Pour comprendre la portée et l’objectif de l’image, l’historien doit chercher à connaître le contexte de production de l’image, les circonstances dans lesquelles la photographie a été prise ou le dessin produit par exemple. Il faut se méfier de la légende, il arrive en effet qu’elle ne corresponde pas à l’événement auquel elle est associée. Tout d’abord, la légende peut être un outil permettant la diffusion d’une représentation instrumentalisée par l’auteur.
Mais il arrive aussi que des historiens, par manque d’informations, interprètent mal un événement et y associent une légende qui ne correspond pas. La photographie des femmes et enfants juifs du ghetto de Mizocz avant leur exécution illustre bien cette situation. Des historiens avaient déduit que ces individus étaient amenés à la chambre à gaz de Treblinka, version authentifiée par un rescapé du camp.
Mais après plusieurs recherches, une équipe d’historiens pour le Musée de l’Holocauste de Washington, a découvert que cette image était issue d’un tirage de cinq photographies du 13 et 14 octobre 1942, montrant que les femmes et les enfants allaient en fait être exécutés dans une fosse en Ukraine.
Le travail sur l’auteur ou le producteur de l’image est essentiel, dans la majorité des cas c’est lui qui permet de comprendre la visée de l’image. Quel est son statut ? Quelle est sa profession ? Le fait de connaître des éléments de sa biographie peut aider à comprendre sa vision, tout comme le fait de connaître ses autres productions : les autres photographies, dessins, films permettent d’avoir une vue d’ensemble et pas seulement une image isolée qui peut être difficile à interpréter, comme cela a été vu plus haut avec les photographies de l’exécution dans la fosse en Ukraine.
Ce qui peut également aider l’historien dans son étude est le fait de savoir à qui l’image est destinée mais aussi dans quel contexte elle a été prise.
Pour ce qui est de l’étude de l’image elle-même, il est important d’analyser son aspect. Lorsqu’il s’agit d’une photographie, le cadrage et la mise au point sont très importants pour comprendre. Par exemple, un déporté qui prend une photo à la hâte se trouve dans l’incapacité de cadrer la scène qu’il souhaite capturer, de plus le mouvement effectué dans la rapidité empêche la mise au point. Un cadrage soigné est quant à lui, souvent synonyme de préparation.
Enfin, lorsqu’une image est observée il faut voir ce qu’elle montre mais également ce qu’elle ne montre pas, quels choix ont été faits par le producteur.
Mais l’historien doit prendre de la distance car l’image est un produit d’une société à un moment donné. L’image n’est pas un simple illustration, c’est une source à part entière que l’historien ne doit pas négliger. Ce dernier joue aussi un rôle dans le choix des images, ce qu’il choisit de montrer ensuite a un impact sur le devoir de mémoire.