La logistique de la déportation

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La déportation des individus vers l’Allemagne à entraîné des « coûts », et a nécessité une mise en place logistique relativement importante. Tout d’abord il a fallu administrer les camps d’internement ainsi que les garder, les internés futurs déportés seront triés, réprimés. Il a fallu aussi organiser un ravitaillement régulier de ces camps, ce qui posa souvent des problèmes. Puis il a fallu mettre en place des moyens de transports pour déporter ces individus, nous verrons qu’ils étaient la plupart du temps mis dans des camions en masse, puis amenés jusqu’à la gare la plus proche, où ils étaient enfermés dans des wagon à bestiaux en direction d’autre camps plus grands comme Drancy, ou directement vers l’Allemagne.

Concernant l’administration des camps d’internement, il faut savoir que c’est l’armée qui les gérait avant novembre 1940, puis à compter de cette date, le ministère de l’Intérieur prit le relais. Il choisissait les chefs de camps, mais suite à une faiblesse des salaires et les limites du cumul pour les retraités, il était difficile d’avoir un recrutement de bon niveau, et d’anciens militaires étaient souvent choisis.

Comme nous pouvons le voir ici, les gardiens sont en tenue militaire, et surveillent le camp d’Argelès-sur-Mer, ce qui montre l’implication française dans l’internement.

C’est donc cette administration qui opérait la déportation des détenus de manière très méthodique. Les internés de camps comme celui de Rivesaltes par exemple ont été déportés vers Drancy dès 1942. Entre le 11 août et le 20 Octobre, le convoi à été organisé bien avant par Vichy suite à des tractations franco-allemandes. Une liste préparatoire à la rafle avait été faite auparavant, ils étaient donc sélectionnés, et mis dans un convoi de train par la garde mobile, qui partait en direction du camp de Drancy. (La direction n’était pas indiquée aux détenus). Là intervient la SNCF, avec un rôle qui est sujet à une controverse toujours d’actualité.

Entreprise publique, la SNCF est mise à la disposition de l’Allemagne en zone occupée après l’armistice de 1940. Impliquée dans l’organisation de la déportation, la SNCF fut associée à la préparation de la rafle du Vel d’Hiv mais également dans l’acheminement des convois de toute la France vers Drancy ainsi que la déportation vers les camps de concentration et d’extermination à l’étranger. Excepté le cas de Léon Bronchart, seul cheminot connu à avoir refusé de conduire un train d’internés politiques, le manque de résistance de la part de la SNCF est toujours sujet à controverse de nos jours. La reconnaissance de ce cas isolé a permis de mettre en lumière le manque de résistance, d’opposition de la part de la SNCF et de ses employés face à l’occupant allemand et les ordres du gouvernement de Vichy. Les convois de déportation se trouvaient pourtant exclusivement sous autorité allemande, l’entreprise était prestataire de ses locomotives et de ses équipes de conduite, les wagons pouvant être allemands comme français.

Le rôle de la SNCF est d’autant plus trouble qu’important durant la guerre par rapport à la logistique mise en place dans le mécanisme de la déportation. La SNCF a donc contribué à la déportation d’environ 76000 juifs, en 77 convois, sachant que 69000 aboutirent à Auschwitz-Birkenau, et que parmi eux près de 42000 juifs furent gazés dès leur arrivée (1)

 Mais il y avait aussi à partir de la fin de l’été 1942 des convois venant du sud de la France et notamment des camps d’internements comme Noé, Rivesaltes, Gurs suite à des décisions prises par Vichy. Ces convois étaient des transferts de camps d’internements en direction de Drancy et Compiègne, les chemins de fer servaient à regrouper tout les déportés dans une même direction, Drancy, pour être ensuite envoyés vers les camps Allemands.

Cependant beaucoup de ces convois étaient regroupés au camp de Rivesaltes, on dit qu’il à joué le rôle de « Drancy de la zone libre » de Septembre à Octobre 1942. Les déportés étaient ensuite envoyés vers le camp de Drancy par les chemins de fer, mais certains ne passaient pas plus de 48 heures dans le camp avant de partir vers l’Allemagne et les camps de travail ou d’extermination.

 Ces camps ont été créés entre 1940 et 1942, après que l’idée de la « Solution Finale » ait émergée de la Conférence de Wannsee pour répondre au « problème Juif ». Ils firent près de 3 000 000 de morts et furent créés dans le but de faire un maximum de victimes en un minimum de temps.

Une fois arrivés dans ces camps d’extermination, une autre sélection avait lieu, bien que chaque camp ait un mode de fonctionnement différent. Celui d’Auschwitz remplissait deux fonctions, il infligeait aux déportés le travail forcé jusqu’à l’épuisement et la mort, mais aussi il était équipé pour l’extermination massive immédiate. Il était construit en 3 parties : Auschwitz I, le camp central, qui était un camp de concentration comme les autres, Auschwitz II-Birkenau, le camp d’extermination et enfin Auschwitz III, le camp de travail. Les autres camps avaient un mode opératoire différent, cela dépendait des SS présents, et de leurs initiatives, bien que leur but soit le même.

Ce camp est tristement le plus célèbre pour être le point culminant de « l’industrialisation de la mort », en effet il était construit et organisé de manière à ce qu’un grand nombre de déportés soient gazés dès leur arrivée.

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(1) Chiffre de « La France des Camps » de Denis Peschanski