Les Éclaireurs israélites de France (EIF)

Les Éclaireurs israélites de France (EIF) sont des scouts juifs crées par Robert Gamzon en 1923. Ils sont présents dans les camps d’internement en tant que soutiens des rabbins et impulsent donc une action spirituelle et matérielle constante. Leur action principale réside dans la prise en charge de jeunes juifs de tous milieux sociaux, filles et garçons, au sein de fermes écoles installées dans des terrains en friches ou en organisant des colonies de vacances.

Rassemblement de filles à Lautrec.

Rassemblement de filles à Lautrec.

Les EIF tentent de se rendre utiles à l’État français en prenant part à l’effort agricole national. Ils visent l’autosuffisance alimentaire en cultivant des terres louées avec l’accord du Ministère de l’Agriculture. La ferme de Lautrec dans le Tarn, située dans la propriété de 40 hectares que compte le château des Ormes est la plus grande mise en place par Robert Gamzon. Bien que la formation des jeunes aux métiers agricoles soit efficace en raison de la compétence du personnel enseignant, le bilan de ce travail agricole est néfaste pour cette œuvre privée. Les rendements agricoles sont très faibles et rapidement, cette communauté s’attire les foudres de la population locale et des services de gendarmerie. De nombreuses plaintes sont formulées par les habitants de Lautrec concernant le comportement des scouts juifs et de l’abondance des ravitaillements dont semblaient bénéficier les EIF (en tabac, en viande et en carburant principalement). Le ravitaillement important des EIF est en réalité dû à la solidarité qu’ils entretiennent avec les autres œuvres privées. Ils ne bénéficient pas de traitements de faveur de la part de l’administration de Vichy. Les jeunes scouts sont soupçonnés de ne pas travailler sérieusement au sein de ces fermes et sont considérés comme des « parasites » par une population locale excédée car elle même privée de certaines denrées qui manquent partout dans le pays.

De plus, les EIF mènent une action clandestine massive après les rafles d’août 1942. Les établissements de l’œuvre, censés accueillir uniquement des juifs français, cachent en fait des enfants et des adolescents fraîchement libérés des camps d’internement. Les adolescents ainsi que les jeunes adultes ont un programme sportif soutenu. On a ainsi accusé les fermes des Éclaireurs de former des combattants.

Activité sportive à la ferme de Moissac.

Activité sportive à la ferme de Moissac.

Robert Gamzon, lui même censé résider dans la ferme de Lautrec, n’est jamais présent sur les lieux d’après les rapports de gendarmerie. Il adopte même le nom de code « Castor » pour échapper à la censure des communications.

Durant l’été 1942, les établissements des EIF deviennent les principaux lieux de fabrication de faux papiers et de passage d’enfants clandestins. Les EIF participent activement aux filières d’émigration des enfants vers la Suisse via le réseau Garel. Robert Gamzon ainsi que plusieurs jeunes adultes des EIF participent à la lutte armée à partir de la fin de l’année 1943 au sein de l’Organisation juive de combat.