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A propos Caroline BARRERA

Historienne Maître de conférences en Histoire contemporaine Université de Toulouse - CUFR Champollion - Laboratoire Framespa (UMR 5136)

Vidéo – LIEUX UNIVERSITAIRES UNIVERSITAIRES – 7 avril 2023

  • Les lieux pédagogiques ordinaires de la rue sainte-Catherine à Toulouse, Par Pauline Collet, doctorante – Université de Toulouse (UT2J/FRAMESPA).
  • Devenir un lieu universitaire ordinaire : le long chemin des laboratoires toulousains (fin XIXe-début XXe) Par Caroline Barrera, maîtresse de conférences – Université de Toulouse (INUC/FRAMESPA)
  • Dans les ateliers des laboratoires de sciences physiques
    Par François Charru, professeur des Universités – Université de Toulouse (Université Paul Sabatier/Institut de mécanique des fluides)
  • L’université, lieu de mémoire ordinaire des ego-historien.ne.s
    Par Isabelle Lacoue-Labarthe, maîtresse de conférences – Université de Toulouse (Science Po Toulouse/
    LaSSP)

VIDEO DE LA JOURNEE D’ETUDE DU 7 AVRIL 2023 SUR LES LIEUX UNIVERSITAIRES ORDINAIRES

Entrer dans la lumière… Philippe Picot de Lapeyrouse à l’Académie des sciences par Corinne Labat

Corinne Labat – Chargée de projets
Service Commun d’Étude et de Conservation des Collections Patrimoniales de l’Université Paul Sabatier

Buste de Picot de Lapeyrouse par Bernard Griffoul-Dorval, 1812. Musée des Augustins.

Pour un savant du XVIIIe siècle, qui veut exister sur la scène européenne, un fauteuil à l’Académie des Sciences de Paris assoit une réputation. Mais l’accession est difficile. C’est une histoire de relations, de réseaux, d’opportunités, et en cette fin d’Ancien Régime avoir un ami introduit à la Cour facilite la procédure. Philippe Picot de Lapeyrouse, naturaliste toulousain, qui a obtenu un Brevet (ordre du roi) pour écrire l’Histoire Naturelle des Pyrénées, entame les démarches à partir 1777, et il a, justement, cet ami : il s’appelle Joseph-François Foulquier de Labastide.  Il est toulousain, a fait son droit, est issu de la petite noblesse locale, est fils de capitoul. Il s’intéresse aussi aux sciences : les points communs entre les deux hommes s’arrêtent là. Foulquier vit à Paris et a ses entrées à Versailles. Une partie de leur correspondance a été conservée, et « l’affaire » y est évoqué quelquefois. Il faut demander la permission de présenter deux mémoires lors d’une séance, et obtenir après examen par deux commissaires, le droit de publier sous le sceau de l’Académie. Ensuite, si tout se passe bien, on peut obtenir le premier sésame : devenir Correspondant.

Lapeyrouse a choisi d’écrire un mémoire sur un vautour des Pyrénées et un mémoire sur des coquilles que l’on n’appelle pas encore fossiles : orthocératites et ostracites. Son ami a prodigué quelques conseils : « J’ai trouvé tes mémoires un peu courts et arides. Il faut orner l’Histoire naturelle de quelques fleurs de poésie et rien n’en est plus susceptible ». Et puis la date est enfin fixée : « Je suis assigné à mercredi prochain pour aller moi-même porter à l’Académie des Sciences tes mémoires et les pièces probantes ». C’est donc l’ami qui fera la lecture et la présentation. Et le jour J, le 12 août 1778, dans une lettre écrite le soir même, Foulquier raconte la séance : « Ce grand jour étant venu, M de Cassini dîna chez-moi, et nous fûmes ensemble après cette cérémonie à l’Académie des Sciences. ». De l’importance des relations, toujours : dans la famille Cassini, on est membre de l’Académie depuis trois générations.

Enfin, c’est l’heure, et on franchit le seuil du cénacle. Premières impressions à chaud : « Je fus présenté et parfaitement bien accueilli au milieu de ce peuple de Doctes, il me serait bien difficile de te peindre l’aspect imposant et bien singulier de ce pays scientifique. Dans un carré long d’une très grande étendue dont la décoration annonce l’ancienneté et dans lequel sont répandus dans des éloignements symétriques les bustes de Winslow, de Descartes, de Newton, de Fontenelle, etc. etc. est une table immense. Sur les murs sont de très grandes ardoises couvertes de chiffres, de calculs d’algèbre ou de démonstrations de géométrie. Chaque heure est assignée à différents traités. Quand j’entrais, l’on disputait sur l’astronomie. Tous les érudits ou les curieux de cette espèce de science étaient dans un coin de la salle et s’en donnaient là à qui mieux mieux. L’heure sonna, ce fût le tour de la Chimie Physique, M. Lavoisier lut un mémoire sur les inflammables des marais. Comme la salle est immense le grand nombre d’auditeurs se rend ordinairement près du lecteur, on le critique à chaque instant et jamais objet n’a été rarement plus discuté que quand il a été soumis à cette épreuve ».

Et il faut prendre la parole : « Voici mon tour l’heure sonne. Et M. Le Roy me prie honnêtement de faire à l’Académie les demandes ou les propositions que j’ai à lui faire. Je prends le sire vautour et avec la majesté d’un premier fauconnier, je m’avance l’oiseau sur le poing au milieu de l’assemblée dont je fixe les yeux. Je m’énoncais avec assez de facilité malgré le silence effrayant que l’on m’accordait, je fis en très peu de mots l’histoire du vautour, et l’on nomma Messieurs Grisson et Daubenton pour rendre compte du mémoire qui lui est relatif. Après avoir parlé du vautour, je traitai des orthoceratites. Mais en voici bien d’un autre et s’élève un M. Desmarets qui réclame la priorité de découverte et qui somme l’Académie de déclarer s’il n’est vrai que lui, Desmarets, a déjà remis depuis deux ans des mémoires sur les orthoceratites trouvés en Bourgogne et le dit Sieur Desmarets me dégaine en même temps une suite de planches qu’il a faites graver représentant les différents états des dits orthoceratites. Je n’abandonnai pas ma thèse et me voilà disputant comme un diable et soutenant d’une voix de stentor que la découverte de M. Desmarets ne pouvait rien faire à un naturaliste observant dans les Pyrénées, que la découverte ne peut dater que du moment de la publicité. Enfin l’Académie nomma pour commissaires chargés de rendre compte de ton mémoire Mrs Guetard, Daubenton et Desmarets. C’est moi-même qui priais instamment que l’on nomma M. Desmarets lui-même. On me faisait beaucoup de compliment après cette petite scène mais je leur dis « Messieurs, je n’ai ici d’autre mérite (…) C’est mon ami monsieur le baron de Lapeirouse auteur des mémoires et digne de votre estime qui a seul le mérite et les connaissances dignes de vos éloges. »

 « Conclusion, tu seras très vraisemblablement nommé Correspondant de l’Académie mais cela ne peut pas être fait encore parce qu’il y a des règlements que l’on observe très fidèlement et qui renvoient ta nomination à la fin de l’année, parce qu’il est arrêté que l’on y nomme personne dans le cours de l’année. D’après cela que veux-tu que je fasse de ton ouvrage ? Donne-moi tes ordres dans les deux cas qu’il soit approuvé ou qu’il ne le soit pas. J’ai d’abord à t’observer qu’il sera très difficile de trouver un libraire qui imprime ton ouvrage s’il n’est approuvé par l’Académie. Les libraires de Paris impriment beaucoup de romans et peu d’ouvrages scientifiques ». Quelques semaines plus tard en attendant la délibération des commissaires, Foulquier est confiant d’autant que Daubenton qu’il a revu, a confié qu’il trouvait le mémoire « très bien fait ». Finalement la « Description de plusieurs nouvelles espèces d’orthocératites et d’ostracites» est publiée en 1781, avec l’aval de l’Académie inséré en préambule, signé de la main de Condorcet. Entre temps, Picot de Lapeyrouse est devenu Correspondant de Daubenton pour l’Académie des sciences le 23 août 1780.  Ce n’est qu’un début : à la fin de sa vie il est membre de l’Institut, et correspondant ou membre de plusieurs académies des sciences en France et en Europe, et de nombreuses sociétés savantes. A Toulouse il a été maire de 1800 à 1806, il occupe en 1809 la première chaire d’Histoire naturelle à la (re)création de la Faculté des sciences dont il est aussi le premier Doyen. Sa collection de minéralogie est la plus ancienne des collections naturalistes de l’Université Toulouse III-Paul Sabatier : l’acte de cession définitif est daté du 8 juillet 1823 !

Pyrite cuivreuse (coll.Lapeyrouse, UPS.MIN.PL.177,UT.III-PS).

Exposition

Sources 

Lettre de Foulquier du 12 août 1778 et 3 lettres non datées, Bibliothèque du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, MS 1991.

A. Lacroix, Notice sur les membres et correspondants de l’Académie des Sciences ayant travaillé dans les colonies françaises de Guyane et des Antilles de la fin du XVIIe siècle au début du XIXe, lue le 12 décembre 1932, Paris, Gauthier-Villars et Cie, 1932.

24 avril 2023.

Noms de lieux à l’université Toulouse Capitole (par Ph. Delvit)

Professeur Philippe Delvit

Nommer un lieu, c’est déjà marquer son territoire, le faire reconnaître à celui, celle, qui ne saurait de prime abord identifier l’espace.

A Toulouse, comme ailleurs, on a su se livrer à ce jeu de la reconnaissance. Le 29 octobre 2005, la mairie de Toulouse et la faculté de Droit honoraient à la fois l’un des éminents citoyens de la ville, et le distingué doyen de la faculté de Droit, fondateur de l’Université des sciences sociales. Commémoration d’un centenaire. Gabriel Marty est né le 29 octobre 1905. La rue du doyen Gabriel Marty longe maintenant l’emprise du domaine de l’Université.  

DOCTRINA ET VERISTAS

Gravée dans la pierre d’une clef d’arc de porte, rue de l’Esquile, cette forte maxime, Doctrine et Vérité, décorait un immeuble jadis habité par le Droit. Il reste de ces témoignages fossilisés par la pierre et la brique…

Mais trace plus légère, le quartier entourant l’emprise universitaire est habité par la présence de l’institution. Certes, il y a la rue des Lois, fort ancienne. Et dans cette rue, la « Librairie des lois », qui affiche depuis peu près de la place du Capitole son « Accueil des étudiants ». Plus bas vers l’Université, le « Caffé des Lois », dont on imagine que le lien avec la vieille faculté est fort ténu. Une restauration rapide plus tard (« Le régal des lois »), la « Librairie des Facultés », vieille institution aujourd’hui close et désolante par son abandon, vitrine vide, enseigne au vent : l’été 2005 marque pour cette maison le début d’une nouvelle vie, les démolisseurs sont à l’œuvre. Une agence bancaire a comblé depuis le vide laissé par la Librairie des Facultés

Le bar « La Faluche » (remplacé par le « Centre des Lois », vidéo 24H/24) a lui aussi disparu avec son imposte en verre coloré peuplée de faluchards[1]. Dans le prolongement, la place du Peyrou, sa « Brasserie des Facultés » (souvenir fossilisé de la présence de la faculté des Lettres), sa « Briocherie de la fac » fort récente du même nom. Vers Saint- Sernin, rue Emile Cartailhac, l’Hôtel de l’Université loge à prix modique. La rue des Salenques affiche son « Droit au pain » (un peu facile, ce quignon d’humour), et la rue Lacrosses, un « Fac copy » cédant à l’anglicisme prétendu tel et ambiant, autant qu’à la propension de certains étudiants à accumuler les polycops.

Mention spéciale au Foyer de l’Etudiant, rue des Lois, ouvert en 1943. Sur le linteau de la porte d’entrée, un jeune homme, en pantalon de golf, se chauffe auprès du feu.[2]

Mais plus sérieusement, à Sciences sociales, comme dans d’autres emprises universitaires, on s’est employé depuis plusieurs générations à poser des jalons. Non, d’ailleurs, sans que des héritages, des logiques différentes, n’interviennent pour rendre moins lisible une cohérence revendiquée.

PALIMPSESTES

Sciences sociales regroupe, depuis 1971, la faculté de Droit, celle de Sciences économiques, et les entités déjà identifiées, ou émergentes, comme le fut Administration Economique et Sociale (AES) en 1973.

C’est dire qu’avant cette date, la faculté de Droit est LA puissance, autour de laquelle tout se structure.

La vieille faculté de Droit offre son porche d’entrée rue Lautman. Colonnes de pierre portant un balcon en saillie de la façade, lourde porte à deux battants ouverte dans un arc de brique en plein cintre ; la clef de l’arc, en pierre comme les colonnes, porte gravé FACVLTE DE DROIT, en lettres soulignées de rouge : on entre bien dans le royaume des spécialistes du droit. [3]

Bien plus tard, en novembre 1970, sont reçus les premiers bâtiments destinés à la nouvelle université. Ces bâtiments sont élevés sur une ancienne emprise militaire, bien national venu de la Révolution, et transformés en Arsenal au XIXe siècle : désormais, Vieille Fac et Nouvelle Fac se toisent de part et d’autre du parking, non sans que soient annexés les locaux de l’ancienne Faculté des lettres, entre la rue des Salenques et la rue Lautman (l’université Toulouse-Mirail entre définitivement dans ses meubles et immeubles en 1973).[4]

Les relations entre les deux républiques, celle des Lettres et celle du Droit, furent parfois orageuses. D’ailleurs un mur, construit à l’initiative de la faculté de Droit, séparait physiquement les deux entités.[5]

Une promenade quasi paléographique dans les couloirs de l’ex-Faculté des lettres livre des surprises. Un encadrement de porte laisse voir, dans l’épaisseur des couches de peinture, la destination passée du local. « Cabinet du Doyen », révèle le jeu de la lumière. Là était le siège occupé par Jules Marsan entre les deux guerres, et celui que quitta à la fin des années 1960 Jacques Godechot pour les terres de mission du Mirail. [6]

A peine quelques pas plus loin, autre écriture dévoilée dans la matière, « Salle du Conseil ». Tranquille bibliothèque aujourd’hui, loin de l’agitation des motions d’un autre siècle.

Quant à la « Manu », la Manufacture des Tabacs de l’Etat, son arrivée dans l’escarcelle d’UT1 est de beaucoup plus récente, 1994.[7]

Fallait-il se contenter dans cet ensemble architectural composite d’un défilé anonyme de salles, d’amphithéâtres ? Ou au contraire choisir des références qui fassent lien avec les grands noms de l’université, ou de ses disciplines ?

UN NOM, DES MAÎTRES / ESPACES ACADÉMIQUES

La nouvelle faculté des Sciences avait d’emblée honoré Paul Sabatier, prix Nobel de chimie en 1912.[8] La faculté des Lettres avait donné le nom de son ancien doyen, Jules Marsan, au seul amphithéâtre dont elle disposait dans ses bâtiments primitifs de la rue des Salenques.[9]

Entourée en partie de voies neuves qui rappellent les noms de ses anciens professeurs de la vieille faculté des Lettres, comme si elle voulait se donner un espace de connaissance et de reconnaissance, la nouvelle université de Toulouse-le-Mirail est encore aujourd’hui dans cette expectative de baptême. Le nom de Jean Jaurès, lié à la faculté des Lettres, mais au temps de la rue des Lois, a été, ou est souvent cité. Le président Rémy Pech (2001-2006) avait ainsi souhaité honorer la mémoire de l’homme, du défenseur de la paix mort pour avoir détesté l’inéluctabilité de la guerre à la veille du terrible affrontement d’août 1914.[10]

La vieille faculté de Droit n’avait pas ignoré ce besoin d’identifier un espace, en l’occurrence juridique.

Au début du XXe siècle, alors qu’elle a déjà constitué une galerie des professeurs, voulue par le doyen Antonin Deloume (1900-1906), la faculté imagine d’identifier les salles d’études, ou celles qui voient délivrer les enseignements magistraux.

Une délibération de l’Assemblée de la faculté (19 mars 1919), pose le principe, jette son dévolu sur « Saint Louis, Raymond VII, Cujas, Pothier, Dumoulin, Domat, Turgot, Bodin, Furgole, Deloume, Brissaud, Bonfils, Beudant, Chauveau et Garrigou. On réserve le nom de Jean de Garlande. » Et on « laisse à Monsieur le doyen le soin d’attribuer à chaque salle l’un des noms ci-dessus ».[11]

A travers ce choix éclectique, les autorités juridiques sont récompensées, celles de la maison (Furgole, Deloume, Brissaud, Bonfils, Beudant, Chauveau[12]), ou passées par la maison (Jean Bodin, Jacques Cujas)[13] , ou extérieures mais fort notables (Pothier, Dumoulin, Domat[14]). Quelques grandes figures du panthéon national (saint Louis le roi justicier, Turgot le sauveur d’une monarchie qui ne voulut pas l’entendre)[15]), et local (Jean de Garlande ; Raymond VII, après tout contributeur obligé de la première université[16]) s’ajoutent à la liste, close par un généreux donateur, le notaire Maurice Garrigou (1846-1912[17]).

En définitive, et à part Maurice Garrigou, aucun nom de la liste ne fut jamais utilisé du temps de la seule faculté de Droit. Paradoxe, la mort de Maurice Hauriou, qui avait marqué sa volonté de baptiser les espaces de la faculté, va donner l’occasion de passer à l’acte.

 L’Assemblée de la faculté de Droit, dans sa séance du 3 novembre 1929, décide à l’unanimité de rendre ainsi hommage au Maître et ancien doyen : la salle Maurice Hauriou est née.[18] .Vestiaire où l’on déposait et prenait la robe, salle où se réunissaient les collègues, où s’échangeait ce qui fait la saveur d’une vie professionnelle, elle était le cœur de la vieille faculté. Quatre ans plus tard, à l’occasion du terme des travaux effectués dans la salle des Actes, le doyen Cézar-Bru propose à ses collègues de l’Assemblée de donner le nom d’Antonin Deloume à la salle. Chose faite, le transport de la toile représentant le Maître marquant visuellement la dédicace.[19]      

Mais il fallut attendre vraiment le début des années 1980 pour voir se fixer une politique dans ce domaine.

Certes, l’émotion qui avait suivi la mort de Gabriel Marty (octobre 1973), le fondateur et premier président de l’Université, avait immédiatement été suivie d’une volonté exprimée de marquer le territoire de la mémoire universitaire. La séance du conseil de l’Université du 30 octobre 1973, la première après le décès, en fournit la preuve éloquente. Un élu étudiant, Michel Cassignol, propose alors, avant de passer à l’ordre du jour, un vote préliminaire destiné à baptiser Amphithéâtre Gabriel Marty le plus grand amphi de l’Université. Pour se faire répondre de suite par le président d’âge, le professeur Hébraud, « qu’un vœu dans ce sens lui a été présenté lors de la réunion générale des enseignants par Monsieur SICARD »[20]

Finalement, le Conseil d’université du 21 janvier 1979 prend une double décision.

La première, d’attribuer à la salle du Conseil le nom de Gabriel Marty, qu’elle porte depuis lors.

La seconde, de « perpétuer la mémoire d’anciens maîtres de l’Université, en donnant leur nom à des amphithéâtres ou à des salles de l’Université ». Proposée par le président Michel Despax (1978-1983), cette idée est adoptée, et cet honneur réservé exclusivement « à des personnalités marquantes de notre Université ». Une voix, celle du professeur Jean-Arnaud Mazères, se fait entendre pour ouvrir le dispositif à des personnalités extérieures, ce qui est refusé.

Une commission se réunit le 4 février 1980, sous la présidence du professeur Max Cluseau, premier vice-président de l’Université, pour fixer le choix des noms.

Ceux des professeurs Byé, Boyer, Couzinet, Dupeyroux, Gabolde, Magnol, Mestre, Plassard, sont retenus, et également, mais à part, celui de Jacques Cujas pour le grand amphi de la Vieille Fac[21].

Car ce dernier n’occupa jamais de chaire dans la vieille faculté, ce qui le fit écarter dans un premier temps par le vote du Conseil réuni le 20 juin 1980……

Soulignons que tous ces noms ne furent pas forcément utilisés (ainsi celui de Jean-Benoît Plassard), et que l’application de cette résolution fut perturbée par des éléments extérieurs. Le décès, inopiné, du fondateur de la filière AES, Pierre Montané de la Roque (20 décembre 1981), amena AES à réclamer l’honneur du baptême d’un  amphithéâtre du nom de son fondateur[22]. Vœu entérinée par le vote du Conseil de l’Université du 23 juin 1982.

Le temps continuant sa marche, et la mort fauchant tel et tel maître, la première désignation dut être complétée. Tel fut le rôle d’une commission que le Conseil d’université mit en place par sa décision du 3 juin 1987 (sans noter aucunement la redondance avec la première instance). Le nom de Cujas revient, ceux de Dauvillier, Hebraud (le doyen d’âge du premier Conseil suivant la mort de Gabriel Marty), Maury, Raynaud, sont ajoutés.[23]

Enfin, le Conseil d’administration du 15 décembre 1992 applique formellement des décisions qui, jusqu’alors, n’étaient pas transcrites dans la géographie universitaire, sauf pour les salles Garrigou, Hauriou, Marty, et pour l’amphi Montané de la Roque, dûment identifiées. Cette application est menée de manière fort différente, suivant que l’on considère les amphis, tous nommés du nom choisi, et les salles (Byé, Gabolde, Magnol), qu’aucune signalétique n’indique à l’attention de l’utilisateur. La mémoire même de cette désignation est aujourd’hui perdue.

Ajoutons l’hommage fait aux professeurs Despax (décédé en 1997)[24] et Ourliac (décédé en 1998)[25] , celui dédié à la Manufacture des Tabacs au professeur Isaac (disparu en 2000)[26], et la liste sera presque complète. Il ne reste plus à mentionner, à Albi cette fois-ci,  que le grand amphi du Centre universitaire, alors délocalisation d’UT1, décoré du nom de Guillaume de Cunh, et dans le même bâtiment la salle Portalis cela sur proposition d’Olivier Devaux, vice-président de l’Université et directeur du site pour les formations juridiques (1993-2002).[27]

Le décès du professeur Jean-Jacques Laffont (mai 2004), l’envergure internationale de ses travaux, sa position, souvent mise en avant, de « nobélisable », ne pouvaient que se transcrire dans le paysage. Chose faite, et double nouveauté : pour la première fois, le nom d’un professeur, économiste, va apposer son souvenir sur un bâtiment entier de l’Université, d’ailleurs celui dans lequel la structure créée par lui exerce ses talents ; cette dédicace inaugure un processus qui, jusqu’alors, n’avait concerné ni les autres bâtiments de l’Université, ni ceux de la Manufacture des Tabacs.[28] 


[1]             – La faluche était, il y a encore quelques années, le couvre-chef (large béret noir agrémenté d’insignes nombreux et variés, quoique codifiés) permettant de reconnaître, au moins dans les moments d’affirmation officielle, les étudiants des Corpos. Ces derniers disaient alors, dans un accent de vérité presque historique que cette faluche était LE signe de reconnaissance des étudiants, ce qui était le cas à la faculté de Droit avant guerre (celle de 1939).

              La Mission Culture d’UT1 (1993-1994) a fait clicher ce témoignage visuel de la présence identifiée des étudiants de jadis (tirages conservés dans le fonds photo de l’Université).  

[2]             – Après avoir servi de base aux militants et à l’organisation de l’AGET-UNEF pendant les années 1960 et 1970, le bâtiment vient d’être réhabilité (printemps 2005), et abrite les activités du Pôle Européen, rebaptisé Réseau Universités Toulouse Midi-Pyrénées, RUTMP.

              1943 est l’année, à Toulouse comme dans l’ancienne « Zone Nono », où la présence allemande ôte les dernières illusions sur le Maréchal à ceux qui voulaient en avoir. A la faculté de Droit, le professeur André Hauriou va disparaître pour Alger ; des étudiants en Droit, comme Edgar Nahoum (Edgar Morin) et d’autres de ses condisciples, rejoignent la France Libre, ou la Résistance intérieure, par des itinéraires difficiles, en y perdant parfois la vie. Disons que le mouvement fut loin d’être général, et que d’autres, maîtres et étudiants, discernèrent mal le sens national, tant peu être fort le réflexe de la légitimité juridique réelle ou supposée.   

[3]             – La clef de l’arc a été gravée à l’occasion des travaux d’embellissement préparant le VIIe Centenaire de l’Université, en 1929. Recueil des délibérations de l’Assemblée de la faculté de Droit, Arch. UT1, 2Z2- 17, 28 novembre 1928, p. 144. La véranda sur le parc est également réparée pour l’occasion.

[4]             – La rue Lautman, qui honore le sacrifice d’Albert Lautman (1908-1944), élève de l’Ecole Normale Supérieure, enseignant de la faculté des Lettres, fusillé à Bordeaux en 1944, s’est substituée à la rue de l’Université, appellation précédente.

[5]             – Ce mur existait antérieurement en partie, il est visible sur les tirages photographiques pris à l’occasion du VIIe centenaire de l’Université de Toulouse. Il a donc dû être prolongé, du côté de l’actuel amphithéâtre Cujas. Délibération dans Registre des délibérations de l’Assemblée de la faculté de Droit, 1950.

              Postérieurement, une haute et forte grille de fer surmonta ce mur, pour le rendre infranchissable. Le président Saint-Girons (1993-1998) en débarrassa l’Université.

[6]             – Originaire de l’Est de la France, né à Lunéville en 1907, Jacques Godechot décroche l’agrégation d’Histoire en 1928. Il prend un dur contact avec Toulouse en juin 1940 : officier d’Etat- Major, c’est là que s’arrête sa Campagne de France. Le statut des juifs et son application l’écartent de l’Education nationale, qu’il retrouvera après la Libération. Historien spécialiste de la Révolution, et des « révolutions atlantiques », il mène les destinées de la faculté des Lettres pendant une autre révolution (?), celle de mai 1968. Arrivé au Mirail, il est en charge de l’UFR Histoire. Sa retraite studieuse se clôt par la préparation des commémorations du bicentenaire de la Révolution qu’il a à peine le temps de voir. Il meurt en 1989. Son nom a été donné à la bibliothèque de l’IEP de Toulouse par les soins de son directeur du moment, le professeur André Cabanis.

[7]             – Chose non exceptionnelle, le tabac aime décidément le droit. La Manufacture des Tabacs de Lyon a été elle aussi reconvertie à usage universitaire, et affectée à Lyon II-Jean Moulin. Sur la Manufacture des Tabacs de Toulouse, consulter la thèse de Troisième cycle Lettres soutenue en 1967 à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Toulouse par Jean Heffer, La Manufacture des Tabacs de Toulouse au XIXe siècle- 1811-1914, 222 pages plus annexes. Les bâtiments actuels furent élevés de 1888 à 1893.

[8]             – Fondée par le décret 69. 1260 du 18 décembre 1969, l’Université Toulouse III choisit de porter le nom de Paul Sabatier (1854-1941), l’un de ses professeurs, prix Nobel de chimie en 1912. Consulter, pour la défense et illustration, le site web de l’institution éponyme.

[9]             -Jules Marsan (1867-1939). Doyen de la faculté des Lettres de Toulouse en 1931. Né à Marseille, venu de l’Ecole Normale Supérieure, passé par Aix- en- Provence et Toulon, il est nommé à Toulouse, d’abord au Lycée, puis à la faculté des Lettres. Spécialiste de la littérature romantique, auteur inspiré de nombreux ouvrages relatifs à ce domaine, cet esprit très ouvert fut, dans son hôtel du boulevard de Strasbourg (en fait celui de la famille de sa femme, Geneviève Paulhac), l’un des personnages du Toulouse de l’entre-deux guerres.

              Si le nom de Jules Marsan est resté, par contre a disparu celui de Daniel Faucher (1882-1970), grand géographe toulousain que la faculté avait voulu honorer en baptisant de son nom l’une de ses salles (dans laquelle s’est tenu, le 21 janvier 1967, un colloque « Droits et devoirs d’une métropole d’équilibre », sous la présidence du doyen Godechot, cf. Faculté des Lettres et Sciences humaines de Toulouse, Bulletin d’information, n°10, 10 janvier 1967, ronéoté, n. p.).

[10]           -Jean Jaurès (1859-1914), au début de sa carrière politique (il était maire adjoint de Toulouse entre 1889 et 1892), a fréquenté la faculté des Lettres, alors juste construite. Ce qui ne l’a pas empêché de prendre une inscription à la voisine faculté de Droit, qui conserve sa fiche d’étudiant (Arch. UT1, 5Z1), et un exemplaire de sa thèse complémentaire rédigée en latin, comme le veulent les canons du temps.

[11]           – Arch. UT1, 2Z 2 16, 19 mars 1919. La proposition émane du doyen Hauriou, et est accueillie à la majorité des voix.

[12]           – A l’exception de Brissaud, tous les professeurs de ce contingent ont leur effigie dans la Galerie de l’Université. Pour consulter leur biographie, on renvoie au travail fait par la Mission Archives, et publié en décembre 2005 par les Presses de l’Université, Toiles, gravures, fusain et sanguine…Une galerie de portraits à l’Université, 80 pages.

              Jean Brissaud (1854-1904), étudiant en Droit à Bordeaux, a soutenu sa thèse en 1879. A Berne jusqu’en 1883 (il est excellent germaniste), il passe ensuite à Montpellier, puis rejoint Toulouse (1885), où il occupe bientôt la chaire d’Histoire générale du droit. Voir la « Notice » le concernant dans les Annales du Midi, janvier 1905, sous la plume de ses collègues Houques- Fourcade et Fourgous.

[13]           -Jean Bodin (1528-1598), père vénéré des politologues, a commis aussi un magnifique et déroutant Démonomanie des sorciers, paru en 1580, qui fait moins honneur à son auteur que les Six livres de la République, et peut contribuer à inspirer un salutaire droit à la critique vis-à-vis de tout auteur de système ; Jacques Cujas (1522-1590), notice et portraits dans la Galerie de l’Université.

[14]           – Jean Domat (1625-1696), jurisconsulte lié à Blaise Pascal, qui lui confia ses papiers. Né à Clermont-Ferrand (sa ville natale lui a élevé une statue), Jean Domat publie Les lois civiles dans leur ordre naturel (1689- 1694). Ses Quatre livres du droit public ne sont édités qu’en 1697, après sa mort.

              Robert-Joseph Pothier (1699-1772), l’une des autorités invoquées par les pères du Code civil. Né à Orléans, Pothier y est conseiller au Présidial. La modestie et la dignité de sa personne, la clarté de ses écrits, sont des qualités que l’on retrouve sous la plume de ses biographes. Ces derniers relèvent souvent qu’il fut un opposant résolu de l’utilisation de la torture en matière judiciaire. 

              Charles Dumoulin (1500-1566), juriste ardent partisan de l’unification du droit contre la disparité des coutumes. Cette unification passe pour lui par la supériorité de la coutume de Paris sur toutes les autres.

[15]           – Anne-Robert-Jacques Turgot, baron de l’Aulne, ou de l’Eaulne (1727-1781). Intendant de la généralité de Limoges, il symbolise l’administration éclairée (juste, mais ferme) aux yeux de ses admirateurs, physiocrates et philosophes. Cette qualité lui vaut de paraître comme le ministre des grandes réformes (1774), au début du règne de Louis XVI, qui finit par le renvoyer (1776), sans que ses réformes puissent lui survivre vraiment. Son prestige, et son auréole de victime de la Cour, éclipsent son frère Etienne- François (1721-1789), gouverneur de la Guyane en 1764-1765, qui dut régler, non sans dommages pour lui, les suites de la désastreuse opération de Kourou (1763). Le père des deux frères, Michel-Etienne (1690-1751), prévôt des marchands, fut à Paris un remarquable administrateur. Un plan de Paris, magnifique mise en perspective de la ville sous Louis XV, porte son nom (le plan Turgot, dont la BU de l’Arsenal a le bonheur de posséder un exemplaire).

[16]           – Jean de Garlande. (1190- vers 1252). Anglais de nation, il est étudiant à Paris. Grammairien, musicien, il enseigne à Toulouse dans les années 1220. Sa caution est invoquée aujourd’hui par l’université Toulouse-le-Mirail pour souligner la longue antériorité des études littéraires à Toulouse (voir le site web de l’université). 

              Raymond VII (1197-1249). Comte de Toulouse après la mort de son père, en 1222, il doit signer le traité de Meaux-Paris (1229), dont l’une des clauses prévoit la création d’une université à Toulouse, dont les maîtres sont payés sur la cassette du comte. A terme, ce document scelle le destin de la ville et du comté, qui passent sous l’influence capétienne. Le frère de « Saint Louis » (Louis IX, né en 1214, roi de 1226 à 1270, canonisé vingt-cinq ans plus tard à la très grande satisfaction de son petit-fils Philippe le Bel, et après des manœuvres diplomatiques bien conduites), Alphonse de Poitiers, épouse Jeanne, la fille unique de Raymond VII. En l’absence de postérité du couple, et conformément au droit féodal du moment, le comté de Toulouse revient, à leur mort, au roi. Chose faite en 1271.

[17]           – A l’occasion de la rénovation de la salle qui porte son nom, la Bibliothèque universitaire a mené une enquête digne des plus fins limiers pour cerner la discrète personnalité du donateur, dont le père, notaire lui aussi, exerçait sa charge à Bône-Annaba (Algérie). Une plaque apposée à la porte de la salle qui porte son nom (Ancienne faculté) retrace l’itinéraire de vie de Maurice Garrigou, ancien étudiant de la faculté de Droit de Toulouse.

[18]           – Arch. UT1, 2Z 2 17, p. 175, proposition du doyen Cézar-Bru. Ce même jour est adopté le principe de l’érection d’un monument dédié à Maurice Hauriou. Sur la salle, lire la plaquette éditée par le CTHDIP en juin 2005, à l’occasion des Journées internationales d’Histoire du droit, La salle Maurice-Hauriou. Un lieu de mémoire à l’Université.

[19]           -Registre des procès-verbaux de l’Assemblée de la faculté de Droit, Arch. UT1, 2Z2- 5 mai 1933. Sic transit gloria mundi… Ce lieu, pourtant hautement symbolique, a perdu dans les bouleversements qui ont affecté l’Université aux temps de sa très forte croissance en effectifs jusqu’au nom de l’ancien doyen. Plus rien n’indique qu’elle fut la salle des Thèses de la faculté, banalisée qu’elle est en plusieurs salles de cours. Dommage, très dommage.

[20]           – Registre des procès-verbaux du conseil d’Université- Formation pleinière (sic)– Du 5 janvier 1971 au 20 décembre 1974, 30 octobre 1973, pp. 2-3. Registre conservé au Secrétariat général. Le professeur Germain Sicard, historien des institutions, auteur d’une exceptionnelle et novatrice thèse, Aux origines des sociétés anonymes. Les moulins de Toulouse au Moyen Age, Armand Colin, 1958, 408 pages pour sa version imprimée dans la collection « Affaires et gens d’affaires », fut le directeur de l’UFR 1er Cycle Droit, et régenta de longues années les destinées de la section Histoire des institutions et des faits sociaux.

[21]           – Séance mémorable que celle de ce jour. On s’y apostrophe aussi sur la participation ou non de l’Université aux solennités prévues pour marquer le 750e anniversaire de sa création (1929-1979). Des voix, et des écrits, y dénoncent des « cérémonies à la fois humiliantes et somptuaires », le tout dans un climat, chez les opposants, de ré-écriture de l’histoire assez distrayant. L’Université Toulouse-Mirail avait déjà donné son accord de principe, que refusa Sciences sociales, ce qui fit capoter l’ensemble de la manifestation.

              Les professeurs Boyer, Dupeyroux, Gabolde, Magnol, Mestre, Plassard figurent dans la Galerie de portraits de l’Université. Voir là leur notice biographique.

              Paul Couzinet (1900-1977). Né à Toulouse, il va après l’agrégation être détaché à Hanoï, étape alors fréquente dans le cursus du jeune universitaire. Il revient en 1938 à Toulouse, et y confirme sa veine publiciste, en assurant le cours de Droit international public. Il ne dédaigne pas non plus l’Histoire des doctrines économiques, qu’il enseigne avec le Droit administratif. Il est le premier directeur de l’IEP de Toulouse, lors de sa création (1948), et cela jusqu’en 1955.

              Le professeur Maurice Byé. Né en 1905, est d’abord brillant étudiant à Lyon. Il y obtient les grades de docteur en Droit et ès Lettres en 1928. Enseignant en poste à Paris, il arrive à Toulouse en 1933, et y occupe, non sans difficulté, la chaire d’Economie politique à partir de 1936. En mission au Brésil avant 1939, il publie postérieurement des ouvrages de référence sur l’économie du développement. Il quitte Toulouse pour Paris en 1948, où il poursuit ses enseignements, en économie politique et relations économiques internationales spécialement. Il est un collègue de Max Cluseau, et unique représentant de cette filière économique dans le choix des dédicaces. On peut y voir la transcription écrasante, et pas seulement du point de vue du symbole, de la prépondérance des juristes dans la vieille faculté, et par proximité dans les premiers pas de la nouvelle Université. Maurice Byé décède en 1968.

[22]           – Pierre Montané de la Roque (1921-1981). Il fait toute sa carrière à la faculté de Droit, et donc plus tard à l’Université Toulouse 1. Publiciste, il œuvre en Droit rural, en International public, et avant les indépendances, professe un cours en Législation d’Afrique du Nord. Grand amateur de rugby, et à ce titre ardent partisan de l’entrée du sport à l’Université, il est aussi porteur des premières années de la filière AES, fondée en 1973.

              Les éloges le concernant prononcés par le président Despax, le professeur Dupeyroux, et par Monsieur Bach, de l’Association sportive de l’Université, dans Annales de l’Université, tome XXIX, 1982, pp. I- XII.

[23]           – Jean Dauvillier (1908-1983). Historien du Droit, définitivement en poste à Toulouse à partir de 1940. Il a professé en des spécialités aussi variées que l’économie politique, le droit canonique, le droit civil, le droit romain. Très fin connaisseur des chrétientés orientales, il en était l’un des spécialistes reconnus et influents. Son éloge dans les Annales de l’Université, tome XXI, 1983, par Germain Sicard, pp. I- III.

              Pierre Hébraud (1905-1983). Arrivé à la faculté de Droit de Toulouse en 1935, privatiste, directeur de l’Institut d’Etudes judiciaires de 1962 à 1973. Son éloge dans les Annales de l’Université, tome XXXI, 1983, par le professeur Roger Merle ; son portrait, et la notice d’accompagnement, dans la Galerie de l’Université.

              Jacques Maury (1889-1981). A Poitiers en début de carrière (1920), il rejoint Toulouse Il y exerce ses talents de privatiste, dans les cours de Droit civil, de Droit international privé. Doyen de la faculté de Droit de Toulouse de 1947 à 1949, il abandonne cette charge pour convenance personnelle, ses collègues lui conférant alors l’honorariat.

              Pierre Raynaud (1910-1991). Né à Castres, il est agrégé en 1938. Il rejoint la faculté de Droit de Toulouse et y assure le cours de Droit civil à partir de 1941. Après la Seconde guerre mondiale, il passe quatre ans au Caire (1946-1950), avant de revenir à Toulouse, et d’y terminer sa carrière. Il est l’auteur remarqué de manuels en droit privé, de concert avec le doyen Marty (« le Marty et Raynaud », dont la première mouture, 1957, fut suivie de beaucoup d’autres, et ce jusqu’au début des années 1990, bible de générations d’étudiants privatistes débutants). Il est donc le seul à avoir été honoré de son vivant par la distinction accordée par ses collègues.

[24]           – Michel Despax (1929-1997), troisième président de l’Université des Sciences sociales de 1978 à 1983. Ses travaux sur le droit de l’Environnement et le droit social, le droit du travail, firent et font autorité, comme ceux d’un maître très novateur dans ces disciplines.

[25]           – Paul Ourliac (1911-1998). Homme aux multiples et complexes facettes, il fut chef de cabinet de Jérôme Carcopino sous Vichy (1941-1942). Celle qu’on préfère, et qui ne peut, elle, recevoir que compliments, était celle du Chartiste. Elle lui a donné la passion de la recherche des sources, des textes et de leur édition critique. Il se livra à cette passion jusqu’après sa retraite, au sein de l’Institut d’Etudes Méridionales, rattaché à l’Université Toulouse II-le-Mirail. Historien des institutions, il fut aussi le deuxième directeur de l’IEP de Toulouse, jusqu’en 1980, et le maire-adjoint de Toulouse, pendant la première mandature de Pierre Baudis (1971-1977).

[26]           – Guy Isaac (1940-2000). Né au Maroc à Meknès, il reçoit sa formation universitaire à la faculté de Droit de Toulouse, et à l’Institut d’Etudes Politiques de la même ville. Agrégé en 1968, publiciste, il est professeur titulaire à UT1 en 1972. Il en est le quatrième président de 1983 à 1989, mandat dont il démissionne à la suite d’un conflit avec le ministre de l’Education nationale, de la Recherche et des Sports, Lionel Jospin (1988-1991), alors en recherche d’un positionnement toulousain autre que la députation de la Haute-Garonne. Les collègues de Guy Isaac lui confèrent l’honorariat de la présidence. Il se lance alors décidément en politique. Maire-adjoint de Toulouse en charge des relations et des affaires internationales dans l’équipe municipale de Dominique Baudis (1989-1993), il est postérieurement nommé recteur de l’académie de Besançon (1993-1995), puis de celle de Clermont-Ferrand (1995-1999). Il décède brusquement au cours d’une mission à Budapest.

[27]           – Mais on peut objecter qu’Albi n’est plus aujourd’hui dans la sphère UT1, puisque le Centre Universitaire de Formation et de Recherche Jean-François Champollion est un EPA- Etablissement Public Administratif-, en recherche d’autonomie depuis le décret de création de 1997. Le campus d’Albi est installé dans l’ancienne caserne Lapérouse, largement reconfigurée, et est l’un des quatre sites du CUFR (avec Rodez, Castres et Figeac).

              Né à Rabastens, Guillaume de Cunh est actif au début du XIVe siècle, et décède en 1336.

              Jacques-Etienne-Marie Portalis (1746-1807) est décoré des plus flatteuses épithètes, quel que soit son biographe, ou la plume qui effleure sa carrière. Avocat au Parlement d’Aix avant la Révolution, il connaît des jours difficiles sous le Directoire, qui le fait arrêter et déporter alors qu’il est membre du Conseil des Anciens. L’un des pères du Code civil, il a pendant les travaux préparatoires de l’œuvre des mots fort durs pour la femme et sa condition juridique : mais ne sont-ils pas ceux de l’opinion alors commune ? Négociateur du Concordat de 1801, grande affaire du moment et volet essentiel du retour à la paix civile pour Bonaparte, il est en charge de l’Intérieur et des Cultes au moment de son décès. Ce dernier donne l’occasion d’une pompe funèbre honorée par tous les grands corps de l’Etat.

[28]           – On a vu supra que la tentative faite par Max Cluseau avait fait long feu. Maurice Byé est à ce jour inconnu dans les couloirs d’UT1. Sur la carrière exceptionnelle à beaucoup de titres de Jean-Jacques Laffont, l’article paru dans Encyclopaedia universalis, Universalia 2005, « Les vies, Jean-Jacques Laffont, 1947-2004 », p. 453. Le bâtiment concerné est, à la Manufacture des Tabacs, le M F, dans lequel l’IDEI- Institut d’Economie Industrielle, structure hébergée par UT1, a pris ses quartiers, accompagné par le GREMAQ-Groupe de Recherche en Economie Mathématique et Quantitative, non sans liens avec le premier nommé. 

Professeur Philippe Delvit : Philippe.Delvit@ut-capitole.fr

Texte de 2005.

Et si on parlait de la « Capa » (la capacité en droit) ? par Ph. Delvit

Philippe DELVIT – Professeur des Universités – octobre 2022

Philippe.delvit@ut-capitole.fr

UN BREF RAPPEL

La capacité en Droit (la Capa) a été mise en place en 1804, à un moment où les Ecoles de droit (dont celles de Toulouse en 1805) étaient refondées par Napoléon Ier après la parenthèse révolutionnaire. Toutes les Universités avaient effectivement été supprimées, le pouvoir estimant alors supérieures les grandes écoles techniques : les Mines, fondées avant la Révolution en 1783 ; Polytechnique (1794) ; Ecole normale supérieure (1794) ; Saint-Cyr (1802) et d’ailleurs nettement plus tard Centrale (1829), …

BAC ET CAPA

Un élément essentiel à saisir : la Capa est donc antérieure au bac, qui n’est pas formaté en plus à l’origine pour donner une formation à la fois pratique et de base en Droit. De la sorte, son utilité originelle, L 13 mars 1804 est grande. La Capa est destinée à donner aux praticiens du droit, et spécialement aux avoués, un socle efficace (praticiens du droit dont le régime impérial fait aussi sa base, personnes et fonctions). Les avoués sont des officiers ministériels dont les fonctions ont disparu depuis le 1er janvier 2012, réunies et fusionnées dans la profession d’avocat (on parlait de cette fusion depuis plus d’un siècle…).

Quant au baccalauréat (le bac), il faut attendre 1808 pour qu’il soit mis en place, c’est-à-dire à peu près en même temps que l’Université impériale. L’institution met un an (1808-1809) à trouver son premier équilibre. Le bac de Napoléon ne ressemble d’ailleurs en rien au bac de 2022. 

Sur le site Service public, pas un mot sur l’origine du « bac »

En effet, il faut attendre les années 1890 pour que le bac commence à adopter le faciès du siècle dernier, et les années 1960 pour sa formule contemporaine. Quelques jalons :

  • le bac n’est ouvert qu’aux jeunes-mâles exclusivement à l’origine – issus d’une strate supérieure et possédante de la société ;
  • la première bachelière, Julie Daubier (1824-1874, elle-même issue d’une petite bourgeoisie de province bien assise), obtient le parchemin en 1861, non sans de vastes et grossières oppositions (dont celle du ministre de l’Instruction) ;
  • le nombre des bacheliers est très faible au début du siècle dernier (1% et moins de la classe d’âge), quelques petits milliers, 

De la sorte, la Capa a vu son public et son territoire s’agrandir au cours du XIXe siècle. Mais par contre, avec la généralisation très grande de l’accès au bac (même avant Lionel Jospin et la loi d’orientation de 1989, prévoyant d’ici 2000 d’amener 80% de la classe d’âge au niveau du bac, et non de délivrer le bac à ces mêmes 80 % comme cela a souvent été traduit) et avec la multiplication des formules et spécialités, un mouvement contraire s’est amplifié. Ce d’autant plus que depuis le milieu des années 1950 sont mis en place des dispositifs permettant de contourner l’absence de bac. L’ESEU Examen Spécial d’Entrée à l’Université, décret n° 56-1201 du 27 novembre 1956, est spécialement à distinguer dans ce paysage.

Il faut intégrer aussi la place de dispositifs comme la VAE, Validation des Acquis de l’Expérience (vers 1990 pour la VAP, Validation des Acquis Professionnels, et VAE à partir des années 2000 ) qui minorent aussi l’intérêt de la Capa dans le domaine juridique puisqu’il existe des voies parallèles et gratifiantes.

Pour une étude bienvenue sur l’historique général de la Capa, à jour il y a 25 ans, de Norbert Olszak, « La Capa, deux siècles de promotion sociale », 1998, …

UN EXEMPLE : LA CAPA A LA FACULTÉ DE DROIT DE TOULOUSE (1888-1966)

Pourquoi ces dates ? Ce sont celles d’un registre de Certificats de capacité en Droit, conservé aux Archives UT Capitole, 2Z3-1, 126 pages.

Les certificats sont recensés en numérotation continue du n°1, au n° 1761.

La première inscription portée sur le registre est celle de Simon Bardot (16 juillet 1888), originaire de Monclar (Lot-et-Garonne ; arr. Villeneuve-sur-Lot).

On voit qu’il s’agit d’une fiche standard, cartonnée, destinée aux bacheliers. Un onglet Capacité, collé sur le coin supérieur droit, indique que justement on n’est pas dans la situation habituelle des postulants juristes de première année de licence, porteurs du sésame bac…

La fiche de Simon Bardot (Archives UT Capitole, 5Z3). 70% de la taille OR pour la numérisation infra

La dernière fiche en numérotation continue est le n° 1761 :

Séraphine Torregrosa, session de novembre 1953.

La numérotation continue cesse à cette date, la structure de la Capa s’étant complexifiée.

On voit donc qu’en moyenne 27 Capa sont délivrées par an sur ce laps de temps (1888-1953).

Cette moyenne est trompeuse, en effet, le chiffre des Capa délivrées peut monter nettement (session de juin 1936 : 43 Capa, p. 49-52), comme être moins important suivant les années.

De plus, et même si ce volume semble faible, il faut avoir présent à l’esprit que les effectifs totaux, toutes formations confondues, de la Faculté de droit de Toulouse sont très faibles en comparaison de ceux d’aujourd’hui : soient

>700 étudiants en 1927, 30 fois moins qu’aujourd’hui ;

>900 en 1939 ;

>2 100 en 1941 en large partie à cause des étudiants repliés (des facultés en Zone occupée, …) ;

>mais 1377 en 1960, toutes formations comprises, y compris les Sciences Economiques.

De la sorte, les étudiants de la Capa forment un pourcentage notable des troupes juridiques avant les bouleversements des années 1960.

VOIR : la courbe des effectifs Fac de droit (Mission Archives, Philippe Delvit)

QUI ?

Les femmes

On l’a relevé plus haut : la dernière étudiante à être incluse dans la numérotation continue est Séraphine Torregrosa (née en 1931 à Cransac, Aveyron) en 1953. Son patronyme (terme aujourd’hui juridiquement abandonné) indique que ses origines familiales sont d’ailleurs, d’Espagne.

Car la Capa est un outil d’ascension sociale (comme l’a écrit Norbert Olszak cf. supra, et d’autres).

Les femmes apparaissent tardivement, dans la Capa de Toulouse vingt ans après les premières étudiantes du parcours « normal », celui des étudiants du cursus Première année de licence (l’emblématique Marguerite Dilhan, toujours mise en avant et à juste titre).

La première femme capacitaire, Capa n° 692, est Mathilde, Albertine, Françoise, Jeanne Tardieu, décembre 1920 pour la remise de la Capa et novembre 1919 pour les épreuves. Née à Marseille et venue de la Faculté d’Aix, elle y a passé la première partie des épreuves de la Capa avant de rejoindre Toulouse.

 Relever que sur la fiche reproduite infra, il n’est indiqué que le genre masculin, « Né le » : cela correspond parfaitement à l’historique du diplôme, jamais encore ouvert aux femmes.

Noter également que la « Demeure des parents » est une mention alors essentielle pour une bonne partie des étudiants.

La majorité civile est à 21 ans, et de la sorte, nombre d’inscrits doivent absolument obtenir de leurs auteurs toutes autorisations, y compris pour les actes de la vie courante. De là le soin mis à connaître l’élection du domicile parental.

Archives UT Capitole, 5Z3, 70 % de la taille OR pour la numérisation infra

Une centaine de femmes en tout entre 1920 et 1953 sont lauréates, en proportion croissante avec le temps (à peine une douzaine entre 1920 et 1930, donc les ¾ dans les 23 années suivantes, et de la sorte environ 10 % des effectifs diplômés par la Capa entre 1930 et 1950). Ces femmes, Européennes par leur patronyme sont en particulier présentes dans les examens Capa de Rabat (Maroc), émancipation dans leur position (ce qui laisse entière la question du statut des autres femmes, non d’origine européenne, …) autant que nécessité d’obtenir un bagage juridique.

Les étudiants étrangers…

Certains sont installés en France, comme le Capa n° 748, 1925. D’autres, vivent sous les cieux d’Algérie, comme la n° Capa 515, Zaoui Nessin (Alger), ou ceux du Protectorat du Maroc, comme Omar Ben Brahim, Capa n° 1609, juin 1950, ou M’Hammed Ben Rakhal Ben Mati Rahhali, Capa n° 1610, même session.

Car la Faculté de Droit de Toulouse, avec ses consœurs d’Alger et de Bordeaux, a la main sur le Centre d’Études juridique de Rabat, matrice de la future Université Mohamed V. De là des sessions « Rabat », concernant autant des étrangers ou sujets marocains, que des Français établis dans ce territoire : ainsi Ida, Pauline Campos, épouse Ducatel, Capa n° 744, novembre 1924.

Pour le Centre d’Etudes de Rabat :  voir ici.

Sessions de la Capa tenues à Rabat (les pages sont celles du registre Capa) : 1933, p. 44 ; 1934, p. 46 ; 1935, p. 49 ; 1936, p. 52 ; 1937, p. 54 ; 1938, p. 57 ; 1939, p. 59 ; 1940, p. 62 ; 1941, p. 64 ; nov. 1941 et juin 1942, pp.66-67 ; nov. 1942, p. 68. La Maroc est alors coupé de Vichy et de la Métropole, débarquement des Alliés oblige. Il faut attendre ensuite février 1946, p. 75 : Capa n° 1416, « contrôleur civil de Souk-el-Arba »>nécessité du diplôme pour ce fonctionnaire en poste dans le Nord du Maroc, à l’époque ville très proche du protectorat espagnol, …

Sessions spéciales…

Très nombreuses occurrences, dont nombre non identifiées spécifiquement, tant à Toulouse (janvier 45, …) qu’à Rabat (ex juin 46 ; oct. 1946 ; fév. 1947, …) sauf :

« Session Fonctionnaire colonial »

Session de février 1935 pour un seul candidat, Capa n° 917, Ludovic Eymond, commissaire de police à Tamatave (Madagascar)

« Session anticipée de mars 1940 »

Capa n°1170

En parlant de 1940, la Capa a assuré sans faiblir ni défaillir la session de juin 40, écrits le 8 juin ; oraux les 14 et 18 du même mois…

Mais Toulouse, croyait-on, était loin du front, comme lors de la précédente guerre. Or plus de 200 000 réfugiés passent par la gare Matabiau entre le 15 mai et le 10 juin, et des dizaines de milliers font halte, épuisés, dans la ville.

« Etudiants repliés » et prisonniers

Les registres Capa donnent des exemples de ces « étudiants repliés », repliés des universités des académies balayées par l’invasion de mai 1940 (Paris ; Lille ; Strasbourg, …), ainsi en juin 1941 n° Capa 1229 à 1233, qui ont pu compter sur la sollicitude des autorités académiques dans cette période de détresse nationale.

« Etudiants victimes de guerre », session spéciale de novembre 1945 (5 noms), p. 75, de février 46 (6 noms) et de juin 1946 (d’ailleurs uniquement des hommes), p. 77, n° Capa 1437-1444.

« Etudiants prisonniers de guerre », « examens passés en captivité et validés par la Commission spéciale prévue par l’article 3 du décret du 7 juin 1945 » », 1949, p. 84 du registre (5 étudiants, qui ne sont pas intégrés dans la numérotation continue habituelle).

Par contre, la session de juin 1944 a été « normale », avec 17 Capa, dont 4 femmes, pp. 70-71.

La Capa, instrument hier et aujourd’hui de promotion sociale et bel outil.

Oui.

Elle reste cela, instrument de promotion sociale.

Même si l’environnement s’est fortement modifié.

En Capa Formation continue 1er niveau, environ 70 inscrits en 2022-2023 ; en 2e année, 30 étudiantes et étudiants.

Étudiantes et étudiants continuent de porter le flambeau.

Les sciences au lycée Saint-Sernin à la fin du XIXe siècle

Marie Perny mène avec ses étudiants de classe préparatoire du lycée Saint-Sernin de Toulouse un travail d’inventaire du patrimoine scientifique datant des quarante premières années de cet ancien lycée de filles. Ce travail a conduit à la réalisation d’un livret interactif ainsi qu’un musée virtuel autour de la question de l’enseignement des sciences dans un lycée de filles à la fin du XIXe siècle.

PODCAT : L’objet du grenier 1 : L’Equilibriste de 1885. Marie Perny 08-03-2022.

Le campus de Rangueil de l’université Paul Sabatier de Toulouse : une commémoration et visite personnelles par Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

Jean-Baptiste Hiriart-Urruty – (Eté 2021)

Professeur de mathématiques émérite de l’université Paul Sabatier

Couverture de la plaquette éditée en 2004 à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Paul Sabatier. L’université de Toulouse III porte le nom de ce scientifique depuis l’année universitaire 1969-1970

Résumé

J’ai été nommé professeur de mathématiques à l’université Paul Sabatier de Toulouse en date du 1er octobre 1981, soit il y a quarante ans. A l’époque, les nominations se faisaient au 1er octobre, et non au 1er septembre comme le plus souvent ces dernières années. Je venais de l’université de Clermont-Ferrand II où j’étais assistant puis maitre-assistant (cette dernière est l’ancienne appellation de maître de Conférences). Ayant sévi sur ce campus de Rangueil, en y étant présent, physiquement et par mon travail d’enseignant-chercheur (dans mon bureau, mes enseignements, mes activités diverses, dont celles administratives), j’ai été témoin de la vie sur ce campus, j’y ai vu sa transformation au cours des années, les nouvelles constructions notamment (bâtiments, accès, équipements, etc.). C’est donc à une commémoration et à une visite très personnelles que je vous convie.

Avant de dire de quoi il s’agit, je précise de quoi il ne s’agit pas : ce n’est pas une histoire officielle, bourrée de chiffres, de dates, de sigles administratifs, … Il s’agit plutôt d’un ressenti et d’un vécu personnels, agrémentés d’anecdotes vécues et d’historiettes dont j’ai été témoin ; la langue anglaise dirait snapshots.

Il va sans dire – et mieux en le disant – que ce qui est avancé ici ne reflète en aucune manière le point de vue sur le sujet des institutions et organismes cités.

Les photos dans le campus (vues d’extérieurs), sauf indications contraires, sont dues à l’auteur ; elles ont été prises à la mi-Août 2021.

Plan

1. Les débuts

Le premier coup d’œil

Un peu d’histoire sur la genèse du campus

L’année universitaire 1981-1982Visite guidée du campus (1) : de la Route de Narbonne au grand bâtiment administratif central

2.Visite guidée du campus (2) : Le Tripode, divers restaurants universitaires, jusqu’à la Bibliothèque Universitaire (B. U.)

3. Visite guidée du campus (3) : Le « groupe Mathématiques »

4. Visite guidée du campus (4) : Le « groupe Chimie », les Salles S

5. Visite guidée du campus (5) : L’IRIT, le bâtiment E4, le bâtiment H. Brunet, les Bâtiments U1 à U4, Le CAP, la halle des sports, le pont G. Bruno

6. Visite guidée du campus (6) : Le « groupe Physique », L’INSPE

7. Visite guidée du campus (7) : Le « groupe Sciences Naturelles »

8. Visite guidée du campus (8) : Les voies sur le campus, le « noyau central », les sculptures.

L’épisode « Détague ta Fac »

Visite guidée du campus (9) : Les dernières réalisations

Conclusion


1.LES DÉBUTS

Le premier coup d’œil

J’étais certes venu sur le campus de Rangueil[1] une ou deux fois à l’occasion de séminaires de laboratoires[2], mais c’est bien à l’été 1981 que je découvre véritablement ce campus. La première impression est une combinaison de verdure et d’horizontalité. Verdure parce qu’il y avait beaucoup d’espaces verts, les parties bâties ne représentant qu’une faible proportion de l’ensemble. Horizontalité car les bâtiments ne comportent que deux ou trois étages (ou moins) visibles au-dessus du niveau du sol, mis à part l’imposante bibliothèque universitaire. Cette impression est confirmée lorsqu’on observe le campus à bord d’un avion passant au-dessus avant d’aller atterrir à Blagnac. Ceci est assez différent de ce que j’avais observé dans des universités parisiennes et aux États-Unis. Je me souviens avoir séjourné et enseigné un semestre dans un département de mathématiques d’une université américaine (à Lexington dans le Kentucky), laquelle était en fait une grande tour avec des départements dédiés à une discipline différente dans chaque étage. Convenons que ces édifices sont plus faciles à contrôler. Dans le bâtiment de l’université américaine que j’évoquais, le préposé à l’entrée du rez-de-chaussée savait en permanence combien de personnes étaient à tel et tel étage… L’exception était la bibliothèque du sous-sol, ouverte 24 heures sur 24.

L’entrée principale se trouve Route de Narbonne, l’entrée plus au sud sur la même route ne sera créée qu’au moment des travaux pour l’arrivée de la ligne B du métro. Une conciergerie figure immédiatement à droite à l’entrée, elle sera détruite par la suite, laissant place à ce qui, aujourd’hui, est le forum Louis Lareng. Une allée en pente conduit à un bassin d’eau devant le grand bâtiment administratif. A gauche, un restaurant universitaire (appelé RU1 ou Rangueil 1) et un immense « tripode » (résidence d’étudiants) qui ont toujours été là. Légèrement à gauche, la grande tour Bibliothèque universitaire (Sciences), haute de huit étages. C’est le point culminant du campus, sa couleur bleue est prédominante. Tout à fait en haut le sigle « B. U. ». Signification évidente pour nous usagers du campus, mais pas pour les visiteurs… Imaginerait-on « U. L. » (pour University Library) au haut d’un bâtiment de campus américain ? Pas sûr. Mais la France aime bien les sigles.

Vite sur la droite le « groupe Mathématiques » avec ses bâtiments de recherche et d’enseignement. En se retournant, on observe le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) sur la colline, sorte de château-fort médiéval dominant la vallée, et le lycée Bellevue, du moins sa partie abritant l’administration (appelée « le château »).

Vue vers l’entrée du campus par la Route de Narbonne. Avec à droite le CHU qui domine le tout, en face au fond le lycée Bellevue, à gauche le Forum Lareng (actuel)2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

La plupart des édifices du campus sont consacrés à l’enseignement, à la recherche, à l’administration (en fait un mélange de toutes ces fonctions) ; il y aussi le grand bâtiment administratif que l’on remarque tout de suite en arrivant. Mais pas d’autre construction consacrée, par exemple, à une librairie (les bookstores des campus américains), pas une station-service (alors qu’il y a beaucoup de voitures qui passent sur ce campus), pas de point-vente de journaux, pas de banque (cela viendra plus tard dans le forum Lareng). J’apprendrai par la suite que ce genre d’activités commerciales sur un campus universitaire était interdit par la loi.

Bref, le campus différait de celui connu à Clermont-Ferrand (ledit Plateau des Cézeaux  à Aubière[3]), ressemblait davantage à ceux de Bordeaux I à Talence ou Montpellier II. D’ailleurs les bâtiments de l’université scientifique de Montpellier ont une structure, des matériaux, qui ressemblent fort à ceux du campus de Rangueil.

Un peu d’histoire sur la genèse du campus

La genèse et la construction progressive des divers bâtiments du campus de Rangueil sont assez bien documentées ([1], [2], [6]). Nous n’en relatons qu’une infime partie. Dans cette optique, une figure s’impose, celle d’Émile Durand, du Doyen Durand comme il est appelé souvent. E. Durand, Professeur de Physique à ce qui s’appelait encore « l’université de Toulouse », ayant visité des campus américains, avait impulsé l’idée que Toulouse serait la première ville universitaire à se doter d’une nouvelle Faculté des Sciences en dehors du centre-ville, bien avant Grenoble (1972) par exemple. Des terrains à 5 km au sud-ouest du centre de Toulouse étaient disponibles, marécageux pour la plupart, travaillés par des maraîchers (l’appellation Chemin des Maraîchers doit en être une réminiscence). Les travaux dureront de 1960 à 1975. Bien sûr, comme c’est toujours le cas lors de projet de déménagement, certains collègues ne voulaient pas quitter leurs bureaux de la rue Jules Guesde (lieu de l’ancienne Faculté des Sciences) … Plus tard, j’ai connu pendant des années un serpent de mer qui ressortait régulièrement : l’école d’ingénieurs dénommée ENSEEIHT (ou N’7) allait-elle déménager près de la Faculté des Sciences, de l’autre côté du Canal du Midi où, semble-t-il, des terrains l’attendaient ? La suite a montré que l’ENSEEIHT est restée au centre-ville et que, la nature ayant horreur du vide, une bonne partie des terrains réservés à sa nouvelle implantation ont été construits depuis (en résidences universitaires).

L’histoire de l’apport d’E. Durand est bien racontée dans deux textes, celui de son fils physicien Philippe Durand ([2a]) et celui de son dernier étudiant en doctorat, le mathématicien Alain Rigal ([2b]).

J’avoue que je connaissais le nom d’E. Durand avant de venir à Toulouse. Son livre intitulé Solutions numériques des équations algébriques (publié au début des années 1960 chez Masson) était très soigneusement écrit et utilisé dans les universités où j’étais passé.

Si vous voulez voir le bâtiment administratif principal du campus de Rangueil en décembre 1966, je vous recommande un savoureux petit film de l’INA consacré à la visite d’Alexei Kossyguine (président du conseil des ministres de l’Union Soviétique) et du premier ministre français Georges Pompidou. On y voit le Doyen Jean Blaizot, en grand apparat, recevoir ces personnalités, les étudiants en cravate (si si ! « Mai 68 » n’est pas encore passé par là), les journalistes obséquieux, les voitures soigneusement rangées devant le bâtiment, … Un vrai délice.

Un visiteur ou usager, d’alors comme de maintenant, remarque des ouvriers en plein travail d’entretien des espaces verts du campus. Ceux-ci ne dépendent pas de l’université Paul Sabatier. En effet, c’est le Rectorat d’Académie par l’intermédiaire du SGE (Service de Gestion et d’Exploitation) qui gère tout ce qui est réseaux, voiries, infrastructures et espaces verts. Reconnaissons que, vu l’espace à entretenir, c’est un énorme travail !

L’année universitaire 1981-1982

  • L’année 1981 fut celle d’un « grand changement » sur le plan politique, puisque ce fut l’année de l’élection du président François Mitterrand. Comme je l’ai déjà dit, ce fut aussi celle de mon arrivée à l’université Paul Sabatier. Je mélangerai les deux à propos d’une anecdote.

Lorsqu’au lendemain du deuxième tour des élections présidentielles qui voit la victoire de Mitterrand, je me rends à mon bureau à l’université de Clermont-Ferrand II, j’observe, en échangeant avec les collègues, que « tout le monde a voté Mitterrand, … bien entendu ! ». Les gens aiment bien aller au secours de la victoire. Il était clair, pourtant, qu’avec le score qu’avait réalisé le président sortant Valéry Giscard d’Estaing et celui-ci étant en Auvergne dans son pays (il en était un élu !), il y en avait bien qui avaient voté Giscard…

A l’université Paul Sabatier, cette élection avait causé des turbulences. J’y trouvais le collègue mathématicien Daniel Bancel comme administrateur provisoire puis président ; jeune (il a à peine 40 ans), c’était un socialiste engagé qui quittera rapidement ses fonctions pour devenir Recteur d’académie (de Rouen en octobre 1984). Il me reçut comme « nouveau venu » dans son bureau car j’avais demandé à me présenter… Les « réceptions de nouveaux arrivants » n’existaient pas à l’époque, pas plus d’ailleurs que des « crédits d’installation de nouveaux arrivants ».

Mais l’année universitaire 1981-1982 (plus exactement septembre 1982, d’après les archives départementales consultées) fut celle de la visite du président Mitterrand à l’université Paul Sabatier. Il est rare qu’un Président de la République en exercice visite une université… Les universités, ce n’est pas si important, et puis ces manifestations d’étudiants et de personnels… cela gâche les visites, non ? (!) … Quoi qu’il en soit, dès que le déplacement fut annoncé, nous eûmes la visite, au Département de mathématiques, des services de sécurité de la Présidence de la République. Les voitures de Mitterrand et de son escorte devaient emprunter la voie entre les bâtiments de mathématiques et les terrains de sports (voie appelée aujourd’hui Cours des sciences, partie ouest) et mon bureau, au 1er étage du Bâtiment 1R2 (il n’y a pas de Bâtiment 1R3 à l’époque, c’est un parking pour voitures) donnait directement sur la voie en question, assez loin quand même (mais à portée de fusil ?). Nous reçûmes l’ordre de déserter nos bureaux le temps du passage de l’escorte présidentielle. Mitterrand, accompagné de Jacques Attali (conseiller spécial, âgé alors de 38 ans) commence par inaugurer un spectromètre de masse au CRBGC (laboratoire du CNRS) ; on le lui laisse même mettre en marche (voir photo ci-dessous).

Visite du président Miterrand en septembre 1982 de l’université Paul Sabatier. De gauche à droite : de dos Jean-Pierre Zalta (professeur de biologie et génétique cellulaires) ; Daniel Bancel ; à gauche de François Mitterrand, Alex Raymond (président du Conseil régional de Midi-Pyrénées)
Archives départementales de la Haute-Garonne/CD31)
Mise en marche du spectromètre de masse. A droite, au premier plan : Louis Lareng. Archives départementales de la Haute-Garonne/CD31)

Mitterrand est reçu par le président Bancel, blanc comme un linge, et les autres personnalités universitaires. A la fin, Bancel offre un cadeau à Mitterrand, un cours de chimie manuscrit de Paul Sabatier. Mitterrand le parcourt et ajoute, avec un sourire carnassier, « Faut-il aussi que je le lise ? ». J’ose espérer que ce manuscrit a pu être récupéré auprès des services de la Présidence de la République, il a mieux sa place à l’université qui porte son nom que là-bas…

  • Les services administratifs de l’UER MIG (pas encore l’UFR MIG[4]) se trouvent au rez-de-chaussée du Bâtiment 1R2 de mathématiques. Une plaque bien entamée par la rouille, apposée à l’entrée ouest, indique bien que c’est là. J’y avais déjà rencontré Roger Cuppens l’année précédente alors qu’il était directeur de l’UER. Mais quand j’arrive, c’est Roger Desq qui est le nouveau directeur de l’UER. Il restera d’ailleurs longtemps directeur de l’UER. Grand, élancé, toujours bronzé, des lunettes de lecture constamment posées sur le nez, il me reçoit cordialement dans son bureau. La première chose à me trouver était un bureau… La tension sur les bureaux se faisait déjà sentir. Il me propose tout de go : « Prends mon bureau… On verra bien quand je ne serai plus directeur de l’UER… ». Je prenais donc possession du Bureau 116 de l’aile nord du Bâtiment 1R2 (actuellement Bureau 141), avec comme voisins immédiats, sur le même côté du couloir ou en face : Roger Thibault (Mécanique), Giuseppe (Joseph) Grifone (Mathématiques pures), Roger Guérin (Mécanique). On fume dans les bureaux et dans les couloirs, ce que je n’apprécie pas. Le bureau est spacieux, avec un immense bureau à l’ancienne, c’est vraiment le style des années 1960. Je ne le sais pas alors, mais j’y resterai dix ans, avant d’émigrer dans l’aile sud, dans le même couloir (occupé à l’époque par les informaticiens). Il se dégage de ces bureaux, des placards vernis dans les couloirs, un parfum de « vieux chiffons » … J’en viens à me demander s’il n’y a pas des squelettes de collègues dans les placards… Mais on y trouve des vieux bouquins, des sculptures d’objets mathématiques en plâtre, et même un matelas (des collègues auraient-ils dormi sur place ?). Certains bureaux ont même un coin lavabo personnel. C’est vraiment un bureau que j’imagine « de mandarin » !
  • Dès les premiers jours, l’UER MIG, son département de mathématiques plus particulièrement, organise une réunion sur la répartition des enseignements de l’année universitaire qui démarre. Ces réunions se tiennent toujours en cette Salle 26, devenue Salle 15 depuis, du rez-de-chaussée du Bâtiment 1R2. La réunion étant programmée à 14h, je me trouve devant la porte de la salle, seul avec Albert Raugi, l’autre professeur (probabiliste) recruté à l’extérieur (il venait de l’université de Rennes I) cette année-là. Arrive Gérard Letac, dont je connaissais le parcours puisqu’il était également arrivé de l’université de Clermont-Ferrand II quelques années auparavant. Bien qu’il nous connaisse déjà, il se présente et ajoute de sa voix métallique : « Je suis Gérard Letac, je suis normand et je suis à l’heure… »[5]. J’apprendrai à cette occasion que lorsqu’une réunion était programmée à 14h, il n’y avait personne à 14h mais que tout le monde était là à 14h15… La répartition des Travaux dirigés (TD) se faisait plus tard, une fois établie celle des cours. Pour quelques mois encore, c’est le service statutaire « à l’ancienne » qui sert de référence ; on passera vite aux fameux « 128 heures de cours ou 192 heures équivalents TD, ou encore toute combinaison (en respectant les coefficients) de cours et TD conduisant à 192 heures équivalents TD » (sans parler des TP qui, eux, « pèsent » encore moins). Ayant fonctionné des années et des années (des dizaines d’années !) sous ce régime, je puis attester que « 192 heures équivalents TD » des débuts représentaient un service statutaire moins lourd que « 192 heures équivalents TD » des années 2000.

« Je pars au Québec pour quelque temps, voici mes notes de cours (manuscrites) de 1ère année de DEUG[6] » me lance G. Letac. Ce seront mes premiers enseignements sur ce campus, dans cet amphithéâtre mythique du nom de Fermat du Bâtiment 1A, voisin du non moins mythique amphithéâtre Stieltjès (le Bâtiment 1A est l’un des quatre bâtiments du « groupe Mathématiques », celui qui a des amphithéâtres).

  • Tout en découvrant le campus de Rangueil, je découvre aussi la ville de Toulouse. Je n’y ai en effet jamais séjourné ni étudié. En y déambulant, ne serait-ce que pour y rechercher un logement (juin 1981), je note sur des panneaux que Toulouse et Kiev (encore en URSS à l’époque) sont des villes jumelées. Ah ! la belle opportunité me dis-je. En effet, depuis deux ou trois ans j’étais en relation scientifique avec des collègues de l’Institut Glushkov de Cybernétique de Kiev, les échanges étaient difficiles dans un sens comme dans un autre, et ce n’était pas seulement une question de financements. L’Ukraine fait partie de l’URSS, la « glaciation de Brejnev » règne sur l’URSS. Je décide donc d’essayer d’exploiter éventuellement cette relation privilégiée de jumelage entre Toulouse et Kiev pour obtenir quelque soutien (financier, bien entendu). J’avais d’ailleurs vite observé que, chaque année, était organisé un match de football entre le Toulouse Football Club (TFC) et le Dynamo de Kiev. Ma rencontre avec l’adjointe au maire de Toulouse, chargée des jumelages, prit un tour féérique : fumant cigarette sur cigarette, elle ne comprenait pas bien ce que je venais faire dans son bureau… Bref, malgré des vagues promesses que tout personnel politique sait bien faire, il n’en est jamais rien sorti. J’avais même écrit à l’un de mes correspondants scientifiques à Kiev : « Si tu veux venir nous rendre visite à Toulouse, il faut que tu t’inscrives au football au Dynamo de Kiev… ». Enthousiaste mais naïf, cette péripétie me servira de leçon pour les années suivantes. Bien plus tard, c’est l’université Paul Sabatier qui signera des accords de coopération avec les établissements d’enseignement supérieur et de recherche de Kiev, avec les collègues chimistes en fer de lance. Et c’est dans ce contexte que je pus aller (une seule fois en 2001) à Kiev, puis recevoir à Toulouse, à trois reprises, des collègues de l’institut Glushkov de Kiev.

Atlanta est une autre ville jumelée avec Toulouse. Ayant des relations avec des collègues de Georgia Tech à Atlanta, j’avais procédé à une nouvelle tentative auprès de la mairie, du même type que pour Kiev (au moment de la visite d’Andrew Young, maire noir d’Atlanta (1982-1990), à Toulouse). Avec le même insuccès malgré une meilleure bonne volonté de la part du maire de Toulouse, Dominique Baudis.

Depuis quelques années, l’apprentissage automatique (ou statistique), Machine Learning en anglais, est un sujet de recherche mathématique non seulement à la mode mais très prometteur. Il se trouve qu’Israël est à la pointe dans ce domaine, que Tel-Aviv a des établissements universitaires de recherche dont des collègues sont en relation avec nous à Toulouse, … et que Tel-Aviv est également jumelée avec Toulouse. Je disais donc à certains de mes collègues, sous forme de boutade en raison de mon expérience sur des dizaines d’années, que c’était l’occasion d’organiser un séminaire ou atelier commun Toulouse & Tel-Aviv…


2. VISITE GUIDÉE DU CAMPUS (1) : DE LA ROUTE DE NARBONNE AU GRAND BÂTIMENT ADMINISTRATIF CENTRAL

Extrait de la carte du campus (édition 2021)

118 : entrée Route de Narbonne ; 135 : entrée Lycée Bellevue ; 96 : Forum Lareng ;

115 : RU1 Rangueil-Le Théorème-L’Esplanade ; 115 : IUT-Site Ponsan ; 133 : RU’Méd

580 : Résidence universitaire Tripode A ; 655 : L’UPSIDUM ; 187 : BU-Sciences ;

: Faculté de Pharmacie.

  • Disons tout de suite que je me concentrerai sur la partie « Groupe Mathématiques – Groupe Physique – Groupe Chimie – Groupe Sciences Naturelles », et bâtiments voisins, du campus de Rangueil (le tout appelé « noyau central » dans la suite) car j’ai moins fréquenté les autres parties. Nous en disons quelques mots néanmoins.

La partie « Médecine » qui se trouve de l’autre côté de la Route de Narbonne, ses amphithéâtres, sa bibliothèque, son restaurant universitaire, étaient peu visités par nous. Pour les amphithéâtres, dénommés avec des lettres A (depuis, ils sont devenus « Amphi 1, …, 4 »), c’était à l’occasion de cours de remplacement après des grèves d’étudiants, ou d’examens (quand tous les amphithéâtres de Sciences étaient occupés). Le souvenir compassé que j’en ai est que nous avions droit à des… appariteurs qui préparaient les amphithéâtres, personnel quasi inconnu pendant des années dans les amphithéâtres de Sciences. Le restaurant universitaire du personnel RU3 (encore appelé cafétéria RU Méd), situé au rez-de-chaussée du bâtiment plat en arrivant, a ses adeptes : certains (personnel enseignant ou administratif) venaient parfois à pied d’un bâtiment de l’université de l’autre côté de la route pour y déjeuner. Il y a comme cela des habitudes… En descendant le Chemin du Vallon puis l’avenue Ducuing jusqu’au pont du même nom, ce sont des bâtiments aux parements de brique rose-orangée abritant les amphithéâtres, régulièrement taguées, que j’ai pu observer au cours des années.

Les deux IUT, celui de la Route de Narbonne et celui de l’Avenue de Rangueil, sont les lieux d’enseignement de certains collègues mathématiciens. Leurs bureaux de recherche sont plutôt dans le « noyau central » des bâtiments de sciences. Nous nous y rendions néanmoins lors de commissions de recrutement (Maîtres de Conférences, Professeurs) lorsque les postes en question dépendaient des différents départements d’IUT, ou à l’occasion d’activités du SCAS[7]. Ils ont toujours été, de manière générale, en meilleure tenue physique (en termes d’entretien) que les bâtiments du « noyau central ».

Les parties « Faculté de Pharmacie (datant de 1979), Faculté de Chirurgie Dentaire (1976) » se trouvent au nord du campus vers Toulouse, de l’autre côté de la Rue des Maraîchers. Elles ont été bâties sur des terrains qui appartenaient au Couvent des Dominicains. Peu d’occasions d’y aller, sauf pour des enseignements spécialisés (un DESS de Mathématiques Appliquées – Informatique y avait par exemple des salles dédiées) ou des réunions. J’ai entendu Louis Lareng, premier président de l’université Paul Sabatier (élu en 1970), raconter la genèse de la construction des bâtiments (on les appelle « coques ») de la Faculté de Pharmacie. L’idée avait été adoptée après une visite dans des universités scandinaves. Toutefois, ma femme qui a travaillé dans les services administratifs et financiers de la Faculté de Pharmacie, m’a souvent fait part des difficultés à gérer la température dans ces « coques ». Au cours des années revient le serpent de mer : où vont être transférées ces Facultés de Pharmacie et de Chirurgie Dentaire ? Vers le site de l’Oncopole ? Ailleurs ? Je laisse les générations futures s’en préoccuper.

  • La « Route de Narbonne » était très fréquentée dans les années 1980, on disait que c’était la voie empruntée par les pinardiers qui venaient de l’Aude et de plus loin. Ce fut aussi, jusqu’à l’arrivée du métro, le chemin emprunté par le bus (Ah ! le fameux « n° 2 ») qui amenait les étudiants et autres, du centre de Toulouse jusqu’au campus. Les plus anciens racontent qu’au début le bus s’arrêtait quelques centaines de mètres avant l’entrée principale, et qu’il fallait terminer à pied. J’ai moi-même gardé le souvenir de bus « n° 2 » bondés aux heures de pointe. La situation se détendra pour la circulation sur la Route de Narbonne avec la Rocade Est et, surtout, avec l’arrivée du métro.

Juste en face de l’entrée du campus au « 118 Route de Narbonne » (Ah ! combien de fois a-t-on copié cette adresse dans nos relations épistolaires !), on ne peut éviter l’entrée du Lycée Bellevue. Originellement une annexe du Lycée Fermat au centre-ville, le lycée est devenu progressivement indépendant, j’y ai même vu l’arrivée des Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE). Les enfants de collègues y ont fait leur scolarité de lycée même si ce n’était pas le lycée de leur secteur ; on comprend la facilité que procurait la proximité physique avec le lieu de travail sur le campus. Certains collègues y sont allés pour donner des « colles en classes préparatoires », pour présider des jurys de baccalauréat, ou tout simplement comme délégués de parents d’élèves.

  • La station de métro « Université Paul Sabatier ». Ah ! la belle affaire… C’est, dans ma graduation personnelle, la plus grande « révolution » sur le campus de Rangueil, la deuxième venant après étant l’érection de la nouvelle bibliothèque d’étudiants (dont je parlerai plus loin). D’abord appelée, dans le projet du moins, « Station Bellevue-Sabatier », elle est finalement devenue (et restée) « Station Université Paul Sabatier ». Il est vrai que l’université Paul Sabatier est concernée par deux stations de métro, celle-là mais aussi la précédente (dans le sens nord-sud) dénommée « Faculté de Pharmacie » simplement (car située en face de l’allée d’accès à la Faculté de Pharmacie). Les tractations ou négociations allaient bon train lors de l’élaboration du projet : le métro passe sous les terrains de l’université Paul Sabatier, oui mais où ? Quelles compensations pour l’université elle-même ? Etc. Le fait est que l’arrivée du métro a révolutionné l’accès au campus (des étudiants et autres usagers), mais aussi l’accès au centre-ville pour les multiples réunions auxquelles nous étions parfois conviés. Le pictogramme visuel de la station est un microscope. Bien, … mais quid de l’œuvre d’art qui figure en arrivant : 1, 2. 2, 3. 3. 3, jusqu’à 8. 8.… 8 ? « Pas terrible » dirais-je avec d’autres… On aurait pu trouver mieux (mais a-t-on simplement sollicité les universitaires pour cela ?) mais – plus important à mon sens – c’était l’occasion, et surtout l’endroit, pour des expositions temporaires d’objets, de figures, de graphiques, de « planches » liées aux Sciences et Formations de Santé. Malgré une tentative de cette suggestion (courrier envoyé aux services du métro), l’œuvre en question semble immuable… Insipide à force de l’observer… Quelle occasion manquée !

Quand la bouche de métro « dégueule » tous les arrivants le matin, cela fait du monde, car il y a aussi les lycéens accédant par un tunnel au Lycée Bellevue en face ! Une grande allée dallée est le lieu d’acheminement vers les bâtiments principaux du campus. Mais, sur la droite, apparaît tracé sur le terrain, un chemin non balisé, c’est le raccourci utilisé par les étudiants et, s’il n’est pas « officiel », il a été adopté et le restera… Un secrétaire général de l’université Paul Sabatier m’avait dit que c’était « le chemin des chèvres » créé par l’usage…

Le « chemin des chèvres », la diagonale des usagers en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

Grande ligne droite (piste cyclable) parallèle au Cours des sciences (côté ouest), en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

Grande ligne droite (piste cyclable) parallèle au Cours des sciences (côté ouest).

Il y a une piste équivalente parallèle côté est.

  • Le forum L. Lareng. A droite en entrant, cet imposant bâtiment (à un étage) a remplacé l’ancienne conciergerie ; il héberge le PC sécurité du campus, plusieurs services comme le Département des relations internationales, la Médecine préventive (autrefois celle-ci était à l’extrémité nord du campus, Avenue de Rangueil), le Service Culture, la Division des affaires immobilières du campus, … et un bureau de la Banque Populaire. Nous avions tenté à l’époque (en 2006) de faire apposer le nom d’une femme à la salle de réunion du 1er étage [8] ; sans succès. Je me souviens de l’inauguration de l’appellation de ce bâtiment, en 2009 [9], j’y avais été invité : Gilles Fourtanier est président de l’université, Louis Lareng est présent bien sûr, le président de région Martin Malvy aussi. Celui-ci a des mots chaleureux pour Lareng : « Louis…, la République t’a attribué tous les honneurs, tu n’espères plus rien… ». Sous-entendu, « celui qui t’est fait ici est différent et s’ajoute aux autres ».
Inauguration de l’appellation L. Lareng du bâtiment d’accueil à l’entrée du campus en 2009. (au 118 Route de Narbonne). L. Lareng est le 3e à partir de la gauche. Outre les personnalités politiques (M. Malvy, N. Belloubet), deux anciens présidents de l’université Paul Sabatier (J.-F. Sautereau, G. Larrouy), le président en cours G. Fourtanier, et à l’extrême droite J.-J. Romatet, Directeur Général du CHU de Rangueil.
La Dépêche du Midi (8 octobre 2009), signalée par G. Fourtanier.

La partie sortie de métro, le site de départ du téléphérique Téléo[10], le parc de stationnement de bus, ainsi qu’une auto-école étrangement située là, ne font plus partie de l’aire « campus de Rangueil ».

  • A droite après le forum Lareng, via le Chemin Clément Ader, un terrain vague, puis les premiers terrains de sport collectif (rugby, football). Ils ne sont pas de très grande qualité, il n’y a pas de douches à proximité par exemple[11]. Rien à voir avec les terrains de sport des campus américains. Le joueur de rugby international Fabien Pelous, qui fut étudiant à l’université Paul Sabatier, raconte dans un livre de souvenirs combien il fut surpris, lors d’une tournée aux Etats-Unis, du gigantisme et de la qualité des terrains de sport extérieurs sur les campus américains, « rien à voir, écrivait-il, avec les terrains pourris de l’université Paul Sabatier ». Pourtant, de la fenêtre de mon bureau au Bâtiment 1R2, donnant directement sur ces premiers terrains avant qu’il n’y ait le Bâtiment 1R3, j’y ai vu des rencontres de rugby importantes entre équipes d’universités et d’écoles d’ingénieurs.
  • Au bout de l’allée[12], le grand bâtiment administratif, appelé parfois ironiquement « Le château » par les usagers. Mais avant d’y arriver, une esplanade verte qui était un bassin d’eau quand je suis arrivé. Très agréable ce bassin d’eau, très peu profond et sans danger… Il m’est arrivé, avec mes enfants en bas âge, d’y faire naviguer des petits bateaux téléguidés. Il est resté vide quelques années après, en raison de fuites d’eau j’imagine. Finalement, c’est un espace vert qui a été aménagé, et c’est comme cela qu’il restera sans doute longtemps.

Le parvis devant le grand bâtiment administratif porte désormais le nom de Parvis Paul Sabatier ; c’est là que sont organisés les rassemblements (de protestation, de commémoration). Trois drapeaux flottent sur le parvis : il est heureux que celui de (la région) Occitanie et celui de l’Europe soient joints à celui de la France.

Plongée vers le Bâtiment administratif central en 2021 Un grand espace vert est disponible entre les deux allées Lareng.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

Pendant des années, j’observais, juste après la proclamation officielle des résultats du baccalauréat en début juillet, les futurs étudiants (et, souvent, leurs parents) qui se précipitaient pour les inscriptions en première année d’études à l’université. Souvent, alors que j’étais membre du Conseil dénommé CEVU (Etudes et Vie Universitaires), j’allais jeter un coup d’œil dans les salles au niveau rez-de-chaussée et tentes aménagées à l’extérieur, voir simplement si tout se passait bien. Il y avait un côté émouvant à voir ces parents accompagner leurs jeunes pour cette inscription dans un monde qui était nouveau pour eux ; il leur arrivait de pique-niquer sur les espaces verts autour du bassin. Je dis émouvant car pour bien de ces parents, l’université était un monde inconnu, pour eux qui n’avaient pas accédé à des études universitaires. Par la suite, avec l’étalement (en raison de prises de rendez-vous) et la « dématérialisation » des dossiers d’inscription, ces flux ont été moins importants, en tout cas moins visibles.

Le grand bâtiment administratif de l’université, que l’on aperçoit dès les premières photos officielles du campus vers 1965, est le siège de la présidence, de divers services administratifs, de l’auditorium jouxtant un grand hall d’entrée. Ah ! combien de réunions dans : la salle dite « des thèses », devenue Salle Emma Chenu en 2005 sur ma proposition à la suite de la Commission des appellations des salles et amphithéâtres que je dirigeais (cf. [3]) ; dans la Salle du Conseil du 1er étage (lieu pour les réunions des différents Conseils de l’université, de remise de diplômes de Doctorat Honoris Causa, de Prix, etc.).

Dans cette Salle du Conseil, que j’ai connue avec la même appellation en 40 ans, un exemple de cérémonie : celle des Doctorats Honoris Causa en Juin 2010.

Dans le grand bâtiment administratif, un lieu mérite une évocation particulière, c’est l’auditorium. C’est le plus grand espace fermé de l’université. A l’origine, il était considéré luxueux avec ses fauteuils de cuir. Au cours des années, ces fauteuils et leurs tablettes-écritoires qui se replient ont vieilli et vers les années 2000, c’est un ensemble un peu vintage qui demande à être rénové. C’est ce qui fut fait en 2015, les travaux débouchant sur un ensemble moderne fonctionnel, prêt pour des cérémonies (sous l’égide de l’université ou extérieures). Le nouveau nom choisi après un vote public, celui d’auditorium Marthe Condat, est fort approprié, ma foi. Ah ! si les murs de cet auditorium pouvaient parler de tous les discours enflammés, controverses, entendus lors d’assemblées générales d’étudiants ou d’enseignants (à l’occasion de fréquentes grèves), lors de campagnes électorales au sein de l’université, etc. Mais cet auditorium fut aussi le lieu de grands congrès scientifiques ou médicaux, organisés par l’université ou d’autres organismes extérieurs.

Le grand hall attenant est bien adapté pour accueillir du public, à l’occasion de la cérémonie des vœux de la présidence de début d’année par exemple. Il hébergea parfois les personnels et matériels pour des campagnes de dons du sang visant les usagers de l’université (étudiants, enseignants, administratifs, techniciens…). Celles-ci émigrèrent ensuite dans des tentes, montées à cet effet, entre le grand bâtiment administratif et le Bâtiment 1R3 du « groupe mathématiques ».

C’est aussi par là que se tient, depuis 2015, le lundi après-midi, le Marché Universi’Terre (joli jeu de mots) regroupant une dizaine de producteurs et artisans de bouche locaux. Il a un certain succès, je dois dire.

Pour terminer avec ce grand bâtiment administratif, au rez-de chaussée de celui-ci, outre des services administratifs comme celui des « Thèses et Habilitations » que nous avons bien fréquentés, il y a la Division de la Vie Etudiante (longtemps celle-ci fut au rez-de-chaussée du Bâtiment 1A, puis ensuite au Forum Lareng). Elle devrait rejoindre la Maison des Etudiants et Personnels lorsque celle-ci verra le jour (voir plus loin, à propos de l’appellation U5 d’un bâtiment).

Un colloque de mathématiques à l’auditorium du Bâtiment administratif (ici c’est Mathématiques pour l’Optimisation de Mai 1985).  On notera les tablettes-écritoires aux côtés des fauteuils, ainsi que l’outil « préhistorique » de projection que représente le rétroprojecteur.
Au cours des colloques, des mathématiciens (français ou étrangers) parmi les plus réputés sont venus sur le campus de Rangueil. Ici, de gauche à droite, L. C. Young, J. Balder, R. T. Rockafellar (de dos), J. Borwein. Au même colloque que la photo au-dessus.
Photos du SCOM (Services Communs Multimédias) de l’université Paul Sabatier
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En mars 1995, devant le Bâtiment administratif, après une réunion-colloque lors de « l’année universitaire. Th. J. Stieltjès » (1994-1995). A l’extrême droite, le mathématicien Jean-Pierre Kahane.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

3. VISITE GUIDÉE DU CAMPUS (2) : LE TRIPODE A, DIVERS RESTAURANTS UNIVERSITAIRES, JUSQU’À LA BIBLIOTHÈQUE (BU)


Plan du campus de l’université Paul Sabatier en 2021

580 : Résidence universitaire Tripode A

655 : L’Upsidum (RU du personnel)

187 : BU Sciences

236 : Bât. 2R1 de Chimie

330 : Module de Haute Technologie

324 : Crèche Upsimômes

57 : Bât. 2A (Chimie)

317-449-102 : Bât. 2TP (Chimie)

75 : Maison de la Recherche et de la Valorisation

539 : Salles S.

  • En entrant par la Route de Narbonne, sur la gauche, se dresse le dit Tripode A (ou Résidence universitaire Archimède). Bâtiment en forme de trépied comme l’indique leur nom, il abrite essentiellement des chambres d’étudiants. Il y en a deux autres, les Tripodes B et C, à la sortie Avenue de Rangueil du campus. Combien de milliers d’étudiants, français ou étrangers, ont passé des mois et des années dans ces lieux ? La proximité des lieux d’étude et de restauration en faisaient des sites recherchés. Ils ont été régulièrement rénovés, il faut dire qu’ils se dégradent vite aussi. En les voyant, je ne peux m’empêcher de penser à l’évolution du coût de la vie des étudiants sur une ou deux générations ; ce qui a considérablement augmenté, et qui reste le poste de dépenses le plus important pour un étudiant aujourd’hui, c’est le logement. Les cités universitaires ne couvrent qu’une faible partie des besoins. Et au cours des années, j’ai vu sortir de terre, autour du campus, quantités de bâtiments privés abritant des chambres ou petits appartements d’étudiants.
  • Entre le Tripode A et les allées Lareng, en descendant vers le grand bâtiment administratif, les premiers restaurants universitaires. Ah ! la restauration sur le campus, pour le personnel, vaste question et chantiers. Ils méritent largement qu’un long paragraphe leur soit consacré. La question et les réponses ont évolué au cours des années, favorablement je dois dire, pour moi qui ai régulièrement (pratiquement tous les jours) déjeuné sur mon lieu de travail ou à proximité, hors domicile donc.

Quand je suis arrivé, automne 1981, je constate que rien de spécifique n’est organisé pour le déjeuner du personnel de l’université, il fallait se débrouiller avec les restaurants universitaires des étudiants et les combines que chacun avait mises en place. La première de ces débrouilles, que des collègues mathématiciens et mécaniciens (Jacques Audounet et Jacques Mauss entre autres) m’avaient fait découvrir dès mes premières visites du campus, avant même ma nomination officielle, était le Bar des avions à la Place des avions, au bout de la rue Route des avions (cela ne s’invente pas), au quartier Rangueil. Un plat était proposé pour déjeuner, la dame affectée au service, très serviable, restera dans cette fonction des années et des années. C’était le lieu, autour d’une bière ou d’un café, de compléter les réunions entreprises entre collègues à l’université. Mais l’offre en nombre de places était fort limitée. Depuis 2018 environ, ce bar est devenu L’Astronef.

Quand je parle de ce problème de restauration à de plus jeunes collègues, lorsqu’ils veulent bien écouter ces « vieilleries », je dis que si un jour on devait procéder à mon autopsie, on découvrira par anneaux successifs, comme pour les arbres, les différentes périodes de restauration-déjeuner de mon corps. Voyons ces différents anneaux successifs.

Concomitante à la période du « Bar des avions », je n’ai pas connu celle de l’accès aux restaurants du CNES et de l’ENAC (de l’autre côté du Canal du Midi). Il paraît qu’ils étaient partiellement ouverts au personnel de l’université Paul Sabatier, probablement plus facilement si des actions de collaboration scientifique étaient menées avec ces établissements. Vite après est la « période Sup’Aéro »[13]. En effet, pendant des années, le restaurant de cet établissement nous a ouvert ses portes pour le déjeuner, à un tarif « extérieur » préférentiel. Le problème est qu’il faut prendre la voiture pour y aller. C’est ce que je faisais souvent, prenant au passage ma femme qui, travaillant comme personnel administratif sur le campus, devait déjeuner également.

La période suivante est celle où un « restaurant pour le personnel » fut dégagé sur une aile ouest du premier restaurant universitaire à gauche à l’entrée du campus, route de Narbonne (appelé RU1-Rangueil). C’est la première fois où on s’occupait vraiment et sérieusement de la restauration du personnel sur le campus. Un peu limité en espace, il fonctionna de manière satisfaisante pour nous pendant quelques années. C’était là l’occasion de voir trois ou quatre collègues du Lycée Bellevue en face, de l’autre côté de la route, lesquels venaient déjeuner sur ce site, probablement attirés par une meilleure nourriture ou une meilleure ambiance que dans le restaurant de leur lycée.

Le « grand changement » fut la construction du Bâtiment UPSIDUM. Je me souviens de sa conception, de sa construction, de son inauguration (en septembre 1995, avec le président de l’université J.-C. Martin), et même du concours pour le choix du nom[14]. Certes, le bâtiment n’était pas dédié à la restauration seule, d’autres bureaux y ont trouvé leur place, ceux du SCAS par exemple.  Au début, il y eut (il y a toujours ?) des problèmes d’acoustique à régler… Pourtant nous avons à l’université Paul Sabatier des spécialistes d’acoustique. Un endroit pour se restaurer ne suffit pas, il faut aussi un prestataire de services… Il y en a eu plusieurs, de qualité inégale reconnaissons-le. Disons néanmoins que ce service de restauration de proximité rend, de manière satisfaisante, les services pour lesquels il a été conçu. Dans ces services, je n’oublie pas la salle café du 1er étage, lieu et témoin d’innombrables discussions passionnées entre collègues (discussions scientifiques mais aussi politiques !). La terrasse du 1er étage offre le meilleur point de vue sur Le Fil d’Ariane, amphithéâtre en béton à ciel ouvert (voir photo plus bas).

Depuis quelques années, le restaurant dénommé L’Esplanade au 1er étage du restaurant universitaire RU1 offre des « déjeuners améliorés » (sous l’égide du CROUS), c’est donc un lieu bien usité par les collègues après des réunions de travail ou par des membres des jurys de thèse. Il supplante quelque peu le restaurant Les Mûriers de l’annexe de l’Ecole Hôtelière, toujours sur le campus, plus au sud (près de la nouvelle voie d’entrée), qui a joué seul ce rôle pendant des années.

Les rues et certains sites ayant reçu de nouveaux noms (voir plus loin), j’ai noté qu’un des lieux-cafétérias du bâtiment du RU1 porte le nom Le Théorème, ce qui n’a pu échapper à l’œil d’un mathématicien.

Dans ce panel d’offres de restauration, il faut ajouter, à condition de pouvoir bénéficier de cette possibilité, les restaurants du CNRS. Le premier, plus au sud de la Route de Narbonne (« le 205 »), est accessible à pied par le campus, au prix d’un passage forcé par un trou dans la clôture extérieure (ce fut assurément le cas pendant des années). Le deuxième est au-delà du Canal du Midi, en allant vers l’entrée du CNES, sur le site de l’OMP. Enfin, il y a celui du LAAS. Une carte commune du CNRS permet l’accès à ces restaurants. Il y eut aussi, mais peu fréquenté, le restaurant de la FIAS (devenu IAS (Institut Aéronautique et Spatial) ensuite), toujours en allant vers le CNES, sur l’Avenue Edouard Belin à gauche. Les « groupes » de collègues ont leurs habitudes, leurs horaires de déjeuner, … Il faut dire que la clientèle du campus représente des milliers de consommateurs potentiels. Un amusement pour conclure ce paragraphe. Vers le 18-20 décembre de chaque année, il y a toujours un « repas de Noël » organisé par ces différents prestataires de déjeuners, repas amélioré cela va sans dire. Pour certains, il était alors coutumier de pister les différentes dates de repas de Noël et de profiter de chacun d’entre eux, à tour de rôle. Pour éviter ce genre de nomadisme et de « délit d’initiés », les repas de Noël sont organisés le même jour.

Une nouveauté apparue ces dernières années : des food-trucks (camions de restauration rapide), organisés sous l’égide du CROUS, s’installent sur divers points de campus et permettent de déjeuner rapidement (au moins de sandwiches) ; au vu des files d’attente, j’en déduis que ce service est apprécié par les étudiants qui, il faut le dire, n’ont pas toujours le temps (ou l’envie) de faire la queue dans les restaurants universitaires.

Le marché s’adaptant à la clientèle, une série de restaurants, petits ou grands, se sont installés à la périphérie du campus (route de Narbonne vers Toulouse, à Ramonville ou Auzeville, au quartier Rangueil, …). Il n’était pas rare de s’y retrouver à deux groupes de jurés de thèse dans des disciplines différentes, notamment en période de « pic » de soutenances (les quinze derniers jours de décembre par exemple).

  • La Bibliothèque Universitaire (de Sciences)

Ici, je dois commencer par un aveu : je suis ce qu’on appelle un « rat de bibliothèques » ; j’aime bien les livres, les revues, passer du temps à les lire ou simplement les consulter. C’est ainsi que les bibliothèques d’un campus universitaire (ou autre) prennent une place particulière dans mon appréciation d’un lieu.

Comme je l’ai déjà signalé plus haut, la B. U. s’impose à la vue dès qu’on arrive sur le campus de Rangueil par la Route de Narbonne. C’est d’abord au rez-de-chaussée de cet imposant bâtiment à la couleur bleutée que des générations d’étudiants ou d’enseignants sont passés consulter des livres ou revues, en emprunter, ou simplement y travailler. Sa conception de la grande salle de lecture était similaire à celles d’autres bibliothèques d’autres grandes universités, pas toujours commodes pour des discussions de travail ; un rappel au silence intervenait régulièrement. Les étages étaient dédiés au stockage d’ouvrages. A une époque où on nous laissait y monter, il m’est arrivé, avec d’autres collègues, d’aller consulter des revues très anciennes de mathématiques, et même d’aller charger des collections pour rapatriement à la bibliothèque de Math-Méca de l’UFR MIG. Le personnel du rez-de-chaussée était bien sûr averti de notre incursion dans ces étages puisque c’était lui qui en donnait l’autorisation. Je dis cela car il ne ferait pas bon rester coincé dans ces lieux, près de l’ascenseur, l’atmosphère pouvait y être anxiogène pour des claustrophobes.

L’érection de la nouvelle B. U. est pour moi la deuxième grande « révolution » sur le campus sur une période de plusieurs dizaines d’années (je crois qu’elle fut inaugurée vers 2008). On parlera de cette B. U., elle sera encore utilisée, dans vingt ans, quarante ans… Cet imposant bâtiment, plus « horizontal » que son prédécesseur, est conçu de manière moderne : lumineux avec de grandes fenêtres donnant vers l’extérieur (nord), confortable avec des petites salles de discussion-travail pour des groupes d’étudiants, avec des connexions informatiques dans tous les sens, et enfin de grands espaces pour des expositions. C’est assurément un bel équipement. On ne remarque pas toujours, selon les visiteurs que j’ai interrogés, les figures de scientifiques en filigrane à l’entrée (Paul Sabatier, Marie Curie, Pasteur, etc.), lesquelles sont reproduites sur un panneau à l’entrée à gauche. Enseignant en premier cycle fréquemment, il m’arrivait de conseiller aux étudiants des ouvrages de la B. U. et d’y donner des documents polycopiés de cours que je confectionnais. Ces ouvrages étaient toujours disponibles en plusieurs exemplaires. Quand je demandais aux bibliothécaires s’ils étaient empruntés, la réponse était invariablement : « Disponibles et peu empruntés habituellement, « arrachés » au moment des examens partiels… ». Quand j’y passe, même encore aujourd’hui, j’observe les étudiants et les « points d’accumulation » mus par leurs intérêts : je dois reconnaître que c’est le coin BD avec ses fauteuils confortables, qui arrive en tête… J’exagère un peu.

Il y a d’autres bibliothèques d’intérêt sur le campus, j’en parlerai plus loin.

Vue nord de la nouvelle B. U. en 2021 ; en fond (bâtiment bleu), l’ancienne B. U. Sur la gauche, le laboratoire CIRIMAT, tout près du Bâtiment de recherches 2R de Chimie
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty
Entrée de la nouvelle B. U. (vue est) en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty
Façade ouest du bâtiment administratif central, en allant de l’UPSIDUM vers le « groupe Mathématiques ».
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

En s’éloignant de la B. U. vers l’Avenue de Rangueil : des sculptures qui passent inaperçues. (Celle-ci, au titre de Fontaine, comme l’ensemble et la fresque suivantes, fait partie de la contribution dévolue à l’art dans les constructions publiques (le fameux « 1% artistique »). 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

La B. U. Sciences et l’UPSIDUM en 2021, vue ouest à partir du kiosque-corolle. ©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty
L’amphithéâtre extérieur Le Fil d’Ariane, en béton gris, à l’ouest de l’UPSIDUM. De forme elliptique et divisé en deux. A gauche, une sculpture de Philolaos. Au fond le Tripode A. 2021
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty
Point de vue sur la ziggourat, au bord de l’aile nord du Cours des sciences. en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

L’ensemble des réalisations relevant du « 1% artistique », inaugurées vers 1974, est présenté de manière plus détaillée dans le fascicule « Le 1% artistique et le chantier de l’université Paul Sabatier », réalisé à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine de 2014. Il peut être trouvé et téléchargé sur le net.

Fresque murale en faïence à l’entrée de la Maison de la Recherche et de la Valorisation (celle dernière inaugurée en 2013). Vue par le nord du campus. en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty


4. VISITE GUIDÉE DU CAMPUS (3) : LE « GROUPE MATHÉMATIQUES »


Plan du campus de l’université Paul Sabatier en 2021

23 : Bât. 1R3 (siège de l’Institut de Mathématiques) ; 90 et 95 : Bât. 1R1 et 1R2 (mathématiques) ; 105 : 1CN (Centre de calcul, Bât. Durand); 132 : 1TP1 (Salles B) ;

140 : 3TP2 (amphis Einstein, Maxwell)

     174 : Bât. 1A (mathématiques) ; 120 : IRIT ;

     217 : Bât. Laplace ; 272 : Bât. E4 ; 

     290 : Bât. MRL (Y. de Ferré) ;   272 : Bât. E4 ;

     332 : Maison du personnel et des Etudiants ;

      325 et 326 : Bât. U4 et U3.

Le « groupe (ou quartier) Mathématiques » est le premier des « groupes scientifiques » érigés sur le campus, celui que l’on aperçoit en premier, sur la droite à peu de distance de la sortie du métro. Il comporte les bâtiments 1R1, 1R2, plus tard le 1R3, les bâtiments A, TP1, le bâtiment 1CN Centre de Calcul[15]. De manière générale, pour la suite, le sigle R est pour les bâtiments de recherche, TP pour les bâtiments de TD ou TP, A pour le bâtiment des amphithéâtres.  Toutes ces fonctions ont été, bien évidemment, copieusement mélangées au cours du temps. Chaque bâtiment de type A comporte la même distribution : un corps double avec un couloir. Le sous-sol est différent en fonction de la typographie du terrain. Les Bâtiments TP sont en rez-de-chaussée, souvent longs. Les bâtiments d’un même « groupe » sont reliés par des passerelles abritées.

Voici une courte visite mémorielle guidée des bâtiments du « groupe Mathématiques ».

  • La première chose que l’on aperçoit, ou peut-être que l’on ne note pas du tout, est ce bloc de pierre posé sur l’espace vert (voir photo ci-dessous) ; il fait partie de l’ensemble des œuvres culturelles dispersées sur le campus et que j’ai déjà évoquées plus haut et que j’évoquerai à nouveau plus loin.
Un roc posé là, tout seul, entre la voie Cours des sciences et les Bâtiments 1R de mathématiques en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

  • J’ai toujours connu les bâtiments 1R1 et 1R2 (puis le 1R3 à partir de 2001) comme les lieux de vie des mathématiciens de l’université Paul Sabatier. Ils n’étaient pas les seuls occupants : les collègues de Mécanique (au 1R2), de Gestion, d’Informatique (au 1R2 avant leur départ vers les nouveaux locaux de l’IRIT ; présents encore aujourd’hui dans certains étages du 1R1).

Les accès (portes) aux bâtiments 1R1 et 1R2 sont restés inchangés pendant quarante ans : ce sont des portes uniques, d’une isolation thermique très imparfaite ; je constate que peu d’autres bâtiments du même type sur le campus ont gardé les portes d’accès telles qu’elles étaient à l’origine : elles ont été soit doublées soit refaites pour une meilleure isolation.

Bâtiment 1R2. C’est là où j’ai eu mon bureau pendant vingt ans, dix ans dans l’aile nord du premier étage, dix ans dans l’aile sud du même étage (à la suite du départ des informaticiens de cet étage[16]). C’est ce dernier lieu qui avait ma préférence : près de l’escalier à la confluence des deux étages, près du lieu de passage du rez-de-chaussée entre les deux bâtiments 1R1 et 1R2. Actuellement c’est le bureau n° 119. Je l’ai quitté lorsqu’il a fallu déménager vers le nouveau bâtiment en septembre 2001. C’est aussi une période où la tension sur les bureaux se faisait sentir fortement ; nous avons donc toujours été à deux personnes dans ce bureau de l’aile sud (un collègue Maître de Conférences, ou un étudiant en doctorat, ou autre), malgré des occupations de mon côté qui demandaient parfois une certaine confidentialité (directeur de laboratoire, responsable d’études doctorales).

C’est ce bâtiment 1R2 qui accueille les locaux de l’IREM (devenu l’IRES depuis), la bibliothèque de Math-Méca, les services administratifs de l’UER (puis UFR) MIG avant la constitution de la Faculté des Sciences et Ingénierie en 2011, et quelques autres salles à usage collectif. Parmi ces derniers :

  • Il y avait bien, au début, un local photocopie au rez-de-chaussée (avec le dévoué M. Laffont), lequel service passa au sous-sol ensuite.
  • La salle des « pots de thèse » ou « pots de départ à la retraite » au sous-sol ; un peu exigüe pour ce genre de manifestations.
  • Des salles de séminaire (notamment au deuxième étage) qui, progressivement, ont été transformées en bureaux.

L’IREM. Quand je suis arrivé, et pendant des années, ses locaux étaient au 1er étage du Bâtiment 1R2, au même niveau que mon bureau. Ils y disposaient d’une bibliothèque spécifique, utile pour ceux qui s’intéressent à l’enseignement et à l’articulation secondaire-supérieur. C’était aussi le lieu où j’ai vu, pour la première fois dans un établissement universitaire, un micro-ordinateur portable, un Apple II (imaginez ! 4ko de mémoire vive, un écran grand comme une carte postale). Vite après ce sera au tour d’Apple Macintosh, très apprécié des collègues et des secrétaires. N’oublions pas qu’en 1981-1983 il n’y a encore aucun ordinateur dans les bureaux ! Une génération a suffi pour complètement changer notre manière de travailler et de communiquer.

Par la suite, l’IREM déménagera à l’aile sud du rez-de-chaussée du bâtiment, avant de devenir l’IRES. Les anciens bureaux de l’IREM au 1er étage furent convertis en salles de séminaire, et des appellations originales leur furent données : Emile Picard et Jean Cavaillès.

La bibliothèque de Math-Méca. C’est assurément un des joyaux de ce bâtiment… Il faut savoir qu’une bibliothèque est, et reste encore, un outil de travail important pour les mathématiciens (et mécaniciens dans le cas présent). J’ai vu au cours des années des aménagements « physiques » importants, des personnels arrivés en renfort, des réorganisations dans les rayonnages, de nouveaux systèmes de prêt… Mais il reste un endroit où j’aime aller, le seul endroit où je puis consulter telle ou telle revue, emprunter tel bouquin spécifique. Je sais bien – et je l’observe – que ce n’est pas le cas de tous mes collègues : l’accès à l’information est désormais, et de plus en plus, « à distance ». Les étudiants agrégatifs ont leur salle de travail, dénommée « Espace Enseignement », qu’ils affectionnent semble-t-il. A côté de celle-ci, la salle « Espace Recherche » où se trouvent une étagère dédiée aux livres de culture scientifique et des étagères regroupant les handbooks de mathématiques.

Rester longtemps sans passer dans cette bibliothèque (couplée dans son fonctionnement avec celui de la B. U.) est impossible pour moi ; consulter (to browse disent nos collègues anglophones) les nouveaux livrés achetés, toucher et humer les anciens, voir les dernières parutions de la Revue de Maths Spéciales (devenue Revue de la filière mathématique, RMS), de Quadrature, de Math Intellligencer, etc. … sont l’objet de mes visites à cette bibliothèque.

Autres bibliothèques du Bâtiment 1R1. Quand je suis arrivé, outre la bibliothèque de l’IREM évoquée au-dessus, il y avait deux autres bibliothèques, situées elles au Bâtiment 1R1. Elles ont été « fondues » avec celles de Math-Méca, en plusieurs étapes toutefois (physiques et temporelles). La 1ère, dont le nom était « Bibliothèque du CICT », je crois bien, était celui des mathématiciens du département d’informatique (ceux de l’ENSEEIHT plus spécifiquement). Quand elle fut appelée à disparaître, avec la création de l’IRIT1 et de sa bibliothèque, trois d’entre nous (Christian Hartmann pour la Mécanique, Guy Terjanian et moi-même pour les Mathématiques) fûmes conviés à faire le tri : recueillir des livres pour la bibliothèque de Math-Méca, en donner d’autres à la B. U, ; enfin se débarrasser de quelques-uns (le fameux « désherbage » auquel s’adonnent les bibliothécaires à intervalles réguliers). Nous y passâmes quelques heures.

L’autre bibliothèque, dite de Statistique et Probabilités était située à l’étage au-dessus. Comme l’indiquait son nom, elle était un peu plus spécialisée en Statistique et Probabilités, mais pas exclusivement dédiée à ces disciplines. Elle rejoindra la bibliothèque de Math-Méca lorsque celle-ci atteignit le niveau de personnel et l’équipement nécessaires à son fonctionnement.

Deux remarques pour terminer cette rubrique. D’abord, les livres pèsent lourds… Il y a eu bien des rayonnages, et même des planchers entre étages, qui ont eu à souffrir de ces poids. Ensuite, une bibliothèque coûte cher… Je me souviens de diatribes au Conseil Scientifique de l’UER (puis UFR) MIG lorsqu’il fallait dégager de financements pour les bibliothèques… Nos collègues informaticiens ne comprenaient pas toujours leur bien-fondé. Une anecdote pour terminer. Lors du vraiment premier conseil scientifique de l’UFR MIG auquel j’ai eu à participer en octobre 1981, j’osais exprimer une demande de financement pour acheter des livres à la bibliothèque de Math-Méca, demande que pouvait justifier l’arrivée de nouveaux professeurs… La réponse de R. Thibault, président dudit Conseil Scientifique, fut rapide et simple : « Nous sommes en octobre, et il n’y a plus un sou… ne serait-ce que pour acheter un crayon (sic). »

La mythique Salle 26 (devenue Salle 15 à la suite de travaux) de l’aile sud au rez-de-chaussée. Cette salle fut souvent utilisée pour les réunions d’Unités de Recherche, de Laboratoires, et aussi pour des « commissions de spécialistes » (ou autres appellations, en fait des réunions de recrutements d’enseignants-chercheurs). Ah ! si ses murs pouvaient parler et raconter toutes ces réunions, parfois houleuses, souvent tendues, entrecoupées de pauses pour laisser place à de la « diplomatie de couloirs » … Pour chaque recrutement auquel j’ai participé comme membre d’une commission de spécialistes, je pourrais à coup sûr désigner la salle où la réunion s’est tenue (cette salle 26, la salle UFR-MIG du 1TP1, la salle du conseil du bâtiment administratif central, telle salle d’un IUT (avenue de Rangueil ou Route de Narbonne), etc.). Il m’arrive de dire, sous forme de boutade bien sûr, qu’à chaque départ à la retraite d’un enseignant-chercheur, il faudrait pouvoir lui offrir l’enregistrement (audio et vidéo) sur une clé USB de la réunion de la commission qui l’a recruté… Ce que j’ai vu et entendu n’est pas toujours à l’honneur de l’homo universitarius. Fort heureusement, les tensions s’apaisent ensuite, de manière générale, et les nouveaux recrutés sont bien accueillis.

Au rez-de-chaussée de ce bâtiment furent pendant longtemps les secrétariats de divers laboratoires de recherche (Analyse numérique, Analyse sur les variétés, Mécanique, …) et même des secrétariats pédagogiques de 1er cycle.

Dans mon bureau de l’aile sud du Bâtiment 1R2. En compagnie de mon étudiant en doctorat chinois Dongyi Ye (en 1989). Le portrait de Fermat, établi pour un colloque en Mai 1985, a figuré dans mon bureau pendant 30 ans. Photo par Dongyi Ye (Université de Fuzhou). ©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty
Avec Jean-Pierre Dedieu (1949-2012), à l’entrée du mythique Bâtiment 1R2. J.-P. Dedieu et moi étions les principaux artisans des relations avec l’Institut Glushkov de Kiev. Photo par Tamara Bardadym (Kiev), 1995.

Bâtiment 1R1. C’est dans ce bâtiment que les Statisticiens et Probabilistes avaient leurs bureaux, du moins traditionnellement avant les « mélanges » des dernières années. Les informaticiens y ont toujours gardé des bureaux même après la construction de l’IRIT1 et de l’IRIT2.  C’est aussi au dernier étage de ce bâtiment que, pendant des années et des années, se trouvait le bureau des Etudes Doctorales de Mathématiques Appliquées ; ce n’est pas sans nostalgie et émotion que je pense à ces années passées à travailler avec la secrétaire Mme Odette Landrevie. Bien plus tard, lorsque les Ecoles Doctorales de Mathématiques (Pures et Appliquées) et d’Informatique ont été réorganisées en l’EDMITT, c’est encore au rez-de chaussée de ce bâtiment que s’y logèrent leurs bureaux. Ils y sont toujours.

Les bâtiments 1R2 et 1R1 ont subi de longs travaux de réfection, lesquels ont bien pénalisé les collègues pendant des mois et des mois. La fonctionnalité des nouveaux bureaux et couloirs n’empêche pas de regretter les parures et portes de placards en bois verni, les plaques en cuivre, de l’époque précédente.

En continuation du bâtiment 1R1 est le bâtiment dénommé 1CN sur les plans, appelé longtemps bâtiment du CICT. Celui-ci n’a pas d’étage. Ce fut, et c’est encore, un centre de calcul, là où les enseignants-chercheurs allaient récupérer les résultats de leurs calculs (à l’époque des listings en papier), y encadrer des TP d’étudiants, ou encore pour des formations (aux nouveaux logiciels, langages informatiques, …). Cet édifice fut dénommé E. Durand lors de la salve de dénominations 2000-2003[17], la plaque existe encore apposée à l’entrée est ; reconnaissons que personne ou presque n’utilise cette appellation…

Pour aller du rez-de-chaussée du 1R1 au CICT on passe devant un distributeur de boissons (café, canettes de breuvages divers), lieu de rendez-vous réguliers, pendant des années, des collègues des deux bâtiments 1R1 et 1R2 : discussions, échanges d’informations, de rumeurs… comme devant toutes les machines à café. J’ai pu observer, tout au long de ma carrière, tous ces lieux « machines à café », placés près d’une arrivée d’eau dans plusieurs bâtiments, de recherche comme d’enseignements, utilisés par tous les usagers. J’appelais ces lieux des « abreuvoirs » en pensant aux bêtes de nos Pyrénées qui se retrouvent de temps en temps autour de ces points pour satisfaire leur soif. Depuis quelques années, aussi bien dans le Bâtiment 1R2 que le Bâtiment 1R1, des « salles de convivialité » ont été créées pour devenir des lieux de retrouvailles et de contacts pour les usagers de ces bâtiments. Seule une salle du rez-de-chaussée du Bâtiment 1R3, sur laquelle je reviendrai, joue encore ce rôle « d’abreuvoir » d’enseignants comme d’étudiants.

Le rez-de-chaussée du 1R1, couloir sud, est actuellement occupé par le Pôle des Services Numériques. Pour aller au distributeur de boissons évoqué plus haut, on peut passer par le sous-sol. Ce sous-sol qui comporte aussi des salles d’enseignement (mais qui n’existaient pas il y a trente ans). Leur numérotation crée parfois des confusions : par exemple, la Salle 015 qui s’y trouve n’a rien à voir avec la Salle 15 du rez-de-chaussée du Bâtiment 1R2.

Bâtiment 1R3. C’est le plus récent dans l’ensemble « groupe Mathématiques », il se voit dès qu’on quitte la sortie du métro et qu’on avance dans la grande allée en légère pente vers le grand bâtiment administratif. C’est là que se trouvent : les bureaux de l’Institut de Mathématiques de Toulouse (IMT), du LabEx CIMI (Centre International de Mathématiques et d’Informatique (de Toulouse)) ; des salles de séminaire (Salle K. Johnson au 1er étage, amphithéâtre L. Schwartz au rez-de chaussée) ; un hall de réception pour les « pots de thèse », « pots de départ à la retraite », rassemblements au moment des vœux de début d’année, etc. Il y a aussi, évoquée plus haut, cette salle de rez-de-chaussée qui fut longtemps salle de séminaire ou de réunion, dénommée Salle Sophie Germain en 2003, et qui depuis quelques années a perdu cette fonction pour devenir « salle à café ». Elle est très prisée des étudiants, et le fait qu’elle soit annoncée « réservée aux enseignants-chercheurs » et que sa porte soit munie d’un code à composer, ne les a pas arrêtés.

Un équipement important du bâtiment : la présence de douches. C’était une demande sur laquelle insistaient les collègues lors des réunions avant la conception du nouveau bâtiment. Utilisées par des collègues arrivant directement de l’aéroport après un long voyage, ou bien par les collègues coureurs à pied.

Lorsque fut discutée la question de la décoration du rez-de-chaussée, en plus des panneaux d’annonces scientifiques régulièrement mis à jour bien sûr, j’avais suggéré (et je m’étais occupé de) de faire apposer des cartes IGN en relief des Pyrénées, de la région, etc. Je constate à l’usage, qu’ils sont souvent consultés.

C’est dans ce bâtiment que j’ai eu un bureau pendant quatorze ans (de 2001 à 2015), le n° 205, que j’ai une fraction de bureau depuis six ans que je suis professeur émérite, bref « c’est là que je finirai ma vie, comme d’autres gars l’ont finie », pour paraphraser le chant Le Pénitencier de Johnny Halliday.

Une historiette-souvenir avant de quitter ce bâtiment. Il fut investi, c’est-à-dire, nous y avons déménagé, en une seule journée ; les choses avaient été soigneusement et logistiquement préparées à l’avance. Mais ce jour est resté très particulier dans l’Histoire : c’était le 11 septembre 2001 ![18] Il y a vingt ans donc. Personnellement, j’ai appris la nouvelle de l’attaque et de l’effondrement des deux tours du World Trade Center en écoutant la radio dans la voiture en rentrant chez moi. Quelques jours plus tard, le 21 septembre 2001, se produisit l’explosion de l’usine AZF (à Toulouse) avec les morts et les dégâts que l’on sait. Je n’étais pas à mon bureau lors de l’explosion. Quand je suis retourné à mon bureau le lendemain, un peu de poussière figurait sur la table de travail et un panneau de plafond avait été déplacé ; mais aucune vitre n’avait explosé… Bref, les ingénieurs concepteurs du bâtiment avaient (sûrement) intégré la résistance à de violents souffles d’explosion comme il y en eut ce jour-là. Plus à l’intérieur dans le campus, au rez-de-chaussée du Bâtiment A par exemple, les grandes vitres avaient volé en éclats, et c’étaient bien des grands éclats et non des petits bris de glace.

L’historiette-souvenir concerne la venue d’un collègue américain d’origine canadienne, Andy Conn (d’IBM Yorktown, NY), qui devait nous rendre visite à cette époque-là. Bloqué à New-York en raison de l’attentat du 11 septembre, il ne put prendre un avion pour la France que quelques jours plus tard. Le 21 septembre, au moment de l’explosion d’AZF, il se trouvait sur la rocade venant de l’aéroport au campus de Rangueil… Il nous a raconté cet épisode angoissant : « Que se passe-t-il ? la même chose qu’à New-York ? » … Il sommait toutes les personnes arrêtées sur la rocade : « Get out ! Get out ! Partez ! Partez !»

Vers les années 2010, alors que je travaillais sur ce sujet mathématique[19], j’avais imaginé qu’un sphéroforme puisse être placé, comme élément culturel, sur la pelouse entre les trois Bâtiments 1R. Un sphéroforme est un solide « d’épaisseur constante », c’est-à-dire que l’écart entre deux plans parallèles (quelconques) qui le coinceraient entre eux est toujours le même (appelé un peu abusivement « le diamètre d »). L’exemple le plus simple en est une boule sphérique, mais il y en a bien d’autres. L’un d’entre eux, le sphéroforme du mathématicien suisse Ernst Meissner (1883-1930), est celui qu’on conjecture être de volume minimal, à diamètre d donné bien sûr. Ainsi, les analystes au 1er étage du Bâtiment 1R2, les probabilistes-statisticiens au 2ème étage du Bâtiment 1R1, les numériciens des étages du Bâtiment 1R3, verraient ce solide avec la même épaisseur… De plus, l’ombre au sol, variant suivant les heures de la journée, serait un orbiforme (terminologie de L. Euler), c’est-à-dire un ensemble convexe du plan ayant la propriété d’être « de largeur constante » (une multitude de possibilités, entre le triangle de l’ingénieur Franz Reuleaux (1829-1905) et le disque). Le solide posé entre le Bâtiment 1R3 et le Cours des sciences dès l’origine du campus (voir photo plus haut), joue un peu ce rôle, mais ce n’est pas un sphéroforme…

. En 2021, entre les Bâtiments 1R, là où un sphéroforme pourrait trouver sa place.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

Sphéroforme de Meissner.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

Le Bâtiment 1TP1. Il est un peu à part des autres bâtiments, entre les Bâtiments 1R et le Bâtiment 1A (celui des amphithéâtres de mathématiques ; voir plus bas). Je pensais qu’il serait détruit avec la construction du nouveau Bâtiment MRL (« Maison de la Réussite en Licence »), mais il est toujours là… Ses pièces assurent plusieurs fonctions : secrétariats pédagogiques, salles de cours ou TD.

Il y a encore une Salle B MIG, alors que l’UFR MIG n’existe plus depuis dix ans. Ce fut une salle de séminaires pendant des années, de cours ou TD encore aujourd’hui. J’y ai connu des réunions épiques, de commissions de recrutement entre autres.

La grande Salle B19 contigüe à la B MIG a été occupée de plusieurs manières : salle de cours ou TD, local réservé aux étudiants. Dans cette dernière fonction, pendant des années, j’ai vu des pires choses : salle non entretenue, réunions de beuveries, … Un matin de bonne heure, arrivant pour faire cours dans l’une des Salles B à côté, j’entends une musique à fond, des étudiants endormis sur des fauteuils sortis sur la pelouse, des bouteilles vides jonchant le sol, … Pas moyen de faire baisser le son, les endormis sont ivres-morts. J’en avertis les services techniques… qui ne réagissent pas. Je menace les services de la présidence de convoquer la presse sur place… Les choses bougent et le lieu est remis en état, jusqu’à la prochaine fois. Un bâtiment coloré, à la sortie du campus après les Salles S, abrite depuis des années diverses associations d’étudiants dont Chez Paul’Et. Il y a néanmoins le projet que la Salle B19 et une avec laquelle elle communique (Salle B22) devienne une Epicerie Sociale et Solidaire pour étudiants (date envisagée : fin 2021 ; les travaux sont en cours).

Les Salles B ne m’ont pas laissé que de bons souvenirs. D’abord leur dénomination : chaotique, B8 côtoyant B8 Bis, lequel jouxte B17, le B22 de l’autre côté…, résultat d’affectations différentes de ces salles au cours du temps. Lorsque j’étais directeur du Département de Mathématiques, j’avais fait confectionner une nouvelle série de plots blancs à apposer de manière bien visible au-dessus des portes d’entrée, en remplacement des existants, avec une progression logique des numéros, B1 à B24, de manière qu’on s’y repère facilement… On me répondit que « ce n’était pas possible, les anciens numéros figurant dans les registres de ceux qui ont pour vocation d’intervenir sur place (secours, pompiers) ». Ces plots existent toujours, ils sont quelque part dans un tiroir du secrétariat du Département de Mathématiques.

Les tableaux des salles B8, B17, B18… méritent qu’on raconte leur histoire. Je fais cours ou TD dans ces salles ; les tableaux sont usés par des années et des années d’utilisation, ils sont luisants, la craie crisse et ne prend pas bien dessus… Enervant pour un enseignant qui aime bien que le tableau soit propre, que la craie glisse bien, que la brosse efface facilement et correctement… Comme directeur du Département de Mathématiques, je décide de faire changer ces tableaux, d’en faire mettre des neufs, dont j’avais un exemple avec les tableaux coulissants du nouvel amphithéâtre Schwartz (Bâtiment 1R3) qui venait d’être équipé. Je passe commande, sans suivre vraiment les canaux officiels, bien que je ne fusse pas sûr d’avoir le financement (nous sommes en automne). Les tableaux doivent arriver en camion de l’est de la France. Ils sont annoncés pour le 27 décembre, je m’en souviens bien, c’est le jour de mon anniversaire. Il fait un froid de canard, le campus est désert, je dispose néanmoins des clés des salles et de l’accord des services de sécurité à l’entrée du campus Route de Narbonne. Les tableaux sont posés dans la journée, les poseurs sont étonnés (ils me le disent en catimini) de l’état des anciens tableaux et de leurs supports aux murs. A la rentrée de janvier, le directeur de l’UFR MIG n’est pas très content, il n’a pas signé les bons de commande pour ces tableaux, et il faut trouver l’argent pour les payer… Cela ne m’inquiétait pas outre mesure, je savais qu’on trouverait l’argent pour cela, avec des taxes d’apprentissage non encore récupérées ou autres sources annexes. C’est ce qui fut fait, rapidement même. Bref, ces tableaux sont toujours en place, espérons qu’on n’attende pas qu’ils soient complètement élimés à nouveau pour les changer. Bien sûr, il y a maintenant des équipements de rétroprojection sur place (et non à transporter par les enseignants, comme je l’ai vu faire pendant des années et des années). Tout cela pour dire qu’il est important qu’un enseignant trouve, en arrivant dans le lieu où il doit enseigner, des locaux en bon état et du matériel adéquat.

Une autre anecdote concernant la Salle B8. En entrant dans cette salle, et en levant les yeux, on note la présence d’une plaque Salle René Gouyon. Personne n’y fait attention, personne n’utilise cette appellation… Dans les années 2000, au moment où de nouvelles appellations étaient proposées pour des salles et amphithéâtres du campus, j’avais suggéré que cette appellation R. Gouyon soit remise en état, actualisée avec une vignette biographique, d’autant que je savais le rôle joué par ce mathématicien-mécanicien, et que cette dénomination avait été proposée par des collègues de la génération précédente. Je m’adresse donc à Mlle Luce Gouyon, fille de R. Gouyon, elle-même mathématicienne de l’université Paul Sabatier à la retraite. Je reçois en retour une lettre incendiaire…, que j’ai conservée dans mes archives. En accord avec les services de la Présidence (Jean-François Sautereau (président), Martine Soudères (secrétaire générale)), nous décidons que nous toucherons à rien.

Les étudiants qui revisitent le campus bien des années après y avoir étudié disent, parfois même l’écrivent[20], qu’ils gardent le souvenir de ces Salles B mal isolées thermiquement, difficiles à chauffer, … obligés qu’ils étaient de garder leurs anoraks en cours ou TD.

Vue est des salles B du Bâtiment 1TP1 en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

Détruire tout ce bâtiment 1TP1, maintenant qu’il y a le Bâtiment MRL-Y. de Ferré permettrait d’avoir une belle esplanade entre le Bâtiment 1R2 et le Bâtiment 1A, d’autant que c’est là que passe la Promenade Etudiante. Mais, comme je l’ai dit au début de ce paragraphe, ce n’est pas ce qui est prévu.

Promenade Etudiante, entre le Bâtiment 1A et le Bâtiment 1TP1 des Salles B. Vue du nord vers le sud en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

Bâtiment 1A. Avec ce bâtiment, c’est le dernier élément du « groupe Mathématiques » que nous visitons. Il est imposant, avec 4 niveaux et 2 étages. Historiquement, les deux premiers amphithéâtres à porter des noms de mathématiciens, ceux de P. Fermat et Th. Stieltjès, furent placés dans ce bâtiment. C’est un des premiers bâtiments érigés vers les années 1965, lorsque le campus de Rangueil commença à être aménagé. J’en parle un peu plus en détail dans le document [3].

Le rezde-chaussée a été occupé, ou est encore occupé, par divers services (le SCUIO avant son déménagement au Bâtiment E4, la Division de la Vie Etudiante (qui a migré depuis), les services de la comptabilité (toujours là, occupant également le niveau 0 et -1 (rez-de-jardin)), le service s’occupant des sportifs de haut niveau (FFSU), … Des petites salles de TD, fort agréables je dois dire car bien isolées, occupent une partie du 1er étage, sous les deux amphithéâtres, les Salles A13, …, A17 ; elles convenaient bien à des TD ou à des cours à effectifs réduits (en Master 1 par exemple). Au rez-de-chaussée, les Salles A7 et A8 ont disparu pour faire place à des services administratifs (Agence comptable, Service des sports) ; celles-ci étaient aussi difficiles à chauffer que les salles B du bâtiment à côté.

Les deux éléments les plus imposants restent l’amphi Fermat et l’amphi Stieltjès, qui se font face. Ah ! Il y en a eu des enseignements de mathématiques (et autres) dans ces amphis, de multiples examens s’y sont déroulés, des milliers d’étudiants y sont passés… Je les ai connus régulièrement dégradés par les étudiants, régulièrement repeints ou remis en état par les services de l’université… L’état actuel laisse espérer une amélioration durable, laquelle passe par un respect accru de la part des usagers de ces amphis.

Forcément, plusieurs anecdotes restent associées à ces amphis dans mes souvenirs. En voici quelques-unes.

De grands volets (en fait des brise-lames métalliques) peuvent couvrir les ouvertures sur une moitié vers l’extérieur, ils sont commandés par des boutons sur les pupitres du bureau près des tableaux au bas des amphis. Ils permettent une occultation totale, mais il est difficile de satisfaire tout le monde : tel étudiant qui, lors d’un examen, veut de la lumière ; telle étudiante qui se dit gênée par le soleil… Les étudiants en cours sont suffisamment ingénieux pour trouver comment commander à distance l’ouverture et la fermeture des volets… J’en ai été témoin (et victime) à quelques reprises, mais cela n’était pas bien méchant et s’arrêtait vite…

Au cours des années, j’ai vu la modification de certains de ces amphis avec des immenses « trouées » imposées à leurs centres. On nous expliquait bien que des (nouvelles) consignes de sécurité, d’évacuation d’urgence en l’occurrence, imposaient ces travaux… Et avant, les amphis étaient moins en sécurité ? Quoi qu’il en soit, les nouvelles configurations, avec ces immenses trouées d’évacuation face à l’enseignant qui s’adresse à l’auditoire, « tue » quelque peu l’aspect amphithéâtre du lieu.

Quand je suis arrivé sur ces lieux à mes débuts sur le campus, les étudiaient fumaient en amphis… quelques enseignants aussi. Progressivement ce fut interdit, mais les étudiants fumaient entre les cours, à l’extérieur en haut des amphis. J’ai beaucoup lutté contre cela, pas seulement parce que cela me semblait utile pour la santé des étudiants, mais aussi – et, peut-être, surtout – car je voyais l’état de ces entre-amphis où les mégots se disputaient à d’autres restes, le personnel de service s’échinant à nettoyer le tout…, de manière répétitive, comme un tonneau des Danaïdes dans la mythologie grecque. Et puis un jour, s’annonce la loi (effective au 1er février 2007) interdisant de fumer dans les lieux publics. Je dois avouer humblement ici que je n’ai pas cru, mais alors pas du tout, que les étudiants s’y plieraient. Eh bien, oui, à mon grand étonnement, presque immédiatement après la mise en place de la loi, les étudiants s’y sont pliés… Il restait quelques « foyers » de résistance près des distributeurs de café, chez les collègues enseignants aussi je dois dire. Des années après, personne n’imaginerait aujourd’hui un étudiant ou un enseignant fumer dans un amphi, dans une bibliothèque, dans une réunion… Cela existe encore dans des universités de certains pays étrangers n’ayant pas adopté cette loi contre le tabagisme.

La sonorisation… Ah ! La sonorisation des amphis… En 35 ans d’enseignement dans ces amphis (je parle de pratiquement tous ceux situés sur le campus), je n’ai jamais bénéficié ni vu de sonorisation… C’était d’ailleurs une des premières choses que des extérieurs voulant utiliser ces amphis nous faisaient remarquer. Certes, des collègues étaient là pour dire combien c’était inutile, que « quant à eux, leur voix portait… » (oui, il y a toujours des « grosses gueules », à l’université comme ailleurs). Voyant cela, et même si ma voix porte dans un amphi, je décidai d’équiper, à titre expérimental, l’amphi Fermat. Directeur du Département de Mathématiques, je disposais d’un peu de financement… Ce fut fait. Le bloc d’émission de l’appareillage de sonorisation fut scellé dessous le pupitre de cours, car nous savions que, sinon, l’appareil serait vandalisé et volé dans les huit jours suivant l’installation… Des baffles furent placés sur les deux murs de chaque côté. Des services techniques de l’université me reprochent cette initiative, il y a des contraintes de sécurité-incendie à respecter (lesquelles ?). Quoi qu’il en soit, cela n’a jamais bien fonctionné, de manière routinière je dirais. Quelques années plus tard, l’amphi Fermat fut complètement refait… Je m’enquis de ce qu’était devenu l’appareillage de sonorisation… « Evacué avec les gravats » fut la réponse que je reçus.

Pourtant, ayant enseigné dans d’autres universités ou écoles d’ingénieurs, je ne puis imaginer qu’on ne puisse proposer à des intervenants dans ces amphis une sonorisation correcte et confortable. De nets progrès ont été opérés, toutefois, pour ce qui concerne la vidéo-projection.

Ceci termine la visite du « groupe Mathématiques », plus longue que les autres puisque j’y ai passé plus de temps. Cela dit, je reviendrai à propos d’autres « groupes » (Physique, Chimie, Sciences Naturelles) sur des propriétés et caractéristiques qui leur sont communes.


5. VISITE GUIDÉE DU CAMPUS (4) : LE « GROUPE CHIMIE », LES SALLES S

Au-delà de la B. U., en direction du Canal du Midi, voici le « groupe Chimie » composé de bâtiments A, R, TP comme les autres groupes.

Le Bâtiment 2A est disposé dans une direction perpendiculaire à celle adoptée pour les bâtiments de mathématiques ou de physique. Il comporte, comme tous les autres de ce type sur le campus, un toit-terrasse. C’est une question que je me suis souvent posée : puisqu’il y a partout des toits-terrasses, pourquoi ne pas les utiliser pour y placer des panneaux photovoltaïques ? Comme pour l’acoustique, nous avons, à l’université Paul Sabatier, suffisamment de spécialistes d’énergétique pour conseiller au mieux… L’étanchéité de ces toits-terrasses a fait l’objet d’une attention régulière. Plus loin dans le campus, dans le secteur « Sciences Naturelles », il y a bien un parc auto avec des toits couverts de panneaux photovoltaïques.

Le Bâtiment 2R, de recherche en Chimie, était dévolu à l’origine à la chimie organique, alors que la chimie minérale (ou inorganique) trouverait plutôt sa place avec le LCC (Laboratoire de Chimie de Coordination), de l’autre côté de la Route de Narbonne.  Ce Bâtiment 2R a un aspect différent des autres construits selon le même modèle, il est plus neuf. Et pour cause : ce bâtiment fut en grande partie détruit par un incendie (en mars 1987) ; pendant les travaux de rénovation, les collègues chimistes furent hébergés par petits groupes dans différents endroits du campus (autres laboratoires, bibliothèque universitaire, …). A la même période, un bâtiment d’un centre commercial de Labège fut aussi détruit par un incendie ; il fut rapidement reconstruit. Comme certains collègues chimistes (dont le responsable syndical Yves Madaule) étaient impatients de retrouver leur site et ne voyaient pas les travaux avancer aussi vite qu’ils l’auraient voulu, ils avaient monté, devant le bâtiment incendié, un mur de parpaings pendant la nuit… ; « Si on est capable de reconstruire un centre commercial en quelques mois, on doit pouvoir le faire pour un bâtiment de chimie » fut leur slogan avancé[21].

Serge Attali, nouvellement nommé directeur de l’UFR PCA (Physique-Chimie-Automatique), et donc devant superviser la reconstruction du bâtiment détruit, raconte l’anecdote suivante. En visite auprès du ministre de la Recherche Jacques Valade (dont je reparlerai plus loin) pour lui demander une rallonge financière, celui-ci leur répondit : « On ne va pas remplacer une 2CV par une Mercedes… ».

Le Bâtiment 2R, entièrement réhabilité après l’incendie (seuls les murs extérieurs furent conservés), fut inauguré en 1990, en présence du Ministre Lionel Jospin (Ministre de l’Education Nationale, ayant succédé (pour la partie Recherche) à J. Valade), de Pierre Izard (président du Conseil Général de Haute-Garonne) et du recteur de l’Académie de Toulouse, Mestre.

A l’occasion de la résurgence du bâtiment 2R de Recherche fut négocié la construction d’un nouveau bâtiment connexe, le Module des Hautes Technologies (MHT). Celui-ci fut inauguré plus tard, en septembre 1992.

Inauguration du MHT en septembre 1992. A gauche, L. Jospin (Ministre de l’Education Nationale). A sa gauche, Jean J. Conté, président de l’université Paul Sabatier. A droite, Serge Attali, directeur de l’UFR PCA.
Photo fournie par S. Attali.

Le Bâtiment 2A du « groupe Chimie » comporte deux amphithéâtres : Victor Grignard et Le Chatelier (Henry de son prénom, même si celui-ci n’apparaît nulle part). Sortant d’enseignements dans l’amphi Grignard, il m’est arrivé plusieurs fois de demander aux étudiants qui était V. Grignard. Je le faisais volontairement car je savais que c’était un chimiste qui avait obtenu le Prix Nobel de chimie en même temps que Paul Sabatier (en 1912 donc).

Les premières appellations d’amphithéâtres, celles du temps de leur construction entre 1960 et 1975, étaient « par groupes » : des mathématiciens aux deux amphis du Bâtiment 1A de mathématiques, deux chimistes au Bâtiment 2A de chimie, etc. Je regrette que ces noms ne soient pas accompagnés de courtes vignettes historiques, comme nous le fîmes lors de la vague de nouvelles appellations des années 2000-2003. Les plus belles et informatives plaques d’information sont celles aux entrées des amphithéâtres Fermat et Stieltjès du Bâtiment 1A ; elles résistent malgré les dégradations régulières dont sont coutumiers certains étudiants.

Lors de conférences dans d’autres universités, dans des salles ou amphithéâtres portant des noms, il m’est arrivé de demander à l’auditoire qui était celui dont la salle portait le nom… Presque jamais de réponse, ou de réponse correcte. Cela m’est arrivé encore récemment lors d’un séminaire-colloquium à l’université de Pau.

« Street Art » sur la façade est du Bâtiment 2A du « groupe Chimie » en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

Plus à l’est, toujours dans le secteur Chimie, ladite Maison de la Recherche et de la Valorisation (MRV) (voir photo plus haut) occupe les lieux que nous avons connus habités par l’ENSIACET (résultant de la réunion, en 2001, des écoles de chimie ENSIGC (ex-IGC) et ENSCT). Cette formation d’ingénieurs a migré en 2009 vers les nouveaux locaux de l’INP à Labège.

Encore plus en avant vers la sortie du campus, les (fameuses) « Salles S de cours ». Je dis « fameuses » car on en a beaucoup parlé au cours des années. Ce sont en fait des préfabriqués, posés « temporairement » mais qui ont été – et le sont toujours – en service pour pallier le manque de salles de cours ou de TD « en dur ». Le plus difficile pour les services techniques était de les garder en état ; le plus désagréable pour les usagers (étudiants, enseignants) était que les toilettes (par exemple) ne fonctionnaient pas bien. Pourtant, une fois qu’on y était, les enseignements s’y déroulaient de manière satisfaisante ; j’y ai fait des TD pendant plusieurs années. Préfabriqués destinés à disparaître, nous a-t-on dit à maintes reprises.

Ces « Salles S », comme les « Algeco AL 3, 4, … » (rien à voir avec Algèbre Linéaire !) sur le parking est des bâtiments de Physique, qu’on le veuille ou non, donnent une image désastreuse de l’université. Le visiteur, ou l’évaluateur (qui le signale parfois dans son rapport HCRES (ex-AERES)), ne voit d’abord que cet aspect physique extérieur… Les futurs étudiants qui viennent des lycées (beaucoup mieux entretenus que l’université, en général), leurs parents qui les accompagnent lors de « journées portes ouvertes », se demandent où ils atterrissent… Même des sites nationaux comme Campus-France, censés promouvoir l’université française à l’étranger, signalaient qu’il ne fallait pas trop se fier à l’état de vétusté des bâtiments universitaires, mais bien considérer les contenus des formations… Je me suis surpris quelquefois dans ces bâtiments dégradés ou ayant mal vieilli à me faire la réflexion suivante : Voilà, je donne ce cours ici, dont je connais bien le programme, j’en suis même spécialiste… Je considère même que c’est le meilleur cours sur le sujet sur la place toulousaine… Pourtant cette salle ou bâtiment sont dans un état qu’aucun autre établissement concurrent n’accepterait.

Ayant été dans la « Commission Bâtiments » de l’université pendant quelque temps, j’ai bien senti l’insuffisance des financements reçus pour l’entretien et la rénovation des locaux. Un secrétaire général de l’université, R., nous disait : « Il est acquis que pour entretenir dix mètres carrés de bâti il faut N euros… Or nous n’en recevons que M (bien inférieur à N), alors… c’est mission impossible. »

De l’autre côté de l’endroit où sont disposées les « Salles S », à la sortie Avenue de Rangueil, un imposant édifice fait face, c’est la chaufferie centrale (avec ses grandes cheminées) et le STI (Service Technique Immobilier). Le campus est vaste et coûteux à chauffer, vu la répartition très « étalée » de ses bâtiments. Une observation amusante. Quand il neige à Toulouse, ce qui est quand même rare, et que la neige tient quelques jours sur le campus, il est facile de suivre les tuyaux de chauffage enfouis dans le sol…, il suffit de suivre les lignes au sol où la neige a fondu avec la chaleur dégagée des tuyaux.

Ce ne sont pas des endroits où vont les enseignants-chercheurs. Toutefois, au cours des années, j’ai eu à aller au service menuiserie quelques fois, pour des meubles (présentoirs spécifiques de revues par exemple) à faire faire ou bien, et c’est plus intéressant, pour des objets pédagogiques en bois à réaliser (des orbiformes par exemple). J’y ai été toujours bien reçu, et le travail fait par ce service toujours satisfaisant.

Vue sud des « Salles S » en arrivant du secteur Chimie en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty
Les « Salles S », vues à partir de l’Avenue de Rangueil en 2021.Regard nostalgique avant leur disparition programmée…
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty


6. VISITE GUIDÉE DU CAMPUS (5) : L’IRIT, LE BÂTIMENT E4, LE BÂTIMENT H. BRUNET, LES BÂTIMENTS U1 A U4, LE CAP, LES HALLE DES SPORTS, LE PONT G. BRUNO 

Plan du campus de l’université Paul Sabatier

147 : Chaufferie centrale ; 75 : Salle Le Cap ; 107 : Fronton de pelote basque ; 349 : Halle de sports (Gymnase) ; 543 : Pôle Sports ; 585 : RU Le Canal ; 859 : SGE Espaces verts ; 217 : Bât. Laplace ;325, 326, 490, 341 : Bât. U4 à U1 ; 218 : Bât. 3R2 (Physique) ; 291 : Bât 3A (Physique).

Cette partie a la particularité que tous les bâtiments et constructions qui seront cités ont été érigés depuis 1981… Tout était donc espace vert auparavant, quand je suis arrivé ; c’est dire s’il y avait d’importantes réserves foncières laissées par les concepteurs du campus.

  • Commençons par l’IRIT (Institut de Recherche en Informatique de Toulouse)

J’étais élu au Conseil Scientifique (CS) de l’université lorsque les discussions sur les financements à apporter étaient sur la table (ceux apportés par l’université, je m’entends), Jean-J. Conté était président de l’université. Je me souviens que nous, au CS, avions décidé une année que la totalité des financements disponibles seraient affectés à l’opération IRIT1 (bâtiment qui ne portait pas encore ce nom). Le président Conté nous expliquait que le plan d’architecte était extraordinaire, « par un polytechnicien, de surcroît », une qualification qui semblait l’impressionner. Vient le jour de la pose de la première pierre, je m’en souviens bien (en 1987). Il y a un vent d’autan à décorner un bœuf. Nous, représentants des différents conseils de l’université, sommes là habillés comme pour une cérémonie. Le ministre en exercice, le Doyen Jacques Valade (chimiste, ancien professeur de l’université de Bordeaux) est présent et doit faire un discours. Quelques étudiants gueulards essaient de faire entendre leur voix, ils s’essoufflent vite car personne ne les écoute vraiment. Dans son discours, J. Valade parle du campus qu’il redécouvre, « potentiellement l’un des plus beaux de France » dit-il. Quelques mois (ou plus) plus tard arrive le moment de l’inauguration (en 1988, je crois me souvenir[22]). Sa date est évoquée entre quelques collègues autour du café-abreuvoir du rez-de-chaussée du Bâtiment 1R1 dont j’ai parlé plus haut… Il y a des projets de protestation à organiser, par des étudiants, enseignants ou autres usagers. Un collègue mécanicien, Jacques Mauss, écoute et dit à la ronde : « Je vais en avertir les services du ministre de l’Education Nationale (en charge des universités et de la recherche notamment, Lionel Jospin à l’époque) ». C’est possible qu’il le fit car il était très impliqué dans le Parti Socialiste. Le fait est que l’inauguration fut annulée… et qu’en définitive il n’y a jamais eu d’inauguration de l’IRIT1. Après l’IRIT1, il y eut le bloc IRIT2 accolé au premier ; celui-là fut effectivement inauguré… en catimini (en 2004).

La bibliothèque de l’IRIT, que j’ai connue pendant quelques années, n’existe plus, victime des nouvelles habitudes de travail des collègues informaticiens. Je me souviens que les derniers livres ou revues de cette bibliothèque, après que les informaticiens en aient extrait ce qu’ils voulaient garder, furent vendus « au poids » à des bouquinistes de Montolieu (Aude).

L’IRIT demeure « déconnecté » des Bâtiments R de mathématiques, ces derniers étant reliés entre eux (c’était une volonté architecturale d’origine) par des passages protégés de la pluie.

L’IRIT, vue est, à partir d’un parking de voitures de l’autre côté de l’allée, en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty
  • Le Bâtiment spécial E4 (Espace Etudiants Emploi Entreprise)

C’est là que s’installèrent les services du SCUIO après leur déménagement à partir du rez-de-chaussée du Bâtiment 1A. Ce n’est pas l’endroit ici pour parler de l’importance de l’orientation, du conseil, pour les étudiants, à tous niveaux. Je veux simplement évoquer l’inauguration de ce bâtiment, car je dois avouer que ce jour-là, j’ai eu honte, vraiment honte, pour l’université. Le Bâtiment E4 n’ayant pas suffisamment de place pour une cérémonie d’inauguration, celle-ci est organisée dans le bâtiment U4 à côté, à l’amphi appelée Concorde. Le président d’université, Raymond Bastide, est évidemment là, la Rectrice d’Académie Nicole Belloubet et sa chevelure toute ébouriffée aussi ; ils se claquent la bise comme de bons complices. Le président de région Martin Malvy, en tant que financeur important de l’opération, est là et s’apprête à faire un discours. C’est alors qu’un groupe d’étudiants particulièrement excités, accompagnés de chiens, vient perturber, en fait arrêter, les débuts de la cérémonie d’inauguration. « Ils viennent de l’université du Mirail » nous susurre-t-on… Le président Bastide essaie de les calmer, d’établir un dialogue… Rien à faire, les chiens sont même mis en avant par les protestataires. L’inauguration fut interrompue… Nous nous dirigeâmes vers le rez-de-chaussée du E4 où était prévu un cocktail ; les étudiants en question nous y avaient précédés et s’étaient bien ravitaillés… Oui, j’ai eu honte vis-à-vis de tous ces responsables venus de l’extérieur de l’image que l’université dont je faisais partie donnait… Je crois que, depuis, il n’y a jamais eu sur le campus d’inauguration « ouverte » à tout vent. 

Le bâtiment E4.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty.

  • Les 4 Bâtiments U1, U2, U3, U4

Ces 4 bâtiments sont sortis de terre presque simultanément, dans le cadre de l’opération « Universités 2000 » (vers les années 1991-1995). Ce plan d’urgence avait été acté, à Toulouse comme ailleurs, pour faire face à la vague étudiante qui venait du Secondaire à la fin des années 1980. Il faut dire que « ça craquait de partout », les enseignants-chercheurs faisaient grève pour davantage de moyens, les réunions et prises de position écrites se multipliaient, les « délocalisations » étaient à l’ordre du jour[23]. Les bâtiments U1 et U2 ont été bâtis un peu plus à la va-vite, et avec des matériaux de moindre qualité, que les bâtiments U3 et U4. J’ai enseigné dans ces quatre bâtiments.

Bâtiments U1 et U2. Les accès aux U1 et U2 n’étant pas toujours dallés, ce sont souvent des chaussures boueuses d’étudiants qui foulaient les entrées de ces bâtiments. A l’époque où l’accès en voiture des étudiants était possible près de ces bâtiments, certains d’entre eux se garaient au plus près ; réflexion courroucée de collègues : « S’ils pouvaient entrer dans les amphis avec leurs voitures, ils le feraient ! ». Les amphis de ces bâtiments n’en sont pas vraiment, en tout cas ils ne sont pas disposés en pente (l’acception usuelle d’amphithéâtre voudrait que celui-ci comporte des pentes avec des gradins). Les tableaux sont fixes, comme au lycée… Les architectes ont-ils recueilli au préalable les désirs ou souhaits des « utilisateurs » que sont ceux qui doivent y faire cours ? Il y a pourtant de la place pour des tableaux coulissant à la verticale, de manière à laisser écrit, pour les étudiants, ce qu’on vient de présenter… sans se précipiter pour l’effacer.

Noter que le Bâtiment U1 a une forme géométrique particulière, une sorte de triangle raboté aux coins.

Bâtiments U3 et U4. Les amphis et salles de cours sont mieux disposés et de meilleure qualité. J’ajoute que le dernier étage du Bâtiment U4 offre une belle vue sur une partie du campus.

Depuis 2014, des outils de fabrication numérique (imprimantes 3D par exemple) sont à disposition des usagers de l’université dans une salle du rez-de-chaussée du U4.

Bien que ces quatre bâtiments U1 à U4 portent des noms de scientifiques (voir l’historique des dénominations dans [3][24]), ils continuent à être répertoriés par les sigles U plutôt que par leurs appellations. Les appellations des amphithéâtres que ces bâtiments hébergent sont, elles, bien passées dans les usages.

Mais ces bâtiments sont comme tous les bâtiments du campus : ils souffrent du manque d’entretien, faute de financement suffisant pour cela. Bref, pour l’université, on trouve des financements pour des constructions nouvelles (parfois imposantes et coûteuses), mais les budgets d’entretien ne suivent pas.

Par extension, on verra plus tard un bâtiment U5 et même U6 (en fait cette dernière est la Maison de la Réussite en Licence, voir plus loin).

  • Le Bâtiment H. Brunet

C’est un bâtiment de recherche, ex-IGEEP ; l’acronyme LAPLACE du laboratoire qu’il abrite est d’ailleurs fort astucieux (pour Laboratoire Plasma et Conversion d’Energie). C’est le premier à qui nous avions donné un nom juste avant la campagne des années 2000, poussés en cela par une demande volontariste de membres de ce laboratoire (le collègue Jean-Louis Teyssier notamment). Le bâtiment fut inauguré en 1999 en présence des membres de la famille du collègue physicien Henri Brunet.

  • Le Bâtiment Le CAP

Le CAP (Centre d’Activités Polyculturel) est un bâtiment construit spécifiquement pour la culture. Au départ, il avait été imaginé pour héberger des associations d’étudiants. Ses débuts, depuis le début de sa construction vers 1994 jusqu’à son inauguration (vers 1997) furent chaotiques.

La salle du CAP a pour vocation d’offrir à la communauté universitaire de l’université Paul Sabatier, et plus largement aussi à Toulouse, un espace d’expression de la culture au sens large et de la culture étudiante en particulier. Plusieurs configurations sont possibles : concert avec public debout, spectacle assis, cabaret.

Le bâtiment coloré « Le CAP », le plus proche du Canal du Midi en 2021. ©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

  • La halle des sports (ou gymnase), le fronton, les installations de pratique sportive étaient là dès les débuts du campus. J’avoue avoir peu utilisé la halle des sports (ou gymnase) : pour assister à quelques rencontres d’étudiants, pour prendre une douche après une course à pied le long du canal entre midi et deux heures. Les installations sportives à côté sont dédiées aux étudiants de STAPS (de la Faculté des sciences du sport et du mouvement humain). Notons qu’il n’y a pas de piscine sur le campus…, chose que les collègues nord-américains sont étonnés de constater. Il est vrai que même la piscine du Lycée Bellevue d’en face a été vidée, détournée vers d’autres fonctions. J’ai ainsi vu les collègues de l’université « réserver des lignes » à la piscine de l’école d’ingénieurs ISAE-Sup’Aéro pour pratiquer la natation à la mi-journée.

Il est dommage que les bâtiments de STAPS, comme d’ailleurs le restaurant universitaire proche (le RU2, appelé désormais Resto’Le Canal) soient quelque peu « coupés » du Canal du Midi. Un rapport (cf. [6]) pointait même, à propos de ces bâtiments, « un dialogue insuffisant avec leur contexte, et notamment pas avec le Canal du Midi tout proche ». Cela rejoint la remarque d’un collègue québécois, cité par ailleurs, souhaitant une plus grande intégration du bord ouest du Canal du Midi au campus. Certes, quelques voies d’accès vers le bord ouest du Canal existent, à partir de l’agréable circuit Rondino qui passe par là. Voir la rubrique « Sentier nature » plus loin au paragraphe 8 consacré au secteur « Sciences naturelles ».

Le fronton de pelote basque est une curiosité à part. Il est intéressant au sens où on peut y jouer des deux côtés ; il était casse-pieds au sens où les bords n’étaient pas protégés, de sorte qu’une pelote pouvait rapidement s’écarter de la cancha et se perdre aux alentours. Des améliorations y ont été apportées ces dernières années. De nos jours, cet équipement n’a rien à envier à ceux du Pays basque. Pour ceux qui s’intéressent à la pratique de la pelote basque, il y a bien des frontons et des sociétés de pelote à Toulouse, mais le sud est largement dégarni. Un trinquet quasi-confidentiel existe au CNES, mais réservé aux gens du CNES (ou, exceptionnellement, à leurs invités). L’équipement pour la pratique de la pelote plus au sud est le complexe de Castanet-Tolosan. Malheureusement, c’est un fronton « place libre », c’est-à-dire non couvert… J’entends dire qu’il serait bientôt couvert, ce qui rendrait les plages d’utilisation beaucoup plus étendues.

Le fronton de pelote basque, côté nord en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

Des visiteurs du campus, ou des étrangers professionnellement installés à l’université Paul Sabatier, nous ont dit que la proximité avec ce joyau qu’est le Canal du Midi n’était pas assez exploitée.  Ils y auraient bien vu un grand accès direct, c’est-à-dire non barré par des broussailles, sur le bord du canal.

Les bords du Canal du Midi sont largement utilisés par : les usagers (personnel universitaire, étudiants) qui viennent en vélo (aussi bien du nord (Toulouse) que du sud (Castanet-Tolosan et plus loin encore)) ; les marcheurs ou coureurs occasionnels entre midi et quatorze heures.

J’ai longtemps pratiqué la course à pied, à un niveau amateur bien entendu. Le SCAS de l’université propose, depuis toujours, une multitude d’activités sportives… mais, lorsque j’en étais pratiquant, pas de « course à pied ». Ceci a eu une conséquence amusante. Pendant quelques années, vers la mi-octobre, était organisée la « course des coteaux » en boucle entre Baziège, Labastide-Beauvoir, Fourquevaux, Odars, Montlaur (départ tournant, décalé d’un site chaque année). Cette course nécessitait qu’on trouvât cinq relayeurs réunis dans une même équipe. J’ai organisé une équipe pendant plusieurs années, de bric et de broc, avec des collègues du LAAS en renfort. Des collègues du Laboratoire de Statistique et Probabilités participaient, eux, avec deux ou trois équipes. C’était fort sympathique, dans un cadre (collines du Lauragais) somptueux en automne. Ces équipes portaient chacune un nom, officiel ou farfelu, concocté pour l’occasion. J’avais baptisé l’équipe que je montais « Les ParalléléBipèdes ». Le commentateur habituel de la course, pourtant un technicien informaticien de l’université de Toulouse 1-Capitole, avait toutes les peines du monde à dire le nom, il finissait par « bref…, les profs de maths ». Une seule fois dans mon souvenir il y a eu une course à pied, étudiants avec enseignants et autres, organisée sur le campus, à l’occasion de la Fête de l’université Paul Sabatier je crois.

Façade de la Halle des sports (ou Gymnase) en 2021. (Inscription : I solve all your problems even the most desperate…( Traduction : Je résous tous tes problèmes, même les plus désespérés…).
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

  • Le pont G. Bruno

Le pont Giordano Bruno, enjambant le Canal du Midi, marque la limite du campus de Rangueil, avant d’aborder le complexe scientifique Lespinet de Rangueil. Ce n’est pas une coupure puisque bien des établissements d’enseignement et de recherche de ce complexe scientifique ont des liens étroits (de travail mais aussi institutionnels) avec l’université Paul Sabatier.

L’histoire de l’appellation du pont G. Bruno mérite d’être racontée. Lors des travaux d’appellations de nouveaux amphithéâtres, salles et bâtiments que j’animais (cf. [3]), la question de donner un nom à ce pont ne se posait pas vraiment… puisqu’il ne dépendait pas de l’université. Nous fîmes néanmoins une proposition à la direction de l’université pour qu’elle soit transmise au service qui s’occupe de ce genre d’opérations à la mairie de Toulouse. L’idée de la proposition G. Bruno émanait, pour autant que je me souvienne, de la collègue physicienne Martine Sence, membre de ladite commission d’appellations. La proposition fut vite adoptée par la mairie de Toulouse, et une plaque apposée sur le pont. Quelques années plus tard, la plaque fut volée… J’écrivis à la mairie de Toulouse pour le signaler, ils remplacèrent la plaque volée. Plus récemment, la reconfiguration de ce pont avec une voie dédiée aux bus (pour ladite liaison multimodale du sud-est) a fait modifier les deux côtés du pont mais l’appellation G. Bruno est toujours là.

Entrée sur le campus par le pont G. Bruno en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty


7. VISITE GUIDÉE DU CAMPUS (6) : LE « GROUPE PHYSIQUE », L’INSPE

Le « groupe Physique » suivi du « groupe Sciences Naturelles » sont les plus imposants du campus. Je les connais moins que le « groupe Mathématiques » car je n’y allais essentiellement que pour des raisons administratives (siège de l’administration du 1er cycle au Bâtiment 3TP1, bureaux de la Faculté des Sciences et Ingénierie au Bâtiment 3R1) et pour enseigner ou surveiller des examens. Il y avait aussi quelques contacts liés à la Recherche dans les bureaux d’enseignants-chercheurs (Laboratoire de Génie Mécanique du 3R1 par exemple). C’était ici un des bastions de l’ex-UFR PCA (Physique-Chimie-Automatique). Le Bâtiment 3R1 est vraiment très long, on se perd facilement dans les étages et les divers laboratoires qui y sont hébergés.

Le Bâtiment 3A de Physique a la particularité d’avoir 4 amphis, jumelés 2 à 2. Leurs noms, Langevin et Curie, Cotton et Ampère, remontent au début du campus. Quelques souvenirs : des étudiants facétieux avaient changé Langevin en Langebière pour un certain temps ; lorsque l’esplanade est du 3A était verglacée quelque matin d’hiver, les étudiants s’amusaient à faire des glissades en voiture ; sans doute en raison de l’éloignement du « château », des étudiants se permettaient même d’apposer ici ou là des panneaux de signalisation de villages du Gers qu’ils avaient déboulonnés. J’y vois encore, de ci de là sur le 3TP1, des tags… Difficile de tout contrôler ; on a l’impression que plus on s’éloigne de l’entrée principale (et donc du PC Sécurité) et du bâtiment administratif central, plus les tagueurs se sentent libres de s’adonner à leurs dégradations…

Nous avions bien proposé, au début des années 2000, que l’amphi Curie devienne l’amphi Pierre et Marie Curie. Sans succès. Depuis, il est effectivement devenu amphi Marie et Pierre Curie.

Au niveau le plus bas du Bâtiment 3A est logée l’association d’étudiants appelée Corpo Sciences. Pendant des années, quand j’enseignais les mathématiques des dits modules MOR 1, MOR2, je leur donnais mes cours polycopiés manuscrits pour qu’ils les diffusent, à moindre coût, aux étudiants qui souhaitaient l’avoir. Je dois dire que l’association le fit de manière tout à fait satisfaisante.

Le Bâtiment 3R1 comporte au rez-de-chaussée une bibliothèque, appelée Bibliothèque de l’IRSAMC, une des seules sinon la seule dans ces bâtiments, bien moins importante néanmoins que celle de Mathématiques-Mécanique du Bâtiment 1R2.

Un autre sigle apparaît ici pour les bâtiments, c’est « SC », pour « services communs ».  A côté de l’un d’entre eux (celui où se situe le service de reprographie, aux parois bleutées) se dresse le nouveau bâtiment de Physique 3R4 (voir photo plus bas).

Plus près du « groupe Mathématiques » et de l’IRIT, dans le Bâtiment 3TP2, deux amphis de plus petite taille, plus « humains » dois-je dire, les amphis Einstein et Maxwell. Les Bâtiments 3TP2 et 3TP1 de Physique, et donc les deux amphis évoqués au-dessus, ont été rénovés en 2008-2010.

Le Bâtiment H. Brunet, évoqué plus haut, ainsi que le Bâtiment 3R2 (séparé du 3R1) appelé Daniel Blanc [25] font aussi partie du « groupe Physique ».

Dans la partie ouest du campus, près de la route de Narbonne se trouvent les locaux de l’INSPE (ex-ESPE, ex-IUFM) et l’ENNA. Les locaux ont pu être mieux entretenus ici. L’INSPE abrite en son rez-de-chaussée une intéressante bibliothèque, peu visitée par mes collègues, je dois dire. Tout à côté, le Hall de Technologie et la Maison pour la Science.


8. VISITE GUIDÉE DU CAMPUS (1) : LE « GROUPE SCIENCES NATURELLES »

Plan du campus de l’université Paul Sabatier en 2021

710 : Bât. 4R3 ; 98 : Bât. 4TP4 ; 1800-1756-1710 : Résidences universitaires ;

165 : Centre de Biologie Intégrative ; 200 : Bât. 4A (Sciences naturelles) ;

291 : Bât. 3A (Physique) ; 292 : Bât. 3TP1-Promenade étudiante ; 122 : Bât. 4TP2 ;

493 : Bât. 4R1 (Sciences naturelles) ; 550 : Bât. 4TP1 ;

1408 : Entrée de l’Inspé (ex-Espé, ex-IUFM).

Avant d’aborder de plain-pied le secteur « Sciences naturelles » du campus, un mot de la parcelle boisée au bord du Canal du Midi qui abrite ledit « Sentier nature ».  Avec deux entrées possibles, l’une au niveau du Resto’Le Canal et l’autre face au Bât. 4R3 (près de l’arrêt de bus Naturopole), il y a là un grand espace boisé de 2,2 hectares géré par l’association (d’étudiants) naturaliste et écologique Veracruz et les services de l’université. Le « Sentier nature » est balisé, agrémenté de points d’observation, de petites mares ; un petit pont charmant témoigne du passage ancien d’un cours d’eau (voir photo ci-dessous). Dommage que cette partie du campus soit peu fréquentée par les usagers.

Bâtiment abritant des courts de tennis, entre la voie R. Franklin et le Canal du Midi en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty
Sorte de baraquement militaire en 2021, près du « Sentier nature », servant aux séances de gymnastique, de relaxation, etc.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty
Charmant petit pont dans la parcelle boisée du « Sentier nature » en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

Avec le secteur « Sciences naturelles », nous entrons dans une partie du campus où les dénivellations de terrain et le souci de d’exposition au soleil ont conduit à varier la disposition des bâtiments.

Le Bâtiment 4A comporte 2 amphis, Leclerc du Sablon et Molliard, mais lesquels sont desservis par 2 cages d’escalier différents, c’est une exception dans les Bâtiments A du campus. La façade n’est pas reluisante, reconnaissons-le… Des fresques colorées, très « Nature », égayent toutefois les deux entrées principales. Les samedis matin d’hiver, lorsqu’il fallait venir surveiller des examens dans ces amphis, une légère brume envahissait parfois les abords de ces bâtiments, leur donnant un aspect de châteaux des highlands en Ecosse.

En face, le Bâtiment 4TP2 abrite le Centre de ressources de langues. Les services proposés par ce centre sont pour les étudiants, mais aussi en formation continue pour les enseignants-chercheurs. J’ai personnellement gardé un bon souvenir d’un cours (en formation continue, le soir) de perfectionnement en espagnol.

La Bâtiment 4R3 est peut-être le plus imposant par ses dimensions : 3 entrées (b1, b2, b3) côté est, une façade dégradée côté ouest. Je ne sais pas précisément ce qui est prévu à son sujet… En tout cas, les accès sont actuellement (Août 2021) fermés.  La voie dédiée aux bus qui passe à côté a donné un peu plus de vie à cette zone ; les arrêts Naturopole et Sports Universitaires s’y trouvent. Une belle piste cyclable, aussi longue que celle longeant le Cours des sciences côté ouest (environ 650 m) fait le parallèle avec la voie des bus. La liaison multimodale sud-est a occasionné une nouvelle « trouée » du campus vers le sud (qui n’existait pas il y a 40 ans), par la route Rue Malaga, réservée aux bus. Elle débouche sur un nouveau (et imposant) pôle de constructions proche de la station terminale Ramonville-Saint-Agne de la ligne B du métro de Toulouse.

Les Bâtiments 4TP1 et 4TP4 sont inscrits dans un plan de démolition/rénovation.

Façade nord du Bâtiment 4A avec des fresques colorées aux entrées.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

La période récente a été marquée dans cette partie du campus par l’érection du Bâtiment de Recherche Centre de Biologie Intégrative.

Ce « cube blanc », le Centre de Biologie Intégrative, abrite plusieurs laboratoires (CRCA, LMGM, MCD, …). Vue du côté ouest en 2021. ©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty
Bâtiment 4R1 du « groupe Sciences Naturelles » avec, en façade, la carte de la végétation de la France, en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

9. VISITE GUIDÉE DU CAMPUS (8) : LES VOIES SUR LE CAMPUS, LE « NOYAU CENTRAL », LES SCULPTURES

  • Le « noyau central » du campus, du « groupe Mathématiques » jusqu’au « groupe Sciences Naturelles » est ouvert, il n’y a pas de contrôle d’accès à cette zone. Je mentionne cela car, au moment de l’arrivée du métro, il fut discuté (mais pas vraiment envisagé) qu’une clôture entoure tout ce noyau central comme un sanctuaire, une sorte de deuxième rideau après celui de la clôture extérieure. En effet, il y avait la crainte de « l’effet métro » : imaginez que pour la première fois depuis les débuts du campus, on pouvait arriver directement en son sein par le métro, s’approcher des bâtiments, fouler les pelouses… Nous avions entendu la réputation propagée à l’extérieur (avant l’utilisation massive des réseaux toutefois) : « Le campus de l’université Paul Sabatier ? … Tags no limit ». Il n’en fut rien, le métro n’a pas engendré l’arrivée de hordes que certains (dont moi) craignaient.

La bonne tenue du campus, et donc de notre lieu de travail, n’est pas l’affaire des services techniques seuls mais celle de tous les usagers. Je me souviens que sous l’égide de l’association locale UDA (L’Université d’Abord), j’avais organisé à l’amphi Schwartz (Bât. 1R3) un débat sur comment améliorer l’aspect physique du campus (contrôle des accès, entretien, maintenance, …). J’avais invité à cet effet un collègue mathématicien, président de l’université d’Avignon et des Pays du Vaucluse. Il nous avait expliqué comment ils opéraient à Avignon, chaque site universitaire ayant ses spécificités, bien entendu. Des responsables des services concernés à l’université Paul Sabatier avaient plutôt mal pris cette initiative, si je m’en réfère à leurs réactions lors du débat.

  • De grandes et longues voies parcourent le campus, notamment celle qui fait le tour du « noyau central », appelée Cours des sciences. J’y suis même allé en fin de semaine lorsqu’il s’agissait d’apprendre à conduire à mes enfants, c’était au calme et bien pratique.

La grande voie qui s’appelle aujourd’hui Cours des sciences avait été appelée Boulevard (ou Avenue) Emile Durand quelques années auparavant. J’en suis à peu près sûr, cette dénomination avait été proposée en même temps qu’une autre appellation, Avenue Guy Lazorthes, sur la partie Corps de Santé du campus. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui c’est la voie de sortie sud-ouest vers la Route de Narbonne qui porte le nom d’E. Durand. Il est heureux que des limitations de vitesse à 30 km/h se soient progressivement ajoutées sur ce Cours des sciences.

« Encore trop de voitures sur ce campus » est ce que j’ai entendu dire de la part de visiteurs nord-américains… Il est vrai que ceux-ci sont habitués à des campus où l’accès aux voitures est restreint, où même le parking peut y être payant. Progressivement au cours des années, j’ai vu des parkings du campus de Rangueil être reconfigurés, déplacés, agrandis, des barrières à badge posées. Mais, c’est bien sûr l’arrivée du métro qui a radicalement changé la donne. Je sais que des collègues militent pour davantage de mobilités douces à l’intérieur du campus comme pour y accéder. De longues pistes cyclables sont à présent disponibles, les usagers les utilisent de plus en plus. Toutefois, les bornes de Vélo’Toulouse restent à l’extérieur du campus. Je suis curieux de voir ce que sera l’effet du Téléo[26], téléphérique urbain dont l’inauguration est prévue en fin 2021 (mais ce sera, plus vraisemblablement, au printemps de 2022).

Une des perspectives les plus impressionnantes, résultant de la construction de parkings par étapes successives, est la ligne droite qui longe le Cours des sciences le long des terrains de sports côté ouest. On pourrait imaginer une course à pied individuelle sur cette ligne droite qui fait 650 mètres tout de même !

Vue du Cours des sciences, partie ouest, du sud vers le nord en 2021.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty
Longue piste cyclable, parallèle à la ligne de bus, au sud-est du campus en 2021. A gauche, l’imposant Bâtiment 4R3 du « groupe Sciences Naturelles ». ©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

  • Il y a, placés dès les débuts du campus (vers 1973), des éléments culturels comme des sculptures disposées sur le campus (résultant du fameux « 1% artistique » attribué aux constructions de l’Etat, quota respecté ou pas). Avouons que nous passons à côté sans trop y faire attention.  Il y a d’ailleurs, lors des Journées du Patrimoine au mois de septembre chaque année, des visites guidées intitulées « Vous qui passez sans me voir », c’est dire… Parmi tous ceux-là j’en retiens deux, entre l’Upsidum et le Tripode A. Le premier est un kiosque-corolle, une sorte de sculpture en forme parapluie ouvert, qui a mal vieilli (parties rouillées) ; ses verres sont remarquables, dus au peintre-verrier Henri Guérin (1929-2009) comme les vitraux de l’église de Pechbusque (au sud de Toulouse) ou de l’église des Minimes à Toulouse. Mais l’élément le plus remarquable est le Le Fil d’Ariane, un petit amphithéâtre en béton à l’air libre. En prenant le café à la terrasse du premier étage de l’Upsidum, j’ai l’habitude de dire à mes jeunes collègues que c’est la construction du campus qui a le mieux résisté au temps, elle n’a pas bougé en 40 ans ! J’y ai vu des réunions d’étudiants, des cours rattrapés après les grèves, des pièces de théâtre ou des représentations musicales… Je gage que dans vingt ou quarante ans, cette construction sera toujours là, dans le même état.

10. L’ÉPISODE « DETAGUE TA FAC »

C’est par couches successives que des tags ont été peints, des affiches collées, sur les murs des différents bâtiments du campus. Voyant cela, une opération coup-de-poing, intitulée « Détague ta Fac » fut organisée en juin 2008 sous l’impulsion des conseils de l’université. Elle eût du succès et une large couverture médiatique, je dois dire (voir ci-dessous un compte rendu du quotidien La Dépêche du Midi). Moi-même, avec mon collègue Dominique Azé, nous nous sommes équipés en peintres occasionnels, avons pris nos seaux et pinceaux de peinture blanche (fournis par les services de l’université), et avons recouvert les tags existant sur les Bâtiments 1R1, 1R2, 1R3. Quiconque n’a pas vu les tags dans les tours universitaires de Jussieu à Paris il y a quelques années n’a rien vu… Tout de même, le campus de Rangueil avait sa dose.

Il se passe pour les tags ce qu’on appelle le « syndrome du carreau cassé », que les collègues membres de conseils municipaux connaissent bien : si un carreau est cassé quelque part, il faut le réparer immédiatement, sinon il suscite l’idée d’en casser un autre. Pour les tags, c’est la même chose : les effacer (c’est-à-dire repeindre par-dessus) le plus vite possible est le meilleur moyen d’en empêcher la prolifération. C’est ce qui se passe depuis quelques années sur le campus. Mais cela a un coût, comme tout le reste…

Evocation dans le journal 20 minutes de Toulouse, le 5 juin 2008.
Compte-rendu par La Dépêche du Midi du 5 juin 2008.

Dépêche du Midi, Juin 2008.


11. VISITE GUIDÉE DU CAMPUS (9) : LES DERNIÈRES RÉALISATIONS

  • Parmi les dernières réalisations importantes sur le campus, je note, celles immobilières d’abord : la Bâtiment 3R4 de Physique (en cours de finition) et le Bâtiment Maison de la Réussite en Licence (MRL, appelée Yvette de Ferré[27]). Ce dernier mérite qu’on s’y attarde un peu. Ce n’est pas un bâtiment, c’est un immeuble ! Je n’ai pas vu en 40 ans d’opération immobilière consacrée à l’enseignement d’une si grande importance. Bien que n’enseignant plus et que la période Covid 2020-2021 n’y engage pas, j’ai visité avec des jeunes collègues quelques salles d’enseignement de ce nouveau bâtiment : impressionnant (de propreté, de fonctionnalité, de luminosité) ! Cela dit, à un étage, tournant la tête, je vois par la fenêtre les murs du bâtiment tout proche U4 : en mauvais état. Il en va donc de ce bâtiment MRL comme des autres : après l’investissement (lourd) initial, il faut que la puissance publique assure le financement de l’entretien.

Ce Bâtiment MRL est parfois repéré sous le sigle U6 dans certains plans récents. Mais alors, quid du U5 ? Indiqué avec des pointillés sur les plans, c’est la future Maison des Etudiants et Personnels (MEP). Horizon annoncé : dans 2 ans. C’est là que se trouvera aussi le club d’astronomie, avec un site d’observation (lunettes astronomiques).

  • Une autre grande opération récente, vers 2016-2017, est la signalétique sur le campus[28]. De nouvelles appellations de voies ont été ajoutées à cette occasion. Je n’ai pas participé à ces choix, mais je dois reconnaître que beaucoup d’entre elles sont originales. Bien sûr, je savais qui était et quelles étaient les contributions de E. Cosserat, Hypatie, Th. Despeyroux, … Mais, je ne connaissais pas tous ces noms (Rosalind Franklin, Huguette Delavault, Rose Dieng-Kuntz, Marianne Grunberg-Manago, Hélène Richard-Foy, Sébastienne Guyot, …) mais cela a été l’occasion de les apprendre. Comme dans les opérations du même type dans les municipalités actuellement, les femmes y retrouvent leur place.

Cette signalétique est digne d’un campus moderne… mais je ne puis m’empêcher de penser que pendant quarante ans, nous avons dû, moi et les autres, nous débrouiller avec l’existant !

Bâtiment MRL, Maison de la Réussite en Licence en 2021, en forme d’équerre, un immeuble !
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty
Le nouveau Bâtiment 3R4 de Physique, en cours d’achèvement. Il hébergera les expérimentateurs de la Fédération de Recherche Matière et Interactions (ce qui donne l’acronyme bien « physicien » FERMI) ©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty.


CONCLUSION

  • Les bâtiments du campus de Rangueil, autres que ceux que j’ai vus sortir de terre, n’avaient pas 20 ans quand je suis arrivé, ils auront bientôt 60 ans et sont « bien fatigués » pour certains. Cela dit, les constructions successives ont laissé une architecture générale relativement homogène (malgré des maîtres d’œuvre différents, comme l’Université ou le CNRS). C’est, selon mon humble observation, mieux que ce que j’ai pu voir sur d’autres campus (Bordeaux 1 à Talence et Clermont-Ferrand à Aubière par exemple) où la multiplicité des tutelles (universités, écoles de ministères de tutelle différents) a fait que les constructions successives au cours des années a conduit à un aspect hétéroclite. Les visiteurs revenant des années après le remarquent vite.

Au cours des années, des opérations de grande ampleur se succèdent : « Université 2000 » (citée dans ce texte), « Université du 3ème millénaire », « Plan Toulouse Campus », … Dans le cadre de la 2ème vague de l’opération « Toulouse Campus », l’objectif est, lit-on, de « redessiner le campus » ; les opérations qui vont avec dureront une dizaine d’années.  Sur le campus de Rangueil, il reste encore de la place pour des constructions…, regardez par exemple l’immense espace vert qui va de derrière le bâtiment administratif central jusqu’à presque le pont G. Bruno. Aux futurs concepteurs de décider s’il y a lieu de construire encore ou de préserver des espaces de verdure[29].

  • On pourra toujours me dire que l’université, ce ne sont pas les bâtiments et les espaces verts, mais bien ce qu’on y fait : des formations pour des milliers d’étudiants, de la recherche de haut niveau, … Mais, ici, je m’en suis tenu à une courte visite mémorielle, partielle. J’invite les lecteurs qui auraient une expérience similaire, suffisamment « lissée » sur un temps long, à faire de même en nous faisant part de leur témoignage.

Ajout (Mai 2022) :

Le téléphérique urbain Téléo, évoqué dans le texte, a finalement été inauguré le vendredi 13 mai 2022. Photographie de l’entrée du campus de Rangueil prise depuis le téléphérique, mai 2022.
©Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

Références

  1. Sonia Moussay, Essai de projet de thèse (2004), sous la direction de Jack Thomas.

Partie V. Le complexe scientifique de Rangueil : une analyse graphique primaire de l’aménagement du complexe et de l’architecture de la Faculté des Sciences.

  • a) Philippe Durand, Emile Durand, créateur du campus de Rangueil et directeur de l’Institut de calcul numérique

et

       b) Alain Rigal, Emile Durand, Professeur Université de Toulouse 1948-1977, in

Patrimoine scientifique et médical de l’université Paul Sabatier. Cycle Mathématiques en l’année universitaire 2005-2006 ; Cycle Informatique en 2006-2007.  Visibles sur le site web de l’université Paul Sabatier.

  • Jean-Baptiste Hiriart-Urruty, Bien choisir le nom… pourquoi pas celui d’un-e mathématicien-ne. « Café de l’institut Mathématique de Toulouse (IMT) » (25 octobre 2018). Téléchargeable à partir du site web des « Cafés de l’IMT » ou du site professionnel de l’auteur.
  • Jean-Baptiste Hiriart-Urruty, Propos de rentrée universitaire (2012).
  • Jean-Baptiste Hiriart-Urruty, Evocations du Prix Fermat de Recherche en mathématiques (1ère moitié : 1987-2005) (août-septembre 2020).
  • Inventaire du patrimoine architectural et paysager Toulouse – Campus de Rangueil.

Vol. 8, Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (septembre 2011).

Remerciements

Je voudrais remercier les personnes qui ont bien voulu me donner des informations complémentaires aux miennes, des références de documents, et qui, je n’en doute pas, apporteront des corrections à la version actuelle de ce texte.


[1] Je ne considère ici qu’une partie, la « scientifique » essentiellement, de l’université Paul Sabatier (Toulouse III). Certains documents officiels, [6] en est un exemple, englobent dans « campus scientifique de Rangueil » toute la partie INSA. Même si le ministère de tutelle est le même (Enseignement Supérieur et Recherche), l’INSA est un autre établissement. La superficie de 152 hectares qui est habituellement attribuée au « campus scientifique de Rangueil » englobe le tout. Pour la partie que nous visitons, c’est plutôt 120 hectares environ.

[2] Les « auditions » pour les postes de Professeurs étaient toutes regroupées à Paris. J’ai donc été auditionné à Paris, après un classement par une commission de recrutement à Toulouse (regroupant mathématiciens et informaticiens, lesquels étaient alors dans la même section du CNU (ou de son équivalent de l’époque)). « Si tu avais été auditionné à Toulouse, peut-être que tu n’aurais pas été recruté… », voilà le genre de boutade à laquelle j’ai prêté le flanc… avec amusement.

[3] L’histoire de la création de ce campus, la scission (en 1976, que j’ai connue) de l’université de Clermont pour donner naissance aux deux universités de Clermont-Ferrand I et II, etc. est racontée dans l’ouvrage suivant : Alain Kergomard, La mutation universitaire ; Clermont 1948-1993. Editions L’Harmattan (1995). Depuis, au 1er janvier 2017, les deux universités ont fusionné pour donner naissance à l’université Clermont-Auvergne… Ah ! Les scissions, regroupements, dans les universités…

[4] UER : Unité d’Enseignement et de Recherche ; UFR : Unité de Formation et de Recherche. Les UER deviennent des UFR avec la Loi Savary de 1984. MIG : Mathématiques, Informatique, Gestion.

[5] Je lui ai rappelé cette anecdote lors de mon discours (en tant que Directeur du Département de mathématiques) à son pot de départ à la retraite en 2003.

[6] Diplôme national universitaire de 1er cycle (les 2 premières années à l’université). Le DEUG disparaîtra en 2006 avec la réforme LMD (Licence-Master-Doctorat).

[7] Service Culturel d’Action Sociale (de l’université Paul Sabatier).

[8] Parmi les noms proposés : Emile du Châtelet, Jacqueline Auriol, Madeleine Brès, Louise-Amélie Leblois.

[9] Le bâtiment lui-même existait depuis quelques années, sous la simple appellation « Le forum ».

[10]  J’ai suggéré à Jean-Michel Lattes (adjoint au maire de Toulouse, président de Tisseo Collectivités), que les cinq piliers de Téléo, ou du moins les trois stations, portent des noms. Ce sera le cas, une commission ad hoc a proposé des dénominations. La station terminale à l’Oncopole portera le nom de Lise Enjalbert (1916-2015), une professeure de virologie pendant longtemps à l’université Paul Sabatier ; celle du CHU Rangueil : Louis Lareng (espérons qu’il n’y ait pas de confusion avec le Forum Lareng près de la station de départ) ; celle de départ : Paul Sabatier.

[11] Cela, c’était « avant » … Maintenant il y a un terrain avec une pelouse en très bon état, clôturé, avec un local vestiaires-douches à proximité.

[12] Que nous avions projeté un jour d’appeler Allée Jean-Baptiste Senderens (Commission de dénomination des voies, des années 2008-2009, dirigée par François Dedieu). Elle porte depuis ces dernières années le nom de Louis Lareng (allée montante comme descendante).

[13] Etablissement dénommé ISAE-SupAéro désormais. Situé dans le complexe scientifique de Lespinet, de l’autre côté du Canal du Midi.

[14] Avec UPSIDUM, d’autres noms candidats dont La Parenthèse … J’avoue avoir ouvré (manœuvré ?) pour l’appellation UPSIDUM (que certains continuent de déformer en UPSIDIUM).

Avec une assonance voisine est UPSIMÔMES, crèche créée depuis 2008 pour le personnel de l’université, située au nord du campus, proche de la Rue des Maraîchers.

[15] En fait c’est ICN (Institut de Calcul Numérique) qu’il faut lire… Une erreur de transcription administrative en a fait 1CN.

[16] J’ai connu auparavant dans cette aile sud du 1er étage du Bâtiment 1R2, des groupes de recherche en informatique, tels le CIT, le LSP, le CERFIA… et les personnalités associées.

[17] UPS Infos, Mars-Avril 2003. Dossier « Signalétique : vers une université à visage humain », pages 7-10.

[18]  Il y a plusieurs « 11 septembre » qui sont restés dans l’Histoire : le 11 septembre 1973, jour du golpe (coup d’état) du général Pinochet au Chili ; plus près de chez nous, la Diada nacional de Catalunya (fête nationale de la Catalogne depuis 1980).

[19] Article de popularisation du sujet : T. Bayen et J.-B. Hiriart-Urruty, De l’importance d’être constant… dans sa largeur. Pour La Science, n°91, 32-37 (2016).

[20] J’évoque dans [4] l’étudiante Frédérique R. qui, après avoir passé sa Licence à l’université Paul Sabatier, a intégré l’Ecole Polytechnique. Dans une interview au Nouvel Observateur, elle racontait qu’elle se remémorait « un enseignant en blouse blanche (c’est moi) dans une salle B glaciale… ».

[21] Un document de 14 pages, consultable à La Bibliothèque Nationale de France (16ème V 18032), fait l’état de la situation au moment de l’incendie : le long bâtiment, juxtaposition d’une multitude d’alvéoles rectangulaires, abritait 10 laboratoires ; après l’incendie, 288 personnes étaient à reloger le temps de la reconstruction.

[22] En tant que laboratoire constitué, l’IRIT démarre officiellement en 1990.

[23] Par exemple, aux Assises Régionales de l’Enseignement Supérieur les 31 Mai et 1er Juin 1990 à l’université Paul Sabatier. Moi-même, j’écrivis une double-page dans Le Journal de Toulouse (30 Mai 1990) avec comme titre : « Universités : délocalisation en vue ».

[24] U1 : Gaston Dupouy (1900-1985) ; U2 : Henri Gaussen (1891-1981) ; U3 : Pierre-Paul Riquet (circa 1604-1680) ;

    U4 : Robert Deltheil (1890-1972).

[25] Je me souviens qu’on m’avait demandé la voie à suivre pour procéder à l’appellation de ce bâtiment… Je leur avais ajouté qu’il fallait bien mettre en évidence le prénom, car « le bâtiment Blanc » pouvait s’avérer peu informatif… Daniel Blanc (1927-2009) fut professeur de physique nucléaire et directeur du Centre de Physique Atomique (université Paul Sabatier).

[26] Comme cela a déjà été signalé, ce téléphérique urbain, long de près de 3km, relira l’entrée du campus de Rangueil à l’Oncopole ; il comporte 5 piliers et 3 stations (l’intermédiaire étant le CHU de Rangueil). On pourra le prendre en y transportant son vélo.

[27] Yvette de Ferré (1915-2003), qui fut longtemps professeure de Botanique à l’université Paul Sabatier. Elle est la seule femme à avoir été « Professeur avec chaire » du temps de l’ancienne Faculté des Sciences.

[28] Après la « Commission d’appellations des nouveaux bâtiments et amphithéâtres » que j’ai eu à animer entre 2000 et 2003, il y eut en 2008-2009 la « Commission d’appellations des voies » qui fut constituée à la demande du président Gilles Fourtanier. Présidée par François Dedieu, elle était composée de F. Auger, F. Dedieu, A.-M. Mondot et moi-même. Les 14 propositions de noms de rues étaient par « groupes » ou « quartiers » : Chimie, Mathématiques, Physique, Sciences de la Vie et de la Terre. L’idée directrice était plutôt d’honorer les personnalités scientifiques liées à la Faculté des Sciences de Toulouse. Mais le rapport fut enterré… Quelques noms qui y figuraient ont néanmoins ressurgi dans la campagne d’appellations 2016-2017 (Y. de Ferré, E. Cosserat, Th. Despeyroux, G. Mignonac).

[29] J’ai toutefois entendu dire qu’il y a des zones non constructibles, l’espace vert derrière le bâtiment administratif en ferait partie (obligation de garder une perspective depuis le lycée et parc Bellevue classés jusqu’au Canal du Midi).