À la suite de la déclaration de la Seconde Guerre Mondiale, en septembre 1939, 200 000 personnes sont exilées d’Alsace et de Lorraine dans plusieurs départements du Sud-Ouest de la France.
Suzanne de Dietrich se rend, elle aussi, dans cette région de la France afin de venir en aide aux protestants victimes de cet exil forcé, et rejetés par la population locale qui est essentiellement catholique. À la suite de son voyage, diverses personnalités se réunissent au sein de la CIM (comité d’intermouvement de la jeunesse), ancêtre de la CIMADE et rassemblant diverses autres associations : éclaireurs unionistes (EUF), union chrétienne de jeunes gens et de jeunes filles (UCJG) ainsi que la Fédé (fédération française des associations chrétiennes des étudiants). La CIMADE a été créée officiellement le 18 Octobre 1939 à Bièvres sous l’impulsion des dirigeants de la CIM, dont le pasteur Marc Boegner. La CIMADE est en effet une association aux origines confessionnelles, une union de la chrétienté, dont les origines sont protestantes. Les membres de cette association, au nombre de 200 000, ne peuvent être qualifiés de bénévoles mais d’ « équipiers » car ceux-ci fonctionnent en petits groupes pour que leur action puisse être efficace. Peu à peu, le rôle de la CIMADE ne se cantonne plus à l’aide des évacués d’Alsace et de Lorraine, mais joue un rôle important lors de la mise en place des différents camps du Sud-Ouest de la France.
Les financements venant de la France, notamment des paroisses catholiques, étant insuffisants, la CIMADE, en lien constant avec le Conseil Œcuménique de Suisse, se tourne donc vers cette institution afin de pouvoir obtenir les fonds nécessaires à son action. L’œuvre humanitaire de l’association est donc basée sur les trajets entre la France et la Suisse de ses équipiers, notamment de Marc Boegner et Madeleine Barot. Aussi, la CIMADE fonctionne en binôme avec les YMCA. Elle est donc loin d’être la seule à intervenir dans les camps et à l’extérieur. En effet, d’autres associations comme les Quakers, la Croix-Rouge, l’OSE, l’YMCA, ont contribué à son action au sein et à l’extérieur des camps. Si la CIMADE réceptionne des denrées, c’est en quantité moindre par rapport à la Croix-Rouge, au Secours Suisse ou à l’OSE qui distribuent notamment du riz, ainsi que des médicaments. Grâce aux mandats reçus de Suisse, notamment du Conseil Œcuménique ainsi que de dons de diverses paroisses, des achats sont effectués en commerce libre (fruits et légumes, produits laitiers, ou fromage). Parallèlement, il faut vêtir les réfugiés, et chaque foyer recueille des vêtements dans les campagnes protestantes. La CIMADE procure également aux femmes des machines à coudre, des fers à repasser, du fil, du coton et des morceaux de tissus nécessaires aux raccommodages des vêtements de chaque famille internée dans les camps. Ces dons permettent ainsi, en complément des ateliers de l’ORT (Organisation reconstruction travail), de confectionner des habits à l’usage des internés : des chemises pour homme ou des gants nécessaires pour se protéger du froid. À cela s’ajoutent aussi des livraisons de chaussures, bien que rares, et dont manquent beaucoup les prisonniers.