A l’intérieur des camps se produit une activité intense comme nous l’avons vu précédemment. Cette activité a d’ailleurs un impact non négligeable sur l’extérieur. En effet, dans de nombreux camps, l’activité intérieure a eu des répercussions sur l’extérieur.
Il y a d’abord l’exemple des camps réservés aux femmes. En effet, au Récébédou ou même à Rivesaltes et Brens, les femmes internées ont souvent protesté contre l’envoi de wagons de personnes de confession juive dans les camps allemands, parmi lesquels il y avait parfois des enfants, même si elles ne pouvaient empêcher. En outre, elles ont aussi dénoncé les pratiques de l’occupant et celles du régime de Vichy, soit par des pièces de théâtre, soit pas des manifestations. Ces protestations leur ont parfois valu des sanctions comme l’envoi dans d’autres camps. Mais ça n’a pas empêché qu’elles aient un retentissement à l’extérieur du camp notamment auprès d’associations ou d’organisations caritatives. En effet, c’est souvent à la suite de ce types d’actions que l’aide de l’extérieur est parvenue dans les camps, par le biais de ces mêmes associations caritatives qui ont parfois aussi une dimension politique. Cette aide se traduit par l’arrivée d’infirmières ou d’institutrices chargées de s’occuper des internées.
Il y a aussi d’autres types d’actions qui ont pu avoir lieu grâce à l’aide extérieure. Ce fut notamment le cas à Saint-Sulpice et à Brens où des manifestations contre le régime de Vichy ont été permises par des postes récepteurs apportés de l’extérieur grâce l’aide d’un garde complice. Cette figure du garde complice est centrale dans ces actions, même si ce dernier ne fait pas toujours partie de la Résistance. Ces postes récepteurs permettent aux internés de continuer à avoir un lien avec l’extérieur, de connaître l’évolution de la situation mais aussi d’écouter des messages de la Résistance. C’est un outil indispensable pour continuer à mener une vie politique à l’intérieur des camps.
A Septfonds, les relations se sont aussi faites de l’extérieur vers l’intérieur. Ainsi, des articles du journal l’Humanité, portant surtout sur la politique, sont introduits clandestinement dans le camp avec là aussi l’aide d’un gendarme complice. Ils sont ensuite traduits et distribués pour qu’un maximum d’internés gardent un œil sur ce qui se passe à l’extérieur quelle que soit leur langue, leur couleur politique ou leur origine. (LAHARIE, 1985)
Enfin, il faut noter que certains camps deviennent très vite des zones privilégiées de recrutement pour la Résistance. En effet, certains internés qui parviennent à s’enfuir rejoignent ensuite les rangs du maquis. A leur sortie du camp, ou après leur évasion, ils viennent ainsi gonfler les rangs de la Résistance dans leur pays d’origine le plus souvent. Ainsi, les anarchistes ou communistes catalans reprendront-ils leur action en Espagne. Mais les monarchistes russes s’engageront eux aussi dans la Résistance. De même, il y a une infiltration de la Résistance dans les camps afin de diffuser des messages ou tout simplement faire passer des exemplaires de journaux politisés comme l’Humanité. Certains résistants passent donc parfois de camps en camps, comme simple visiteur, pour aider à l’organisation d’une révolte. Ces révoltes sont parfois l’occasion pour certains de s’enfuir. Ceux qui s’enfuient restent parfois en contact avec ceux qui sont encore internés.
De nombreux camps ont donc connu des actions politiques d’envergure et ont été des relais avec la résistance extérieure. Mais il y a un camp qui peut être considéré comme le symbole de ce combat politique contre l’internement : le camp du Vernet, considéré alors comme le second centre de décisions communistes après Moscou.