De 1939 à 1945, les services des Ponts et chaussées sont responsables de l’entretien de nombreux camps d’internement. Avant la déclaration de guerre, les administrations des camps sont aidées par plusieurs compagnies du Génie , mais c’est l’époque où les installations sont encore neuves et les baraques en bon état. Après le premier hiver, la situation se dégrade. Des avaries apparaissent partout : panneaux de bois pourris, murs défoncés, planchers éventrés, couvertures de cartons bitumés arrachées par le vent, etc.
C’est pourquoi l’administration départementale des Ponts et chaussées délègue-t-elle dès l’hiver 1939, des ingénieurs dans les camps. Mais ceux-ci ne peuvent disposer de leurs employés habituels du fait de la mobilisation générale. Par conséquent, ces ingénieurs gèrent des équipes d’ouvriers recrutés dans des îlots ou baraques : la compagnie de travailleurs étrangers (CTE), devenue après l’armistice le groupe de travailleurs étrangers (GTE). Ainsi, ce sont les internés eux-mêmes qui entretiennent le camp.
Les membres de la compagnie (ou du groupe) de travailleurs assurent tous les travaux : restauration des baraques, curage des fossés, régalage du terrain, pose des barbelés, incinération des déchets. Le fonctionnement de plusieurs services leur incombe totalement : conduite et réparation des véhicules automobiles, maintien en état de marche du service de lutte contre l’incendie, fabrication des cercueils et nettoyage du cimetière. En contrepartie, les ouvriers bénéficient d’avantages appréciables : ils sont logés dans un îlot spécial, ensuite, reçoivent des compléments de nourriture et touchent une prime de rendement. Sans eux, certains camps n’auraient jamais pu fonctionner.
A certaines périodes, la tâche est tellement abondante que le groupe de travailleurs du camp est incapable, à lui seul, de l’accomplir. Il faut alors soit en augmenter les effectifs, soit faire appel à d’autres groupes.
A partir de 1941, une « compagnie de travailleurs sont parfois hébergés » (CTH) est parfois établie pendant plusieurs mois pour renforcer l’effectif. Elle est composée d’une centaine d’internés d’origine allemande. Sa tâche est d’assurer, sous le contrôle du GTE, les principales corvées : la mise en culture de plusieurs hectares de friches à l’intérieur du camp, la coupe du bois de chauffage, le ramassage des fougères, etc. En compensation, les ouvriers de la C.T.H. bénéficient de surplus alimentaires et de conditions d’hébergement améliorées.
Ainsi, quelle que soit l’origine des travailleurs ou le rendement de cette main-d’œuvre d’occasion, un fait demeure : ce sont les internés qui ont accompli, du premier au dernier jour de l’histoire des camps.