Construit à l’aube du Bas Moyen Âge sur un emplacement stratégique dominant le Lot, le château d’Estaing fut pendant 800 ans la demeure de la famille du même nom.
Ses membres, qu’ils aient été militaires ou religieux ont pour certains joué un rôle important autant au niveau local (Rouergue, Occitanie) que national (voire international).
La naissance du château et l’époque romane :
Situé sur un emplacement stratégique dominant le Lot, ce château a une belle particularité : c’est son pluralisme de style.
La première pierre du château d’Estaing est posée au milieu du XIe siècle et sont encore visibles quelques parties de cette époque de style roman. Néanmoins, on ignore le plan et la distribution du château à cette époque, car il a fait l’objet d’aménagements successifs aux XIIe et XIIIe siècle lui donnant son aspect défensif imposant.
Un château marqué par l’architecture gothique :
S’ouvre ensuite une période trouble pour le Royaume de France avec la guerre de Cent Ans. Début XVe, la zone est ainsi écumée par des bandes de pillards comme les routiers. Néanmoins une puissante garnison seigneuriale était installée au château à l’époque préservant la sécurité des environs.
La seconde moitié du XVe siècle voit la situation sociale et économique devenir moins critique. Ceci peut se traduire par l’ajout d’une nouvelle aile résidentielle au sud du château, devenant le logis principal, dominant la cour haute.
Afin de relier les différentes parties du château, il est décidé de construire une très haute tour à escalier en vis mais cela a entraîné la destruction de la majeure partie du donjon d’origine. La partie restante du donjon est déplacée à l’est, montée de deux niveaux pour devenir la chapelle seigneuriale de style gothique.
Le soin ornemental dans toutes ces modifications est très poussé.
L’apport marqué de la Renaissance :
Le XVIe siècle voit de nombreux apports pour le château. Marqué par la Renaissance, l’élément marquant de cette époque est la création d’une courtine au sud du château que l’on peut attribuer à un renouveau après la fin des guerres de religion et le retour de la paix.
Au début du XVIIe siècle ont été mené des travaux de réaménagement des bâtiments du XIe et du XIIIe siècle. Le style gothique disparaît au profit de nouveaux percements.
Mais avec la mort de Jean III en 1621, l’évolution architecturale du château cesse car ses descendants partent s’installer ailleurs.
Ainsi, le reste du XVIIe et le XVIIIe siècle ont été assez pauvres pour l’aménagement du château, délaissé de ses propriétaires, lui préférant d’autres domaines puis la cour du roi à Versailles.
Le domaine militaire, raison d’être de la noblesse :
Les barons d’Estaing et parfois leurs fils ont été en premier lieu des chevaliers à l’époque féodale, combattant tour à tour pour Philippe-Auguste ou Richard Cœur de Lion en Terre sainte.
La période la plus marquante pour la chevalerie française vient avec la guerre de Cent Ans. Celle-ci a touché 5 générations d’Estaing qui sont restés toute la guerre fidèles au roi de France. Cette fidélité continue après le Moyen-Age. Si la guerre ne touche plus le territoire français en lui-même pendant un siècle, elle reprend avec les Guerres de Religion où s’implique Jean III d’Estaing en Rouergue mais surtout en Auvergne.
C’est par la suite sous la royauté absolue que l’on retrouve deux membres de la famille d’Estaing dans l’armée royale. Le premier, François III d’Estaing, fut lieutenant général des armées du roi. Le second, Charles-Henri d’Estaing a connu une carrière très mouvementée. D’abord officier dans l’armée terre, il termine vice-amiral lors de la guerre d’indépendance américaine.
La dômerie d’Aubrac :
La dômerie d’Aubrac a été fondée entre 1108 et 1125 par l’abbaye de Conques. Elle remplissait les fonctions de monastère et d’hôpital accueillant les malades mais aussi les pèlerins en difficulté sur la via Podiensis, un des chemins menant à Saint-Jacques de Compostelle. Échappant rapidement au contrôle de Conques, la dômerie s’est imposée aux siècles suivants comme un acteur politique et économique de premier plan. Si l’Aubrac en lui-même était un territoire pauvre, de nombreuses voies de communications et commerciales comme celle du sel le traversaient.
En 1437 la dômerie est tombée en commende c’est à dire qu’un laïque ou un ecclésiastique la dirige tout en recevant ses revenus. Le premier a s’emparer du poste de dom d’Aubrac est Pierre d’Estaing. Lui a succédé par la suite son fils Jean d’Estaing, ancien sacriste et chamarier, en 1469. Une dernière génération d’Estaing lui succède avec son neveu Antoine d’Estaing en 1495 pour céder sa place à sa mort en 1523.
Le haut-clergé :
Le haut-clergé est un terme pour désigner les fonctions cléricales importantes dans la religion catholique. Sous l’Ancien Régime, ces postes étaient particulièrement visés par la noblesse car prestigieux mais aussi source de pouvoir étant donné le poids qu’avait la religion dans la société. La famille d’Estaing n’a pas échappé à cette règle. En effet, à chaque génération au moins un membre de la famille finissait avec une fonction cléricale importante. Si l’évêché de Rodez était très prisé, certains ont exercé d’autres fonctions comme archevêque, chanoine et même cardinal avec Pierre d’Estaing en 1369.
L’ évêché ruthénois tant recherché par les puissants du Rouergue revient à la famille d’Estaing en 1501 avec François d’Estaing .
Par la suite, les membres du haut-clergé sont moins connus. On peut néanmoins citer Joachim d’Estaing, évêque de Clermont de 1615 à 1650, poste occupé ensuite par son frère Louis d’Estaing de 1651 à 1664.
Ainsi les Estaing ont, au fil des siècles, suivi une ligne politique et religieuse constante qui a assis leur puissance. Le château d’Estaing a lui aussi joué un rôle important pour la famille. En effet, à travers son évolution architecturale, on peut observer que la simple demeure seigneuriale fortifiée du début a rapidement laissé place à des fortifications conséquentes et un riche aménagement intérieur.
Etudiants: GINESTET Mathis
VERHEYDE Pierre