Les aides extérieures

Les organisations extérieures

La Croix-Rouge Suisse au château de la Hille

Dès les années 1930, la montée du nazisme et les idéologies fascistes en Europe alertent de nombreuses associations telles que la Croix Rouge Suisse (C.R.S.), l’Œuvre de Secours aux Enfants (O.S.E.) et le Comité Inter Mouvements Auprès des Évacués (C.I.M.A.D.E.) qui tentent de sensibiliser aux dangers de ces idées extrêmes. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, ces associations envoient des bénévoles auprès des internés afin d’essayer d’améliorer leur situation. La Suisse se démarque par le nombre important de ses œuvres d’entraide et de ses membres impliqués sur le territoire français.

Dans le Sud-Ouest, ces actions menées au cœur du système concentrationnaire, sont divisées en deux périodes distinctes. Il y a clairement un avant et un après 1942 (passage des forces allemandes en zone jusque là non occupée). Elles prennent un tournant conséquent en entrant dans une véritable forme de résistance. Les missions s’opposent désormais plus fermement au régime nazi et vichyste qui régissent la France et que ces œuvres condamnent. Les actions visant à améliorer les conditions au sein des camps sont maintenues mais le sauvetage comprenant essentiellement des enfants devient illégal et les organisations vont s’unir pour organiser de véritables réseaux d’évasion.

Les enfants juifs de la Hille

Pour sauver les enfants juifs de la Hille de la déportation, le directeur du Secours aux enfants est allé jusqu’à Vichy pour menacer le secrétaire générale du ministère de l’Intérieur de renvoyer les enfants français protégés en Suisse grâce à la Croix-Rouge locale dans leur pays natal, s’ils ne sont pas capables de protéger tous les enfants français. Finalement, le gouvernement réagit. Pour autant, les survivants en sortent traumatisés, comme nous pouvons le voir dans le documentaire de Neus Viala, Un îlot dans la tempête : « La soupe était si dégueulasse qu’on a attrapé la diarrhée, » se souvient Ruth Usrad, infirmière et écrivain israélienne. « Le plus horrible, c’était les latrines ouvertes aux regards de tous. Jamais je ne me suis sentie aussi misérable. Ni aussi seule. Quelques jours après notre arrivée, tous les Juifs ont été déportés. » En effet, en 1942, 558 Juifs internés au camp du Vernet ou raflés des communes de l’Ariège ou du Gers sont déportés vers Auschwitz.

Les organisations extérieures sont donc des actrices majeures dans la résistance au même titre que les internés eux-mêmes et parfois même à certains membres du personnel.

Le personnel dans les camps

Lorsque l’on parle de résistance à l’intérieur des camps, on fait tout de suite référence aux victimes : les internés. Pourtant, il n’y a pas qu’eux qui résistent. Leurs causes ont été parfois soutenues par d’autres, comme le personnel des camps. Dans celui de Saint-Sulpice, où sont internés les « indésirables français », nous savons que le personnel (comprenant les gardes), transitent entre les camps. Certains sont « complices » de cette résistance et informent les internés des nouvelles extérieures. Parfois même, ils aident certains internés à s’évader du camp. Bien que ces résistances puissent paraître passives, elles ne le sont pas totalement et les répercutions sont par ailleurs extrêmement sévères. Les sanctions imposées aux internés sont tellement brutales que le gouvernement a sanctionné le chef du camp qui a été obligé de muter en 1942.

En transitant entre les camps, le personnel a aussi pu jouer le rôle de messager. En effet, la création de journaux à l’intérieur des camps a réellement existé et bien qu’il se soit souvent exercé une forte censure, il y a eu une transmission de ces journaux dans plusieurs camps différents. Ainsi des hommes et des femmes, personnels ou internés en transit, font le voyage armés de leur petits bouts de papier. C’est le cas de Julian Ramirez qui a pu faire passer ces informations entre les camps de Gurs et d’Argelès ou encore Bosh qui se dirige vers le camp d’Agde (VILLEGAS et al, 1989, p. 133-140).

L’échec du système concentrationnaire ?

L’idée principale du système est de « rassembler pour mieux surveiller ». Pour autant, on peut se demander si toutes les formes de résistances, d’évasions et de révoltes ne mettent pas en échec cette logique.

« Vernet, vu par le Gouvernement »

« Vernet et raisons d’internement, vus par les familles »

Alors que les camps les plus répressifs sont les camps de Brens, du Vernet, et de Saint-Sulpice, se sont également ceux où l’on recense des cas de révoltes importantes. La solidarité, présente à Gurs, est également une forme de résistance non négligeable qui met en échec cette volonté d’isoler les internés. Finalement, on s’aperçoit que les différentes luttes des internés ont pour but d’améliorer leurs conditions de vie, très précaires, malgré les rapports positifs des inspecteurs des camps.

De plus, une part non négligeable des évadés, parfois aidés du personnel et des organismes étrangers, s’engagent dans la résistance française contre le gouvernement pétainiste. Ces résistances et révoltes montrent ainsi l’incapacité du gouvernement à contrôler une population mettant en échec l’idée du système concentrationnaire mis en place.

Enfermer des gens n’est donc pas une solution pour mieux contrôler les populations indésirables. Cependant, le système concentrationnaire n’a pas été un échec total au vu du bilan des morts et des déportés durant la Seconde Guerre mondiale.