La IIIe République et les questions internationales (suite)

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Des tensions internationales croissantes, de l’Allemagne vaincue à l’Allemagne nazie

L’échec des tentatives visant à stopper l’ascension allemande durant les années 1930

Depuis plusieurs siècles la France et l’Allemagne sont en conflit par rapport à leurs limites territoriales communes. En effet la région Alsace-Moselle est convoitée par la France depuis la fin de la guerre de 1870 et à la suite de cette défaite, la France avait dû céder ce territoire à la Prusse. Au sortir de la Première Guerre mondiale, la France réclame cette région et l’obtient via le traité de Versailles. Comme on l’a vu, d’un point de vue économique et diplomatique, la France et la Grande-Bretagne, pays alliés, s’entendent quant aux sanctions infligées à l’Allemagne et les tensions qui sont liées à ce paiement entraînent une première scission du paysage européen. Les troupes françaises, qui occupaient la rive gauche du Rhin, étendent la zone d’occupation à la Ruhr en 1923 face au non-paiement de la dette et des indemnités de guerre allemande.

Cette invasion franco-belge d’une zone censée être démilitarisée est synonyme de premières réelles tensions franco-allemandes ; le peuple allemand voit cette occupation comme une humiliation qui attise l’esprit revanchard germanique. Finalement, la France et la Belgique se retirent face aux pressions exercées par les États-Unis. Le 16 octobre 1925, les accords de Locarno sont signés par la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et l’Italie et déterminent les frontières de l’Allemagne ; c’est notamment à ce moment qu’il a été décidé d’offrir à la Pologne un accès à la mer par le couloir de Dantzig, zone qui coupe l’Allemagne en deux parties.

Enfin, en 1931, l’Allemagne exprime auprès de la communauté internationale son désir de recouvrer son droit à l’armement. Seule la France s’oppose à cette demande, créant ainsi une division au sein des pays alliés. En effet, l’Allemagne cherche d’autres alliés pour contrer le désir français de l’isoler sur la scène diplomatique. De fait, elle tente de tisser des liens avec l’URSS avec la signature d’accords entre les deux pays mais la méfiance reste importante. Toujours dans un objectif de ralentir la puissance allemande grandissante, le Royaume-Uni et la France tentent de tisser des liens avec l’URSS à leur tour avec là encore la signature d’accords mais les divergences en termes de doctrines politiques sont trop importants pour que l’alliance soit efficiente. Finalement, on peut dire que ces premières tentatives des alliés sont vaines puisqu’elles n’empêchent pas la puissance allemande de croître et de trouver des soutiens fiables. 

Les provocations militaires et diplomatiques de l’Allemagne nazie

En arrivant au pouvoir en 1933, Hitler ne peut opérer un basculement de la politique étrangère allemande en raison de la faiblesse militaire du pays. Ainsi, il concentre dès le départ son action sur le réarmement de l’Allemagne et dissimule son action derrière des discours pacifistes, ne se fermant pas à une situation de dialogue avec les autres puissances européennes. Cependant assez rapidement et avant que l’outil militaire allemand ne soit suffisant, Hitler quitte la Société des Nations en affirmant souhaiter mener sa politique de réarmement comme il l’entend. Afin de ne pas être isolé et impuissant sur la scène internationale mais aussi pour faire face aux accords multilatéraux signés par la France, l’Allemagne nécessite de mettre en place des accords bilatéraux. Le 18 juin 1935, le front diplomatique formé par la conférence de Stresa est affaibli par un accord entre Angleterre et Allemagne au sujet de l’armement naval ; négocié en grande partie par Hitler, il lui donne l’autorisation de posséder autant de sous-marins que les britanniques et au maximum 35% de leur tonnage. Pour l’Angleterre, le réarmement allemand semble inéluctable, ils cherchent ainsi à le contrôler. Cependant, ils donnent par la même occasion à Hitler le moyen d’opérer à un réarmement reconnu sur la scène internationale.

Une entorse supplémentaire au traité de Versailles survient en 1936, dans la continuité des événements précédents. En effet, Hitler utilise le nouveau pacte franco-soviétique signé un peu plus tôt et le dénonce comme incompatible avec les accords de Locarno. Toutes les puissances européennes font face à ce moment là à des difficultés intérieures ou en dehors du continent européen ; le contexte est favorable à la remilitarisation de la Rhénanie par le Führer, dont le traité de Versailles avait fait une zone tampon entre la France et l’Allemagne. La réaction française face à cette provocation est très limitée ; des soldats sont envoyés sur la Ligne Maginot mais ils ne traversent pas la frontière, donnant donc raison à Hitler. Cet événement s’inscrit dans la posture pacifiste de la politique française des années 1930. En effet, les choix de la politique militaire sont strictement défensifs empêchant la mise en place de réelle offensive face à la menace autoritaire.

La deuxième moitié des années 1930 montre finalement que les pays alliés prennent depuis la Première Guerre mondiale des directions politiques divergentes. De plus, le clivage dépasse les frontières européennes, et se transpose sur le continent asiatique, annonçant dès lors un conflit mondial ; le 25 novembre 1936, l’Allemagne et le Japon scellent le pacte anti-Komintern, qui demeure secret mais qui constitue un engagement d’entraide si l’un des deux pays est attaqué par l’URSS. Dès lors, on peut dire qu’Hitler tisse non seulement des liens avec des alliés qui pourraient être utiles à la réalisation de ses ambitions mais assure qui plus est ses arrières. Ce pacte est plus tard signé par de nombreux pays européens, notamment par l’Italie le 6 novembre 1937, soit au lendemain de la guerre d’Éthiopie.

En 1938, Hitler franchit encore une fois les limites qui lui ont été fixées, en franchissant les frontières autrichiennes : l’Anschluss est donc réalisé par Hitler. Après un appel à l’aide en vain du chancelier Autrichien Schussing à Paris, Rome et Londres, les troupes allemandes envahissent l’Autriche le 12 mars. Suite à un référendum le 10 avril 1938, le rattachement du pays à l ‘Allemagne nazie est proclamé par la plus grande majorité du peuple autrichien. Après avoir annexé l’Autriche, Hitler réclame en septembre 1938 l’annexion des Sudètes, territoire périphérique de la Tchécoslovaquie car il estime que la majorité de la population est Allemande. Après une conférence visant à trouver un accord à Munich entre Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier, la population des Sudètes est évacuée. Dès le lendemain, l’armée Allemande envahi le territoire des Sudètes et l’annexe à l’Allemagne.

Pour conclure cette succession d’alliances, le pacte germano-soviétique est signé le 23 août 1939. C’est un pacte de non-agression conclut entre l’Union Soviétique et l’Allemagne afin d’améliorer leurs relations diplomatiques. Il est accompagné d’un protocole secret qui prévoit les zones d’influences soviétiques et allemandes. Cependant, Hitler, dès l’été 1940, ordonne à son état-major de préparer une offensive contre l’Union soviétique pour le printemps suivant.

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