La fin de la guerre ne signifie pas la disparition des camps. En effet, ils sont restés actifs jusqu’en 1946 pour certaines populations comme les tziganes ainsi que les prisonniers de guerre en attente de jugement. Les camps devenus inactifs ont pour certains été désertés, pillés et oubliés et d’autres vont reprendre leurs activités d’origine. La mémoire collective de l’époque réfute l’existence des camps et les anciens internés se murent dans le silence. Ces lieux vont réapparaître dans la mémoire au fur et à mesure de l’avancée des études sur la Seconde Guerre Mondiale et en particulier dans les années 1990 avec les premiers ouvrages scientifiques. Les anciens internés commencèrent alors à témoigner et la naissance d’associations permit un tournant dans la mise en valeur de ces camps (rénovations, musées, plaques commémoratives…etc). Par ailleurs, ces années-là sont marquées en France par le discours du Président de la République, Jacques Chirac, sur l’implication du régime de Vichy, et de l’État français dans la politique nazie appliquée sur le territoire. À partir de là, la mémoire a évolué et on y intègre les camps d’internement en France. La mise en avant de ce patrimoine par les rescapés effectuée à partir des années 1990 marque la volonté de conservation du passé et permet la mise en valeur des camps au travers des musées ou des mémoriaux. Cependant certains camps ont été rasés, parfois insérés dans de nouvelles structures urbaines par choix économique, politique et touristique.

En quoi les mutations du statut des camps correspondent à des objectifs distincts ?

Les camps d’internement ont d’abord été sujets à une valorisation différenciée selon les régimes en place pendant et après la seconde Guerre Mondiale, il vont par la suite faire face à une période d’oubli et d’incertitude quand à leur devenir. Enfin, ils vont être intégrés à la mémoire collective au travers des commémorations.

Camp de Rivesaltes un mémorial pour l’histoire, Paris Match n°3465 du 15 au 21 octobre 2015