Le recrutement mis en place par Vichy ne permet pas de former un personnel compétent car les populations internées ont aussi pour objectif de s’évader par tous les moyens possibles.
Même si l’administration propose à chaque camp de mettre en place une formation, celle-ci n’est pas organisée partout. Nombreux sont les chefs de camps qui n’ont pas les moyens ou les capacités d’appliquer toutes les volontés administratives. Et quand les formations sont mises en place, elles sont insuffisantes et pas forcément en lien avec le travail que doit effectuer le personnel (on y enseigne le français ou encore l’histoire) car les enseignements pratiques et plus appropriés ne sont pas majoritaires. Par conséquent le personnel est peu formé. D’ailleurs, la plupart sont de simples civils, ce qui rend la surveillance des camps plus difficile.
Ainsi, on observe que dans les camps apparaissent des actes illégaux. Par exemple des évasions qui se produisent au crédit du personnel qui n’est pas suffisamment préparé à lutter contre ces phénomènes. Plusieurs témoignages en attestent, le personnel n’arrive pas à contrecarrer les marchés noirs, les évasions (cependant peu nombreuses) et les trafics en tout genre. En effet, les populations, pour améliorer un quotidien difficile, achètent des biens que le camp ne fournit pas. C’est notamment le cas à Gurs, camp du Béarn qui voit fleurir un des marchés noirs les plus prospères et importants du Sud-Ouest. De plus, au fur et à mesure que le temps passe, le personnel prend le parti des internés en faisant lui-même partie de ces actes illégaux, qu’ils soient plus ou moins graves. Dans les camps de femmes, les surveillantes font passer de la laine ou encore des biens pour limiter l’ennui. Il faut tout de même relativiser, tous les gardiens ne prennent pas part à ce genre de pratiques et certains sont irréprochables, même si une majorité n’ont pas choisi d’être incorporés au personnel des camps et qu’ils sont souvent peu impliqués dans leurs tâches.
Cette incompétence doit aussi être complétée par un autre facteur, il s’agit de la difficulté du métier de surveillance des camps. En effet, de par le manque de compétence et des situations de sous-effectif constantes, garder les camps devient une tâche difficile. Les directives de l’administration ne rendent pas ces situations plus faciles, bien au contraire, ainsi les employés doivent respecter un règlement drastique sous peine de lourdes sanctions. On peut citer l’interdiction de parler entre employés ou bien de s’asseoir. La motivation est donc un facteur clé pour réussir, seulement le salaire versé reste très en dessous des moyennes de l’époque avec en plus des difficultés pour se loger. Tous ces paramètres font que Vichy ne se donne pas les moyens de garder correctement ses camps et que ses ambitions ne peuvent être remplies avec les moyens qu’il donne.