L’utilisation de l’armée pour répondre aux crises extérieures
Entre fin 1938 et mai 1940 les vagues de réfugiés politiques venant pour la plupart d’Espagne (500 000) pendant la guerre civile, mais aussi d’Allemagne ou d’Italie, poussent les autorités françaises à réagir de manière drastique. L’ordre est ainsi donné d’établir un ensemble de zones d’accueil transformées plus tard en camps d’internement pour, dans un premier temps, réagir à l’arrivée massive de réfugiés.
D’une même manière ce système se met en place pour empêcher les populations étrangères d’échapper au contrôle et à la surveillance des autorités. Plusieurs catégories de camps voient ainsi le jour pour répondre aux différentes crises de l’époque : Camps d’accueil, Camps d’internement, Camps de séjour, Centres de séjours surveillés, Camps de prisonniers.
Jusqu’en septembre 1940 et pour des raisons avant tout pratiques, la responsabilité de la gestion des immigrés revient au ministre de la
Défense, Maxime Weygand. En effet il s’agit d’une crise extérieure au pays et où l’armée est nécessairement présente aux frontières pour accueillir les réfugiés. Cette décision est également prise pour des raisons idéologiques : préserver l’image d’une France « terre d’asile ». Cependant les administrations civiques n’étant pas directement impliquées, le Gouvernement s’épargne la responsabilité d’assurer des conditions de vie décentes tant au niveau du logement que de l’hygiène. Le peu de confort dans la vie des détenus est apporté par les associations civiques comme la Croix-Rouge.
À partir de 1939 on assiste cependant à une baisse de la crise de l’immigration. La guerre en Espagne est en effet terminée depuis la prise du pouvoir de Franco le 1er avril 1939. De nombreux espagnols sont ainsi rapatriés dans leur pays d’origine faisant diminuer pendant un temps la fréquentation des camps d’internement. Cette situation de crise apaisée prend fin le 3 septembre 1939. La France entre en guerre contre l’Allemagne nazie après l’agression de la Pologne par cette dernière. L’armée se voit ainsi obligée de rapatrier ses forces vers l’est en dépit des zones d’accueil en Espagne et en Italie. Elle maintient cependant une certaine importance dans le contrôle des réfugiés allemands soupçonnés d’espionnage pendant la période de la « drôle de guerre ».
L’avènement de Vichy : un changement dans les politiques d’internement
Après la débâcle de l’armée française en mai 1940, Paul Reynaud démissionne de la présidence du Conseil et est remplacé le 16 juin 1940, par l’ancien général Philippe Pétain.
Dès lors un armistice est signé avec Adolf Hitler (22 juin 1940) et conduit la France à réduire son armée à 100 000 hommes sans équipement lourd. La puissance militaire de la France est ainsi considérablement réduite au sein de la politique française.
Suite à la défaite de 1940 de nouvelles idéologies apparaissent. Les pleins pouvoirs obtenus par Pétain 10 juillet 1940 lui donnent en effet l’opportunité de réorganiser son gouvernement sur les bases d’une collaboration idéologique avec l’Allemagne.
Il n’est alors plus question d’accueillir les réfugiés diplomatiques mais de faire le tri à l’intérieur de la nation entre ceux qui sont jugés aptes à en faire partie ou non. Pour faciliter cette entreprise de nombreux ministres se voient contraints de démissionner de leur poste. Adrien Marquet, Ministre de l’Intérieur est ainsi renvoyé du gouvernement en septembre 1940 (car ancien parlementaire) et est remplacé par Marcel Peyrouton. Ce dernier par la loi le 4 octobre 1940, donne lieu à un internement administratif sous contrôle préfectoral.
« Article 2 de la Loi du 4 octobre 1940
– Il est constitué auprès du ministre secrétaire d’État à l’Intérieur une commission chargée de l’organisation et de l’administration de ces camps.
– Cette commission comprend: un inspecteur général des services administratifs; le directeur de la police du territoire et des étrangers, ou son représentant et un représentant du ministère des finances. »
Cette loi est destinée à simplifier le contrôle de la population très vite facilité par l’augmentation des motifs d’internement (juif étranger, communiste, franc-maçon…) tout au long de l’été 1940 et par une simplification des procédures d’arrestation.
Cette prise en main de l’internement par les institutions civiques reste en œuvre jusqu’à l’occupation totale de la France par Allemagne en novembre 1942. Elle est reprise et intensifiée par les nazis notamment par le biais de certaines figures de Vichy comme Pierre Laval. Cette organisation permet la création de camps de transit destinés à livrer les prisonniers à l’Allemagne à partir de juillet 1942 ou encore la création d’une milice armée qui prend part à des arrestations violentes et massives sur le sol français.