Le camp des Milles se trouve aux alentours d’Aix en Provence et utilise les bâtiments d’une ancienne briqueterie. Le camp des Milles a pour fonction pendant la guerre de rassembler les étrangers, en particulier les allemands ayant fui le nazisme. Par la suite, Milles va devenir un camp de transit pour la population juive et participe donc à la politique d’extermination de cette population. Le bâtiment est réquisitionné pour le stockage de munitions et passe sous contrôle de l’armée allemande. A partir de 1944, l’armée américaine s’y installe après le débarquement. Par la suite, il est libéré en 1946 et reprendra ses fonctions d’origine jusqu’en 1987, où il devient un entrepôt, puis est abandonné.
Les premiers à s’y intéresser et à en faire l’étude sont les chercheurs allemands. Ils s’intéressent avant tout aux exilés et internés allemands de ce camp qui ont participé à l’enrichissement en œuvres artistiques de celui-ci. En effet, les Milles compte plus de 3000 œuvres qui vont de 1939 (date d’ouverture du camp) jusqu’à 1942 (au moment où il devient un camp de transit pour les juifs). Les plus célèbres détenus étant : Max Ernst, Robert Liebknecht (peinture et dessin), Golo Mann, Alfred Kantorowicz, Lion Feuchtwanger, Franz Hessel ( littérature), et Otto Meyerhof (les sciences).
La redécouverte de ce camp par la population française va se faire lorsque l’on menace de raser le réfectoire des gardiens en 1982, c’est une association d’anciens résistants et déportés qui va se mobiliser pour empêcher la disparition de ce patrimoine. Grâce à cette mobilisation, le réfectoire (la pièce où les œuvres artistiques sont les plus nombreuses) est inscrit à l’inventaire des monuments historique le 3 novembre 1983. En 2004 c’est l’ensemble du site qui sera inscrit aux monuments historiques par le Ministère de la Culture. Par conséquent, en 2009 la première pierre est posée sous le parrainage du Président de la République et le 10 septembre 2012 le « Site-Mémorial » ouvre ses portes au public. Hélène Camarade nous décrit l’exemple d’aménagement fait par le musée du camp des Milles :
« Les Milles divisé en trois espaces distincts, le musée d’histoire qui livre des informations historiques, le lieu historique (en l’occurrence les salles conservées du camp) qui fait appel aux émotions des visiteurs, et enfin le musée d’éducation civique et citoyenne qui invite ces derniers à tirer du passé des enseignements pour le présent – ces trois espaces se succédant au fil de la même visite. »