ses distinctions et assigné à résidence à Gorki de 1980 à 1986, sous étroite surveillance du KGB. Ce qui montre une oppression du régime soviétique sur ses opposants intérieurs. 

1969, un tournant majeur de la course à l’espace

En 1969, la mission Apollo 11 envoyée par les États-Unis, qui se qualifie par l’alunissage de Neil Armstrong et de Buzz Aldrin sur la Lune, est souvent considérée comme une victoire symbolique pour les États-Unis dans la course à l’espace. Cependant, cette perception doit être nuancée, car l’Union soviétique avait précédemment réalisé des avancées significatives dans l’exploration spatiale. Malgré la portée politique et médiatique de cet événement, l’URSS a affirmé sa fierté nationale en mettant en avant ses propres réalisations, notamment le lancement du Spoutnik et le vol de Yuri Gagarine dans l’espace. Parallèlement, les États-Unis ont utilisé cette réussite pour améliorer leur image et détourner l’attention des problèmes internes, tels que l’impopularité de la guerre du Vietnam. Ce retrait de la guerre a été perçu comme une victoire pour l’URSS, qui soutenait le Nord-Viêt Nam. Ainsi, bien que l’alunissage ait marqué un moment important dans la course à l’espace, celui-ci n’est pas une réelle victoire des États-Unis.

Coopération entre les deux leaders du monde bipolaire

La période de détente entre les États-Unis et l’Union soviétique, qui commence dès les années 1960, s’est caractérisée par des progrès dans les relations, notamment par la signature du Traité de non-prolifération nucléaire en 1968. Bien que cela n’ait pas directement affecté la course à l’espace, cela a contribué à apaiser les tensions entre les deux pays. De plus, la diminution de la propagande à la fin des années 1970 a favorisé un questionnement à propos des messages diffusés par le gouvernement et les médias chez les citoyens des deux nations. La coopération dans le domaine spatial a renforcé cette détente, illustrée par le vol spatial conjoint Apollo-Soyouz en 1972, démontrant la possibilité de collaboration entre les deux puissances spatiales.

Ouverture aux autres blocs de l’Est : le rayonnement de l’Union soviétique sur les autres pays, l’image de l’URSS sur le monde.

Le Français Jean-Loup Chrétien répond aux questions des journalistes après son atterrissage dans le désert du Kazakhstan à la suite de la mission Soyouz T6 le 2 juillet 1982 

Dans les années 1970, l’univers spatial était étroitement lié à l’influence de l’Union Soviétique. Les missions Soyouz étaient principalement réservées aux cosmonautes russes et à ceux des pays alliés tels que la Pologne, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, la Hongrie et même l’Est allemand, avec des figures telles que Sigmund Jahn. Jahn, astronaute est-allemand Il a été sélectionné pour participer au Programme spatial Intercosmos, une initiative soviétique visant à promouvoir la coopération internationale dans le domaine spatial à des fins pacifiques. Dans les années 1980, les vaisseaux spatiaux accueillent désormais des astronautes venant de divers pays, comme la France avec Jean-Loup Chrétien. Celui-ci a marqué l’histoire en devenant le premier francophone spationaute lors de la mission franco-soviétique PVH en 1982 à bord de la station Saliout 7, où il a séjourné pendant 8 jours. Cette époque a témoigné d’une ouverture croissante à la coopération spatiale internationale, transcendant les frontières nationales dans l’exploration de l’espace. 

Sur le plan économique, l’URSS a tiré des avantages de ses réussites spatiales en jouant un rôle prépondérant dans la coopération économique avec les nations du bloc de l’Est. Elle a offert une assistance technique et transféré des technologies avancées. Le prestige de l’URSS connaît un changement significatif, notamment au sein des pays du bloc de l’Est. En 1956, la Hongrie se retire du Pacte de Varsovie, se tournant ainsi vers l’Occident et le modèle capitaliste. Similairement, la Pologne aspire à accroître son autonomie et à rompre avec la centralisation de Moscou, particulièrement après la crise de 1980. Cependant, cette nation demeure liée à l’URSS. Dans ces nations, l’URSS parvient à maintenir une illusion de contrôle pendant ces crises grâce à l’intervention de l’Armée rouge et aux promesses de soutien matériel faites à la Pologne et à la Hongrie.

Bibliographie indicative

L’abbaye Saint-Pierre de Moissac

Source : Dominique Viet, Office de Tourisme Tarn-et-Garonne.

L’abbaye Saint-Pierre se situe à Moissac dans le Tarn-et-Garonne. À la fin du VIIIe siècle, des moines bénédictins se sont installés dans le Quercy où l’abbaye fut construite. Ce monastère bénédictin abrita au cours du Moyen-Âge une des plus grandes communautés religieuses du monde occidental chrétien. Durant cette même période, l’abbaye connut un important rayonnement culturel, politique et économique. Son apogée se fit au XIIe siècle. Le monument est placé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

L’histoire de l’abbaye

Les études d’Ernest Rupin  ou encore celles d’Adrien Lagrèze Fossat, situent l’origine de l’abbaye Saint-Pierre au VIIe siècle au temps de l’évêque de Cahors Saint Didier. En 814, Louis le Pieux accorde à l’abbaye un privilège : l’immunité (droit par lequel les clercs et les religieux étaient dispensés de certaines obligations jugées incompatibles avec leur état, comme le service militaire). Tout d’abord, il faut savoir que l’endroit n’est pas désert lorsque le nouvel établissement religieux est édifié car il y avait la présence d’un hypocauste gallo romain. A la suite de la disparition de l’empire carolingien, les prérogatives de l’autorité royale sur le monastère reviennent au comte de Toulouse qui assure  la protection de l’abbaye. Cependant, lorsque le comte de Toulouse Guillaume III a besoin d’argent, il décide de vendre sa charge d’abbé à Gausbert de Gourdon en 1037. Durant l’abbatiat de Gausbert de Gourdon aucuns travaux ne sont réalisés. Ainsi, l’abbaye est presque en ruine. La reconstruction de l’église est entreprise au milieu du XIIe siècle durant le long abbatiat d’Ansquitil (1085-1115) qui correspond à l’apogée de la puissance et du rayonnement de l’abbaye.

                Source : Photo et plan de l’abbaye Saint-Pierre de Jean-François Peiré, La ville de Moissac Tarn et Garonne.

Le rattachement à Cluny

Selon la chronique d’Aymeric de Peyrac, Moissac entre dans l’ordre de Cluny en 1047. Cependant, des historiens comme Jules Marion prétendent que Moissac n’a reçu Cluny qu’en 1052-1053. Comment à été réalisée la remise de Moissac à Cluny ? Plusieurs conditions étaient nécessaires : après la mort de l’abbé Etienne, en 1045, Odilon désigne un nouveau titulaire, l’abbé Durand de Bredons qui commence à restaurer la vie monastique. Le comte de Toulouse et l’abbé séculier donnent leur consentement. Puis il y a une approbation apostolique : elle paraît en 1058 lorsque Etienne IX confirme l’ensemble des biens de Cluny en incluant Moissac. En  1466, l’abbaye obtient la séparation avec l’ordre de Cluny.

Source : Reconstitution de la façade de l’abbaye de Cluny III, OpenEdition Journals. 

L’environnement architectural de l’abbaye

Le cloître de l’abbaye est perçu comme l’un des plus grands projets architecturaux, en particulier grâce aux nombres de chapiteaux et de piliers. De plus, les archéologues et historiens ont pu découvrir que ce sont des sculpteurs et des architectes occitans qui ont conçu le cloître puisque ce sont les mêmes qui sont intervenus auparavant sur le chantier de la basilique Saint-Sernin de Toulouse.

Les chapiteaux 

Les chapiteaux représentent notamment des scènes bibliques, des vies de saints ou encore des sujets contemporains du XIIe siècle comme les Croisés devant Jérusalem notamment. Ces représentations sont d’aspect diverses puisque l’on retrouve parfois des motifs dits « islamisants ». De même, l’ordonnancement des chapiteaux reste un mystère pour les historiens tant il ne respecte aucune logique qu’elle soit narrative ou chronologique. En outre, les chercheurs ont remarqué que certaines scènes, notamment celle du sacrifice d’Isaac, ne respectent pas le récit biblique et qu’elles présentent donc des variantes.

Les piliers

Les piliers du cloître sont tous faits de marbre et majoritairement cylindriques. Mais aux angles ainsi qu’au milieu des ailes est et ouest se trouvent des piliers de formes carrées. Les piliers angulaires représentent sur deux faces chacune une représentation d’apôtres. Cependant, seulement huit apôtres sont représentés et non douze. Là encore, il s’agit d’un mystère pour les chercheurs qui n’arrivent pas à déterminer pourquoi les architectes en ont privilégié certains plus que d’autres. Les piliers angulaires, en revanche, figurent la représentation de deux religieux : Ansquitil (fondateur de l’abbaye) et saint Durand (premier abbé clunisien). 

Source : Photo des piliers prise par Tarn et Garonne Tourisme. 

Le portail 

Le portail est surtout renommé pour son tympan. En effet, il est le plus important témoignage de l’art roman à Moissac. D’une part, son aspect permet d’affirmer la puissance de l’abbaye et d’autre part, le tympan présente un thème répandu au XIIe siècle. En l’occurrence, une représentation d’un Christ glorieux revenant après l’Apocalypse bénissant la foule. Cette scène s’accompagne également de diverses autres représentations bibliques et notamment une de l’enfance du Christ. 

Source : Photo personnelle, prise par Sarah D.

Le rayonnement économique

Les abbayes fonctionnent grâce à une économie de consommation. Elle est divisée en deux besoins : alimentaire (victus) et d’équipement (vesticus), qui se complètent. Le premier consiste à créer ses propres denrées alimentaires via le maraîchage et la viticulture. Ce dernier point diffère selon la lecture des règles de l’ordre de Saint Benoît. Les repas étant ensuite codifiés (rationnement des repas), les surplus sont vendus. Cela permet d’alimenter le second point de l’économie : l’équipement. En vendant ce qui n’est pas consommé, ça leur permet d’acheter des biens meubles ou immeubles pour enrichir les abbayes. Comme à Moissac, ils peuvent aussi acheter des terres pour implanter d’autres églises afin d’élargir leur rayonnement, leur domination. Également, l’abbaye de Moissac possède ses propres terres agricoles à ce miment-là. Le vin qu’ils en tiraient servait à leur consommation, à la messe (lors de la liturgie) mais permettait aussi d’être vendu.

La rayonnement culturel 

Le second rayonnement de l’abbaye est culturel. Placé au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, ce titre lui permet un rayonnement à travers le monde. Ce ne sont plus seulement des pèlerins qui viennent mais également des touristes. Désormais, les personnes viennent visiter le lieu comme ils iraient visiter Notre-Dame-de-Lourdes ou n’importe quel lieu saint important. Également, cela vient influencer les programmes d’Histoire de l’Art américains. En effet, les étudiants travaillent sur les gravures du tympan. Les représentations religieuses, en parfait état, permettent de s’y appuyer dessus afin d’étudier les relations entre l’Église et les habitants de Moissac. En dernier point, nous pouvons citer le film “Le nom de la Rose”, réalisé par Jean-Jacques Annaud où le tympan apparaît. Le fait que cette scène existe a suscité un surcroît de tourisme à Moissac. Mondialement connu, son rayonnement en est renforcé.

Source : Image tirée du film « Le Nom de la Rose », Jean-Jacques ANNAUD, 1986.

Biliographie pour aller plus loin : https://blogs.univ-jfc.fr/vphn/?page_id=11695in

La forteresse de Penne

Merveille d’architecture médiévale située sur un éperon rocheux, la forteresse surplombe le village de Penne qui se situe dans le Tarn, en Occitanie. C’est une forteresse dite imprenable qui date du Moyen Âge et fait son apparition dans les sources au IXème siècle. Cette forteresse a, tout au long de son histoire, eu une place importante. Elle a changé de nombreuses fois de seigneurs et de souveraineté. Elle a été classée monument historique en 1902 et est reconstruit aujourd’hui, grâce à Monsieur Letellier, architecte des bâtiments de France, qui a racheté le château en 2006. Suite à des rénovations, la forteresse est ouverte au public depuis 2010 et actuellement en reconstruction. 

La forteresse, site officiel de la forteresse de Penne.

La construction de la forteresse

Autour de l’an mil, Penne est dirigée par des seigneurs , en 1209, elle s’est retrouvée au cœur de la croisade lancée par Philippe-Auguste. Cette croisade aboutit à un traité de paix entre Philippe-Auguste et Raymond VII. Ce traité de paix débouche sur le mariage de la fille du comte de Toulouse et du frère du roi. Ainsi, quand Raymond VII meurt, le comté de Toulouse, qui contient Penne, revient directement à Alphonse de Jourdain et donc à la couronne. Alphonse de Jourdain fait transformer le château en forteresse et elle est ensuite abandonnée au XVème siècle. Elle est finalement pillée et détruite au XVIème siècle par les habitants du village qui utilisent les matériaux pour reconstruire leurs propres maisons. 

Pour entrer dans la forteresse, il faut passer par l’unique porte d’entrée. Au Moyen Âge, la porte était en bois renforcée par des clous. Celle-ci se trouve entre les deux tours principales. À droite de la porte, une tour ronde à archères et à gauche une tour à éperon. Une fois l’entrée et le sas traversés, nous trouvons de multiples salles. À la suite de la tour à archères, nous trouvons une petite salle qui aurait été destinée aux gardes. Sur le côté gauche de la forteresse, trois salles se suivent. Certaines de ces salles sont des pièces qui appartenaient anciennement au château qui a été remplacé par la forteresse. Elles pouvaient servir de pièces de vie de famille. La forteresse étant agencée en longueur, se trouve par la suite une grande salle avec, on le suppose, un jardin derrière celle-ci. Cette grande salle avait de multiples usages car au Moyen Âge les pièces n’avaient pas qu’une seule utilité et on y importait les meubles en fonction de l’utilisation. Elle pouvait donc servir de salle de réception où des banquets étaient organisés, de salle de nuit si les invités restaient dormir ou encore de salle qui permettait au seigneur de rendre la justice. Au fond de la forteresse se trouve une citerne de 80 m² qui permet la récupération de l’eau de pluie. Une demi-tour circulaire relie la citerne à une chapelle, au fond de la forteresse. Il pourrait s’agir d’une nef, son l’usage aurait donc été ouvert à tous.

Le plan de la forteresse, site officiel de la forteresse de Penne.

Les modifications architecturales

Au XIIIème siècle, le comte de Toulouse décide de détruire totalement le château et d’implanter une forteresse à la place. Alphonse de Poitiers conserve le lieu où se situait le château car c’est un lieu stratégique durant l’époque médiévale. La forteresse domine la rivière Aveyron, la région du Rouergue, la région de l’Albigeois et du Quercy. Afin de construire la forteresse, le comte de Toulouse récupère les pierres du château détruit et conserve l’emplacement de certaines pièces du château. Le comte de Toulouse conserve également la grande chapelle. Pour la construction de la forteresse, le comte de Toulouse fait appel à des architectes du nord de la France, dont il est originaire. C’est ainsi que l’architecture dite capétienne va se développer dans le sud de la France. Les architectes ajoutent notamment une tour à éperon à la forteresse. Alphonse de Poitiers conserve les archives du comté de Toulouse. Une des principales archives est l’acte de mariage qui prouve qu’il est marié avec la comtesse de Toulouse. Il place ces archives importantes à Penne afin d’être sûr qu’elles ne soient jamais détruites. 

La tour à éperon, photographie personnelle.

La forteresse de Penne est connue pour être une forteresse imprenable grâce à son architecture et son emplacement. On ne peut y accéder que d’un seul côté, ce qui  permet aux habitants de la forteresse de voir arriver leurs assaillants. Il y a à peu près dix systèmes de défense avant de pouvoir entrer dans la forteresse. Le château de Penne n’a jamais été pris et n’a même jamais été attaqué. Il ne devra donc pas recevoir de rénovation à cause de siège ou de guerre. À chaque fois que le château changera de souverain, ce sera par traité ou alliance matrimoniale. Le château disparaît en 1586. Les protestants soudoient la garde, entrent et incendient le château qui perd alors une partie de ses toits et de ses murs. Le château étant inoccupé, les villageois en contrebas en profitent pour en récupérer les pierres et augmenter la taille du village illégalement. Quelques années plus tard, le roi rend légal le fait de se servir du château comme carrière de pierre du village.

La forteresse surplombant le village, site officiel de la forteresse de Penne.

Les enjeux de la reconstruction

Axel Letellier, architecte des bâtiments de France, tombe amoureux du château dès 1988 et décide de le racheter en 2006. Le château est ouvert au public depuis 2010. La volonté du propriétaire est de faire de ce château un lieu de passation de mémoire et de savoir-faire. Il y a un chantier médiéval tous les étés ; des tailleurs de pierre professionnels utilisent des techniques et matériaux d’époque. Ils utilisent par exemple une roue à échelons ou des échafaudages en bois, comme il s’en faisait à l’époque médiévale. Pour faire les travaux, les matériaux sont emmenés dans des sacs par héliportage. L’hélicoptère est la seule aide non-médiévale qui est utilisée dans la restauration de la forteresse. Il n’existe aucune archive du Moyen Âge donc, pour reconstruire la forteresse, on s’appuie sur le travail des historiens et archéologues spécialistes des châteaux. Il n’est possible de reconstruire que les parties qui sont connues de manière certaine car la forteresse est monument historique depuis 1902 et ce qu’ils reconstruisent doit être fait à l’identique et documenté. Pour ce qui est du déroulé du chantier de restauration, les étapes sont pensées tranche par tranche, c’est-à-dire que le chantier évolue année après année. Il y a de nombreuses étapes, mais les plus marquantes sont la stabilisation de la chapelle en 2007, la préparation et la mise en sécurité du site pour l’ouverture au public en 2009 ou encore l’aménagement de la chapelle grâce aux fouilles archéologiques depuis 2016. Dans deux ans, un musée devrait voir le jour pour exposer les objets trouvés pendant les fouilles archéologiques. 

La chapelle en chantier, photographie personnelle.

Le tourisme est un atout important pour la forteresse puisqu’il permet de lever des fonds pour les travaux entrepris pour la reconstruction de la structure. Cet atout n’est cependant pas suffisant pour garantir la totalité du financement du chantier, opéré par des entreprises privées. La forteresse fait la réputation du village et attire de nombreux touristes. Pour les guides, ce tourisme permet de transmettre l’histoire de Penne et d’expliquer les divers enjeux auxquels la forteresse a dû se heurter. Le tourisme est valorisé afin de faire participer activement le public, notamment à travers les campagnes de fouilles. Pour les plus jeunes, des activités ludiques sont proposées. Durant la période scolaire, le personnel s’efforce d’attirer des gens en organisant des visites scolaires. L’enjeu est grand puisque le village dépend économiquement de la forteresse. En effet les bars, restaurants et commerçants vivent de ce lieu, ce qui explique cette volonté de sans cesse se réinventer. D’ici le printemps 2023, une nouvelle pièce devrait voir le jour.  

Une visite à la forteresse, site officielle de la forteresse de Penne.

Aux vues du passé tumultueux de la forteresse, nous pouvons nous demander à quoi elle pourra bien ressembler dans 200 ou 300 ans…

Bibliographie indicative

Grandet Anna, Sans Aurore, Paris Léa, Dartigolles Marianne, Francoual Clara, Barbat Maëlys

Les Cagots

Benoît CURSENTE, Les Cagots : histoire d’une ségrégation, 2018

Les Cagots ont été un peuple persécuté durant le Moyen Âge jusqu’au début du XIXème siècle. La figure fantasmée des cagots se construit au fil des siècles, traversant les périodes médiévale, moderne et contemporaine. Souvent liés à des images et concepts à connotation péjorative, les cagots sont considérés comme responsables des maux que subissent les populations en contact avec eux. Ce phénomène entraîne une mise à l’écart de cette population ainsi qu’une élaboration de nombreux éléments discriminants servant à alimenter le mythe les entourant. Le terme de cagot lui-même n’apparaît qu’en 1552 et ne fait partie que d’une multitude d’appellations désignant ces individus répartis sur les territoires du Sud-Ouest de la France (Gascogne) et du Nord-Est de l’Espagne (Navarre). Bien qu’ils n’existent plus aujourd’hui, l’étude des cagots permet de discerner les hommes et femmes victimes d’une ségrégation sur le temps long.

Origines et première séparation

La première trace écrite de cette population date de la fin du Xe siècle, le cartulaire d’un abbé du Béarn faisant référence à un christianum du nom de Auriol Donat, un propriétaire de terre issu d’une famille de milites. Au début du XIIe siècle, le Romancero du Cid raconte l’histoire de la rencontre entre son protagoniste, un pèlerin, et un gafo qu’il aide en lui offrant son propre lit. Aucun de ces textes ne montrent une forme de mépris ou de rejet envers les cagots, pourtant ces derniers sont rapidement assimilés à des lépreux notamment suite au troisième Concile de Latran en 1179 où l’on distingue « vrais lépreux » et « lépreux libres », les cagots entrant dans la seconde catégorie. Ces mesures peuvent s’expliquer par l’épidémie de lèpre ayant lieu à la fin du XIIe siècle.

Une existence difficile

Bénitier dit des cagots de l’Abbaye de Saint-Savin, XVe siècle

Les Cagots sont exclus des célébrations religieuses, ils entrent par une autre porte se situant sur le côté de l’église et utilisent un bénitier qui leur est réservé. De plus, ils sont séparés des autres fidèles et se placent au fond de la nef, sous les cloches. Leurs sacrements sont également très différents de ceux des autres fidèles : la communion est faite au bout d’un bâton ; le baptême se déroule durant la nuit sans carillon ; le baiser de paix offert au bas de l’étole du prêtre, à genoux, et non en embrassant la croix ; les enterrements ont lieu dans un cimetière commun mais dans un angle que le curé ne bénit jamais ou parfois dans la fosse où se mêlent criminels, suicidés et filles de joie.

En outre, les cagots sont mis à l’écart de la société; ils sont séparés du reste de la population et vivent dans des cagoteries. Ces lieux sont des hameaux présents à la sortie des villes et villages et comptent moins de cinq familles en moyenne. Cette séparation forcée mène au développement d’une endogamie, obligeant les membres d’un même groupe social de choisir leur conjoint au sein de ce groupe. Ce phénomène entraîne à son tour un problème de consanguinité et finit donc par causer les malformations et handicaps visibles sur les photos prises à l’époque contemporaine. Il est possible que les cagots possédaient des attributs physiques les détachant du reste de la population dès le Moyen Âge mais il est certain que leur exclusion ait joué un grand rôle dans la détérioration de leur santé au fils des siècles.

La vie en communauté forcée des cagots est accompagnée d’une application de restrictions différente d’une région à l’autre. Selon des règlements de police datant de 1396 en Marmande dans le Lot-et-Garonne, les cagots sont soumis à :

  • un accès limité aux marchés
  • l’interdiction de fréquenter les moulins, lavoirs et fontaines publiques (si bien bien que les cagoteries possédaient leur propre puis pour le plus souvent)
  • l’obligation de porter une marque de la patte d’oie rouge et de marcher sur les chemins uniquement pieds chaussés

Le non-respect de ces règles peut être puni par la flagellation publique au Moyen Âge. Une situation similaire est observable dans la commune de Moumour dans les Pyrénées-Atlantique, Ces restrictions qui découlent de l’édit de Charles VI datant du 7 mars 1407 interdisent les cagots de mener une activité autre que celle de charpentier pour les hommes. Ces derniers sont d’ailleurs reconnus pour leur talent dans ce domaine et sont sollicités pour la construction du château de Montaner (fin XIVe siècle) ou bien la charpente de l’église Saint-Girons de Monein (1464-1530). En outre, d’autres métiers leur sont confiés dans diverses régions comme celui de menuisier ou de cordier. Les femmes occupent fréquemment le rôle de sages-femmes parce qu’elles sont assimilées à des sorcières par le reste de la population.

Les implications scientifiques et religieuses

Les sciences médiévales et modernes se mêlent au religieux et servent à construire un mythe autour de l’origine des cagots changeant au fil des siècles. Dans son traité de Grande Chirurgie publié en 1363, Guy de Chauliac établit un ensemble de critères servant à identifier les cassots avec une prédominance d’attributs physiques liés à la laideur ou bien un manque d’hygiène. Au XVIe siècle, un enseignant à l’université prestigieuse de Montpellier nommé Laurent Joubert met en avant la théorie d’une lèpre blanche héréditaire. Ce nom possède une forte connotation religieuse et fait référence au récit de Guéhazi présent dans l’Ancien Testament. Pour sa trahison du prophète Élisée, lui et sa descendance sont condamnés à souffrir de la lèpre éternellement. Dans le même prolongement, le célèbre chirurgien Ambroise Paré , père de la chirurgie moderne, au service du roi Henri II, étudie le cas des cagots. Il étudie plusieurs individus et rapporte la capacité prodigieuse de l’un d’entre eux à pratiquer la momification par magnétisme :

« l’un d’eux tenant en sa main une pomme fraîche, celle-ci apparaît aussi aride et ridée que si elle fut restée huit jours au soleil » (Ambroise Paré, Traité de la Peste, 1568).

Il explique cela par la chaleur anormalement élevée dégagée par le corps du cagot. Cette forte chaleur serait également la source d’une capacité à flétrir les aliments. Il est aussi dit qu’un sang vert et bleu bouillonnant a pu être observé lors d’une saignée. Ces théories influent sur l’application de mesures discriminantes notamment dans les espaces religieux et la liturgie.

La représentation des Cagots

Statue représentant un cagot (église Saint-Girons de Monein, fin XVe – début XVIe siècle)

Les cagots étaient représentés de diverses façons sur divers supports tout d’abord dans des poèmes et chansons comme nous le montre les chansons béarnaises recueillies par l’historien Francisque Michel au XIXe siècle. Dans ces textes, les cagots sont perçus comme malveillants et mauvais, des êtres dont il ne faut surtout pas s’approcher de peur d’être comme eux. De plus, les cagots étaient représentés en statue, comme dans les églises où sur les bénitiers qui leur étaient destinés. Ces sculptures représentent les cagots portant un visage déformé par la maladie (lèpre).

Période contemporaine et disparition

La perpétuation de la mise à l’écart des cagots mène à l’endogamie et développe ainsi des handicaps physiques au sein de la communauté. Le mépris des cagots est ancré dans les couches populaires et mène une sévère discrimination. Cependant, avec la Révolution Française les cagots se voient offrir un patronyme souvent lié à leur métier tel que charpentier. Mais c’est durant la première industrialisation et les mouvements de population dû à la Première Guerre mondiale et à l’exode rural que les cagots et leur supposée malédiction sont peu à peu oubliés.

Pour aller plus loin

  • Benoît CURSENTE, Les Cagots : Histoire d’une ségrégation, Cairn, Paris, 2018
  • GUERREAU A., GUY Y., Les cagots du Béarn : Recherches sur le développement inégal au sein du système féodal européen, Minerve, Paris, 1996
  • Paola ANTOLINI, Los agotes : Historia de una exclusión, Istmo, Madrid, 1989
  • Geneviève JOLLY, Les cagots des Pyrénées : Une ségrégation attestée, une mobilité mal connue. Le Monde alpin et rhodanien, Revue régionale d’ethnologie, 2000, 28 (1), p.197–222.
  • Benoît CURSENTE, La question des « cagots » du Béarn. Proposition d’une nouvelle piste de recherche, Les Cahiers du Centre de recherches historiques, 1998, (21)

Définitions et Bibliographie:

Définitions:

I.Les débuts de la ligue

Guerres Médiques: Leś guerres médiques sont deux guerres, de -492 à -486 pour la première et de -481 à -479 pour la seconde, qui opposent les cités grecques à l’empire perse. Ces guerres marquent la première union des cités grecques contre un ennemi commun. Des batailles importantes comme celle de Marathon en -490, les Thermopyles en -480 se jouent et marquent durablement l’imaginaire des grecs.

Sparte: Sparte est une ville du Péloponnèse, principalement connue pour former les meilleurs hoplites du monde grec. Fondée au Xe siècle av JC, elle conquiert progressivement la quasi-totalité de la région du Péloponnèse. A l’inverse d’Athènes, elle s’appuie sur un système très hiérarchisé au sommet duquel on retrouve les citoyens soldats. 

Ligue du Péloponnèse: Fondée par Sparte au VIe S av J.C, elle regroupe la majorité des cités grecques de la région du Péloponnèse. Elle est l’ennemi de la Ligue Délos durant la guerre du Péloponnèse. 

Péloponnèse: Presqu’île au sud de la Grèce, séparé du continent par l’isthme de Corinthe. Plusieurs régions sont présentes dans le Péloponnèse comme la Laconie, région de Sparte ou encore l’Arcadie la région d’Olympie. 

Boétie: Région au nord d’Athènes, dont la plus grande ville est Thèbes. Cette région se regroupe en confédération et est une grande allié de Sparte. 

Panhellénisme: Dans l’Antiquité, sentiment politique qui poussait à proposer à toutes les cités grecques une action commune permettant d’arrêter leurs luttes fratricides. (Larousse).

II.De la démocratie à l’imperalisme:

Tribut: Le tribut est versé par les citées membre de la Ligue de Délos, il est soit d’une valeur pécuniaire ou humaine, chaque citées est libre d’envoyer de l’argent, des hommes, des armes, des denrées… Initialement basé sur l’île de Délos, Périclès va le déplacer à Athènes pour alimenter la politique des grands travaux sur l’Acropole. 

Impérialisme: Phénomène ou doctrine d’expansion et de domination collective ou individuelle (Larousse) 

Périclès: (-495/ -429) est un stratège et homme politique d’Athènes durant l’essentiel du Ve siècle avant notre ère. Il mar

Grands travaux: Sont une politique de plein emploi lancée par Périclès en -447. Elle vise à assurer à tous les athéniens un emploi stable pour l’essentiel dans la construction de grands édifices artistiques (exemple: Odéon de Périclès) et religieux (exemple: Parthénon) sur l’Acropole. Pour cela, les dirigeants d’Athènes et Périclès à leur tête décident de détourner le tribut versé par les cités de la ligue de Délos afin d’assurer le paiement des salaires et des matériaux de construction. 

l’Acropole: Est un plateau rocheux qui se dresse au milieu de la ville d’Athènes. Durant l’époque classique (-480/ -323) ce lieu est le centre religieux et culturel de la cité d’Athènes, le centre politique se trouvant sur la Pnyx avec l’assemblée des citoyens. 

III. La fin de la domination athénienne:

Clérouquies: sont des colonies militaires installées par Athènes en réaction au soulèvement de certaines cités de la ligue de Délos à l’image de Naxos (-468) ou Samos (-440). Elles sont composées de citoyens soldats athéniens que l’on appelle les clérouques, tirés au sort et à qui on attribue des parcelles de terres spoliées aux cités dissidentes. Avec cette présence militaire sur place, Athènes s’assure la fidélité des cités membres de la ligue de Délos susceptible de se révolter contre l’autorité athénienne. Néanmoins, il est clair que les clérouquies constituent l’un des éléments principaux de l’impérialisme athénien vis-à-vis de la ligue de Délos. 

Guerre du Péloponnèse: (-431/-404) guerre qui oppose la ligue de Délos dirigée par Athènes et la ligue du Péloponnèse dirigée par Sparte pour la domination économique, militaire et culturelle de la Grèce. La guerre est rythmée par de nombreuses batailles à l’image de l’expédition de Sicile (-415) ou la bataille d’Aigos Potamos (-404) et se solde par une victoire spartiate qui débouche sur une domination spartiate sur la grèce durant les années suivantes. 

Peste d’Athènes: épidémie qui frappe la cité d’Athènes au début de la guerre du Péloponnèse entre -430 et -426. Encore aujourd’hui, aucunes recherches n’a permis de savoir exactement de quelle maladie il s’agit. Néanmoins, on estime qu’entre un quart et un tiers des athéniens perdent la vie des suites de la maladie. 

Lysandre: est un roi spartiate qui s’illustre particulièrement durant la guerre du Péloponnèse en parvenant à mettre en déroute la marine athénienne, alors considérée comme la meilleure marine du monde, à la bataille d’Aigos Potamos (-405). A la suite de cette bataille, il parvient à entrer dans Athènes et à mettre fin à la guerre du Péloponnèse. 

Bibliographie:

Ouvrage généraux:

AMOURETTI Marie-Claire, RUZET François, JOCKEY Philippe, Le monde Grec antique, Hachette supérieur, Versailles, 2018.

AUSTIN Michel, VIDAL-NAQUET Pierre, Economies et sociétés en Grèce ancienne, Armand Colin, Paris, 2007.

BASLEZ Marie-Françoise, Histoire politique du monde grec, Des temps homériques   à l’intégration dans le monde romain, Armand Colin, Paris, 2001. 

BRUN Patrice, Impérialisme et démocratie à Athènes, inscription de l’époque classique, Armand Colin, Paris, 2005.

CABANES Pierre, Petit Atlas Historique de l’Antiquité grecque, Armand  Colin, 

Paris, 2007.  

GRANDJEAN Catherine(dir.), BOUYSSOU Gerbert S., CHANKOWSKI Véronique, JACQUEMIN Anne, PILLOT William, La Grèce classique, D’Hérodote à Aristote, 510-336 avant notre ère, Belin, Paris, 2022.

MIGEOTTE Léopold, L’économie des cités grecques de l’archaïsme au Haut-empire romain, Ellipses, Paris, 2007.

RICHER Nicolas, Atlas de la Grèce classique, Ve-IVe siècle av. J-C, l’âge d’or d’une civilisation fondatrice, autrement, Paris, 2021.

Ouvrage spécialisés:

BRUNEAU Philippe, BRUNET Michèle, FARNOUX Alexandre, MORETTI   Jean-Charles, Délos, Île sacrée et ville cosmopolite, Paris Méditerranée, CNRS Éditions, Paris, 1996. 

HANSEN Mogens H., La démocratie athénienne. A l’époque de Démosthène,  Texto, Paris, 1991. 

HANSON Victor Davis, La guerre du Péloponnèse, Champs histoire, 2010, Paris.  

MANSOURI Saber, Athènes vue par ses métèques (Ve-VIe siècle av. J.-C.), Tallandier, Paris, 2011.

MOATTI Claudia , KAISER Wolfgang et  PÉBARTHE Christophe(dir.), Le monde de l’itinérance en Méditerranée de l’Antiquité à l’époque moderne, Ausonius éditions , Pessac, 2009.

→ Emigrer d’Athènes. Clérouques et colons au temps de la domination athénienne sur l’Egée au Ve A.C. PÉBARTHE Christophe, p.367.

MOSSE Claude, Périclès, l’inventeur de la démocratie, édition Payot & Rivage, Paris, 2005. 

Articles: 

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www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_2017_act_1392_1_3537

BRUN Patrice, “Les archipels égéens dans l’Antiquité grecque (Ve – IIe siècles av. notre ère)” , Collection de l’institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité, 1996, p. 268.

www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_1996_mon_616_1

 BRUNET Michèle, “l’économie d’une cité à l’époque classique: Thasos”, Economie et société en Grèce 478-88 av J.-C, Nantes, Édition du temps, 2007, p.311-331.[en ligne]

BRUNET Michèle, “ Thasos et son Épire à la fin du Ve et au début du IVe siècle s. avant Jésus-Christ” Esclavage, guerre et économie en Grèce Ancienne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1997, p. 229-242. 

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Déportation et internement en Occitanie pendant la Seconde guerre mondiale.

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Le 24 octobre 1940, quatre mois après l’armistice, le maréchal Pétain rencontre Adolf Hitler en zone occupée, à Montoire-sur-le-Loir . Au centre, le colonel Schmidt, qui leur sert d’interprète. Cette poignée de main est emblématique de la collaboration du régime de Vichy avec l’Allemagne nazie.

Les troupes allemandes envahissent la Pologne le 1er septembre 1939, déclenchant ce qui deviendra ensuite la Seconde Guerre mondiale. Le 6 octobre, la Pologne capitule et les premiers massacres et répressions commencent, entraînant de grandes vagues d’immigration vers d’autres pays tels que le France. C’est ainsi que les premiers camps, alors camps de réfugiés sont mis en place. En mai 1940 débute l’offensive allemande contre la France. Le 22 juin 1940, le maréchal Pétain demande l’armistice et la France, séparée en deux zones, l’une occupée, l’autre « libre », entre alors en collaboration avec l’Allemagne.

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Panneau interdisant l’accès de certains lieux aux juifs. Yad Vashem.

A partir d’octobre 1940, Pétain promulgue un décret de loi, le « premier statut des Juifs » qui définit une « race juive ». Les Juifs sont ainsi exclus de la société. A cette période sont aménagés des camps d’internement pour les Juifs étrangers. En janvier 1942, la « solution finale » est mise en place par Hitler lors de la Conférence de Wannsee où est organisée l’extermination des Juifs d’Europe. A partir de 1942 les Juifs sont donc envoyés dans des camps de concentration et de mise à mort. L’Occitanie est une région qui se situe en zone libre et qui suit donc les réglementations qui concernent cette zone. Comment se déroulent l’internement et la déportation en Occitanie pendant la Seconde Guerre mondiale? Dans une première partie nous nous intéresserons à la mise en place du phénomène d’internement en Occitanie puis à son application et enfin nous aborderons la question de la déportation des internés.

I- Arrestation et emprisonnement

1) Statut et utilisation de la zone libre par Vichy

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La France coupée en plusieurs parties en 1940 : zone libre, zone d’occupation italienne, zone occupée, avec à l’intérieur de celle-ci : la zone annexée Alsace-Moselle, la zone placée sous l’administration militaire allemande de Bruxelles (nord de la France), et deux territoires classés zone interdite. Wikipédia


Fin 1940 et début 1941 deux types de populations juives se trouvent concentrés dans la zone libre dite zone non occupée, à l’issue de l’armistice. D’autre part, il y avait les Juifs français échappés de la zone occupée. Bien que recensés et surveillés, ils étaient libres de leurs mouvements et ne portaient pas l’étoile jaune, à l’inverse de la zone occupée. En 1941, on recensait environ 110 000 Juifs en zone libre. Au fur et à mesure de la multiplication des rafles en zone occupée, et surtout après le début des déportations, en mars 1942, «Franchir la ligne de démarcation» représente l’ultime espoir. Dans cette zone dite libre, 10 000 hommes, femmes et enfants juifs, qui se croyaient à l’abri au-delà de la zone de démarcation, sont raflés par des gendarmes et des policiers français. Certes, les Juifs se sentent moins menacés qu’en zone occupée. En zone libre, il n’y a pas de Gestapo, et certaines mesures antijuives entrent en vigueur un peu plus tard. La zone libre est sous la seule souveraineté du gouvernement de Vichy. Dès lors, cette zone libre devient immédiatement un havre de paix et un canal de survie pour les réfugiés juifs affluant de toutes parts.

2) Mise en place technique des camps

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Camp de Brens, mars 1942, site APSICBR.

Sur le point technique, les camps se sont construits entièrement sur des champs complètement vides. Cependant. Un deuxième type de construction est en vigueur : la construction des camps sur ses bâtiments déjà existants. Par exemple les camps de Rieucros et de Brens. Du côté du camp de Rieucros il a été créé par décret datant du 21 janvier 1939. Le terrain était une priorité de l’hôpital de la ville de Mende qui le loue à la préfecture. Pour le camp de Brens, le terrain appartenait à deux frères qui servaient de base aux ouvriers d’avant-guerre qui réhabilitent le pont le plus proche. 

3) Premiers internements

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Archives départementales, Documents et sources pour l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, Vol.2, répertoire numérique

En septembre 1939, les ressortissants des « pays ennemis » réfugiés en France font, en raison de leurs nationalités, l’objet de mesures d’internement : le statut de réfugié politique ne prévoit alors nullement sur le critère d’appartenance à un pays ennemi. Parmi ces internés se trouvent de nombreux intellectuels antinazis et des Juifs qui ont fui les persécutions. L’internement administratif vise des personnes non pour ce qu’elles ont fait (ou sont présumées avoir fait) mais pour le danger potentiel qu’elles représentent aux yeux du pouvoir. La première loi autorisant l’internement administratif remonte au 12 novembre 1938. Il visait ce qu’on appelait alors les « étrangers indésirables ». Symboliquement puissant, car c’est pour cette catégorie que le premier camp a été ouvert à Rieucros, en Lozère.

Dès lors, le camp de Rieucros passe de « centre de rassemblement d’étrangères » à  « camp de concentration » en janvier 1941, il accueille au départ des hommes étrangers considérés comme suspects de troubles à l’ordre public, en octobre 1939 ils sont déplacés au camp disciplinaire du Vernet d’Ariège : la place est ainsi libre pour les femmes étrangères indésirables, parfois enfermées avec leurs enfants. Avec le gouvernement de Vichy, la population du camp s’élargit à des Françaises suspectes pour raisons politiques ou pour « mœurs douteuses ». Au printemps 1942, les camps français d’internement prirent leur place dans la nouvelle logique allemande : la mise en œuvre de la solution finale en France. Ce sont les réfugiés espagnols fuyant les armées franquistes qui représentaient, et de loin, la catégorie d’internés la plus nombreuse entre 1938 et 1940. Cela ne veut pas dire qu’il n’y eut plus d’internés politiques dans les camps, de nomades, de droits communs.

II- Les camps d’Occitanie

1) L’internement en Occitanie

Archives départementales, Documents et sources pour l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, Vol.2, répertoire numérique

Dès la déclaration de la guerre, en septembre 1939, les ressortissants des « pays ennemis » réfugiés en France font, en raison de leurs nationalités font l’objet de mesures d’internement. Parmi ces internés se trouvent de nombreux intellectuels antinazis et des Juifs qui ont fui les persécutions.

Il existe plusieurs types de camps, les centre d’accueil pour réfugiés espagnols en place entre octobre 1939 et novembre 1940 et les centre d’hébergement pour réfugiés juifs étrangers effectifs entre novembre 1940 et mars 1941. Les autorités espèrent pouvoir mieux réguler le flux de réfugié·e·s à l’aide d’une loi qui autorise l’internement des « indésirables étrangers ».

Un premier camp est construit à Rieucros, dans le sud de la France. D’autres ne sont constitués au départ que de tentes, puis de baraques en bois ou de bâtiments en dur. Le déclenchement de la guerre avec l’Allemagne se traduit par l’édification de douzaines de camps dans la zone non occupée de la France. Il s’agit d’y emprisonner les « ressortissants de puissances ennemies » et les « individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». En 1939-1940, l’internement demeure une mesure d’exception. Puis il devient un pilier des politiques répressives du régime de Vichy à l’égard des « indésirables », en premier lieu des Juives et Juifs étrangers venus se réfugier en France. Fin 1940, près de 50 000 personnes, en majorité juives, sont détenues dans les camps de la zone libre.

2) La vie dans les camps : l’exemple du camp de Rieucros

Le camp de Rieucros est effectif de 1939 à 1942, il comprend sur cette période une population maximum de 800 personnes. Il s’agit de femmes, en majorité politiquement engagée.

Dessin de Flora Süssmann, Dans la baraque, extrait de Camps de femmes de Mechthild Gilzmer

A Rieucros chaque journée se ressemblent, avec les mêmes horaires, les mêmes corvées . Seule la correspondance fait varier le quotidien et marque un lien avec le monde extérieur. L’espace de vie principale est la baraque, où chacune sur sa couchette peut tenter de se recréer un semblant d’intimité. Cela reste complexe, une baraque contenant à peu près 80 femmes, ce qui induis une grande promiscuité.

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Dessin de Flora Süssmann, Dans la baraque, extrait de Camps de femmes de Mechthild Gilzmer

La direction du camp a constamment cherché à procurer du travail aux femmes internées. Il s’agit généralement de confection de vêtements pour l’armée française censé être rémunéré mais dont le contrat n’est pas toujours respecté. Elles fabriquent également des objets en quantités considérables tel que des vêtements, des bijoux, des jeux… Par exemple, la fabrication de bouton finit par se transformer en une réelle entreprise de vente de boutons avec un commerçant de Mandes. Cet argent récolté par les internées dans le but de pouvoir acheter de la nourriture à la cantine.

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Au travail. Mechthild Gilzmer, Camps de femmes.

Au début l’approvisionnement est suffisant, mais les choses se dégradent en même temps que l’avancée de la guerre. Les deux repas ont lieu à midi et le soir et se composent essentiellement de soupe de légumes (haricots, rutabaga…) à laquelle on ajoute quelques rare fois un peu de viande. Avec ceci elles ont droit à 200g de pain. Au début elles ont droit à du poisson tous les lundis. Celles qui avaient de l’argent n’eurent pas à souffrir de la faim en tout cas au début, pouvant se procurer divers produits en payant. En effet le camp stock pour 14126 francs de nourriture parmi lesquels du chocolat, du saucisson du fromage et même du vin ou de la bière.

Le manque de nourriture a eu des effets néfastes sur leur santé. Lors de l’arrivée au camp les internés doivent se soumettre à une visite médicale. Par la suite les seuls malades peuvent accéder à l’infirmerie, seul endroit du camp dans lequel on trouve de vrais lits. Règlement du camp stipule qu’est prévue une visite médicale quotidienne. La réalité est autre, en effet le rapport du camp du mois de décembre 1941 mentionne deux visites médicales hebdomadaires. Outre les grippes, maux d’estomac et de têtes subviennent la tuberculose, des maladies vénériennes, la dysenterie et les fausses couches. De nombreuses femmes furent soignées dans des hôpitaux à l’extérieur du camp. (Mandes, Montpellier..) De plus la plupart des femmes connaissent un arrêt de leurs règles. Le seul nouveau-né qui vit le jour mourut quelques jours plus tard, ce fut la seule répertoriée dans le camp. En général les conditions d’hygiène sont meilleures à Rieucros que dans les autres camps français mais le manque de nourriture et de soin accentué tout au long de la guerre affaiblit fortement les femmes et les rendent vulnérable à tous types de maladies.

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Dora Schaul. Les femmes ramenant la soupe au camp tiré de Camps de Femmes de Mechthild Gilzmer

Contrairement aux camps d’extermination allemands, les camps français n’étaient pas destinés à la diminution ou à l’élimination physique des êtres humains par le travail, la maladie ou l’exécution. Les internées organisaient des conférences ou des cours de langues proposés par les femmes spécialisées grâce à leurs formations respectives. Elles mirent même en place des cours de gymnastique mais très vite n’en eurent plus la force à cause du manque de nourriture. L’art est pour les internées une manière de garder et entretenir leur humanité dans un contexte inhumain. Les femmes peignent beaucoup Rieucros de manière plus ou moins réaliste : Dans son œuvre Tanguy , Michel Del Castillo évoque le cas de Rachel, une internée qui peint le camp de manière irréaliste, « comme une maison de poupée ». Lorsqu’on lui en fait la remarque, celle-ci répond « Pour moi voyez vous, c’est presque une chance d’être ici. J’ai réussi à échapper aux camps nazis. Ceux-là sont moins drôles, je crois » Les internées ont d’autres activités telles que la création et la mise en scène de pièces de théâtre, ainsi que l’organisation d’expositions et qu’elles inaugureront. Elles fêteront également la journée internationale des femmes.

III. Vers la déportation


1- Les différentes destinations de déportation

Ces camps de réfugiés vont très vite devenir au fil des mois des camps d’internement puis des camps de concentration. Certes, ces camps n’ont pas connu l’horreur absolue des lieux d’extermination, mais Vichy a su en faire des antichambres de la Solution finale. Des convois entiers en sont partis, dès août 1942, acheminant de nombreuses familles juives vers Auschwitz via Drancy..

Le camp d’extermination fut aussi l’ultime voyage pour quatre convois de familles juives parties en 1942 des camps de Noé et du Récébedou, près de Toulouse. Cette année-là, Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse, évoquait les scènes d’épouvante à l’intérieur des deux camps, tout en rappelant que les Juifs «sont nos frères comme tant d’autres».

Aucun département d’Occitanie n’a échappé aux rafles qui vont se multiplier avec l’invasion de la zone libre La rafle débute le 26 août 1942 à l’aube, dans toute la zone sud. Les forces de police et de gendarmerie, les gardes mobiles, les militaires et même les pompiers sont mobilisés. On utilise les fiches de recensement des Juifs établies du temps du gouvernement Darlan. Les Juifs sont ramassés dans les camps d’internement, les bataillons de travail, les résidences surveillées, les pensionnats catholiques et protestants, et on procède à des traques en forêt. À la mi-journée, le nombre d’arrestations ne dépassant pas 3 500 personnes, chiffre très inférieur aux prévisions, il est rappelé aux préfets par les services de Bousquet que, si leurs parents sont livrables aux Allemands, on doit procéder à la déportation des enfants de 2 à 16 ans. Des camions et des bus loués à des entreprises privées effectuent le transport des déportés des lieux de regroupement aux camps d’internement, puis jusqu’aux gares..

Début 1942, les internées de Rieucros sont transférées à Brens, près de Gaillac, dans le Tarn.

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Camp de Brens, mars 1942, site APSICBR.

Les régions organisent des «centres de criblage» pour regrouper les prisonniers et examiner leurs éventuelles exemptions. Au moins 45 autres femmes, « précédemment internées à Rieucros », dont 32 depuis le camp de Brens, ont été déportées par la police française et la Gestapo à l’été 1942  

Pour en savoir plus sur le camp de Brens

2- L’enfermement des suspectés de collaboration et l’occupation nazi en attente de jugement

Si la Libération du territoire se fait dans la liesse populaire, elle est aussi une période durant laquelle vont s’exprimer les rancœurs accumulées durant ces quatre années d’Occupation. L’épuration permet d’évacuer et de juger les collaborateurs (et fidèles) du régime de Vichy dans les secteurs administratifs et économiques notamment. A Rivesalt par exemple les derniers internés sont dispersés vers d’autres camps, tels Gurs ou Saliers, ou transférés dans des Groupements de Travailleurs Étrangers. À la Libération, le camp de Rivesaltes devient un centre de séjour surveillé pour les personnes suspectées de collaboration (1944-1945),et un Dépôt de prisonniers de guerre de l’Axe (1944-1948). Il pouvait s’agir du vrai collaborateur comme misérable dénoncé par un voisin. On y trouve des Allemands, des Autrichiens, des Italiens et des Hongrois, mais aussi des Espagnols et des Soviétiques. De nombreux détenus sont alors employés à divers travaux dans la région, jusqu’à leur libération.

3-Les camps conservation ou démantèlement

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La camp de Rivesaltes aujourd’hui. Mémorial du camp de Rivesaltes

Suite à la libération certains camps sont devenus des mémorial pour ne jamais oublier et permettre d’avoir des lieux de commémorations et de recueillement comme le mémorial de Rivesaltes, inauguré en octobre 2015, le Mémorial est construit au milieu des vestiges des baraquements, témoins du destin de plus de 60 000 personnes. Cette marque dans l’espace en fait un lieu unique, qui rend compte des traumatismes du second vingtième siècle. Néanmoins le cas du camps de Rivesaltes n’est pas une généralité . A la fin de l’occupation la majorité des camps sont démantelé comme le camp de Rieucros qui a fermé en 1942 . Et dont aujourd’hui il ne reste plus rien à part une stèle ou le camps de Brens qui a était restitué à ses propriétaires après la libération . Dans ce camps il reste quelque baraquement qui servent de garages et le mirador .

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Camp de Brens aujourd’hui. Photo de Matthieu Palat.

Ce camps a pue servir pour des camps de vacances , il est aujourd’hui laissé à l’abandon néanmoins des projets de rachat du camps subsistent . Aujourd’hui, une association se bat pour la mémoire du site et de toutes les femmes qui y ont été internées.

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Camp de Brens aujourd’hui. Photo de Matthieu Palat.

Voici la bibliographie non exhaustive qui nous à permis de traiter ce sujet :

Bibliographie succincte

 Ouvrages généraux:

 • Amouretti Marie-Claire et al., Le Monde Grec Antique, Hachette supérieur, coll. «Histoire Universitaire », 2018 (6e édition), 352 pp.

 • Inglebert Hervé, Histoire de la civilisation romaine, Presses Universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio”, 2005, 516 pp.

Sitographie : 

 •Berthon Chrystelle, “Emporion / Emporiae – Une cité ibérique au croisement des cultures grecque et latine”, Odysseum, 29/05/2022
URL:https://odysseum.eduscol.education.fr/emporion-emporiae-une-cite-iberique-au-croisement-des-cultures-grecque-et-latine

 •Generalitat de Catalunya Departemento de Cultura, “Greek Archaeological ensemble in Empúries, l’Escala, Girona”, Unesco, 20/12/2002
URL : https://whc.unesco.org/fr/listesindicatives/1051/

Empúries, une cité antique au croisement des peuples de la Méditerranée

Image aérienne de la ville grecque d’Empúries et de la Paléopolis, actuel Sant Martí d’Empúries

Empúries est une cité antique, qui se situe en Espagne, et plus précisément en Catalogne. Situé sur les côtes de la Méditerranée, son essor est dû au commerce. Il s’agit de plus d’un des seuls sites archéologiques de la Péninsule ibérique dit comme pluriculturel. En effet, on trouve au même endroit des vestiges de populations distinctes comme celle des indigènes, des grecs et des romains, avec des créations locales dérivées de ces populations, mais aussi provenant de toute la Méditerranée liée à l’activité commerciale de la cité. D’ailleurs, son nom Emporion, pour les Grecs, désigne étymologiquement les comptoirs de commerce grec fondés sur des territoires étrangers.

De nos jours, le site archéologique se visite. On y retrouve d’ailleurs un musée qui répertorie différents objets trouvés grâce aux fouilles. 

: « Les fouilles d’Empúries commencent en 1908 et ne sont toujours pas achevées. Seulement 25% de la surface du site a été découverte ! »

 Comment la cité d’Empúries a-t-elle évolué dans le temps ?

Tout d’abord, l’arrivé des grecs …

La cité grecque a été fondée par des colons grecs de la ville de Phocée, qui après avoir érigé Massalia (aujourd’hui Marseille) en -600 avant notre ère, ont ensuite construit un comptoir de commerce en Péninsule Ibérique. La date de fondation de la ville reste incertaine, mais on suppose que cela se déroule à la fin du VIe siècle avant notre ère.

La cité grecque a été fondée par des colons grecs de la ville de Phocée, qui après avoir érigé Massalia (aujourd’hui Marseille) en -600 avant notre ère, ont ensuite construit un comptoir de commerce en Péninsule Ibérique. La date de fondation de la ville reste incertaine, mais on suppose que cela se déroule à la fin du VIe siècle avant notre ère.

Les grecs fondent dans un premier temps un noyau urbain, ainsi qu’un port sur un ancien habitat indigène. Ce premier noyau urbain est appelé la Paléopolis, et a aujourd’hui complètement disparu, car plusieurs habitations se sont installées sur le site rendant les fouilles impossibles.
Ils créent ensuite un siècle plus tard un deuxième noyau urbain plus concret, appelé la Néopolis (ce qui signifie nouvelle cité). Cet agrandissement est dû à l’augmentation de la population au moment de l’agrandissement des centres coloniaux phocéens, mais également à l’essor du commerce entre les principales cités méditerranéennes qui se déroule pendant la dernière partie du VIe siècle avant notre ère. Cette nouvelle cité a pu être conservée. On y retrouve des bâtiments emblématiques des cités grecs, comme un temple attribué au dieu de la médecine Asclépios ainsi qu’une place centrale (l’agora). 

: « Le visiteur peut profiter de la partie grecque du site archéologique :
– Des temples, dont un est dédié à Asclépios, dieu de la médecine, dont on aperçoit la statue sur les vestiges.
– Des restes d’habitations ou de commerce avec des mosaïques. 
– Des vestiges d’infrastructures, telles que des citernes et des systèmes de filtration de l’eau.
– Des lieux publics comme l’agora. »

… suivit de celle des romains quatre siècles plus tard…

Les romains ont comme projet d’envahir et de conquérir la Péninsule Ibérique. Ils viennent pour la première fois à Empúries en 218 av J-C, ils arrivent principalement à cause de la seconde guerre punique qui oppose Rome à Carthage. Au début, les romains ne fondent pas de colonies et se servent des fondations déjà existantes sur le territoire. Cependant en 195 av J-C les Romains viennent à Empúries une seconde fois, et installent un camp militaire pour lutter contre les révoltes indigènes.

Inscription romaine en bronze dédiée à un personnage illustre de la ville. Musée d’Archéologie de Catalogne, Empúries.
Inscription romaine en bronze dédiée à un personnage illustre de la ville. Musée d’Archéologie de Catalogne, Empúries.

Dès 195 av J-C, une cohabitation est créée entre les différentes cultures présentes à Empúries. Les romains au cours du IIe siècle av J-C commencent à construire une ville basée sur un plan rectiligne romains que l’on appelle un cadastre et qui permet de découper la ville en parcelles égales. Il est occupé par des bâtiments indigènes qui possèdent des techniques romaines. Mais au Ier siècle, ces bâtiments disparaissent pour être remplacés par des villae (le maisons typiquement romaines). C’est au cours de cette période, entre le IIe et le 1er siècle, que les populations indigènes qui vivent sur place ont été romanisées. Et c’est ainsi que la culture romaine va prendre le pas sur l’indigène qui elle va tendre à disparaître. 
De cette ville romaine, les fouilles archéologiques ont à ce jour découvert un forum, des thermes et  des maisons romaines.

: « Le visiteur peut également profiter des vestiges de la ville romaine:
– Les restes de villas et des mosaïques presque intactes pour certaines.
– Les vestiges des thermes, de la muraille. 
– Le forum, dont une partie est reconstituée. »

… ce qui crée une cohabitation entre ces peuples

Exemple de différents objets provenant du commerce méditerranéen. (photo personnelle)

La cité d’Empúries présente la caractéristique d’être une cité multiculturelle, car elle témoigne d’un brassage de population, qui rend ce site unique sur toute la péninsule ibérique. Elle nous offre une vision de la cohabitation entre trois populations différentes, à savoir des indigènes, des grecs et des romains.
Pour ce qui est des indigènes, le site ne possède que très peu de vestiges, alors qu’en revanche pour les grecs et les romains, ils sont beaucoup plus présents, ce qui nous permet de témoigner de ce mélange, mais aussi de voir que ces deux cités n’ont pas toujours étaient unies, et que leur rassemblement c’est effectué que bien plus tard.
On peut retrouver des traces de ce rassemblement au niveau politique, avec l’abandon progressif de l’agora grecque vers un forum romain commun, mais aussi à travers la muraille qui les entourent, et qui autrefois servait à les délimiter.
Une trace importante et certainement la plus représentative de cette cohabitation se produit sous le règne de l’empereur Auguste (1er siècle avant J.C. – début 1er siècle après J.C.), ou la cité prend le nom unique de « Municipium Emporiae ». La monnaie à même été adaptée dès la création de cette union « Municipium romain », pour être la même pour tous, et faciliter les échanges sur le port.

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Reconstitution de la statut de Sarapis, exposé devant son temple. (Photo personnelle).

Un autre élément très présent sur ce port et qui témoigne le plus de cette présence de différentes cultures reste la religion. On retrouve pour les grecs, plusieurs sanctuaires avec des salles de cultes accompagnés de kernoi , ainsi qu’un temple qui se trouve dans la Neapolis, près de la porte d’entrée de la cité, et qui était destiné à Asclépios . On retrouve d’ailleurs une statue à son effigie, qui le représente avec ses attributs à savoir la barbe, son manteau et les restes d’un serpent.
Pour ce qui est des romains, on peut voir des autels d’offrandes situées dans des restes de maisons romaines, ou encore des mosaïques, dont celle du sacrifice d’Iphigénie qui représente une scène de la mythologie grecque, ce qui montre l’importance de l’hellénisation chez les aristocrate romains.
Une dernière caractéristique propre à ce site, est qu’il possède un temple égyptien découvert au début du XXe s, près de celui de Sarapis , dédié à des divinités gréco-égyptiennes ( ou autrement dit divinités isiaque ,qui appartiennent à Isis). Ce temple aurait été construit sur l’initiative d’un riche marchand égyptien nommé « Noumas », que nous connaissons grâce à une inscription bilingue que l’on retrouve sur le site, écrite en grec et en latin, ce qui encore une fois démontré la cohabitation entre les grecs et les romains qui ne partageaient pas la même langue. 

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La ville connaît son apogée entre le Ier siècle et le IIeme siècle de notre ère avant  de décliner. On peut expliquer ce déclin par l’arrivée de nouvelles puissances commerciales aux alentours d’Empúries comme Tarragone et Barcelone. 
La ville d’Empúries est ainsi un exemple de cohabitation entre différentes civilisations de l’Antiquité. La ville permet de mettre en lumière les connexions entre les peuples autour de la Méditerranée et l’importance du commerce dans l’essor des villes côtières.

: « On retrouve des tombes wisigoths sur le site, un des seuls vestiges qu’il reste de leur passage. »

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Lien vers la bibliographie :
http://blogs.univ-jfc.fr/vphn/2023/04/13/bibliographie-empuries/

Lajoinie Lina, Nonorgues Sarah, Terral Emilie, Salvat Elisa, Leblanc Eurydice

Le traité des Pyrénées 1659, une paix avec de grands enjeux pour le contrôle de l’Europe de L’Ouest

Le traité des Pyrénées conclu une guerre de 34 ans entre la France et l’Espagne. C’est Richelieu qui déclara la guerre à l’Espagne en 1635 durant la guerre de Cent qui se terminera par le traité de Westphalie

Cette guerre est un enjeu pour les deux puissances de l’Europe de l’Ouest, chacune cherche la prédominance sur l’autre dans ce coin de l’Europe. Chacune souhaite faire en sorte que l’autre ne puisse plus du tout s’opposer à l’autre.

Les premières grandes batailles sont à l’avantage des Espagnoles. L’Espagne et son souverain Philippe IV, tente de profiter de la contestation que subit le régime monarchique français avec l’épisode historique de la fronde et la menace de la monarchie parlementaire britannique sur la scène internationale qui conteste la puissance extérieure française pour tenter de ravir à la France des portions de territoires qu’elle considère comme siennes.

File:Louis, Grand Condé.PNG
Sources : peinture de Juste d’Egmont (1602–1674)
Titre : Portrait Louis II Grand Condé

La France elle est dans une situation qui l’oblige à garder contact avec l’Espagne en permanence et à toujours tenter durant 34 ans de faire la paix. Cependant la condition de l’Espagne de la réhabilitation du prince de Condé Louis II de Bourbon est quelque chose que le cardinal Mazarin n’acceptera que très tard.

Petit à petit la situation qui était à l’avantage de l’Espagne ce retourne et devient à l’avantage de la France. Plusieurs raisons pour cela, d’une part les caisses de la couronne d’Espagne ce vide petit à petit, la situation politique entre le souverain Philippe IV et les autres puissants d’Espagne est tendue, le souverain sait qu’il doit terminer d’une façon ou d’une autre cette guerre qui coute beaucoup d’argent. Que ce soit en la gagnant ou alors en sauvant la face. De plus l’Espagne est sur trois fronts, contre le Portugal, la France et enfin l’Angleterre qui s’engage au côté de la France.

En France, la situation intérieure va petit à petit se stabiliser avec le cardinal Mazarin, la fin de la Fronde et l’affirmation du pouvoir de Louis XIV. L’alliance de la France et de l’Angleterre permet de renverser grandement la situation militaire entre l’Espagne et le France.

Cependant la situation financière du royaume de France est compliquée et la couronne n’arrive pas à payer l’armée ce qui mène à des exactions de la part de l’armée à même du territoire français comme à Laon.

Le premier évènement qui va mener à la paix va être l’élection d’un nouveau roi du Saint Empire Germanique. Les deux branches de la famille des Habsbourg se divisent et des tensions se mettent en place, ce qui donne une non-intervention de la part des Habsbourg d’Autriche dans le conflit avec la France. Une situation gênante pour l’Espagne qui aimerait recevoir de l’aide. Cependant en 1662 pour l’élection de Maximilien II, quand la France réussit à inscrire dans la charte d’élection l’obligation de non-intervention dans le conflit franco-Espagnol c’est une défaite Espagnole.

Le deuxième va être la victoire française écrasante à la bataille des Dunes qui est une bataille que l’Espagne va perdre contre la France et l’Angleterre le 14 Juin 1658.

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Sources : gravure du XVIIème siècle de A. Boudan,
Titre : Les Heureux commencements du règne de Louis XIIII, sous la généreuse conduite du duc d’Enguien

Après les négociations entre les deux royaumes qui se concluent le 7 novembre 1659. Luis de Haro et Mazarin signent le traité le 7 novembre. Philippe IV le signe le 10 décembre 1659. Le traité est signé, dès lors il faut organiser la rencontre entre les deux parties pour exécuter l’article le plus important qui est le mariage entre Louis XIV et l’infante d’Espagne. Les deux parties se rencontrent sur l’ile du faisan à la frontière Franco-Espagnol.

Le 6 juin eut lieu la rencontre entre les deux souverains qui se jurèrent amitié. Le lendemain, l’infante quitta la partie espagnole de l’île et fut accueillie en France. Le 9 juin 1660, le mariage religieux fut célébré en l’église de Saint-Jean-de-Luz. Louis XIV refusa les témoins qui, selon la coutume, devaient assister à la nuit de noces.

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Sources : Peinture de Jacques Laumosnier
Titre : Entrevue des deux rois sur l’île des Faisans

Le traité des Pyrénées fut donc signé par les deux parties, l’application du traité des Pyrénées prendra du temps et aura des conséquences que ce soit politique ou territoriale sur le court et le long terme.

Au niveau international, les effets du traité des Pyrénées se font immédiatement sentir. L’Espagne se retire de la scène internationale laissant le champ libre à la France de contrôler l’Europe continentale de l’Est et de se concentrer uniquement sur le Saint Empire Germanique et de la lutte contre les Halbourgs.

La paix avec l’Espagne va amener à un manque de considération de la part de la royauté sur les cités du sud. Par exemple la cité médiévale de Carcassonne va être petit à petit abandonnée. Car ne représentant plus aucun intérêt stratégique militaire. De ce fait la cité médiévale va être abandonné au fur et à mesure que la cité-base se développe.

Les territoires acquis par la couronne de France vont recevoir des transformations administratives, leur intégration culturelle est dure et lente. Dans les territoires proches de la frontière Espagnol sans relief naturel comme le duché de Loraine ou la Cerdagne, ils vont voir l’arrivé de caserne militaire ainsi que des garnisons avec 1 soldats pour 24 habitants.

De plus les frontières économiques comme la frontière partagée entre le Roussillon et le Languedoc porte plusieurs problèmes à régler rapidement.

De plus par exemple, l’introduction par la gabelle dans les nouveaux territoires va amener des révoltes et une contrebande dans le commerce.

Le traité des Pyrénées permet donc à la France d’assurer sa prédominance sur le territoire de l’Europe de L’Ouest face à l’Espagne. La France gagne des territoires, une légitimité à la couronne d’Espagne ainsi qu’un retour au calme dans la situation intérieure pour le pouvoir royale Français. Et une stabilisation de la situation pour la population avec la fin de la guerre.

Enfin en Espagne, Philippe IV assure sa position en tant que roi, cependant il perd la prédominance que la branche des Habsbourg d’Espagne avait sur l’Europe. Plus tard la branche des Habsbourg d’Espagne s’éteindra avec son petit-fils.

Enfin concernant la frontière uniquement, il faudra finalement attendre le Traité de Bayonne du 26 mai 1866 signé entre Isabelle II Reine d’Espagne et Napoléon III Empereur des Français pour fixer définitivement le tracé de la frontière.

Bibliographie

-Alain Hugon,12/03/2014, Philippe IV – Le siècle de Vélasquez, bibliographie Payot

-Albesa Louis, Le traité des Pyrénées, Monhelios Editions, Paris, 2014

-Ayats Alain, La défense des Pyrénées-catalanes françaises (1659-1681) : frontière politique et frontières militaires, Thèse, Montpellier, 1990.

-Bely Lucien, Haan Berttrand, Jettot Stéphane, La Paix des Pyrénées (1659) ou le triomphe de la raison politique, Classiques Garnier, Paris, 2015.

-Bougain Michel et Annie Bougain, Le partage de la Catalogne histoire rocambolesque du traité des Pyrénées 1658-1660, Trabucaire, Paris, 2019.

– Jean-Yves Puyo, Jacobo García Álvarez, Une frontière pour les Pyrénées : l’épisode trop méconnu de la commission topographique franco-espagnole Caro-Ornano, Thèse, Pessac, 2016.

– Peter solkins, Frontières et identités nationales ; La France et l’Espagne dans les Pyrénées depuis le XVIIème siècle, Belin, Paris, 1996.

-Serre Daniel, Honcré Chamion, La Paix des Pyrénées 24 ans de négociations entre la France et l’Espagne, Honore Champion, Paris, 2007

-Sophie Gonzalez Ruggeri, La Catalogne de 1640 à 1659 : l’administration française d’une province placée sous la protection des rois de France, Thèse, Perpignan, 2006.

-Erbin Rayan, « Carcassonne : un joyau du patrimoine français à l’histoire mouvementée », l’écho du Languedoc, 2022.

Etudiants : Erbin Rayan, Elboutahiri Bilal, Hamroune Yanis

Impératrice Joséphine (1763-1814)

Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie née en Martinique où elle passe sa jeunesse. Elle arrive en métropole à la suite de son mariage avec Alexandre de Beauharnais en 1779, avant de devenir veuve en 1794, par la suite elle rencontre l’empereur Napoléon Ier dont elle sera l’épouse de 1796 à 1809. Elle devient donc impératrice des Français et reine d’Italie. En 1809, Napoléon et Joséphine divorce mais celle-ci conserve le titre d’impératrice et reçoit des terres dont le château de Navarre en 1810 elle devient duchesse de Navarre jusqu’à sa mort. Napoléon crée ce titre à la suite de leur divorce.