La majorité des camps était située dans des villages de campagne relativement peu peuplés afin de les cacher le plus possible de la population. Dans la majeure partie des cas, les camps étaient localisés sur des plaines. Le terrain y était le plus souvent plat pour optimiser l’organisation du camp. Il s’agissait souvent de terrains argileux sur lesquels l’agriculture était difficile voire impossible comme c’était le cas à Gurs. Dans les Basses Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques), le village de Gurs, environ 520 habitants entre 1936 et 1946, abritait un camp important situé à 20 kilomètres de Pau (environ 43 000 habitants dans la même période), à 10 kilomètres d’Oloron-Sainte-Marie (environ 10 000 habitants). Ce camp était placé dans une plaine sans aucune végétation, c’était un lieu humide et le sol du camp était souvent boueux. Le plan du camp était très régulier : plan rectangulaire de 28 hectares (1400 mètres de long et 200 mètres de large). On recensait 382 baraquements avec des îlots de 200 mètres de long sur 100 mètres de large. La clôture formée de barbelés était très sommaire.
Ces endroits étaient alimentés facilement en eau, car situés proches de cours d’eau : des rivières comme le Tarn, le Gave de Pau ou bien encore le ruisseau du Rieucros. Ces cours d’eau servaient à l’évacuation des eaux usées et des déchets.
Les camps étaient situés souvent près d’axes routiers et de lignes ferroviaires. En effet, cette stratégie permettait d’optimiser l’acheminement des internés et le fonctionnement du camp. Les accès routiers et ferroviaires autour des camps ont dû être développés et améliorés. Ces axes étaient vitaux pour le fonctionnement du camp notamment pour le déplacement des internés, du personnel, et surtout pour le ravitaillement.
Le ravitaillement se définit comme la nourriture, le bois, les vêtements, l’eau, le tabac… Il était assuré par le directeur du camp grâce à des services de transports. On distinguait deux types de ravitaillement : avant 1941, le ravitaillement était géré par les entreprises locales. Par exemple, les boulangers livraient les doses quotidiennes, ils étaient autorisés à fournir de l’alimentation fraîche aux camps. Après 1941, suite à une augmentation de l’affluence des réfugiés, il s’avérait primordial de fournir un ravitaillement beaucoup plus important. Le directeur du camp fit donc appel à d’autres industries et aux grossistes régionaux qui fournissaient l’alimentation aux camps.
L’organisation du ravitaillement était assurée par les administrations qui organisaient des groupements départementaux de répartition, gérées par l’Etat de Vichy. Même si leur demande était généralement élevée, les camps isolés géographiquement étaient moins bien livrés que ceux situés à proximité des villes: ceci créait des tensions entre les directeurs des camps et les administrations d’Etat. Les produits industriels étaient répartis entre différentes zones de la région selon le type de ravitaillement.
D’autres procédures lourdes existaient, comme la restriction alimentaire, qui causait la mort de beaucoup de réfugiés, notamment en hiver. En effet, chaque réfugié avait droit à 30 grammes de viande et de pain par jour, excepté les permissionnaires, les malades et les enfants qui avaient droit à quelques faveurs. Cependant, cela restait très insuffisant pour vivre confortablement.
Enfin, le ravitaillement des camps posait parfois quelques difficultés. En effet, plusieurs camps n’avaient pas de locaux pour stocker le ravitaillement, comme par exemple l’entrepôt de tabac de Lavaur qui livrait les camps de Saint-Sulpice et de Brens situés à plus de 15 kilomètres. Ainsi, il fallait transporter les réserves, sur de longues distances jusqu’aux camps dont les accès routiers ou de voies ferrées étaient parfois par des résistants. De plus, de fréquentes pénuries d’essence pouvaient perturber le transport, privant de nourriture les internés durant plusieurs jours. Enfin, certains entrepôts étaient pillés ou étaient victimes d’incendies.