Cyrille Dounot, L’œuvre canonique d’Antoine Dadine d’Auteserre (1602-1682). L’érudition au service de la juridiction ecclésiastique, Toulouse, Université Toulouse 1, 2013.
Antoine Dadine d’Auteserre (1602-1682) est un grand juriste méconnu. Professeur de droit à l’Université de Toulouse, il a laissé une œuvre remarquable. Ami du chancelier Séguier, protégé de Colbert, introduit dans la République des Lettres, il maîtrise l’histoire et le droit de façon érudite. Réputé de son vivant, en France et en Europe, il fut réédité longtemps après sa mort, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Ses œuvres de droit romain (des leçons sur le Code et le Digeste, un commentaire des Institutes) sont typiques d’un jurisconsulte tenant le ius civile pour le droit commun.
Il rédige en outre un Traité des fictions de droit, le premier du genre. Ses œuvres de droit canonique sont plus originales. A travers ses Dissertations de droit canonique, ses Commentaires sur les décrétales d’Innocent III et sur les Clémentines, et son traité de Défense de la juridiction ecclésiastique, il se démarque fortement du gallicanisme.
Luttant tour à tour contre les entreprises des juges séculiers (appels comme d’abus, cas royaux et privilégiés) et les prétentions régaliennes, il se fait le héraut d’un droit pontifical médiéval immédiatement applicable. Par sa grande connaissance de l’Antiquité et des Pères de l’Église, il développe un contre-modèle historique, opposé aux libertés gallicanes. De fait, il dote le souverain pontife d’une plenitudo potestatis sur l’Eglise et dans l’Eglise, le rendant maître absolu de la juridiction ecclésiastique.
L’auteur : Cyrille Dounot, docteur en droit (Université Toulouse 1 Capitole) et licencié en droit canonique (Institut Catholique de Toulouse), Professeur Histoire du droit et des institutions, Université Clermont Auvergne.
Prix Jacques Cujas 2012.
Autrice de la notice : Marie-Thérèse Duffau.