La politique pratiquée dans les années 1938 à 1944 est le résultat de longs débats politiques et de conflits entre différents groupes sociaux qui ont lieu pendant la période 1933-1938. Il est essentiel, pour comprendre la politique du gouvernement Daladier et la politique d’internement du régime de Vichy, d’étudier cette période. Nombreux sont les internés qui sont arrivés en France durant celle-ci. En effet, selon les différents gouvernements établis, la législation concernant ces réfugiés change.
On distingue alors, trois politiques différentes : la politique d’accueil de l’année 1933, la politique répressive du gouvernement de Pierre Laval en 1933-1935, et la politique mitigée du Front populaire au cours des années 1936-1938.
En 1933, suite à l’arrivée d’Hitler au pouvoir, plus de 25 000 personnes, dont 85 % sont de confession juive, fuient en France. La réaction du gouvernement d’époque est digne de louange : ouverture des frontières, permis de travail, facilités pour les étudiants étrangers d’avoir accès aux universités françaises…
Pour la France, cette immigration est une aubaine, elle permet de justifier son attitude intransigeante envers l’Allemagne et elle retire un prestige international énorme, on peut citer le Manchester Guardian, un quotidien britannique de gauche modérée, qui affirmait : « Aucun Français, peu importe qu’il soit nationaliste, réactionnaire ou même antisémite, aurait l’indécence de désigner les réfugiés allemands comme des « étrangers indésirables » ». Cependant, à la fin de l’année 1933, la France fait savoir au monde qu’elle ne veut plus être le «dépotoir du monde» (Vicky CARON), elle commence à légiférer avec un profond sentiment anti-réfugiés. L’« arsenal anti-réfugiés» (Vicky CARON) est mis en place au cours des années 1933-1936.
La politique du gouvernement Laval vise à transformer la France en un pays de transit et non plus un pays d’asile, elle rend la frontière étanche limitant de manière drastique l’immigration des réfugiés, elle limite les permis de travaux, elle refoule et exclue arbitrairement nombre de réfugiés. Toutefois, à la fin de leur mandat, l’objectif est loin d’être accompli, et ce, malgré la répression policière exercée et la xénophobie d’une frange de la population. Les réfugiés, entre 8 000 et 10 000, demeurent en France et ne peuvent être légalement expulsés. Au début de 1936, la politique française concernant les réfugiés est confuse, le Front populaire arrive au pouvoir dans cette situation.
La politique du Front populaire à l’égard des réfugiés comprend deux volets : une position dure envers les futurs arrivants et une position bienveillante envers les allemands déjà établis en France. Le Front populaire veut essentiellement normaliser le statut des réfugiés allemands et les intégrer à la communauté française, mais sa chute et l’apparition d’une nouvelle vague d’immigration permettent au gouvernement suivant, le gouvernement Daladier, à revenir aux dures politiques antérieures.