Le camp de Noé est représenté par son directeur comme un camp sain, comme le camp d’internement le moins dur de France. Ce discours est contredit par Monseigneur de Saliège, archevêque de Toulouse, qui dénonce les atrocités commises dans le camp.
Monseigneur de Saliège est connu pour avoir demandé aux prêtres de son diocèse de lire en chaire sa lettre, lettre ouverte condamnant les rafles et les déportations. Il décrit les scènes d’horreurs, l’épouvante, la notion d’universalisme : « Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébecou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier. France, patrie bien aimée France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine, France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces horreurs ». Sous la pression des politiques Vichyssois, le mot « épouvantes » est remplacé par émouvantes et « horreurs » par erreurs. Le discours de Monseigneur de Saliège est soutenu par une base statistique en effet, taux de mortalité est de 60% pour le camp de Noé. Ce taux va diminuer du fait que les juifs sont envoyés pour « destination inconnue », c’est-à-dire vers les camps de concentration.
Ici, la confrontation entre les différents discours est forte. On voit les autorités décrivant un camp sain et Monseigneur de Saliège condamnant les actes violents qui se déroulent dans le camp de Noé. Déjà, nous avons vu que Joseph Weill dans ses photographies montre l’aspect squelettique des internés. Le but étant de comparer les divers aspects représentés dans les écrits et par les images pour une meilleure compréhension historique.