Les images, photographies des camps d’internement permettent de mieux percevoir les relations possibles entre ces derniers et leur environnement local. Elles nous exposent bien l’isolement des camps au travers des paysages comme à Rieucros et des conditions de vie difficiles avec l’image d’un hiver rude. D’autres photographies montrent des camps proches de villages et villes comme à Brens ou encore Noé. Dans ces deux cas, on peut très bien distinguer en arrière ou en premier plan des aires urbaines. Ainsi, les riverains voyaient quotidiennement les infrastructures des camps. Sur ces mêmes images, on observe souvent la présence d’axes de circulation, plus ou moins importants qui témoignent de la nécessité des liaisons pour le système d’internement. Ces liaisons servaient les besoins vitaux du fonctionnement du camp (ravitaillement, transport des internés…). Certaines visions plus larges des camps comme les plans ou vues aériennes (celle du Vernet d’Ariège) nous éclairent sur les importants moyens économiques et humains qu’il a fallu mettre en place localement pour monter de telles constructions et assurer la logistique et le fonctionnement d’un tel système.
Les traces des relations entre le camp, ses alentours et sa région se retrouvent dans les archives. Nous avons pu consulter, aux archives départementales du Tarn une petite partie de la comptabilité du camp de Brens (dossier 495 W 8 : Travaux, équipements et ravitaillement au camp de Brens). Quatre axes se dégagent de ces recherches :
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L’existence d’échanges économiques est incontestable comme le montre la facture des meubles Esparbès adressée au chef de camp par M. Marcout, chef de l’entreprise toulousaine, le 20 Novembre 1943.
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Le ravitaillement relevait d’une organisation complexe, de part les pénuries et restrictions. Une lettre du secrétariat général de la police adressée au préfet du Tarn, le 7 Décembre 1942 nous expose des retards dans les travaux d’aménagement du camp de Brens. A l’origine de ces retards, on retrouve des difficultés d’approvisionnement en matériaux.
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Les internés avaient des relations avec l’extérieur, comme en témoigne la liste très détaillée des remboursements des frais de déplacements concernant des employés et internés du camp. En effet on peut lire l’identité de la personne, sa fonction (gardien, interné, infirmière…), date et heure de la sortie, motif, lieu ou destination de la sortie…
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L’Etat est attentif à l’image que donne le camp à l’extérieur et donc à sa bonne marche ; on peut affirmer cela, grâce à un document reçu par le chef du camp de Brens, en annexe d’une lettre datée de 1944. Ce document est un questionnaire concernant le ravitaillement des camps, adressé à tout le personnel mais aussi aux internées. On y trouve aussi des questions sur les repas ou encore sur l’état des sanitaires.
Pour comprendre cette « image » que donne le camp, il faut s’intéresser aux mentalités des riverains. Nous avons pu rencontrer un agriculteur de la commune de Brens qui était alors âgé de 16 ans. Il n’a fait que confirmer les informations concernant les échanges avec le camp ; lui même, ayant travaillé avec des internées en remplacement des ouvriers agricoles réquisitionnés. Il nous a livré la vision qu’il avait du camp, information inédite pour nous. Nous avons pu observer qu’une grande partie de la ville était gênée par l’enfermement de ces femmes, on assistait à leurs souffrances quotidiennes, et un sentiment d’impuissance gagnait les esprits des locaux.