Dès 1940, l’Oeuvre de secours aux enfants (OSE) consacre une action humanitaire à l’intérieur des camps d’internement en faveur des enfants. Cette association juive essaie, malgré de faibles aides financières, de prendre en charge les enfants à l’intérieur des camps mais aussi à l’extérieur. En décembre 1940, Joseph Weill, un des responsables de l’association en Zone Sud, présente le programme de libération provisoire de certaines catégories de personnes (enfants et adolescents principalement). C’est aussi à ce moment là que l’OSE met en place un réseau d’assistance médico-social dans le but d’aider les enfants. Elle ouvre des locaux, notamment à Gurs et à Rivesaltes, où un local est aménagé pour les enfants.
L’œuvre s’attache aussi à la création de baraques spéciales afin de leur assurer un rationnement plus important en nourriture en cas de cachexie ou de déficience pondérale moins prononcée. De plus, cela permet de les éloigner de la promiscuité des adultes. L’OSE travaille également conjointement avec des rabbins qui s’occupent essentiellement de la vie religieuse des camps. L’action des rabbins constitue un pan à part de l’humanitaire juif.
À Rivesaltes, chaque dossier de libération d’enfant est préparé individuellement. Grâce à ce travail minutieux, environ 30 à 60% des enfants présents dans les maisons d’accueil de l’OSE sont issus des camps. Au début de son action en 1939, l’OSE est déjà en charge d’environ 300 enfants réfugiés et hébergés dans des homes louées ou mises à disposition par des propriétaires à titre de dons pour les accueillir.
De plus, en découvrant l’insalubrité des baraques dans le camp de Gurs, l’OSE décide de mettre en place une maison de passage, destinée à libérer le plus d’enfants possible. La maison de Palavas-les-Flots devient un véritable centre de triage ainsi qu’une maison relais où les enfants bénéficient pour la plupart d’un retour relatif à la liberté. Cette maison permet de procurer les premiers soins aux enfants avant qu’ils soient amenés dans un lieu d’hébergement. Cependant, l’action de l’OSE ne se limite pas à la libération des enfants. En effet, elle joue aussi un rôle éducatif, notamment par la création de classes d’écoles avec le concours de l’ORT (Organisation de Reconstruction du Travail) qui fournit le matériel. L’OSE prend conscience en août 1942 de la nécessité de penser, au-delà du sauvetage immédiat des enfants, à leur sécurité future. Un enfant sorti des camps n’est pas sauvé, il demeure un « indésirable » pour l’État français et il est susceptible d’être interné de nouveau voire déporté. L’OSE prend alors la décision de concentrer son action sur le sauvetage des enfants de tous âges.
De nombreux papiers sont nécessaires pour faire sortir les enfants des camps. Cette entrave administrative freine lourdement l’action de cette œuvre et cela l’incite à envisager des solutions illégales pour obtenir des résultats plus concluants. Malgré tout, l’œuvre juive a un bilan extrêmement positif concernant la libération des enfants de moins de quinze ans. En novembre 1940, le nombre d’enfants internés de zéro à quinze ans est passé de 5000 à 540 au moment de la grande rafle d’août 1942.