Le texte qui suit est un récit fictif traitant des aspects lié à la présence de la division Allemande « Das Reich » dans le Tarn et Garonne en 1944.
Rapport du commandant de la 13eme Compagnie de l’armée secrète Alexandre Chatelin à la FFI de Londres le 08 Juin 1944 sur la présence de la Das Reich dans le Tarn-et-Garonne
À l’intention du général Koenig commandant en chef des forces françaises de l'intérieur. Les Allemands se préparent à contre-attaquer. Le débarquement tant attendu en France est devenu une réalité. Il est urgent de retarder et ralentir l’ennemi dans ce secteur.
Après des mois d’observations, cette fois-ci un changement d’une importance capitale vient de se produire. Il semblerait que les hommes de la division se prépare à plier bagage pour partir pour la Normandie ou le débarquement vient d’avoir lieu il y a 2 jours. C’est ainsi toute la division presque au complet qui doit partir pour le front. Cela représente des milliers d’hommes, des centaines de chars, et de pièces d’artillerie, de quoi infliger de lourdes pertes aux Anglais et aux Américains, avec la possibilité de les arrêter dans une zone où ils se trouvent.
Par conséquent j’ai ordonné à tous les groupes affiliés de quelconque façon à la résistance sous ma juridiction de ce tenir prêt à toute éventualité. Dans le même temps, le général De Gaulle a demandé aux partisans du sud de la France, de nettoyer les zones où l’occupant se trouve. Comme notamment la Corrèze, et le Limousin. Sur le département nous avons entrepris le sabotage des lignes de chemins de fer, nous avons infligé aux Allemands la perte de 29 locomotives.
Pendant ces deux mois d’espionnage et de prise de renseignement moi et les autres camarades commandant les autres groupes de francs-tireurs, avons fait un état des lieux sur le matériel et l'instruction des soldats et des cadres. Afin de nous rendre compte ce que valait la division sur le terrain contre des forces insurrectionnelles. Voici ce qu’il est réellement de l’effectif du matériel d’après nos renseignements capturés à l‘ennemi :
12 obusiers de 150 mm.
24 canons de 105 mm.
18 canons de 75 mm.
38 obusiers de 75 mm.
14 canons anti-tank de 75 mm autotractés.
9 canons anti-tank de 75 mm tractés.
9 canons antiaériens de 37 mm autotractés.
24 mortiers de 120 mm.
42 mortiers de 81 mm.
12 lance-flammes.
6 504 fusils.
1 536 pistolets.
2 064 pistolets mitrailleurs.
369 mitrailleuses légères.
54 mitrailleuses lourdes.
216 lance-roquettes.
La division est arrivée dans le Tarn-et-Garonne le 06 Avril 1944. Leur objectif était de se reconstituer à la suite des pertes sur le front de l’est. Afin de compenser les pertes, d'entraîner les troupes et de prévenir l’opération Overlord. La division à été renforcé par le contingent alsacien, qui aujourd’hui représente ⅓ de l’effectif de la division afin de combler le manque de 7972 soldats. Les Allemands ont mis en place des réquisitions matérielles sur le département notamment pour leur quartier général qu’ils ont installé à l’institut Jean Calvin de Montauban.
Au cours de leur présence, la division a commis d'infâmes répressions contre les populations civiles, comme lors du massacre de Montpezat-de-Quercy causant la mort de 16 compatriotes français. Afin de traquer notre réseau, la division Das Reich a joint ses efforts avec la Gestapo et la Milice Française.
La division avec à sa tête le Brigadeführer Lammerding à sous son commandement 3 régiments: le “Germania”, le “Deutschland”, et le “Der Führer" qui composent la division Das Reich.
Nos observations nous portent à croire, que la division constitue un élément redoutable dans l’ossature de l’armée allemande et que si nous n’agissons pas immédiatement cette unité d’élite pourrait détruire notre potentiel d'insurrection. Il est donc urgent de frapper un grand coup ou de faire ralentir l’unité en question.
Le catharisme est une hérésie chrétienne dualiste*. Elle se développe au XIIème siècle de notre ère, elle est en forte contradiction avec les catholiques sur de nombreux points tels que le baptême qui, pour les cathares, ne devrait être célébré qu’avec des adultes quand la conscience de l’individu est pleinement acquise. Sa zone d’influence est assez dispersée mais suffisamment importante pour être une source d’inquiétude. Les cathares sont incontestablement des chrétiens mais des chrétiens dissidents, avec un dogme différent de celui des chrétiens romains.
Différences théologiques et liturgiques
Doctrine cathare
Église chrétienne romaine
Dualisme (2 dieux : Dieu et le Diable)
Monothéisme
Lecture des évangiles en occitan
Lecture des évangiles en latin
Pas de lieu de culte, rejet de l’eucharistie
Lieu de culte dans des églises et pratique de l’eucharistie
Baptême en fin de vie
Baptême à la naissance
Rejet du Pape de Rome
Soumission à l’autorité du Pape de Rome
Refus de l’incarnation du Christ, de sa réalité charnelle et de sa résurrection
Incarnation du Christ et résurrection de celui-ci
Un seul sacrement : le consolament
7 sacrements : le baptême, la confirmation, la confession, la communion ou eucharistie, l’ordination, le mariage et l’onction des malades
Existence du mal : Lucifer est l’incarnation du mal et non Dieu créateur parfait
Les chrétiens disposent de leur libre arbitre pour choisir entre le bien et le mal
Ne vénèrent pas la croix
Vénération de la croix
Abstinence sexuelle
Non abstinence
Organisation de l’église cathare différente de l’église romaine
Régime alimentaire : interdiction de manger des produits animaliers ou issus de l’accouplement animal
Interdiction de manger de la viande le vendredi
Ainsi, en 1209, le pape Innocent III (1160-1216) lance une lutte contre les cathares « hérétiques », liée à leurs divergences, de peur qu’ils prennent la place de l’Église catholique romaine. En effet, ces « Bons hommes »** gagnent de plus en plus d’importance dans les relations religieuses, dans les pratiques du culte et dans les croyances populaires, à tel point qu’ils concurrencent l’Église de Rome. Commence alors la Croisade des Albigeois qui va durer pendant vingt ans . Que ce soit par les armes ou l’inquisition, de nombreux cathares périssent pendant cette période.
Le pape Innocent III, inquiété par la remise en cause de l’hégémonie catholique romaine, appelle les puissants et le roi Philippe Auguste à lutter contre les hérétiques. D’abord laissé sans réponse, il n’entraîne le roi de France dans sa guerre sainte que difficilement quelques années en 1224. Les capétiens ressortent cependant eux aussi victorieux du conflit notamment par la saisine des vicomtés de Trencavel et du comté de Toulouse. Après le massacre de Béziers (1209) puis la mort de Raimon Roger Trencavel (vicomte d’Albi), la nouvelle excommunication de Raymond VI (comte de Toulouse) expose le comté de Toulouse à la menace des croisés. Les meurtres de chevaliers et la condamnation au bûcher des centaines de parfaits font de Simon de Montfort, croisé anti cathare, le nouveau comte de Toulouse par le concile du Latran. Par la suite, Raimon VII s’engage à pourchasser les hérétiques de son domaine en finançant l’inquisition qui apparaît en 1233. Enfin, il est aussi contraint de donner en héritage le comté au roi, ou aux descendants de l’époux de sa fille unique, le frère du roi. Contrainte qu’il cherchera vainement à solutionner. La fin du XIIème siècle est ainsi marquée par l’organisation de la répression anti cathare, initiée dès 1179, lors du troisième concile du Latran, lorsque les fidèles étaient appelés à prendre les armes.
*en ce sens que les cathares opposent le tangible, le monde matériel dans lequel sont coincées les âmes, le mal, et l’intangible, le bien, royaume des âmes où séjourne Dieu ** ainsi qu’ils se nommaient, revendiquant la pureté de leurs convictions religieuses face aux catholiques qu’ils considéraient comme des imposteurs
Qu’est-ce que l’Histoire et la mémoire collective ?
Après vous avoir conté la croisade albigeoise face aux cathares, nous pouvons nous poser la question de leur place à travers l’Histoire et la mémoire collective. Tout d’abord définissons l’Histoire et la mémoire collective. Ces termes sont-ils synonymes ? D’après le Petit Robert, l’Histoire est “une connaissance du passé de l’humanité et des sociétés humaines ; c’est une discipline qui étudie ce passé et cherche à le reconstituer par les sources, les matériaux, les méthodes de l’histoire.” La définition du Petit Robert présente l’Histoire comme une science ayant pour objectif d’étudier le passé à l’aide d’outils et de sources. Pour ce qui est de la définition de la mémoire collective, c’est un peu plus compliqué. En effet, certains hommes politiques ou États voient la mémoire collective comme de l’Histoire. Or, c’est une confusion pour certains et pour d’autres une instrumentalisation à des fins politiques. Pourtant, le Petit Robert définit la mémoire collective comme un “ensemble de faits passés qui restent dans le souvenir des hommes, ou d’un groupe”. La mémoire collective est une accumulation de faits qui se sont produits, ou vécus ou racontés, sans ressources pour appuyer ses dires. Ils sont basés sur la mémoire qui peut donc modifier, omettre ou oublier certains détails. De plus, la mémoire n’est pas objective car nous étudions une infime partie de la période sortie de son contexte. La mémoire collective est donc un moment identique du passé vécu par un groupe de personnes, qui oublie ou qui travestit les ressenties de cet instant. La différence entre la mémoire et l’Histoire est donc l’objectivité du sujet possible grâce à l’utilisation d’une méthodologie.
Période Médiévale : deux visions opposées
Dès la période médiévale, deux visions du catholicisme se font face. C’est un combat entre les barons du nord et les barons du sud, le christianisme contre le catharisme. Nous avons donc un combat politique et religieux. De ces croisades découlent donc deux visions. Nous allons étudier la vision la plus présente qui est la vision chrétienne puis la vision la moins répandue, la vision des Hommes du sud.
Les sources chrétiennes
Le catharisme s’implante auprès des élites en région sud-ouest. Dès l’année 1178, Raymond V de Toulouse annonce au roi l’arrivée du catharisme et convoque plusieurs conciles pour enrayer cette hérésie cathare*. Les chroniqueurs** de l’époque, pour la plupart séjournant dans des abbayes du nord du royaume et donc peu informés de ces événements, affublent cette hérésie de noms d’anciennes dissidences. Et c’est seulement en 1163, soit quarante ans après la fin des croisades albigeoises, que le chroniqueur Eckbert de Schönau les gratifie du nom “cathare”. Par leur éloignement, les chroniqueurs inventent et exagèrent certains faits cathares comme par exemple leurs suicides ou leurs relations avec le diable. On trouve, dans les écrits du début des croisades albigeoises ordonnées par le pape Innocent III, deux traitements antinomiques des cathares. D’un côté, les clercs, proches du pouvoir des barons du nord et du roi, qui sont pour l’éradication des cathares par le feu (comme le chroniqueur Pierre de Vaux). Et de l’autre côté, les clercs proches du pouvoir papal qui eux veulent convertir les cathares au christianisme (comme Guillaume de Puylaurens) .
*Les chroniqueurs : Celui qui consigne les faits historiques dans l’ordre de leur déroulement au Moyen Age. **Les hérésies cathares : Doctrine, opinion qui diffère des croyances établies, condamnée par l’Église catholique comme contraire aux dogmes.
L’Histoire est faite par les vainqueurs (la vision cathare)
Le manque de sources sur les cathares a longtemps été un frein pour les historiens, cela pour plusieurs raisons. En effet, les cathares sont les grands perdants de la croisade et ils ont donc peu de temps pour justifier la sincérité de leur religion et laisser des écrits. La plupart sont morts, enfuis ou cachés dans le royaume. Quelques chanceux ont pu rester en vie, grâce à leur position au sein du royaume, mais l’inquisition les surveille. De plus, les cathares possèdent une tradition plutôt orale qu’écrite. Alors, cette absence de sources a compliqué le travail des chroniqueurs.
Mais, il reste tout de même quelques traces, comme la chanson des croisés qui évoque la perception de la guerre des cathares et des barons du sud. L’auteur de la chanson décrit les barons du nord venant voler les terres aux barons du sud parce que jaloux de leurs terres plus fertiles, jaloux de leur supériorité parce que plus humanistes, jaloux de leur économie parce que plus florissante.
Ce sont des hommes peu vertueux qui dissimulent et excusent leurs forfaits au nom de la religion. De ces barons du nord, Simon de Montfort est le leader et le parangon de la terreur. Mais, les barons du sud, animés par un courage, un savoir humaniste hérité des romains décident de combattre et de défendre les cathares et leurs territoires. Les comtes de Trencavel, de Toulouse et de Foix, en raison d’enjeux politiques différents, et notamment pour conserver leur autonomie face au domaine royal du roi de France vont combattre et résister longtemps, mais vont perdre face à une armée du nord plus imposante. Certains perdent la vie, leur territoire et leur pouvoir.
Si cette complainte contribue à la représentation des cathares, elle manque cependant d’objectivité. D’ailleurs, les archives d’inquisition retrouvées dans les villes du sud nous permettent d’y voir plus clair. Pour beaucoup de cathares reconvertis et d’occitans, cette guerre est perçue comme une guerre de territoires et l’anéantissement de la culture occitane.
Période Moderne : utilisation de l’hérésie cathare pour légitimer leurs actions
Le sujet du catharisme ressurgit durant la période moderne. Dès la Renaissance, avec l’arrivée du protestantisme, le sujet du catharisme revient alors dans la sphère publique et intellectuelle. En effet, le protestantisme est un mouvement religieux, provenant des milieux intellectuels et cléricaux, qui veut retourner à une Église plus charitable, plus pauvre et n’ayant pas besoin d’intermédiaire pour parler avec Dieu. De ce clivage entre la religion protestante et la religion catholique va naître un schisme. Rapidement ce mouvement protestant va se propager dans toute l’Europe. Les deux camps vont utiliser l’hérésie cathare pour légitimer leurs actions.
Le camp catholique
À l’apparition du protestantisme, l’Église catholique affronte une perte de ses fidèles. Pour y faire face, elle exploite la fin dramatique d’hérésies passées, exterminées par l’inquisition catholique. L’Eglise de Rome lutte, depuis longtemps, contre les ennemis de la foi chrétienne et compare les protestants aux cathares. Les prédications des clercs enjoignent les protestants à regagner l’Église chrétienne, et intimident les pays restés chrétiens, en leur rappelant les conséquences de l’inquisition et des croisés de l’hérésie cathare, sur la paix.
Ils comparent la désobéissance au Pape de ces deux mouvements, issus tous deux pourtant de l’Eglise chrétienne. Enfin, un dernier élément commun aux deux mouvements est rapporté par les clercs et qui concerne leur localisation dans le sud de la France. Pour appuyer leur discours, ils utilisent d’anciennes chroniques de clercs virulents comme Pierre de Vaux de Cernay, et espèrent ainsi ramener de nombreux protestants dans le camp catholique.
En 1589, l’Édit de Nantes fait retomber le sujet des cathares dans l’oubli. Le sujet réapparaît lorsque les Lumières, mouvement intellectuel européen du XVIème siècle, où de nombreux philosophes vont critiquer l’Église sur son incohérence entre ses actes et ses paroles. Pour eux, elle prône la paix mais n’hésite pas pourtant à massacrer les populations qui s’opposent au dogme. Des clercs comme Claude-Adrien Nonnotte consacrent leur vie à la défense de l’Eglise contre les philosophes contemporains. Ils défendent avec érudition et pertinence les vérités essentielles de la foi et publient des controverses pour répondre aux attaques anti-chrétiennes. Pour eux, ce sont les barons laïcs qui sont les responsables et non l’Eglise de Rome.
Le camp anticlérical
Du côté anticlérical, ce sont les protestants qui défendent en premier les cathares, certains se disent même leurs héritiers. Car en effet, les protestants tout comme les cathares reprochent à l’Eglise ses abus. Le clergé est déconsidéré par le relâchement de sa discipline et de ses mœurs. Les prêtres sont pauvres et peu instruits tandis que le haut clergé vit dans le luxe grâce aux revenus des charges ecclésiastiques.
Les protestants considèrent les cathares comme leurs ancêtres, et veulent revenir comme eux à une église primitive. Pour eux, les cathares ne sont pas des hérétiques, mais des martyrs de la foi chrétienne. Ils ravivent le souvenir de la croisade des Albigeois pour démontrer la barbarie de l’Eglise catholique et son intolérance. Ils veulent revenir à un sud plus libre et plus humaniste. L’Église catholique et le roi représentent les anciens barons du nord. L’édit de Nantes, dit édit de pacification, va apaiser les relations entre catholiques et protestants pendant un temps.
Le sujet des cathares ne réapparaît que sous Voltaire avec son ouvrage Essai sur les mœurs et l’esprit des nations. Voltaire voit les cathares comme des vaudois et lui servent d’exemple pour dénoncer les faits infâmes de l’Église catholique. Il estime que le massacre cathare est dû au fanatisme religieux. Il combat donc à travers ses exemples l’Église et ses pensées.
Période Contemporaine : un début d’explication
Comment la mémoire collective a utilisé les Croisades Albigeoises ?
L’épisode cathare a beaucoup été utilisé par les politiques. Du XIIIe au XIXe siècle, les anticléricalistes glorifient l’héroïsme des cathares, tandis que les conservateurs eux présentent ces hommes comme des nuisibles dont l’existence attentait à l’unité du royaume de France et de la foi chrétienne. Toujours du côté de la droite française, le catharisme est décrié. Il s’agirait d’un mouvement du bas peuple* inculte, lié à l’ennemi espagnol. Les historiens comme Maurice Jallut dans Philippe Auguste fondateur de l’unité française reprennent les idées formulées par la droite française. Ils reconnaissent le caractère excessif de l’entreprise menée par les croisés, mais justifient sa violence par le bien commun, la nation, et la relativisent en soulignant la brutalité du monde dans lequel ils vivaient. Dans cette perspective, l’élimination de l’hérésie est présentée comme un moindre mal.
Au contraire, les partisans de la gauche mettent l’accent sur deux éléments : l’iniquité des jugements dont ont souffert les cathares et la convoitise des croisés. Ce serait la perspective de s’accaparer les ressources de la région qui aurait motivé les croisés à se rendre dans le Languedoc. Le soulèvement de la population occitane est explicitement rattachée à une figure prérévolutionnaire, une sorte d’avant 1789. Olivier de Montégut dans Drame Albigeois : Dénouement tragique de l’Histoire Secrète du Moyen Âge partage la représentation d’un midi humaniste, aux troubadours heureux réceptifs aux valeurs nouvelles (hérésie). En fin de compte, le catharisme était et demeure un sujet prisé par les débats politiques.
Parallèlement, la mémoire du catharisme s’observe à travers le phénomène néocathariste. Parti sur les traces de ce groupe aux tendances mystiques, Maurice Jallut explique que des croyances complotistes aux pratiques religieuses proches des cathares furent portées de génération en génération par des sociétés secrètes, avant de donner naissance au néocatharisme. Les années 60-70 sont marquées par l’essor du mouvement qui porte en lui la mémoire distordue de cathares victimes, “perpétuellement persécutés” ainsi que l’écrit André Nataf dans Le miracle cathare. Dans les années 60, la vulgarisation historique se développe elle aussi. Reprenant l’idée que la lutte contre le cathare a permis la construction du pays, elle s’inscrit tantôt dans la continuité d’historiens de droite tantôt de celle de gauche.
C’est celle-ci qui est relatée par Dominique Paladilhe dans Les grandes heures cathares. La représentation magnifiée d’un Midi florissant aux troubadours choyés par une noblesse tolérante pénètre profondément la mémoire et l’imaginaire collectif. Finalement, il faut attendre les années 80 pour que les historiens se réapproprient le sujet et changent cette vision.
*ce qui est faux. Nombreux sont les historiens à l’avoir démontré tels que Anne Brenon. Le phénomène cathare se développe d’abord et surtout dans les milieux bourgeois ou de la moyenne noblesse tels que les chevaliers et les aristocrates de la cour du comte de Toulouse. Ce n’est que progressivement qu’il trouve un écho parmi les populations rurales. Il est cependant vrai qu’une fois intégré, le catharisme des paysanneries fut plus difficile à déraciner que chez les élites sociales. **en opposition aux hérétiques
L’Historiographie
Si au XIXème siècle le sujet se renforce dans sa dimension régionaliste, c’est l’influence du romantisme* qui nous intéresse. Empreintes de nostalgie, les œuvres affiliées au courant sont résolument tournées vers le passé. L’abondance des représentations médiévales** suscite ainsi un regain d’intérêt pour la question cathare comme c’est le cas de Napoléon Peyrat. Il participe à construire l’image d’une population unie et uniformément cathare luttant en chœur pour des idéaux nobles (tolérance, justice). Ce phénomène se traduit concrètement par l’exaltation du combat pour la liberté. L’épisode cathare devient alors un élément constitutif d’une mémoire à la fois régionale et nationale.
*mouvement artistique qui accorde une grande place aux descriptions poétiques, aux épanchements intimes, aux sujets sentimentaux, religieux, fantastiques, aux décors historiques (notamment médiévaux), exotiques (cnrtl) ** il n’y a qu’à voir Victor Hugo et Notre Dame de Paris, ou encore le poète écossais Walter Scott avec des œuvres comme Le Lai du dernier Ménestrel
Du coté des Historiens
C’est pendant la période contemporaine que le sujet cathare connaît une révision considérable. D’objet littéraire il devient un objet d’étude scientifique. Ainsi, c’est entre le XX et le XXIème siècle que les historiens tempèrent leurs propos en s’efforçant d’éviter les généralisations. Parmi la pléthore d’historiens concernés, nous en avons retenus trois :
Jean de Sismondi (1773 – 1843) : Cet historien suisse s’appuie sur les chroniques médiévales de la période en dressant le tableau d’un midi rayonnant par son commerce, son fonctionnement démocratique* mais aussi tolérant grâce à la diversité de sa population (professeurs juifs, jongleurs sarrasins, troubadours). La région s’apparente alors à une sorte de berceau préhumaniste**. Dans cet ensemble, l’historien dresse un clivage entre les occitans et les ennemis de là-haut, du Nord.
Jules Michelet (1798 – 1874) : A l’inverse, il présente une vision antithétique avec un midi infesté par des chrétiens dévoyés, tandis que le roi ramène la paix dans son pays. Il s’inscrit dans la continuité d’un système manichéen au travers duquel les cathares sont les mauvais qui divisent le royaume. Cet élément de déchirement du territoire que condamne Michelet, il le démontre par la fraternisation du comté de Toulouse et du royaume d’Aragon***.
Jean-Bernard Mary-Lafon (1810 – 1884) : Si l’historien et linguiste confirme la thèse de Sismondi selon laquelle le Midi était parcouru de démocraties qu’il appelle “républiques provençales”, sa neutralité est compromise par ses origines et son attachement à l’histoire occitane.
En somme, ce n’est qu’après une professionnalisation de l’histoire et l’acquisition d’une méthode scientifique**** qui différencie la discipline des productions littéraires et des enjeux mémoriels que se multiplient des études plus rigoureuses sur le sujet. On retient notamment deux éléments marquants : la fin du système binaire opposant nordistes et sudistes, et la vulgarisation*****.
*les cités élisent leurs gouverneurs **outre un retour à l’art antique, l’humanisme du XVIème siècle est caractérisé par la valorisation de l’esprit critique, la tolérance, une efflorescence artistique etc. ***c’est ainsi que le roi Pierre II d’Aragon, excommunié par le pape, meurt lors de la Bataille de Muret (1213). Il était alors l’allié du comte de Toulouse dont la tolérance envers les cathares irritait le pape et le roi catholique. ****c’est-à-dire un ensemble de règles qui structure le savoir produit par une science et qui va pouvoir vérifier son discours. Soit en le réfutant, soit en le validant. Par exemple, le croisement de sources en histoire est un élément de la méthode critique qu’appliquent les historiens. Cela consiste à réunir plusieurs documents sur un même fait et confronter les points de vue. Ce processus est antérieur aux années 60 et émerge déjà au XXème siècle comme susmentionné. *****c’est-à-dire rendre intelligible un ensemble de connaissances plus ou moins hermétiques pour les profanes.
Conclusion
En conclusion, la vision des croisades albigeoises et des cathares a évolué dans le temps. D’abord sujet politique, utilisé par l’Eglise pour combattre les hérésies, elle est plus tard réutilisée à de nouvelles causes. Ainsi, les protestants l’utilisent comme un exemple de martyr. Voltaire l’utilisera, plus tard, contre le cléricalisme, en accusant l’Eglise catholique d’actes violents à travers le temps. Au XIXème siècle, l’histoire comme discipline s’engage vers une pensée scientifique, même si elle n’a pas encore de méthodologie. Cette absence de méthodologie universelle, pour exprimer et étudier les périodes historiques, entraîne les historiens de cette époque à se ranger dans des groupes de pensée. Ces groupes peuvent être défenseurs du sud et des cathares comme défenseurs du nord et des barons. Ces historiens donnent deux visions du sud, d’un coté un sud lettré et humaniste avant l’heure, et de l’autre un sud prisonnier des rois catalans, inférieur et perdu dans l’hérésie cathare. Il faut attendre les années 60 pour avoir une méthodologie rationnelle et organisée et ainsi obtenir des recherches scientifiques des Cathares et des Croisades. Cette période va permettre la vulgarisation auprès du grand public, et briser ainsi, les mythes autour des cathares. De nos jours, les croisades albigeoises et les cathares n’ont toujours pas révélé tous leurs secrets aux Historiens. Du côté du grand public, les cathares et leurs croisades passionnent toujours. Grâce à la vulgarisation et grâce aux nouvelles technologies, le public bénéficie maintenant de connaissances et de savoirs même si l’imaginaire persiste encore dans la mémoire collective de tous.
Pour aller plus loin !
Bibliographie
ROQUEBERT Michel, “Histoire des Cathares. Hérésie, Croisade, Inquisition du XIème au XIVème siècle”, Perrin, Tempus, Paris, 2002, p. 537
BRENON Anne, “Les Cathares”, Albin Michel, Paris, 2007, p. 304
OLDENBOURG Zoé, “Le Bûcher de Montségur”, Gallimard, Folio Histoire, Paris, 1959, p. 608
BUFFETAUT Yves, “Les cathares et la croisade contre les Albigeois”, Ysec, Paris, 2016, p. 120
MARTEL Philippe, « Les cathares et l’histoire : le drame cathare devant ses historiens : 1820-1992« , Privat, Paris, 2002, p 203
Marie-Lou Dal Compare, Camille Dias – Licence Histoire – INU Champollion Albi
Les Cisterciens ou l’Ordre Cistercien est un ordre monastique qui provient d’un remaniement de l’ordre des bénédictins. Son origine est marquée par la fondation de l’abbaye de Cîteaux par Robertde Molesme en 1098. L’Ordre Cistercien joue un rôle majeur dans l’histoire de la France médiévale (XIIème siècle) et de ce fait, il reçoit l’approbation pontificale au cours de cette période le 23 décembre1119 par le pape de l’Eglise catholique Calixte II. L’Ordre de Cîteaux (ou Ordre Cistercien) à comme ambition principale de rénover la vie monastique et l’application de la règle de Saint-Benoît.
« Les Cisterciens voulaient mener une vie monastique parfaite, sans compromission avec le siècle »
PRESSOUYRE Léon, Le rêve cistercien, 2011, Découverte Gallimard, 144 pages.
Abbayes mères cisterciennes et leurs filiations en Europe
L’économie cistercienne à une importance toute particulière car elle est locale. En effet les aspects économiques de l’ordre se font aux alentours de l’abbaye. Dans le cas de l’Occitanie, nous avons l’exemple de la Grange cistercienne de la Peyrière. Il s’agit d’une grange monastique fondée en 1136 avec une façade « caractéristique de l’art cistercien méridional » (Ministère de la culture). Le système de grange permet à l’abbaye de vendre des productions locales et d’obtenir un chiffre d’affaires pour financer les besoins de l’abbaye en fonction des ressources de la région.
Cîteaux, la première abbaye cistercienne
L’abbaye Notre-Dame de Cîteaux est l’abbaye fondatrice de l’ordre cistercien. Elle est fondée en 1098 par Robert de Molesme. Elle devient un centre spirituel majeur qui exerce une grande influence durant plus de 7 siècles sur la vie religieuse et économique de l’Occident chrétien au Moyen-Age.
L’expansion de l’ordre avec Bernard de Clairvaux
Dès la création de l’abbaye mère de Cîteaux, l’ordre s’agrandit et de nouvelles abbayes cisterciennes prennent vie en France. Ce phénomène était tout d’abord français puis il s’est propagé en Europe à partir de 1120. L’ordre s’implante à l’étranger notamment en Espagne, en Italie ou au Royaume-Uni où elles sont les plus présentes. On dénombre environ 525 abbayes à la fin du XIIe siècle en Europe. L’ordre cistercien se développe considérablement en France notamment avec Bernard de Clairvaux (1090-1153), il est devenu une figure incontournable et le plus célèbre des cisterciens. Son but était d’allier les cisterciens et d’avoir la reconnaissance de la papauté. En 1113, la première abbaye-fille est fondée, La Ferté, suivie par celle de Pontigny en 1114. Puis celle de Clairvaux en 1115 et enfin l’abbaye de Morimond est fondée la même année. C’est sur cette souche des quatre filles de Cîteaux que l’ordre cistercien va se développer et croître durant tout le XIIe siècle.
Organisation de la journée d’un cistercien
La journée était rythmée par les prières et les offices. Il y avait peu de repas et leur nombre variait selon les saisons, très souvent au nombre d’un sauf pour les novices, jeunes moines ou les abbés qui avaient un travail physiquement épuisant. Ce nombre de repas variait selon la saison bien sûr, en hiver les rations étaient plus consistantes et les repas plus nombreux.
Différents métiers manuels étaient exercés au sein de l’abbaye, liés notamment à la conservation et la préparation de la nourriture, à l’entretien des lieux et à l’habillement. Au total, les religieux devaient travailler sept heures par jour sans compter la lecture spirituelle ou les travaux d’écriture. Les cisterciennes ont le même quotidien que les cisterciens mais elles vivent dans des couvents de moniales séparées des hommes. Par exemple, l’abbaye de Boulaur dans le Gers, un prieuré fondé au XIIe siècle qui a été restauré au XXe siècle. C’est maintenant un monastère cistercien, des moniales s’y sont installées, encore aujourd’hui, elles sont présentes et vivent des marchés, de l’agriculture et de l’élevage, le travail de la terre est donc très important encore aujourd’hui pour la communauté cistercienne.
L’art Cistercien
L’art se diffuse dans toutes les constructions cisterciennes entreprises, les règles sont respectées et des similitudes entre chaque abbayes sont distinguables. Pour autant, les constructeurs à leur époques ont dus tenir compte du climat, du terrain dans lequel il lançait leur entreprise.
Pour rappel, Les abbayes cisterciennes se distinguent initialement par la simplicité et la sobriété de l’architecture et des ornements. Les abbayes cisterciennes connaissent l’évolution de l’architecture romane vers le gothique et se caractérisent par un grand dépouillement des lignes et de la décoration. Les oculi ( ouverture ronde) des abbatiales reçoivent des vitres blanches sans croix et sans couleurs. Aux tympans des portails et aux chapiteaux des églises, pas de sculptures car rien ne doit détourner la pensée de l’idée de Dieu. Tout est fait pour mettre en valeur la parole de Dieu et ne pas détourner la spiritualité des moines. Les formes, les proportions elles-mêmes révèlent à la raison les perfections de Dieu. C’est cette présence et ce jeu de la lumière qui permet de dire que cet art est finalement, malgré son dépouillement, un art d’incarnation. Dans l’église ou les autres bâtiments, elle n’est jamais violente, aveuglante, mais toujours mesurée, guidée, par l’architecture. L’ombre intervient aussi et cela signifie encore que la lumière éternelle s’est accommodée à notre vie humaine. Le jeu de la lumière dans l’espace symbolise cette présence de Dieu dans l’intériorité.
Ces architectures correspondent à une démarche de foi pour laquelle l’ouïe vient d’abord, la vision ensuite, et l’odorat lors des cérémonies où l’encens est utilisé. Tout ici est ordonné à l’ouïe car, pour voir Dieu, selon saint Bernard, il faut d’abord l’écouter. Aussi la dimension la plus importante est sans doute la plus invisible, à savoir l’acoustique.
Montans : entre racines gauloises et modernité romaine
Avant la conquête de la Gaule, en -52 av. J.-C., par les Romains et plus précisément Jules César, la Gaule reste un espace sans unité communautaire. En effet, ce territoire morcelé dispose de nombreuses communautés en son sein et décomposées en autant de chefferies. Cette organisation du monde gaulois implique ainsi de nombreuses tensions et de fait, plusieurs rivalités, tant au plan territoriale que culturel. Même si certaines communautés sont plus connues que d’autres (l’on peut ainsi penser aux Helvètes ou aux Arvernes de Vercingétorix), celles des Rutènes reste en marge, en particulier à cause d’un manque cruel de sources, notamment d’un point de vue textuel et épigraphique. Cependant, même si les informations livrées par les Rutènes restent minces, nous en savons un peu sur eux que ce soit par le biais de sources écrites romaines (juridiques avec Cicéron, ou encore des registres commerciaux) ou de sources archéologiques.
Les Rutènes disposent d’un contact avec Rome qui remonte au temps de la conquête de la Gaule Narbonnaise, en 121 av. J.-C. Ce contact renforcé encore dans les années – 80 à – 70, nous permet de nous rendre compte de la teneur des échanges entre Rutènes et Romains. En plus de pratiquer des échanges commerciaux, les Rutènes entretiennent déjà de bons rapports avec Rome d’un point de vue politique. Cette « alliance » des Rutènes envers Rome se ressent ainsi au cours de la Guerre des Gaules, si bien que nous savons que tous les Rutènes ne participent pas tous à la lutte contre la conquête romaine. De fait, après la victoire de Rome en -52 av. J.-C., les Rutènes s’intègrent bien dans ce nouveau cadre romain. Cela s’illustre notamment avec le village de Montans. Village commercial de premier plan lors de la période gauloise, son influence commerciale sur ses voisins et régions environnantes ne fait que s’accroître au cours de la période gallo-romaine.
Les spécificités d’un village gauloise :
Même si les caractéristiques du monde gaulois sont connues avec nombre de précision dans plusieurs domaines, ses connaissances restent parfois impossible à approfondir lorsque l’on cherche à expliciter des cas particuliers. De fait, bien que nous sachions comment fonctionnait le monde social gaulois (village dirigé par un chef et guidé par un druide, tous les villageois participaient à la chasse et aux rites funéraires, etc), il nous est, à l’heure actuelle du moins, impossible de déterminer avec exactitude la constitution du village de Montans durant la période gauloise. Les seules connaissances qui nous soient parvenues sur ce sujet nous viennent de recherches archéologiques effectuées sur le site du Rougé, au cours des années 1980 et dirigées par Thierry Martin. Par ce biais, nous avons pu prendre connaissance d’un oppidum construit sur les hauteurs du village et se servant du Tarn et du Rieutord comme suppléments de barrières contre les menaces extérieures.
Les apports de Rome :
Après la conquête des Gaules, Rome entreprend d’apporter certaines de ses connaissances mais également techniques au territoire gaulois nouvellement conquis. Cela se traduit alors par une généralisation de la monnaie romaine sous l’empereur Auguste en 27 av. J.-C. Ainsi, des domaines comme la langue (généralisation du latin comme langue officielle), les tenues ou encore les rapports sociaux voient des mutations apparaîtrent en leur sein. En parallèle de cela, la religion celtique telle que les gaulois la pratiquaient est interdite et remplacé par les croyances romaines (polytheïsme romain puis christianisme). Arrivent également les aqueducs, l’extension des routes romaines , les temples et les amphithéâtres. Cependant, pour le village gaulois comme pour le village romain, la question de savoir comment était structuré Montans reste posée car ni les sources épigraphiques, ni les sources écrites qui ont pu être découvertes ne mentionnent expressément ce village. Toutefois l’archéologie nous donne quelques éléments de réponse ; les maisons des habitants de Montans après l’installation de Rome répondent aux caractéristiques romaines : murs en terre et bois sur des soubassements de briques, sols faits à partir de chaux, décors peints de même que les toitures qui sont désormais en tuiles (contre un système de pailles et ressources naturelles brutes à la période romaine). Dans le cas des édifices publics, nous ne savons que peu de choses si ce n’est que des traces de maçonnerie puissante en opus vittatum (agencement en assises régulières de petits moellons taillés) ont été découvertes mais également des traces d’un sol très épais en mortier de tuileaux (béton romain), qui à eux deux pourraient suggérer la présence d’un bâtiment public, peut-être un sanctuaire ou un édifice administratif
Le commerce gaulois puis romain :
Avant la conquête gauloise, nous savons que le commerce de Montans se faisait surtout par voie terrestre (transports par caravane) qui ne sont que de simples routes en terre (dont un axe principal reliait Tolosa à Segodunum, en passant par Montans). C’est avec l’avènement de la période gallo-romaine que les routes romaines deviennent praticables et avec elle, la sécurité des transports et convois de marchandises. En parallèle de ces routes romaines se développe un nouveau type de voie commerciale : les voies maritimes. La navigation à voile étant inspiré des Romains qui eux-mêmes la tenaient des Grecs, les bénéfices commerciaux pour Montans décuplent avec l’utilisation de ses voies maritimes. Néanmoins, le commerce, en particulier de céramique sigillée, ne se limite pas au continent. En effet, avec le comptoir de Bordeaux et plus largement de Vendée, l’exportation de marchandises se fait jusque dans la péninsule ibérique et sur les côtes bretonnes. Les marchandises étaient installées sur des bateaux qui remontaient le Tarn, pour retrouver la Garonne afin de rallier Bordeaux. De là, elles étaient acheminées tout le long de la côte anglo-saxonne.
L’artisan gaulois … puis romain :
Des sources à notre disposition, nous savons que l’orfèvrerie et plus largement l’artisanat est développé à Montans depuis, au moins, le VIIe siècle av. J.-C. En effet, dans le cadre du développement de la céramique (qui n’est pas un art propre à l’apport de Rome), les Montanais concentrent sur la création de céramiques dites communes: cela inclus les céramiques à parois fines, en passant par les céramiques en éponge, jusqu’aux céramiques en engobe blanc. Mais avec Rome, cette diversification de l’artisanat ne fait que se renforcer avec des nouveaux objets développés tels que la lampe à huile ou encore la verrerie. La lampe à huile , développée à partir du Ie siècle apr. J.-C. à deux fonctions : votives et décoratives. La technique de la lampe reprend en principe, les mêmes étapes que la céramique sigillée, à ceci près que les lampes n’ont pas nécessairement besoin d’être cuites dans un four mais simplement de sécher naturellement. En parallèle de cet artisanat, la verrerie voit également le jour dans le commerce montanais où, également découverte à partir du Ier siècle apr. J.-C., l’on distingue deux types de verreries excavés : le kantharos et le kyathos. En dernier lieu, Montans se distingue par son orfèvrerie, très travaillée et présente dès la période gauloise. Un torque montanais est ainsi exposé au musée d’archéologie nationale de St-Germain-en-Laye et retrouvé en 1843 à Montans, témoignant ainsi du degré de travail atteint par les orfèvres gaulois. Ce savoir-faire se retrouve renforcé par les habilités des orfèvres romains dès leur arrivée au Ier siècle apr. J.-C.
… couplé à la production romaine :
Cependant, comme nous l’avons vu, l’artisanat de la lampe à huile ou encore de la vaisselle de verre ne sont pas des connaissances acquises par les artisans montanais originaires du monde gaulois. En effet, ce sont les premiers artisans venus de Rome et arrivés à Montans dès 10 av. J.-C. qui introduisent ses techniques auprès des artisans gaulois. Dans des domaines comme la poterie, les artisans romains ne font que transmettre une part de leur savoir, ainsi la poterie évolue-t-elle en céramique et notamment en céramique sigillée (caractérisée par des décorations en relief et sa couleur rouge si particulière). L’orfèvrerie évolue également car au savoir-faire gaulois s’ajoute les techniques de productions et de travail du métal. En parallèle de cela, et ce qui apporte une vraie nouveauté d’un point de vue de production, c’est l’apport du four romain. Plusieurs centaines de ses fours (environ 400) sont crées à Montans et permettent de démultiplier la production de céramique sigillée amenant à une notion de « proto-industrialisation ». Au meilleur de sa production, les fours montanais pouvaient ainsi produire pas moins de 9000 céramiques par jour.
Conclusion :
De fait, même si les traces écrites ne nous permettent pas de dresser un portrait exact du village de Montans durant la période gallo-romaine, c’est grâce à l’archéologie que nous savons quelle fût la place commerciale de Montans au cours des IIIe siècle av. J.-C. au IIe siècle apr. J.-C. Déjà un carrefour incontournable de la période gauloise, notamment par sa situation géographique particulièrement avantageuse mais également ses relations avec Rome, Montans s’épanouit plus encore sous les premiers siècles qui suivent la conquête romaine (Ier av. J.-C. Jusqu’au IIIe siècle apr. J.-C.). Spécialiste de l’artisanat, réputée pour ses poteries puis céramiques, aussi bien reconnue pour ses vaisselles en verre que ses bijoux travaillés, elle développe une grande richesse qui la place au premier plan de l’économie de la région Narbonnaise. Cependant, il est bon de rappeler que Montans dispose de solides connaissances et autant d’artisans compétents avant l’arrivée de Rome et que cette dernière n’a fait que perfectionner des techniques déjà bien acquises, dans la plupart des cas (elle reste malgré tout à l’origine de certaines avancées telles que la navigation à voile ou encore la technique de la verrerie). Si Montans est un village artisanal travaillant surtout sur un travail de qualité au cours de la période gauloise, l’arrivée de Rome permet un renforcement de la quantité, amenant ainsi à parler de « proto-industrialisation ».
Réalisé par Solen Cayeul-Véteau et Simon Boutry (L2) et Alexandre Moisy et Océane Da Silva (L1)
Bibliographie :
GRUAT, P. PALLIER, J.-M. DANIEL, S. (2007). Les Rutènes ; Du peuple à la cité, Éd. Suppl. Aquitania, Pessac
MARTIN, T. (1996). Céramiques sigillées et potiers gallo-romains de Montans, Éd. SDEF archéologiques, Montans
PECH, J. (2017). Atlas archéologique de Montans, Éd. Archéosite de Montans, Montans
COULON, G. (2019). Les Voies romaines en Gaule, Éd. Errances (4e éd.), Arles
MONTEIL, M. TRANOY, L. (2008). La France gallo-romaine, Éd. La Découverte, Paris
Wolff,. Philippe,. Histoire du Languedoc, Toulouse, 1967
Ouvrage sur le système politique de la France médiévale :
Biget, J-L, Boucheron, P,. La France médiévale : Ve-XIIIe siècle,. Hachette, 1999
Biget, J-L, Boucheron, P,. La France médiévale : XIIIe-XVe siècle,. Hachette, 2000
Fouquin, G,. Seigneurie et féodalité au Moyen-Âge, Paris, 1970
Ouvrage spécialisé :
Institution politique du Languedoc :
Berthe Maurice « les Elites des bourgs castraux dans le midi Toulousain au XIII et XIVe siècle, dans La maison du Moyen Age dans le midi de la France, Société Archéologique du Midi de la France, Toulouse, 1970
Débax Hélène, La Féodalité languedocienne. Serment, hommage et fief dans le Languedoc des Trencavels, Toulouse, PUM, 2003 p 407
Dognon, P, Les institutions politiques et administratives du pays du Languedoc du XIIIe siècle aux guerres de religions, Toulouse, 1974 V
Lewis, A-R,. La féodalité dans le Toulousain et la France méridionale, (850-1050), dans : Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 76 p. 247-259. 1968.
Le Lautrecois ;
Barrière-Flavy C. Testament de Beatrix, vicomtesse de Lautrec – 1343. dans: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 4, N°14, 1892. p. 198-235.
Débax Hélène. Les serments de Lautrec : redatation et reconsidérations. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 109, N°219-220, 1997. p. 467-480.
GAU, Roger,. Petite histoire de la vicomté de Lautrec; De sa création à sa disparition,.
Grellière. M La vicomté de Lautrec en 1338, Mémoire de Maîtrise, Université Paris IV, 1971
Jolibois, E,. Vicomte de Lautrec (Xe-XVIIIe) , R.T, n°7, 1888
Montagne, S,. . Les fortifications villageoises du Lautrecois XIVe-XVIIe, GERAHL
Montagne, Samuel,. Villes et villages du Lautrécois du XVIIe siècle, Bulletin de la société des arts et belles lettres, n°LXVIII, 2014, p. 44-58
Rossignol. E, Monographies des communes du canton de Lautrec, arrondissement de Castres, Toulouse, 1883
Zalmen Ben-Nathan Philippe, La vicomté de Lautrec au Moyen âge: seigneurs, bourgeois et paysans en Albigeois, GERALH, 2011,
Zalmen Ben-Nathan Philippe. Une généalogie inédite des vicomtes de Lautrec du XIIIe au XVe siècle. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 114, N°239, 2002. Les bibliothèques publiques d’Aix-en-Provence au XVIIIe siècle. pp. 369-379.
Au Moyen-Âge, de profonds changements politiques, culturels ou religieux ont lieu dans le Languedoc. Une cité du nom de Lautrec s’affirme et se retrouve au premier plan dans la géopolitique du Midi. La vicomté de Lautrec de par sa position stratégique dans la région mais aussi de par des stratégies matrimoniales ou religieuses, occupe une place importante dans la diplomatie languedocienne. A la tête de la vicomté, la famille des de Lautrec parvient à s’imposer au milieu de deux familles puissantes, les Raimondins de Toulouse et les Trencavel de Carcassonne. La vicomté pendant plus de quatre siècles, de sa création en 989 jusqu’à son rattachement au domaine royal en 1338, se retrouve au cœur des changements qui ont lieu dans le Languedoc de la période féodale.
Il est possible de se demander si la famille vicomtale des de Lautrec arrive à s’ancrer dans un territoire leur permettant d’émerger comme puissance politique régionale dans le contexte féodal particulier du Languedoc.
L’origine de la famille des De Lautrec
A l’origine, la vicomté de Lautrec était administrée par une viguerie carolingienne, c’est-à-dire une juridiction administrative exercée par un représentant local du pouvoir royal. Ces représentants du pouvoir royal étaient appelés desmissi dominici. Au cours du Xème siècle un système féodal se met en place progressivement dans le territoire. En effet, le pouvoir se recentre autour de familles.
La famille des Lautrec s’installe dans la vicomté dans la première moitié du Xème siècle lorsque Bernard Ier devient missi dominici du territoire. Il est vicaire et avoué du comte de Toulouse à partir de 918. A sa mort, il partage ses états entre ses deux fils : Aton I et Sicard I. Aton Ier est la souche de la famille Trencavel ; il obtient la partie septentrionale, ce qui va former la vicomté d’Albi. Son frère, Sicard Ier, obtient la partie méridionale qui fût désignée comme vicomté de Lautrec. C’est donc à partir de Sicard Ier que la vicomté est administrée par la famille de Lautrec
L’influence des de Lautrec dans la géopolitique du Languedoc (1080-1209)
La famille des de Lautrec parvient à se lier avec de puissantes familles voisines à la manière du mariage entre Sicard V et Adélaïde Trencavel ou le supposé mariage d’un membre de la famille de Lautrec, à Alix, l’une des filles du comte de Toulouse. Ainsi, la vicomté de Lautrec prend largement en puissance au cours du XII siècle.
Elle prend de l’importance sur deux plans bien distincts: son rôle dans la géopolitique du Languedoc et son importance sur le pouvoir spirituel. Elle a désormais un poids important dans la géopolitique régionale. En effet, elle contracte des alliances avec de puissants nobles (Trencavel, Raimondins), a la capacité d’intervenir dans des conflits armés et même d’en être les médiateurs. En effet, Sicard IV affronte les Trencavel dès 1141, pourtant la vicomté tente d’apaiser la situation entre les Raimondins et les Trencavel seulement trois ans plus tard. Autre élément marquant de la puissance des vicomtes au XII siècle, les de Lautrec joue un rôle important dans la convention d’Albi de 1191, pour établir une paix entre les seigneurs albigeois dans une atmosphère de fortes tensions.
Sur le plan religieux, la vicomté développe une grande influence. En effet, les vicomtes construisent des abbayes à la manière de celle de Vielmur, à la tête desquelles, ils placent des membres de leur famille. Mais le pouvoir spirituel de la vicomté ne s’étend pas seulement à un niveau local, mais aussi régional avec le placement de certains fils de vicomte, au poste d’évêque, tel Frotard II, évêque d’Albi de 1062 à 1083. Signe de leur pouvoir spirituel, leur invitation au concile de Lombers en 1165 pour tenter de mettre fin à l’hérésie qui se développe dans le Languedoc: le catharisme.
L’institution ecclésiastique est alors primordiale pour la famille, elle utilise ces investitures pour accroître son influence. En effet, les postes religieux possédés par les De Lautrec ont également un aspect politique qui permet à la vicomté de consolider leur pouvoir et leur influence dans la région.
La croisade contre les cathares (1209-1229)
La croisade Albigeoise (1209-1229) marque un véritable tournant dans la géopolitique du Languedoc. L’hérésie cathare qui s’est développée dans le Languedoc est fortement condamnée par la papauté qui lance alors la croisade albigeoise. Une guerre éclate entre les seigneurs septentrionaux qui combattent cette hérésie et certains des grands seigneurs languedociens qui prennent les armes pour défendre leur territoire et les populations cathares.
La vicomté de Lautrec adopte une politique différente durant cette croisade. En effet les deux frères, Sicard VI et Bertrand Ier, alors à la tête de la vicomté, ne défendent pas le même camp. Sicard VI, épouse Agnès Mauvoisin, parente de Bouchard Marly, un lieutenant de Simon de Montfort (chef de file des croisés). Il soutient dans un premier temps la croisade. Bertrand Ier lui se rallie aux côtés des grands seigneurs languedociens considérant la croisade comme une agression à ses prérogatives seigneuriales. Ainsi les vicomtes de Lautrec jouent un rôle politique différencié se trouvant dans les deux camps rivaux lors de la croisade.
Après les victoires du comte de Toulouse sur l’armée croisée (1224), Sicard VI décide de changer de camp et soutient lui aussi les seigneurs languedociens. Il continue de les soutenir même lorsque le roi Louis VIII prend part à la croisade en 1226. Le traité de Meaux en 1229 marque la fin de la croisade, les seigneurs du Languedoc sont défaits. Sicard VI grâce à ses relations avec les croisés parvient à garder ses terres, alors que son frère Bertrand Ier a dû attendre 1235, pour pouvoir retrouver sa part de la vicomté. Ainsi le redimensionnement politique du Languedoc après la croisade albigeoise a peu d’effet sur la vicomté de Lautrec. Ainsi la souplesse politique des vicomtes permet à la maison de ne pas être dépossédée, comparée à d’autres maisons comme les Trencavel ou les de Minerve, qui suite à la croisade perdent la totalité de leur fief. Néanmoins progressivement la vicomté est entourée de seigneurs étrangers comme les de Monfort de Castres.
Un territoire imposant perdant de son influence (1280-1338)
Suite à la croisade albigeoise qui redimensionne et entraîne une profonde mutation politique du Languedoc, les vicomtes Lautrécois arrivent tout de même à se maintenir dans le jeu politique. En effet, les vicomtes réussissent grâce à des politiques matrimoniales à agrandir leur territoire et leur privilège dans la région. Le territoire atteint son apogée en 1306 avec le mariage de Béatrix II de Lautrec au vicomte de Lomagne, Bertrand de Got. La vicomté Lautrécoise a alors sous son contrôle tout le territoire entre les rives sud du Tarn, du Thoré, de l’Agout, de la Montagne Noire jusqu’à Puylaurens et à la limite du Lauragais du Nord.
Mais, 1306 marque une rupture dans l’accroissement de l’influence lautrécoise. L’immixtion royale affaiblit le pouvoir vicomtal. La multiplicité de vicomte par le régime de codétention de la vicomté entraîne une baisse de la cohésion vicomtale, ce qui permet au roi de France Philippe le Bel, d’acheter la moitié de la vicomté de Lautrec. Le pouvoir royal s’intéresse alors au positionnement de la vicomté de Lautrec, pour son placement stratégique dans le dispositif défensif du Carcassonnais. Ainsi, la maison des De Lautrec et le roi de France codétiennent la vicomté jusqu’en 1338, où la part des vicomtes se trouve être spoliée par le roi au profit du comte de Foix.
Conclusion
Durant quatre siècles, la vicomté lautrécoise fût au centre des développements économiques, religieux et politiques du Languedoc. Venant d’une famille ancienne languedocienne, elle émerge dans le contexte de la mutation féodale du Xe siècle. La famille s’ancre ainsi dans un territoire au centre de nombreuses entités politiques, profitant ainsi des nombreux leviers géopolitiques que leur placement géographique offre. Les Lautrec utilisent ainsi de nombreuses stratégies pour accroître leur influence et leur richesse avec des alliances matrimoniales, des prises d’investiture religieuse, des alliances politiques et des arbitrages dans différents conflits importants du Languedoc. Malgré la croisade albigeoise du XIIIe siècle, la famille arrive à se maintenir à la tête de la vicomté et parvient même à accroître leur influence et leur territoire dans la sphère régionale. La vicomté connaît durant la première moitié du XIVe un profond affaiblissement dans son fonctionnement structurel qui permet l’immixtion de la royauté et l’assimilation des prérogatives vicomtales, mettant progressivement fin à l’indépendance de ces vicomtes en 1338.
Les templiers sont les membres de l’ordre du temple, un ordre religieux et militaire créé en 1129 suite à l’appel à la croisade en 1095. L’objectif était de reprendre Jérusalem tombée aux mains des turcs en 1078. Les templiers devaient rétablir les routes de pèlerinages. Entre 1095 et 1291 neufs croisades ont lieu en Palestine et permettent aux pèlerins chrétiens d’accéder à Jérusalem. En 1291 les templiers sont vaincus lors du siège de saint Jean d’Acre et doivent quitter la Palestine . Cet évènement conduisit à la dissolution de l’ordre en 1312 par le pape Clément V et à leur arrestation puis condamnation à mort par Philippe IV. Les templiers vivaient dans un lieu de vie appelé commanderie qui servait de monastère et de lieux d’accueil pour les pèlerins. Créées durant l’âge d’or des templiers entre le XIIe et le XIVe siècles lors du règne des Capétiens, ces commanderies étaient financées par des dons. Elles se sont implantées un peu partout en Europe, surtout en France dans la région du Languedoc comme par exemple celle de Le Cambon-du-Temple dans la commune de Fraysse dans le Tarn qui est une commanderie templière en 1179 puis hospitalière 1312 après le Concile de Vienne.
Les commanderies templières fonctionnaient comme des fermes pour fournir des fonds pour les opérations militaires de l’ordre. Ils s’installent près des axes économiques et n’ont pas de vocation militaire. Les commanderies servaient ainsi à loger les templiers et à leur permettre de prier via la chapelle des commanderies. Ces commanderies s’organisaient selon une hiérarchie stricte, elles appartenaient d’abord augrand maître des templiers mais étaient dirigées directement par le commandeur de la commanderie. D’autres templiers pouvaient avoir des rôles précis comme l’intendant, le maréchal ou le chapelain. Les templiers avaient plusieurs moyens d’acquérir ces terres. La plus commune était l’achat comme pour la vente de la seigneurie d’Arné aux templiers de Boudrac en 1260 mais une partie provenait des dons notamment des riches familles de l’époque comme celle du comte de Comminges. Elles pouvaient provenir d’échanges pour regrouper les parcelles dans lesquelles des services furent rendus. Les templiers recevaient aussi des serviteurs pour faire fonctionner ces commanderies. Elles avaient ainsi une place très importante au niveau local.
Les templiers ont de nombreuses influences dans le monde médiéval, notamment dans le développement des villes mais aussi dans l’unification des campagnes. Tout d’abord ils ont eu une influence très importante au sein des villes du midi, ce fut notamment le cas de la commanderie templière de Toulouse en 1140. Cette dernière devint un lieu de rencontre et un point important du commerce pour les populations locales et du Midi en général. En plus d’avoir drastiquement modifié le fonctionnement des villes en rendant les lieux où les templiers se rendaient beaucoup plus ergonomiques, comme par exemple au sein de la commanderie toulousaine, les marchands toulousains pouvaient venir échanger leurs marchandises au sein même de la cour de la commanderie. Mais ces commanderies furent un ciment qui a lié les populations rurales autour d’une seule et même croyance qu’est le catholicisme, et cela grâce à leurs chapelles.
Les templiers avaient une utilisation de l’eau très importante et ont beaucoup aidé à la création d’infrastructures comme les moulins et les meuneries. On voit dans la région de l’Aude notamment et l’exploitation de l’Aude cette fois ci la rivière par la création de meunerie et de moulins. Près de Carcassonne se trouve la commanderie de Douzens, créée en 1133 après l’implantation en 1132, qui est l’une des plus influentes de la région. Petit à petit l’ordre a créé un véritable réseau autour de cette commanderie. Cela s’est fait avec l’aide de dons de meuneries et de moulins par de familles très riches. Mais aussi par la création de canaux servant aussi pour irriguer de nouvelle parcelles et donc de développer l’agriculture locale pour permettre une meilleure condition de vie des habitants.
Les commanderies avaient aussi une importance dans le commerce local. Celles qui avaient le plus d’importance étaient implantées proche des ports voir dans les ports. En effet, la commanderie de Saint Gilles, où un grand pèlerinage eut lieu lors du XI-XIIème siècle, avait autour d’elle des marchands levantins. Ces derniers ont donc permis de faire transiter de nombreux produits venus d’Orient, comme l’encens et l’argent fin, et ce, dès le XIIe siècle. Mais le pouvoir de cette commanderie s’essouffle petit à petit pour laisser place à celle d’Aigues Mortes. Elle est située au port de la ville du même nom. C’est de ce port que deux croisades ont pris le large: la septième et la huitième. Cette commanderie a aussi permis à Saint-Louis, à l’époque Louis IX, de partir avec un nombre important de templiers depuis le port de la ville.
Pour aller plus loin :
DEMURGER, Alain, Vie et mort de l’ordre du Temple, 1120-1314, Paris, 1998.
DEMURGER, Alain, Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, Paris, 2008.
DEMURGER, Alain, Les ordres religieux militaires dans le Midi : XIIe-XIVe siècles, Toulouse, 2006
DUBOURG, Jacques, Les commanderies templières de Midi-Pyrénées, Tours, 2011
Cet article a été écrit par GRAMMATICO Erwan, CASTRO Loucas, POLIZZI Arthur, COUDERC Mallaury, LAPPORTE Yannis, JOANNES Kévin
Né à Poissy le 25 avril 1214, le roi est monté sur le trône sous le nom de Louis IX à l’âge de douze ans. Il a régné près de quarante-quatre ans jusqu’à sa mort devant Tunis, le 25 août 1270. Durant cette longue période, il a porté le royaume capétien à son maximum de prestige.
Les Capétiens tirent leur nom d’Hugues Capet, roi élu en 987. Ils règnent sur le royaume de France de 987 à 1328 (Charles IV le Bel n’ayant pas de fils, le trône passe alors à la branche cadette des Valois). Les Capétiens ont mis en place le système monarchique français.
La meunerie est une fabrique de farine de blé. La transformation se fait en trois étapes. La première est le nettoyage où l’on enlève les impuretés qui sont sur le blé. Ensuite vient le mouillage où l’on va mettre le blé dans de l’eau afin de séparer l’enveloppe et le blé a proprement parlé. La dernière étape est la mouture où l’on broie le blé afin de le transformer en farine.